Pause café #43 : Vos meilleurs souvenirs de lecture

Bonjour et bienvenue dans cette Pause café #43 ! J’espère que vous allez bien. Je vous propose une pause café en deux volets : on va parler de nos meilleurs et de nos pires souvenirs de lecture. Je ne parle pas forcément de bouquins qu’on a aimés ou pas, je parle de véritables expériences de lecture. Des bouquins qui ont su nous bousculer, nous interroger, qui ont eu un poids important dans nos vies, et pour lesquels on se souvient encore du moment où on les a lus. Et des bouquins qui, au contraire, nous ont traumatisés, saoulés, généré un blocage… Des livres qui, en somme, ont façonné les lecteurices que nous sommes aujourd’hui. Je pensais commencer par les pires souvenirs pour finir sur une note positive, mais je vais finalement commencer par le volet des meilleures lectures, et vous allez comprendre pourquoi. Ce billet va prendre la forme d’un top 5.

Léa Silhol, La sève et le givre

Le premier de mes lectures SFFF

Premier titre de cette Pause Café #43 dédiée aux meilleurs souvenirs de lecture : La sève et le givre de Léa Silhol. C’est le début de mes aventures SFFFesques. Je l’ai lu en 2003, peu après sa sortie chez l’Oxymore. Je me souviens de sa couverture signée Ruby. Elle m’avait tapé dans l’œil et j’avais reconnu son style, après avoir lu un article sur elle dans Elegy, un super magazine que je lisais à l’époque.

Léa Silhol, La sève et le givre, Editions de l’Oxymore, Collection Moirages, 2002. Couverture par Ruby

Je n’avais pas conscience, alors, que je lisais de la SFFF. Quand j’y repense, plus de 20 ans plus tard, je me dis que tout a commencé là. Parce que j’ai réalisé, en 2020, qu’il y avait des littératures de l’imaginaire (jusque là il n’y avait pour moi qu’une littérature, unique et fourre-tout, sans conscience de cette « lutte des genres »). J’ai alors repensé à ce que j’avais lu jusque-là sous cette étiquette. C’est cette œuvre en particulier qui m’est venue; je me suis souvenue du pied que j’avais pris en lisant ce bouquin.

Transmeare

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce roman, c’est le 1er tome d’un cycle de fantasy celtique. On y parle de Faës, on croise Oberon et Titania et autres monarques des cours de Lumière et d’Ombre. C’est épique, très noble, parfois pompeux, mais on parle de Faës, hein. Et cette série va évoquer pas mal de sujets qui me parlent : le pouvoir et son appropriation, le choix vs le destin, la politique et la perte de soi… et évidemment, l’Amour avec un grand A.
Ce cycle est suivi par d’autres : un d’urban fantasy (Le dit de Frontier), un autre de cyberpunk japonais (Seppenko Monogatari), un de fantasy Renaissance italienne (Isenne), et des électrons libres aux styles différents (réalisme magique, notamment).
Tous ces cycles se répondent, sont tissés ensemble, étendent un même univers à travers l’espace et le temps. C’est une toile impressionnante que l’autrice a créée et continue de créer. C’est remarquablement maîtrisé, et le style change selon les cycles. Le format, aussi. Nouvelle, novella, transmedia, roman… L’autrice touche à tout et le fait bien. Cette œuvre globale regorge de sens, de messages, de liens et de clins d’œil qu’il convient de dénicher et de comprendre, ce qui peut nécessiter plusieurs relectures. C’est une œuvre très riche, à la plume sûre, travaillée, magnifique.

Ce bouquin, c’est donc non seulement un point de départ pour moi mais une ancre, aussi. C’est l’autrice valeur sûre.

