13ème lecture de l’ABC de l’imaginaire 2022, Yardam est un roman d’Aurélie Wellenstein, paru d’abord chez Scrineo puis réédité chez Pocket dans la collection Les étoiles montantes de l’imaginaire. J’avais adoré Le désert des couleurs de l’autrice, et bien aimé cet hiver Les loups chantants. J’avais donc envie de lire un titre un peu différent de ces univers désertiques.
Synopsis
« À Yardam, la folie est sexuellement transmissible.
Dans l’espoir d’endiguer l’épidémie, la population est mise en quarantaine, isolée du reste du monde.
Le virus n’a pas épargné Kazan. À l’image de la ville qui s’enfonce dans le chaos, il sombre lentement.
Pour s’en sortir, il serait prêt à toutes les extrémités, y compris à manipuler Feliks et Nadja, un couple de médecins étrangers venu s’enfermer volontairement dans la cité pour trouver un remède. Dans son désespoir, il va accomplir le pire… »
Un huis-clos assez lâche
Yardam est un roman qui se déroule en huis-clos, dans l’enceinte de la ville. Il porte d’ailleurs son nom… On ne s’échappe pas de Yardam. Cet enfermement est double : géographique mais aussi psychologique, puisque les personnages sont coincés dans cette ville, avec leurs propres peurs, leurs morts, sans espoir d’avenir. Certains, comme Kazan, sont également prisonniers de voix dans leurs têtes et de pulsions sexuelles malsaines.
Concernant Yardam, on ne sais pas grand chose. D’ailleurs, j’ai trouvé que cette ville manquait de corps, comme son passé et son contexte. Idem pour cette étrange maladie dont on ne connait pas vraiment l’origine. Cela permet de créer une sorte d’universalité aux événements qui se produisent. Peu importe de comprendre pourquoi, où, comment : la nature humaine est la même partout, et l’idée n’est pas de chercher à comprendre le passé mais à vivre le présent et tenter de s’en sortir.
D’autre part, ne pas donner une foule de détail offre un espace assez large pour que tous les imaginaires se développent. Mais paradoxalement je trouve que cette liberté est contraire au sentiment d’enfermement décrit et voulu. Pour le dire autrement, je n’ai pas étouffé dans Yardam, et je n’ai pas ressenti de sensation d’emprisonnement. J’aurais aimé, pour éprouver réellement ce huis-clos et l’oppression induite.
Une folie gentille
Est-ce que parce que j’ai lu récemment Sorcière de chair de Sarah Buschmann et le recueil Montresse(s) de Noir d’absinthe que j’ai eu l’impression de rester très en surface avecYardam ? La noirceur de Yardam m’a semblé grise et terne… J’ai senti comme une retenue, comme si l’autrice n’osait pas y aller franchement. Je suis restée très détachée de Kazan, qui finalement, est bien mignon. Ses quelques voix le torturent, certes, m’enfin, il reste dans le rang. Selon moi, Yardam effleure la folie, l’épuisement mental, mais n’y plonge jamais vraiment. Ca ne va pas assez loin, cela reste superficiel.
Je ne suis pas parvenue à ressentir quoique ce soit d’autre que de l’ennui. Je suis restée sur ma faim. Selon moi ce roman manque de portée et de profondeur, tant dans la noirceur que dans les messages véhiculés. Qui d’ailleurs pour moi n’ont pas le même impact que les autres romans de l’autrice.
Finalement, je me suis pas mal ennuyée avec ce roman, qui ne m’a rien fait ressentir du tout. J’ai aussi été un peu déçue quant à la plume, habituellement plus travaillée et plus riche d’un point de vue poétique. Je n’ai pas retrouvé dans Yardam ce qui me plait tant dans l’écriture d’Aurélie Wellenstein.
En pratique
Aurélie Wellenstein, Yardam
Scrineo, 2020; Pocket, 2022
Couverture : Aurélien Police
Prix de la 25ème heure du livre du Mans 2020
ABC Imaginaire : lettre Y (joker, première lettre du titre du livre)
Une interview d’Aurélie Wellenstein par Yuyine fort intéressante qui revient sur l’œuvre de l’autrice.
Autres avis : Un roman sombre et réussi pour Celindanaé; un roman qui a laissé de marbre Vibration littéraire; un récit qui offre le meilleur et le pire de l’âme humaine pour Amanda; un roman qui va hanter Yuyine encore un bon moment; un coup de foudre pour Dup; et une réussite pour Ombre Bones même s’il lui manque un petit quelque chose pour que ce soit parfait. Un manque de cadre pour Sometimes a book, qui du coup a un ressenti mitigé sur ce roman.
Yardam est un roman d’Aurélie Wellenstein qui sur le papier avait tout pour me plaire. Mais voilà, je l’ai trouvé… trop sage et pas assez approfondi. J’ai trop goûté à la folie et l’absinthe pour me satisfaire de romans qui n’y plongent pas franchement et surtout jusqu’au bout. J’ai la sensation que l’autrice elle-même s’est sentie à l’étroit dans ce roman, tant son écriture habituellement plus travaillée m’a semblé ici assez fade. Je préfère vraiment ses romans au grand air, porteurs de libertés plus grandes, où sa plume peut s’exprimer pleinement, et dans lesquels ses messages prennent beaucoup plus d’ampleur.
Aie, j’ai craqué pour ce roman il y a peu et grâce auquel je découvrirai l’auteure. J’espère être plus happé par ma lecture de celui-ci qui semble souffrir d’un manque de profondeur.
Alors de ce que j’ai lu des chroniques : c’est soit tu aimes, soit pas du tout. Le manque de profondeur pour le coup est plutôt subjectif, j’ai remarqué; de :on côté, je commence à avoir l’habitude de plonger dans des univers comme ça chez Noir d’Absinthe, et à côté, Yardam fait pâle figure. Mais j’ai lu des chroniques qui justement pointaient une belle noirceur bien poisseuse, alors ne te fie pas trop à mon avis 😉
J’espère que le roman te plaira. Si ce n’est pas le cas, sache que Yardam est vraiment à part dans son œuvre; l’autrice est plutôt tournée vers les grands espaces, avec des messages assez forts sur la cause animale et l’écologie. Donc tu auras d’autres romans à te mettre sous la dent, très différents 🙂
Je ne l’ai pas encore lu mais je crois que c’est le premier avis déçu que je lis sur ce roman. Je serais curieuse de connaître ton retour sur Mers mortes
J’avais dit jusqu’ici que je ne le lirais pas Mers mortes, mais visiblement je suis en train de m’endurcir un peu ^^ Donc je pense que je vais pouvoir me le rajouter sur ma wish list.
Je ne pense pas que ce soit le plus dur de ces romans. Le dieu oiseau a l’air pire
oui je l’avais mis de côté aussi celui-là ^^ Pour autant, du noir je veux bien, mais à petite dose aussi. Et ce titre-là ne me tente pas plus que ça d’ailleurs.