Pause Café #21 : littérature, lecture et musique

Bienvenue dans ce nouveau numéro de Pause Café ! Ce petit-déjeuner livresque sera musical ce matin. A l’occasion du challenge Mots’Arts lancé par mon amie Véronique Parrenin, j’en profite pour mélanger les genres. Cette Pause Café #21 se place donc sous le signe de la musique, dans ses liens étroits qu’elle entretient avec la littérature et peut-être aussi avec notre façon de lire. Lisez-vous en musique ? Aimez-vous les romans qui offrent un arrière-plan très musical ?

Challenge Mots’Arts

Quand Véronique a lancé son challenge Mots’Arts, cela m’a tout de suite plu. Car ce mélange des arts permet d’appréhender les œuvres littéraires sous un prisme un peu différent. J’ai plutôt l’habitude de penser par genres (romance, steampunk, SF, polar…), maisons d’édition puis auteurs. Par exemple, tous mes Zola sont rangés ensemble. Alors quand il a fallu sortir de la bibliothèque des ouvrages évoquant ici la musique, là la peinture, ou encore le 7ème art… il a fallu que je me creuse la tête ! Et je me suis retrouvée avec beaucoup de titres très différents dans chaque catégorie.

Je vous renvoie, si ce challenge vous intéresse, vers le compte Instagram de Véronique qui vous présente les menus et les mots-clefs. Ce challenge se déroule sur le mois de juin, et il est rempli dès la première lecture. A titre indicatif, je vous mets ci-dessous le template Nina Simone, concernant notamment le thème de la musique et du chant.

Livres et musique

Des livres  qui parlent de musique, qui ont un arrière-plan musical très important ou dans lesquels la musique est un enjeu dans l’intrigue…

A noter qu’un numéro dédié à la musique est paru dans la revue Fantasy Art & Studies : le numéro 10 est intitulé « Musique enchantée » et explore les liens entre musique et fantasy. Comme toujours, vous pouvez lire en ligne via Calameo.

Quelques recommandations ci-dessous ! Si vous en avez d’autres, n’hésitez pas à les partager en commentaires.

De la musique dans la plume et la narration

Léa Silhol, Musiques de la frontières : de l’urban fantasy qui s’inscrit dans la Trame de l’autrice; un recueil de nouvelles où la musique est dans l’écriture et fait le lien entre les textes. Plus largement, le cycle Vertigen de l’autrice est empreint de musique dans les mots, tant la plume est mélodique et le récit semblable à une ode.

Récemment, j’ai lu Le chant des géants de David Bry, une œuvre dans laquelle oralité et musicalité s’entremêlent, à l’image des récits oraux et chantés d’antan. La plume est là aussi rythmée selon les péripéties du roman et les humeurs des personnages.

Un autre exemple marquant me vient en tête : Le chant des glaces de Jean Krug. Ce roman est marqué par la métaphore musicale filée tout au long du récit. L’auteur offre ainsi de superbes passages très sonores.

De la musique dans l’intrigue

Flore Vesco, L’estrange malaventure de Mirella et Annabelle Blangier, Le musicien : deux excellentes réécritures du conte du Joueur de flûte de Hamelin. La première dans une langue médiévalisante superbe, et la seconde avec une tonalité fantastique qui m’a beaucoup plu.

Nina Gorlier, La mélodie des limbes : la musique est un phare dans la période de deuil que traverse Elisabeth, l’héroïne de ce roman très touchant.

Sophie Griselle rend hommage au violon dans Ezéchiel, quand le personnage principal éprouve une fascination sans limites pour une mystérieuse violoniste de rue.

De la musique dans le décor

Estelle Faye dans Un éclat de givre fait résonner la voix éthérée de Youn Sun-Nah dans les pas de Chet.

Haruki Murakami m’a fait découvrir Janacek dans 1Q84, qui ouvre la trilogie avec les premières mesures de sa Sinfonietta.

La fille qui danse de Lisa Soto est une romance inspirée par la chanson Mon européenne, de Damien Saez. Les paroles de cette chanson transpirent dans chacune des pages de ce roman lumineux et représentent bien le personnage principal, Asa.

Lecture et musique

Parfaire l’immersion

Dans le cas de ces derniers titres, je n’ai pas pu m’empêcher de lire avec le fond sonore suggéré dans le roman. J’ai donc écouté pendant Un éclat de givre l’album Lento de Youn Sun Nah, pour me mettre dans l’ambiance.