Neil Gaiman, Sandman

J’ai découvert Sandman au même moment que j’ai lu La sève et le givre. Je ne me souviens pas, en revanche, comment j’ai connu cette série. Je n’ai jamais été très friande de BD, de comics ou de romans graphiques. Tomber sur Sandman et apprécier cette série était donc une surprise ! Au fil des années, je me suis fait la collection des tomes traduits en français chez Delcourt, que j’ai clôturée avec celui sur les couvertures de Dave Mc Kean.

Sandman n’avait pas grand-chose pour me séduire. En effet, je trouvais cela compliqué, je n’étais pas hyper fan des dessins, et puis je ne pigeais pas tout. Pourtant, le coup de foudre est venu, et a perduré. Je ne saurais pas expliquer très bien pourquoi… Peut-être le fait de les relire souvent, et de comprendre un peu mieux, ou différemment, ce qu’il s’y déroule. En tout cas, c’est une œuvre qui m’a profondément marquée, et évidemment j’ai regardé la série TV, bien sûr. Que je trouve assez réussie, pour ma part. Elle a su m’hypnotiser de la même manière et j’ai trouvé les acteurices très bien choisis.

Sandman a surtout été le point de départ d’une aventure qui se poursuit encore aujourd’hui avec l’auteur : une grande histoire d’amour. Encore un écrivain caméléon, poète, dramaturge, scénariste, romancier… touche à tout, et qui sait si bien imaginer, nous transporter, nous faire rire… Ardent défenseur en plus des bibliothèques, de a culture et de l’imagination, particulièrement accessible, ouvert, drôle, bienveillant… J’ai lu et adoré Neverwhere et été très surprise par son adaptation TV, très scénique. Adoré aussi De bons présages, et son adaptation TV (la 1e saison, en tout cas), L’étrange vie de Nobody Owens, L’océan au bout du chemin, Coraline, Stardust, Le dogue noir, et bien sûr American Gods (et là aussi, son adaptation TV).

J. M. G Le Clézio, Désert

Ce livre a une histoire. Je l’ai pris, un jour, dans la bibliothèque de ma sœur aînée. J’étais gamine, et je me souviens de ce livre étrange. Ces marcheurs bleus, cette prose un peu shootée… : j’avais l’impression d’entendre un chœur de voix graves accompagnées de tambours pendant ma lecture. J’ai été choquée, je me souviens, des aventures de Lalla, et de la sensualité constante dans ces pages. C’était très nouveau, pour moi.

Et puis je l’ai relu, plus tard, parce que j’avais été hypnotisée par ma 1e lecture. Une ou deux fois. A chaque fois, ce roman me laissait sans voix. Je ne parvenais pas bien à cerner ce qui m’attirait autant dedans, mais le charme fonctionnait à chaque fois et il était vraiment puissant.
Je ne sais pas comment j’en suis arrivée à avoir plusieurs éditions de ce bouquin dans ma bibliothèque, ni comment j’ai fait le choix d’en faire l’objet de mon mémoire de master de littérature comparée. Un instinct ? En tout cas, c’est la seule chose que j’ai apprécié faire pendant cette année de cours. Le sujet portait sur l’écriture du désert : comment l’écrit parvenait à peindre et retranscrire un relief, mieux que la peinture ou la photo (et mes deux autres bouquins d’étude étaient Un été au Sahara de Fromentin et Gens des nuages de Le Clézio). Bref, j’ai noirci mon bouquin de post-it, de surlignages, de cornes, de commentaires… Et j’ai réussi à mettre le doigt, je crois, sur ce que je trouvais… parfait.

Pourtant, même après l’avoir décortiqué et trituré dans tous les sens, même après avoir eu l’impression d’en saisir la beauté totale, je le trouve encore fuyant. Peut-être ceci explique-t-il pourquoi je l’aime encore autant… Si je ne devais garder qu’un seul bouquin, ce serait toujours celui-là.

