Avis flash #16 : janvier 2024

3 mini-chroniques dans cet avis flash #16 de janvier :
Les derniers jours d’un monde oublié, de Chris Vuklisevic ;
Monsieur Merlin, d’Arnauld Pontier ;
Journal d’un AssaSynth, tome 1 : Défaillances systèmes de Martha Wells.

Les derniers jours d’un monde oublié

Résumé

Plus de 3 siècles après la Grande Nuit, Sheltel, l’île du centre du monde, se croit seule rescapée de la catastrophe. Mais un jour, la sorcière de l’île aperçoit un navire à l’horizon. Il est commandé par une pirate impitoyable, bien surprise de trouver une île au beau milieu du Désert Mouillé.

C’est une nouvelle ère qui s’ouvre…

Avis flash

Premier retour pour cet avis flash #16 : un avis un peu mou, je dois bien l’avouer. J’attendais pas mal de la rencontre de tous ces gens qui n’ont plus rien en commun et qui pensaient les autres disparus depuis trois siècles.

Le roman se lit bien, c’est assez agréable à parcourir, ça commençait bien et j’aimais bien l’idée derrière. L’ennui, c’est que ce roman n’en finit jamais de commencer. Il ne décolle jamais vraiment. Il ne manque pas grand-chose, juste… un peu de saveur. C’est comme un poulet rôti sans herbes de Provence, sans vin et qui n’aurait pas assez doré au four.

J’avoue d’abord ne pas avoir vraiment saisi comment les habitants de Sheltel se satisfont aussi bien des conditions de vie sur ce caillou, tant cette société est quasi dictatoriale. On va dire que sans connaissance de rien d’autre, on peut difficilement comparer et espérer mieux. Mais il est demandé au lecteur, malgré tout, d’accepter tout ce qui s’y déroule sans réserve, alors que certaines scènes sont d’une sauvagerie à mon sens difficilement compréhensible (si la sauvagerie peut l’être). Non, je dois dire que je n’ai pas avalé tout cela sans me poser de questions. Un voile de perplexité est alors venu se jeter entre ces pages et moi. Les quelques extraits de registres, etc. en début de chapitres étoffent certes un peu cette construction d’univers, mais pas assez pour que j’y adhère pleinement.

Comme je le disais plus haut, j’attendais beaucoup de la rencontre de ces peuples que tout sépare désormais. Sauf qu’il ne se passe jamais vraiment grand-chose dans ce roman. Si vous attendez un roman d’action, passez votre chemin. C’est davantage un roman psychologique, qui suit quelques personnages dont la vie, les pensées et les modes d’action vont être impactés par le débarquement des pirates. Mais là encore, rien à faire, la mayonnaise ne prend pas, selon moi. Le roman ne parvient jamais vraiment à sortir de la logique propre à chaque personnage, empêtré dans ses petites histoires et avec ses casseroles aux fesses (que là encore, j’ai eu du mal à comprendre, tant cela me paraissait absurde). L’angle choisi était intéressant mais le roman ne prend pas la hauteur suffisante pour remettre tout ça en perspective et apporter un message percutant.

Bon, bref, rencontre manquée avec ce roman qui ne m’a pas captivée ni convaincue, et dont je ne suis pas sûre d’en retenir grand-chose sur la durée.

Monsieur Merlin ou la certitude de l’illusion

Résumé

Un simple coup de téléphone peut bouleverser l’existence. Il suffit d’un échange, d’une conversation, pour que le quotidien prenne soudain une toute nouvelle direction. D’autant plus quand la voix dans le combiné vous annonce qu’elle appelle du futur.