Il y a quelques années, j’ai relu La Recherche du temps perdu avec en arrière-plan sonore les Arabesques de Debussy, générique de la saga adaptée en 2010 par Nina Companeez. Un clin d’œil de la réalisatrice à cette œuvre très marquée par la musique, notamment en la personne de Vinteuil, professeur de piano. Sa sonate est évoquée tout au long de La Recherche mais principalement dans Un amour de Swann, lorsque Vinteuil fréquente encore le salon des Verdurin.

D’autres romans proposent désormais un accompagnement musical sur mesure pendant la lecture. Par exemple, Prométhée de Cécile Pommereau et G.H David offre une playlist en fin de roman pour accompagner la lecture. Même chose pour  Motel Valparaiso, de Philippe Castelneau. Quand j’ai reçu Le cloître des vanités de Manon Ségur, il y avait encore mieux : une playlist spotify en début du roman, déjà constituée et accessible via un QR code. Cette playlist accompagne à la perfection le roman et parfait l’immersion dans l’univers.

Je ne vis pas sans musique, je ne lis pas sans musique

Comme je vis en musique, j’aime lire en musique 🙂 C’est quelque chose que j’aime beaucoup faire. Créer une immersion totale, et aussi faire concorder des moments du livre avec de la musique. Je me rends compte que je parviens alors mieux à retenir ma lecture.

Par exemple, j’associe très souvent musique et livre. Si j’ai lu tel livre en écoutant telle chanson, écouter celle-ci me rappelle alors cette lecture. Par exemple, je me souviens avoir lu série des Semailles et les moissons d’Henri Troyat en écoutant la BO d’Amélie Poulain à l’été 2001. Non, rien à voir, sauf que j’écoutais en boucle ce disque que j’ai d’ailleurs associé à une scène en particulier dans cette série : la valse de Denis et Clémentine sur le toit. J’ai essayé plus tard de relire cette série pour retrouver cette magie, mais pas moyen : le charme n’y était plus.
Plus récemment, c’est la Trilogie d’une nuit d’hiver de Katherine Arden que j’ai lue en écoutant en boucle l’EP Forsaken cowboy de Röyksopp. Désormais, à chaque fois que j’entends Keyboard Milk, je me rappelle de Vassia et Morozko dans les steppes russes hivernales. Cela rend les romans et le morceau encore plus parfaits à mes yeux, et c’est non sans émotion que je réécoute ce single très souvent.

La musique, c’est ma petite madeleine de Proust, elle est ma mémoire et le vecteur de mes souvenirs, avec tout ce que cela génère comme émotions. Elle rend alors plus riche et intense mes lectures, les ancrant dans une sorte de moment de grâce parfait.

Ce n’est pas pour rien qu’une playlist accompagne le blog en arrière-plan. Je la change tous les ans à peu près. Vous pouvez la retrouver en fond sonore à l’ouverture de mon blog, si vous n’avez pas coupé le son (ce que je peux comprendre, tout le monde n’aime pas ça), sinon en bas de la page d’accueil.

La musique et vous

Lisez-vous en musique ? Si c’est le cas, dans quel but ? Est-ce qu’écouter de la musique en lisant vous immerge davantage dans votre lecture ?
Avez-vous déjà lu un roman contenant une playlist et écouté celle-ci pendant votre lecture ? Est-ce que celle-ci a alors été différente ? Améliorée ?
Avez-vous lu certains des titres mentionnés plus haut ? Avez-vous d’autres recommandations mêlant littérature et musique ?

Edit 21/06/22 : je vous invite à parcourir les conseils musicaux de Gytha Troll sur son blog, pour vous concocter une petite ambiance sonore au top pour votre lecture ! Des playlists d’ambiance, des vidéos et sites dédiés… Si la musique vous perturbe pendant votre lecture, peut-être qu’une ambiance feu de cheminée vous plairait davantage ? 🙂

C’est la fin de cette Pause Café #21 musicale, qui j’espère vous a plu. N’hésitez pas à partager vos ressentis en commentaires, je suis toujours très contente de vous lire et d’échanger avec vous. J’espère que cela vous donnera envie de participer au challenge de Véronique, ou bien de remettre le nez dans votre bibliothèque… pour l’envisager sous ce prisme un peu différent. D’ailleurs, on parlait de musique aujourd’hui, mais vous pouvez aussi, selon vos affinités, préférer l’angle de la peinture, du cinéma… Le croisement des arts est assez chouette, je trouve !