Noir d’absinthe, Monstresse(s)

La fin de NdA

Voilà pourquoi je voulais évoquer mes meilleures lectures d’abord. Vous avez sûrement dû voir la nouvelle passer : Noir d’Absinthe ferme ses portes. Encore une… Et ma maison de cœur, vous le savez depuis le temps. La 1e maison à me faire confiance, à me proposer un partenariat avec le blog; une maison où j’ai rencontré des personnes devenues des amies, des personnes de confiance, qui m’ont fait changer de regard sur plein de choses. Et une maison qui m’a offert des expériences de lecture incroyables.

J’aurais dû parler de Vert-de-Lierre, de Louise Le Bars. Parce que c’est un bouquin qui m’a fait réfléchir sur la manière de chroniquer un bouquin et d’aborder un texte. La manière dont l’autrice se dévoile pleinement dans ce texte m’a amenée à m’ouvrir davantage ici, à dévoiler quelque chose de plus personnel, et à être moins scolaire dans ma manière de chroniquer. Et puis il est le point de départ, comme avec tant d’autres de textes de la maison, d’une amitié qui m’est chère.

Mais je pense à tous ces textes que j’ai adorés et qui m’ont fracassé la figure, toutes ces autrices entières et profondément dark et solaires à la fois. Alors j’ai choisi de vous parler de l’anthologie Monstresse(s), qui regroupe pas mal de noms de la maison. Et dans le genre tabassage en règle, cette anthologie est sur la 1e marche du podium. Je trouve qu’elle représente très bien la ligne édito de la maison, ses valeurs et son engagement artistique.

Monstresse(s)

Cette anthologie comporte des textes d’une rare puissance émotionnelle. J’ai encore en tête le texte hyper sensuel et dérangeant de Sarah Kügel, celui poignant et terriblement douloureux d’Eli Boudeau, la nouvelle finale de Morgane Stankiewiez… Il ne manquait que Sarah Buschmann au sommaire pour que cette anthologie soit parfaite. Dire que cette antho m’a retourné le cerveau, a généré un malaise profond dans le ventre et m’a énormément interrogée est un euphémisme… Je ne connais pas beaucoup de maisons qui prendraient un tel risque de publier des textes aussi entiers, sans réserve, sans filtre, tout en étant très hautement qualitatifs.

Alors voilà, Noir d’Absinthe c’est fini et j’en suis fortement peinée. Cette maison était très très importante pour moi à titre personnel. Mais je pense très fort à toutes les autrices et les auteurs de la maison. Les liens d’amitié que j’ai noués dans cette maison restent là, et toutes les émotions par lesquelles je suis passée en les lisant me resteront aussi en tête. Et dans le ventre.

William Gibson, Neuromancien

Encore lui ???

Je sais, je vous ai saoulés avec Neuromancien l’année dernière, et j’en parle encore très souvent. Et pour cause : ce bouquin m’a marquée, et continue de le faire, à plusieurs niveaux.

D’abord, ca a été une véritable baston. Rappelez-vous : il m’a fallu trois tentatives pour en venir à bout. Mais j’ai vaincu et on sait que ce genre de victoires sont les meilleures. Même si je n’ai pas tout saisi sur le coup; mais ça fait partie de ces bouquins qu’on peut lire et relire et à chaque fois capter un peu plus et refaire wouah à tous les coups. Malgré tout, oui, ça a été une baston; que j’ai aimé mener, pleinement. Je ne me serais pas entêtée pour un livre qui ne me plait pas, vous connaissez ma propension à abandonner un livre.

J’ai aimé m’entêter, parce que j’ai appris que je pouvais aimer, beaucoup, une prose très minimaliste, au registre courant/familier, avec des personnages pas franchement attachants. La plume n’avait rien de ce que j’aimais habituellement. Et pourtant, après Périphériques et Neuromancien, je dois avouer que je me suis habituée à celle de Gibson, et que j’ai hâte de la retrouver.