Avis flash

J’avais beaucoup aimé la novella Sur Mars du même auteur. Arnauld Pontier aime bien nous faire voyager. Ici, pas dans l’espace (quoique), plutôt dans le temps. La novella est une sorte de mise en pratique romanesque des théories d’Etienne Klein (physicien et philosophe des sciences), élaborées dans ses ouvrages consacrés au temps (Le facteur temps ne sonne jamais deux fois) et Les tactiques de Chronos). Alors, premier conseil : ayez connaissance un peu des travaux du bonhomme avant de lire cette novella. Sinon, vous n’allez pas saisir grand-chose. Ce qui fut mon cas 😀

Mais étrangement, cela ne m’a pas dérangée outre mesure… Je me suis même dit que j’étais pile dans le thème. Comme Monsieur Merlin au départ. Bon, d’abord je suis assez contente d’avoir retrouvé la plume d’Arnault Pontier, elle me plait décidément bien. A la fois fluide et précise, des phrases économes sans être minimalistes, le bon mot qu’il faut, et jonglant entre poésie et technicité. L’auteur fait un sacré grand écart dans sa prose, c’est fascinant.

Le tout dans 90 pages d’une histoire qui parait anodine (un coup de téléphone du futur, à un type lambda qui n’est pas d’un intérêt délirant), et qui, au milieu, commence à dérailler, s’embrouiller dans la ligne du temps, à foutre en l’air le principe cause –> conséquence, à revenir en arrière, jusqu’à vous parler de trou noir et de ligne d’horizon. Et là, je revois des phrases qui me disent quelque chose (ah, mais c’était au début ça !), j’ai l’impression de m’étirer jusqu’à l’infini et de faire le tour de moi-même (oh, tiens, une boucle). Alors quand l’auteur pousse l’illusion jusqu’à la déconstruction des personnages, je me casse littéralement la gueule. Bref, le titre est parfaitement évocateur : vous lisez une illusion géante.

J’ai fini le bouquin en n’ayant évidemment rien compris. Mais ayant terminé la série Pantheon un peu avant, je retrouve là des similitudes : une fin qui n’en est pas vraiment une, une ligne du temps qui n’a rien d’une ligne, et une réflexion sur le temps (et l’espace) qui dépasse sa conception psychologique (vous voyez la fin d’Interstellar ? Ben je trouve que c’est un peu l’idée).

Il faudra évidemment que je le relise, après avoir un peu étoffé ma culture scientifique. En attendant, je suis bon public : j’aime les tours d’illusionnistes. Et le mieux, c’est de ne pas savoir comment ils marchent, sinon ça casse tout !

Journal d’un assasynth, tome 1

Résumé

Un androïde de sécurité, qui déteste le contact humain et préfère regarder des feuilletons à la chaîne, met au jour un complot visant à éliminer les clients qu’il est censé protéger. Il ne recule ni devant le sabotage ni devant l’assassinat ; il s’interpose même face au danger, quitte à y laisser des morceaux.

Avis flash

Dernière mini-chronique pour cet avis flash #16. Deuxième tentative de rentrer dans cette série multi-primée. J’aurais dû me méfier : je le SAIS, pourtant, que je me casse souvent les dents sur les bouquins primés. Je m’étais fait chier comme un rat mort la 1e fois, mais en lisant plein d’avis hyper enthousiastes, je me suis dit qu’il fallait que je m’ouvre un peu plus, donc allez hop, c’est reparti.

Mais rien à faire, je m’ennuie. Ce secUnit me fait marrer une fois avec ses feuilletons. La 2e fois, je souris. La 3e fois, ça va, on a compris… Après, ça devient du comique de répétition et personnellement ça m’énerve. Et à part ça, rien de vraiment intéressant dans ce personnage. Son rapport aux humains et à lui-même, ses motivations, sa façon d’agir, sont d’une fadeur… (Ca me rappelle le poulet rôti pas rôti d’en haut, tiens).

L’intrigue ? Laquelle ? Il n’y a rien qui tient debout dans ce texte. C’est bourré d’ellipses, le background est plus qu’inexistant, les événements se déroulent sans qu’on sache vraiment comment, pourquoi etc. Les méchants sont méchants mais pour des raisons obscures, les scènes de baston arrivent comme un cheveu sur la soupe, la plume n’a rien d’extraordinaire. Le tout est décousu, assez vide de réflexions, de corps, d’enjeux, de… C’est du carton-pâte.

Dans le doute, j’ai commencé le tome suivant, et le voilà reparti avec ses feuilletons !! Bon, ben écoute, je te laisse, hein ?

Désolée pour les amoureux de l’AssaSynth, mais vraiment, non, je ne comprends pas l’engouement autour de cette série. Avez-vous lu l’un ou l’autre de ces titres ? Un avis partagé ou différent des miens ?