9 commentaires sur “Pause Café #21 : littérature, lecture et musique

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  1. Très bon choix de thème pour cette pause café! Personnellement, j’ai beaucoup de mal à lire en musique, même avec des morceaux instrumentaux. Ça m’empêche de bien entendre les voix des personnages dans ma tête, je crois. Et puis, souvent, quand j’écoute de la musique, je remue plus ou moins en rythme, je fredonne plus ou moins juste, je tape du pied, des mains, je me lance dans un solo d’air guitar/clavecin/tambour/triangle épique en tourbillonnant sur ma chaise à roulettes \m/ (ne faites pas ça chez vous, les enfants), alors ça me détache de ma lecture. Après, sur une playlist spécifique recommandée par l’auteur, je n’ai jamais essayé, il faudrait que je tente !

    Par contre il m’est arrivé d’écouter des morceaux spécifiques pendant une séance d’écriture, pour essayer d’en retranscrire l’ambiance, mais je dois toujours reprendre le paragraphe ainsi rédigé dans un silence plus serein ensuite. Cela dit, si jamais je devais faire le casting de l’adaptation de mes romans en Opéra Rock je saurais exactement quels groupes et quelles voix embaucher !

  2. Ca ne me dérange pas s’il y a du bruit autour de moi quand je lis (même si ça me distrait un peu) mais je ne vais pas volontairement mettre de la musique pendant une lecture. Je l’ai regretté une seule fois pour la lecture d’une romance où le héros était un pianiste. Il y avait une musique proposée à chaque début de chapitre. Il n’y a que pour le dernier que je me suis lancée la musique citée pendant ma lecture et j’ai regretté de ne pas l’avoir fait avant car c’était génial. L’avantage est que c’était des titres sans paroles qui se jouent au piano. J’ai hésité à recommencer le roman^^

  3. J’apprécie énormément les univers mélodieux comme Gods of men ou dans un autre genre Maybe Someday.
    Je suis content de lire que toi aussi tu ne vis pas sans musique et que celle-ci t’accompagne, comme moi, pour bercer tes lectures et mettre en vie tes univers visités. Je trouve que cela permet d’installer une véritable ambiance, propice à l’immersion !

  4. Une nouvelle pause café très sympa, merci à toi ! 🙂
    pour ma part, s’il m’arrive de lire en musique, la plupart du temps ce n’est pas le cas. Pour autant, mon rapport à la musique reste très lié au livre… puisque j’écris toujours en musique ! 🙂 J’ai même une playlist dédiée à chaque projet ! Mon processus créatif fonctionne énormément avec la musique :
    – ça me met dans une bulle, pour plonger dans le « flow », ou simplement me concentrer
    – ça m’inspire, aussi (certains textes/scènes/personnages sont nés ou se sont développés suite à l’écoute d’un morceau, d’un album)
    Je mets régulièrement des extraits des chansons qui font partie des playlists dédiées dans les romans concernés, d’ailleurs.
    C’est un truc qui me vient de quand j’étais petite : quand mes parents mettaient un disque, je fermais les yeux et me laissait emporter, bâtissant des petites histoires, des scènettes en rythme.
    Bref, je réponds un peu à côté de la question, mais ça explique que je ne lise pas en musique – sinon je pars dans une histoire différente de celle que je lis ^^ »

  5. Merci pour cet article intéressant et plein de ressources ! Pour ma part je privilégie les ambiances sonores, quand je lis avec de la musique je me retrouve souvent plus à écouter les mélodies qu’à me concentrer sur ma lecture !

    1. Merci pour ton retour, je suis ravie que ce billet t’ait plu. Ah oui, ça m’arrive aussi de lever le nez pour écouter davantage la musique, et parfois je suis déconcentrée aussi ! L’ambiance sonore c’est le bon compromis.

  6. Oh là là, que de nouveaux titres à découvrir…! Merci beaucoup pour cet article super intéressant ! Pour ma part, c’est peut-être peu original mais j’aime beaucoup la présence de la musique dans l’œuvre de Tolkien, des chants en particulier. Ils sont très souvent présents, ont été adaptés en musique plusieurs fois ! Je noterais aussi Bertram le Baladin, de Camille Leboulanger, où la musique et l’instrument ont une place centrale, et que j’ai beaucoup aimé.

    1. Alors ça c’est rigolo ^^ Mais je suis honorée de te voir revenir picorer des idées musique… et en partager ! Et je revois Le chien du boulanger, ça alors 😉 Voilà un argument supplémentaire en sa faveur !

      Quant à Tolkien… Ah mais je suis totalement d’accord avec toi ! C’est une référence sur tellement de points, je n’avais pas pensé à cet aspect-là et pourtant tu as raison, c’est majeur dans cette œuvre.

      Bon, comme on dit jamais deux sans trois, alors… A la prochaine ? 😀

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