Une prise de conscience

Et surtout, lire ce livre a fait tilt dans mon esprit. Vous savez, ce moment où vous étiez persuadé que telle œuvre avait révolutionné le genre, les idées, la pensée, alors qu’en fait… ben non, la révolution a été menée par une autre avant. C’est exactement ce qu’a fait Neuromancien : il a bousculé mon état de (maigre) culture. Je pensais que Matrix (et Animatrix, des oeuvres très importantes pour moi) était l’origine, la source. Hé bien, non.
D’autre part, Neuromancien a été le début d’une autre chose : une curiosité pour d’autres œuvres qui, a priori, ne me plaisaient pas. J’ai vu Ghost in the Shell (film et anime), et ça m’a donné envie de regarder d’autres séries de ce genre. C’est ainsi que j’ai regardé récemment la série Pantheon, excellente et assez proche, d’ailleurs, dans ce qu’elle aborde, de Neuromancien. J’ai commencé aussi le cycle cyberpunk de Léa Silhol, et j’ai beaucoup aimé aussi. Bref, ça m’a ouvert énormément d’horizons et si je n’étais a priori pas attirée par le cyberpunk, c’est quelque chose que désormais je recherche. Pas étonnant que j’ai apprécié les articles dédiés à ce sous-genre dans le 1er numéro de Flaash.

Et vous ?

Je pense que ces livres ne vous surprennent pas, si vous me suivez depuis quelque temps vous avez dû en entendre parler ici et là. J’ai une tendance au rabâchage ^^

En attendant, j’aimerais à mon tour connaître les livres qui vous ont façonnés. Quels sont les livres que vous emmèneriez sur une île déserte ? Qui ont changé quelque chose en vous ? Qui vous ont ému, bouleversé, marqué profondément ? Ne vous sentez pas obligés de m’en donner 5, hein ! Néanmoins, je suis très curieuse de savoir ce qui, vous, vous a remué, quand, dans quel contexte. C’est peut-être trop intime, donc ne partagez que ce que vous voulez bien, bien sûr 🙂

Au plaisir de vous lire !

C’est la fin de cette Pause café #43 ! Et si vous avez bien suivi, on parlera de nos pires lectures dans le prochain numéro, prévu pour le 2 mars. Heureusement, j’en aurai moins, pas certaine de faire un top 5 mais j’ai quand même des bouquins qui me sortent par les trous de nez et que je déteste encore des années après ! Ce sera peut-être plus rigolo 🙂 Je vous souhaite un très bon week-end et bonnes lectures !

14 commentaires sur “Pause café #43 : Vos meilleurs souvenirs de lecture

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  1. Ouaouh ! Quel exercice impressionnant ! Je serais bien incapable de le faire de mon côté. Suite à la lecture de cette pause café, j’ai essayé de trouver des textes capitaux dans mon parcours. C’est difficile. Il faudrait peut-être chercher dans les textes fondateurs, je veux dire ceux que j’ai lus ado (et que je trouverais sans doute moins formidables aujourd’hui).

    1. Ah ça, relire avec un œil adulte des bouquins qu’on a trouvés super plus jeune, c’est effectivement un risque oui ! Ca m’est arrivé plus d’une fois et je ne tenterai plus. Les bouquins sont toujours dans ma bibliothèque, mais je n’oserais plus y retourner… Je les garde en mémoire comme je garde en mémoire le moment où je les ai lus, encore très précis dans ma tête !