9 commentaires sur “Avis flash #16 : janvier 2024

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  1. AssaSynth, je m’y suis aussi repris à deux ou trois fois et ça a fini par passer. Oh, pas l’extase, mais ç’est sympa. Et la suite est plus rythmée, quand on connait déjà les tenants et les aboutissants. Mais je ne fais pas partie de ceux qui encensent cette série, agréable, mais sans plus pour moi.
    Quant aux deux autres, je les ai vus, mais sans m’y arrêter. Et là, pas sûr de vouloir aller plus loin? Peut-être pour le Arnauld Pontier : je n’ai jamais lu cet auteur. Tu me conseilles quoi pour commencer ?

    1. Difficile pour moi de bien te conseiller pour les bouquins d’Arnauld Pontier, c’est un auteur qui a écrit beaucoup dans beaucoup de styles et de genres différents. Je n’ai lu que Sur Mars avant Monsieur Merlin, et le voyage m’avait plu, très différent des textes de voyages spatiaux habituels; plus un carnet de bord, très réaliste et là encore empreint d’une belle poésie, d’un voyage.
      J’ai Les enfants de paradis dans le viseur pour ma prochaine lecture de l’auteur, en espérant que le personnage féminin ne prenne pas trop cher – dans Monsieur Merlin, la fixation sur les seins du perso féminin a eu tendance à m’agacer prodigieusement… Je l’avais oublié, tiens…

  2. On m’avait dit du bien des Derniers jours d’un monde oublié, ton avis vient nuancer tôt ça. À voir, je vais commencer par lire Du thé pour les fantômes que j’ai dans ma PAL.

    Le deuxième livre a l’air d’être une expérience à tenter éventuellement !

    1. Bah, tu sais, les goûts et les couleurs, et les humeurs et les attentes… ^^ En plus j’étais bien enchifrenée (un joli mot que j’ai appris aujourd’hui tiens, qui veut dire enrhumée mais en plus joli :D) donc pas forcément bien raccordée là en-haut 😀
      Bref, bonne lecture théinée à venir 🙂 et n’hésite pas à tenter celui-ci après, très différent dans le genre mais peut-être aimeras-tu beaucoup, comme pas mal de lecteurices ici et là 🙂

  3. J’ai adoré Dernières chroniques d’un monde oublié, je l’ai même racheté pour l’offrir ! C’est justement le côté très psychologique dans un monde fantasy qui m’avait beaucoup plu, la narration se repose je trouve très peu sur l’action et j’avais beaucoup aimé ce côté un peu intimiste. Pour moi les stéréotypes des personnages font partie du charme et du contrat que proposent ce roman, en tous cas je l’ai lu ainsi !

    1. Oh je ne doute pas qu’il plaise et n’en suis pas étonnée, il a de très bons côtés, en effet ! Comme tu le dis, il s’appuie sur des ressorts très différents de ce qu’on a l’habitude de lire en fantasy. Je suis contente qu’il ait se toucher autant. Pour ma part, peut-être n’était-ce pas la bonne semaine, je ne sais pas, mais j’ai été complètement hermétique à ce livre, et j’en suis bien navrée… 🙁

  4. Personnellement j’ai adoré Derniers jours d’un monde oublié, même si effectivement on est loin d’un roman d’action, mais je comprends que ça ne plaise pas à tout le monde. AssaSynth fait aussi partie des romans que j’aime beaucoup, mais appréciant de base le polar, c’est pas étonnant ^^ Après les premiers font très romans divertissement plaisir et ça me convient comme ça.

    1. Derniers jours d’un monde oublié est un très bon roman, juste pas pour moi… J’en suis d’ailleurs la 1e déçue, je n’attendais pas forcément de l’action, mais quelque chose de percutant que je n’ai pas trouvé. Je suis bien contente qu’il séduise autant de lecteurices et que tu en fasses partie 🙂
      Comme l’Assasynth, mais là c’est parce que je ne suis pas très sensible à l’humour du personnage qui a tendance à m’agacer un peu ^^ Tu as lu toute la série, j’imagine ? 🙂

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