  2. Quelle sélection ! On sent vraiment que ces livres ont marqué un tournant dans ta vie de lectrice. Je ne connaissais pas du tout Monstresse(s) et même si je ne suis habituellement pas fan des recueils, je dois avouer que ce que tu dis sur celui-ci m’intrigue beaucoup. 🙂 Je vois également que La sève et le givre de Léa Silhol est en très bon place dans ton palmarès. J’ai aperçu ta réponse pour mon rendez-vous Raconte ton livre (j’ai un peu de retard dans mes commentaires) et du coup je suis contente de découvrir une vision plus personnelle de ta lecture. 😊
    De mon côté, mon meilleur souvenir de lecture est Criminal Loft de Armelle Carbonel. C’était son premier roman et ma première lecture de cette auteure, j’ai frissonné aussi bien par l’intrigue de ce thriller mais par l’idée qu’il véhicule. Elle raconte l’histoire de grand criminel (fictifs) condamnés à la peine de de mort, tous enfermés au Sanatorium de Waverly Hills (qui lui est bien réel) pour un jeu de télé-réalité. Le gagnant remporte sa liberté ! Et la manière dont elle nous dévoile cette histoire, en alternant par les talk-show de l’émission avec le regard d’un des tueurs présents dans le jeu, c’est effroyable. On se rend compte a quel point le sensationnel fait vibrer les gens, que la morale peut faire défaut quand la curiosité (malsaine) s’en mêle. Sinon j’ai été très touchée par Quand la nuit devient jour de Sophie Jomain, où le personnage souffre de dépression et décide d’avoir recours à l’euthanasie assisté. Un livre bouleversant sur ce choix difficile, le regard des proches sur cette décision. Je ne sais pas si on peut dire que ces deux titres rentrent dans les critères que tu demandais mais c’est deux titres m’ont clairement marqué et je les adoré ! 🖤

    1. Ces livres semblent t’avoir marquée énormément aussi, et c’est à eux que tu as pensé en tout premier lieu pour répondre à cette pause café, alors je dirais que ça répond totalement aux critères oui 🙂
      Je n’en connais aucun, mais Quand la nuit devient jour a l’air très difficile du fait de son sujet, et vu ce que tu en dis celui-ci a l’air très bien traité, avec beaucoup de justesse. Criminal Loft résonne aussi fort bien avec notre monde contemporain, je conçois qu’il puisse marquer énormément.
      Monstresse(s), ah, oui, c’était une expérience, cette anthologie. Pas fan non plus des nouvelles et encore moins des recueils de mon côté. Mais il y avait des textes très très durs mais très beaux, aussi, dedans. Je trouve qu’elle représente très bien la ligne et les voix de la maison.
      Merci de t’être prêtée au jeu et d’avoir partagé tes meilleures lectures 🙂

      1. Quand la nuit devient jour est difficile par son sujet oui, mais Sophie jomain a une plume très douce donc elle nous présente un texte tout en émotions, sensibilité et avec justesse c’est vrai 🙂 Merci à toi pour ce rendez vous, c’est un plaisir de me prêter au jeu !

  3. Effectivement, plusieurs de ces titres me parlent 😀 Je ne pensais pourtant pas que Neuromancien t’avais autant marqué. Je me le note pour plus tard, quand j’aurais du temps pour la SF (hum).

    J’ai aussi plusieurs titres qui ont façonné mon parcours de lectrice… Je vais essayer d’en parler de manière organisée ^^’
    En premier, ce serait la série de la Belgariade, de David Eddings. Objectivement, je vois aujourd’hui qu’elle n’est pas exempte de défauts, et j’ai eu même du mal lors de la relecture. Oui mais. Mais c’est la première série de Fantasy que j’ai lu, en début d’adolescence, et c’est elle qui a orienté tous les livres suivants. Ses personnages si attachants m’ont accompagné de nombreuses années, au fil des relectures du cycle. C’est pourquoi malgré ses défauts, cette décalogie et sa suite, La Mallorée, occupent une place toute particulière dans mon cœur.

    Le deuxième est un grand classique, le Seigneur des Anneaux de Tolkien. Si l’histoire m’a vraiment marquée, c’est aussi pour tout l’univers de la Terre du Milieu que ce roman m’est si cher. J’ai lu à la suite le Silmarillion, les Contes et Légendes Inachevées, et la majorité des History of Middle-Earth,; qui retracent la construction de l’univers et tout le travail fait dessus pas son auteur.
    Ca m’a fait prendre conscience d’une chose ; j’adore les univers ultra construits et complexes, et comprendre comment les auteurs les ont construits. La relecture de l’ensemble des écrits de Tolkien est d’ailleurs prévu, dans pas si longtemps. Un jour, quand j’aurais une bonne année à y consacrer 🙂

    Le suivant est un livre unique, charnière pour moi ; la Horde du Contrevent de Damasio. Clairement, il y a eu un avant et un après la horde. Je ne compte plus mes relectures de ce bouquin (3, peut être 4 fois ?) et pourtant j’y trouve une compréhension nouvelle à chaque fois. C’est un roman d’un densité monstre, et avec des émotions toutes aussi fortes, pour peu qu’on arrive à se laisser porter par l’histoire. Oui, Damasio aime parfois s’écouter écrire, et il disserte beaucoup. Mais chaque paragraphe a un but, pour peu qu’on arrive à le comprendre. Et cette finesse dans l’écriture ! La joute oratoire de Caracole à Alticcio reste pour moi le summum de beauté et de poésie littéraire.
    Et cette fin… Parce que la Terre est bleue comme une orange.

    Les deux dernières lectures sont bien plus récentes, de l’année dernière ou celle d’avant. Je finirai par le meilleur, tant pis pour l’ordre chronologique 🙂
    En quatrième, je mettrai Corbellâme – la fin des idoles, de Megan Bannen, un roman YA. Le pitch peut sembler bateau, mais ce bouquin a une profondeur insoupçonnée, notamment sur le sujet des croyances. Je l’ai trouvé juste. Juste dans son propos, son écriture. Le couple de héros m’a vraiment touchée. Et bon sang, ce que ça fait du bien d’avoir une histoire d’amour en YA où le consentement est demandé à plusieurs reprises ! Enfin une vraie représentation de ce que doit être un couple, très très loin des agressions déguisées de certains romans.
    J’ai pleuré en finissant ce roman.

    Et le dernier, cette série qui m’aura marquée avec une force invraisemblable, est un mélange d’émotions et d’univers : le Livre des Martyrs de Steven Erikson. Ces dix romans d’une taille monstrueuse sont clivants, il faut avouer ; soit on adore, soit on décroche. Il faut dire que M Erikson ne donne jamais dans la facilité. Vous en comprenez pas où il veut en venir? Normal. Peut être aurez vous une réponse dans 1 000 pages. Ou pas.
    Et pourtant, dès la fin du 2ème roman, je savais que j’avais un diamant de série entre les mains. A la fin du 4ème, j’étais persuadée que cette série dépassait Tolkien. Les 10 romans sont désormais finis, depuis quasiment un an, et ma seule hâte et d’y retourner, après avoir fini les séries parallèles, en enchainant les 10 tomes cette fois.
    Mention particulière pour le tome 8, la Rançon des Molosses. Si je ne devais en choisir qu’un, ce serait celui-là. Un beau pavé de 1 176 pages, qui aborde des thèmes comme le deuil, les choix de vies, au milieu d’une histoire épique au possible. Et ce final…

    Une revue rapide de ces romans marquants qui me confirme ce que je savais déjà ; les univers complexes me passionnent, et c’est avant tout cela qui va me faire aimer un livre. Des pépites d’émotions peuvent fonctionner aussi, mais là, c’est à la surprise que ça marche ^^

    1. Je n’avais pas moyen de signer lors du dépôt du commentaire, pas compris pourquoi … Il vient bien de moi 🙂
      S’ren

    2. Je suis navrée de ne te répondre que maintenant ! Tu n’es pas la seule à avoir des soucis pour commenter, j’ai de plus en plus de commentaires anonymes; parfois je reconnais leurs auteurices, parfois non, et là j’avoue que j’ai eu du mal à deviner que c’était toi 😀
      Je n’ai jamais lu la Belgariade, mais la série figure dans ma PàL; je ne suis pas certaine en revanche d’avoir la même expérience que toi qui semble effectivement très très forte ! Il y a tellement quelque chose d’intime qui se passe parfois entre un livre et nous… D’ailleurs tu parles de relecture moins évidente, et c’est aussi quelque chose que j’ai pu constater, pas mal de bouquins que j’ai adorés pendant mon adolescence n’ont pas passé la 2e lecture, et ça a cassé quelque chose 🙁
      Tolkien, ah, oui, je comprends tellement. Alors quand tu parles d’Erikson qui le surpasse, là je suis très très intriguée. C’est un auteur que je n’ai jamais lu (un pavé par tome, pfff), mais que je vois souvent passer et avec des termes aussi élogieux. Alors, de toutes les séries phare dont on me parle, ce sera peut-être celle-ci sur laquelle je me pencherai.

      Quant à La horde du Contrevent, hé bien justement, celui-ci figure parmi mon programme 2024. J’espère avoir comme toi le recul nécessaire pour me faire apprécier pleinement l’intelligence et la beauté de son texte. Je le lirai sans le dire à personne, pour ne pas me faire polluer par les avis des uns, des autres; je veux être le plus neutre possible.

      En tout cas, je te remercie chaleureusement pour ton commentaire : merci d’avoir partagé ces romans qui te sont chers, associés à ce qu’ils ont représenté et représentent encore pour toi. j’aime beaucoup lire ce qui fait vibrer les uns et les autres, au-delà du simple fait qu’on aime ou pas un livre. C’était très très chouette de te lire, j’ai pu ressentir ton entrain et ton enthousiasme, c’était un très bon moment 🙂 Merci encore !

      1. J’ai eu beaucoup de mal à simplement commenter ; il me mettait une erreur lorsque je cliquais sur réponse… heureusement que j’avais sauvegardé ce que j’avais écrit dans une note ^^’ Je n’aurais pas eu le courage de tout réécrire. L’erreur a disparu le lendemain.

        C’est un plaisir de te répondre, surtout sur un sujet pareil ^^ Merci à toi pour la pause café !

        Pour Le Livre des Martyrs, c’est un cycle qui est très clivant. Beaucoup de gens ont détesté ; l’auteur nous lâche vraiment dans le monde, sans vraiment de garde-fou. Mais pour ceux qui aiment décortiquer un roman et se creuser les méninges à la lectures, c’est un délice 🙂 Je t’avoue que je ne sus pas sûre que tu aimerais… Ca reste de la Fantasy pure, avec quelques moments bien épiques, et une montée en puissance plutôt lente.
        Il y a des passages qui sont parmi les plus émouvants que j’ai lu. Et d’autres scènes si marquantes ! (la cité d’Y’ghatan m’a scotchée ; impossible de lâcher le roman sur 300 pages) Mais clairement, ce sont des lectures qui ne conviennent pas à tous.
        Peut-être que ces romans te réconcilieront avec la Fantasy ^^

        La Horde est une expérience à elle toute seule. Je suis curieuse de ton retour après lecture ! C’est une bonne expérience aussi ; comme les Martyrs, on est lâché au milieu du roman. Si tu n’accroches pas à la Horde, je ne pense pas qu’Erikson sera pour toi 🙂
        Mais j’ai bon espoir ! 😀

        1. RRRRRoulement de tambours… Je suis présentement dans la Horde, et ça me plait ! Bon, je lis lentement, et assez peu à chaque fois, mais j’avance bien, et je suis assez admirative de la plume de Damasio, j’en avais bcp entendu parler mais je ne l’avais encore jamais lue.
          Alors, peut-être Les martyrs un jour… !

  4. Je te rejoins totalement pour Sandman. Si je lisais des BD et romans graphiques, j’avais une image très réductrice des comics et cette oeuvre a été un choc. Je n’y suis venue que pour le nom de l’auteur et j’ai été impressionnée par la richesse, par les atmosphères, par les différents arcs narratifs. J’ai commencé une relecture avec toujours le même plaisir, la même fascination. Par contre, je n’ai pas encore regardé la série.
    Quant à Monstresse(s), je me le suis offert avant la cessation d’activité de la maison d’édition. Je ne l’ai pas encore lu, mais j’espère qu’il me marquera autant que toi.

    Pour ma part, les titres qui me viennent en premier…
    A la croisée des mondes, lus et relus depuis mon enfance, avec un regard qui évolue, qui grandit, qui mature, mais qui reste toujours impressionné par l’intelligence de cette trilogie et tout ce qu’elle dit en un nombre de pages finalement assez restreint, avec une efficacité qui ne s’essouffle jamais.
    Le Dit du Genji, pavé japonais du XIe siècle sur lequel j’ai passé plus de deux mois, un dépaysement complet, une rupture totale avec la littérature et l’écriture à laquelle je suis habituée, une expérience en soi, fascinante, étonnante, difficile aussi parfois.
    La maison dans laquelle, une autre expérience, un roman-univers, une plongée dans une oeuvre perturbante, un peu insaisissable, foisonnant, sur l’adolescence.
    L’homme qui savait la langue des serpents, épique, satirique, mélancolique, un mélange surprenant de genres, une approche unique pour revisiter l’Histoire estonienne… Un roman parfait qui m’a scotchée.
    J’abrège un peu, mais il y a eu Et quelquefois j’ai comme une grande idée pour sa narration absolument unique, Le Cirque des rêves pour son atmosphère envoûtante qui m’a habitée pendant des mois, Les Misérables pour l’immersion émotionnelle et la puissance incroyable de ses personnages, les romans de McCarthy pour sa capacité à m’embarquer dans des ambiances western avec lesquelles je n’ai a priori aucune affinité, à me bouleverser avec ses personnages bruts et sa langue sèche, et Sandman donc.

    1. Oh, je suis tellement heureuse que tu te sois procuré Monstresse(s) ! Que tu aimes ou pas, certains textes vont te marquer profondément, je pense.
      Je retrouve pas mal de choses que je connais dans tes souvenirs : Sandman, évidemment, La maison dans laquelle, ah quelle excellente lecture et incroyable souvenir !! Le cirque des rêves (oh ouiiiii !) et Les misérables…
      L’homme qui savait la langue des serpents je ne l’ai pas encore lu mais j’avais partagé ses premières lignes ici, et je le lirai un de ces 4.
      En revanche, la croisée des mondes je n’ai pas réussi à dépasser le premier tiers du tome 2 🙁 je pense que j’aurais comme toi aimé si je l’avais découvert pendant mon enfance, comme Harry Potter pour moi.
      Quant au Dit du Genji, je connais de nom, quand je travaillais à la BULAC j’avais croisé des mentions à cette œuvre majeure.

      1. Génial pour L’homme qui savait la langue des serpents ! Je te souhaite une excellente lecture !
        En réalité, avec A la croisée des mondes, j’aurais aussi pu citer Harry Potter et les romans de Bottero, ce sont les sagas qui ont accompagnés toute mon enfance et adolescence. Mais ce que tu me dis ne m’étonne qu’à moitié, ce sont aussi les retours que j’ai eu après avoir tenté de faire découvrir Pullman ou Bottero à des personnes déjà adultes.
        Pour Le Dit du Genji, je ne peux pas prétendre avoir les connaissances pour une compréhension profonde de tous les implicites de cette oeuvre, mais ça a été une lecture vraiment marquante et inhabituelle malgré tout.

        1. Notre conversation me rappelle justement de me procurer l’homme qui savait la langue des serpents, c’est en plus typiquement le genre de bouquins qui me plairait fort certainement, merci de m’avoir rafraîchi la mémoire 🙂
          Ah oui, Bottero aussi, je n’ai jamais réussi à m’y plonger. Ce sont des œuvres que j’aurais aimé découvrir étant jeune…

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