Avis flash #4 : Septembre 2022

Avis flash #4 : 4 lectures sur le mois de septembre. Au menu : 
–> Blue, d’Annabelle Blangier
–> L’ancelot avançait en armes, d’Alex Nikolavitch
–> Déracinée, de Naomi Novik
–> Miranda, de Nina Gorlier

Annabelle Blangier – Blue

En pratique

Magic Mirror, 2020

Une lecture du Cocorico Challenge, organisé par Camelote Magicadou, catégorie Marie-Antoinette (femmes de pouvoir). Bon, j’ai un peu tiré à fond le mot-clé, mais Blue, quelque part, est une femme de pouvoir…

Couverture : Mina M

Synopsis maison

Une réécriture de Barbe-Bleue. Charles est artiste, et travaille dans un café. Un jour, il fait la connaissance de Blue, une jeune femme magnifique et magnétique.

Très vite, les deux jeunes gens convolent. Tout va très bien, malgré les bizarreries de Blue. Ses sorties nocturnes secrètes. Son cabinet, dans lequel Charles a l’interdiction de pénétrer…

Anne, la sœur de Charles, est bien décidée à mettre le doigt sur ce qui cloche.

Avis flash

Déçue par ce titre de Magic Mirror, une de mes maisons de cœur pourtant, et dont je suis partenaire. Malheureusement, j’ai trouvé ce roman très peu abouti, et ce à plusieurs titres.

Blue est sur le papier une très bonne idée. On y garde trame du conte avec ses temps forts et ses symboles, et un renversement homme/femme dans la relation. Ici, Barbe-Bleue est une femme, Blue (petit jeu de mot). Juste une petite déception de ne pas avoir trouvé cette fameuse phrase si culte (mais c’est du détail). J’ai apprécié aussi la dimension supplémentaire apportée au texte, en relation avec l’inspiration et l’Art. Enfin, Annabelle Blangier relie son récit à l’Europe de l’Est, origines de créatures mythiques. Là encore, bonne idée.

C’est dans l’exécution que je suis circonspecte. D’abord, la relecture n’est pas top. Ensuite, je n’ai pas été transcendée par l’écriture. Ca se lit tout seul, mais c’est très basique; ça manque d’âme. Je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait tant plu dans Le musicien. J’ai manqué de ressentis, d’émotions.

J’ai par ailleurs trouvé les personnages creux, surtout Blue, qui frôle la caricature. Elle ne m’a pas du tout convaincue en antagoniste avec pour seules armes une beauté renversante (très original) et une vengeance (figure trop souvent rencontrée de la jeune fille qui vit l’enfer dans sa jeunesse mais qui surmonte ses traumas pour devenir plus forte –> ça me saoule).

Enfin, j’ai trouvé la structuration du récit assez maladroite. Très linéaire, pas très originale, jusqu’au dernier tiers qui expose un retour dans le passé pour comprendre le pourquoi du comment. J’ai trouvé ce collage de récit secondaire au principal assez maladroit et manquant de finesse. J’aurais préféré quelque chose de plus subtil; par exemple des chapitres intercalés, qui créent un parallèle entre la Blue du passé et la Blue du présent.

Bref, un texte qui se lit tout seul, avec de bonnes idées mais pas suffisamment exploité. Il ne restera pas dans mes annales celui-là.

Alex Nikolavitch – L’ancelot avançait en armes

En pratique

Alex Nikolavitch, L’ancelot avançait en armes

Moutons électriques, 2022

Couverture : Melchior Ascaride

#PLIB2023

#ISBN9782361837778

Synopsis maison

L’ancelot, petit garde, homme à la lance, quitte sa Bretagne natale pour rejoindre l’île britannique. Où l’on dit qu’un nouveau roi, Arthur, succédant à son père, est promis à un grand destin.

C’est que L’ancelot veut aussi son grand destin. Il veut se faire un nom, faire ses preuves. Où comment L’ancelot devient Lancelot.

Avis flash

Ce nouvel opus qui revisite les légendes celtiques porte sur Lancelot. Comme son tome précédent, Trois coracles cinglaient vers le couchant, Alex Nikolavitch propose ici un récit plus humain. L’ancelot, petit garde, devient Lancelot, l’homme à la lance : le roman est une sorte de récit d’apprentissage revisité, la métamorphose d’un personnage.

Le roman peut se lire comme l’avant Lancelot des romans de Chrétien de Troyes, puisqu’il raconte comment l’homme se construit, et sa rencontre avec Arthur constitue l’acmé du récit. Les épisodes de la légende romancée Lancelot-Guenièvre n’apparaissent qu’au second plan, même si évidemment leur rencontre impacte le comportement de L’ancelot et sa manière de voir les choses. Elle est traitée ici comme un apprentissage comme les autres, quelque chose qui va forger le caractère de L’ancelot et sa philosophie de la vie.

Bref, tout ceci fonctionne bien, renouvelle là encore le genre (point de fantasy épique waouh qui donne dans la surenchère ni créatures mythiques) et propose un personnage bien plus humain que légendaire et doté d’une profondeur intéressante.
Mais j’ai moins accroché à ce second opus. Le rythme m’a semblé assez long, parfois monotone, et les quelques rebondissements n’ont pas réussi à me passionner. J’avais aimé la structure en double récit des Trois coracles, tandis qu’ici on est dans quelque chose de plus linéaire. J’avais aussi aimé une tonalité qui m’avait semblé musicale, que je n’ai pas forcément retrouvée ici. Enfin, j’ai eu du mal à me défaire de l’image d’un Lancelot romanesque et épique.

Un texte sympathique mais moins percutant que son précédent. Dans un registre différent, je vous conseille Les canaux du Mitan, du même auteur : un roman original… et qui m’a convaincue de me lancer dans ce blog !

Naomi Novik – Déracinée

En pratique

Naomi Novik, Déracinée

Pygmalion, 2017; J’ai lu, 2018

Titre original : Uprooted, 2015

Traduction : Benjamin Kuntzer

Synopsis maison

Agnieszka et Kasia sont amies, et habitent Dvernik, petit patelin à la solde du Dragon.

Il protège le village des Bois, malfaisants et peuplés de créatures terribles. Mais en échange, tous les 10 ans, il « prélève » une jeune fille de 17 ans. La plus belle et intelligente du village. Qu’il emmène pour le servir, et qu’on ne revoit plus jamais.

L’heure de la sélection approche et tout le monde s’attend à voir partir Kasia. Pourtant, quand le Dragon leur rend visite, rien ne se passe comme prévu…

Avis flash

Que dire, à part que je suis passée à côté. Parce que je n’ai pas tout saisi. Ce bois, sa nature, le pourquoi ces événements, le pourquoi des actions des personnages. Je suis restée perplexe, tout du long. J’ai dit d’accord à chaque péripétie, mais dans l’incapacité totale de les relier entre elles dans une optique cause –> conséquence. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas : juste que je n’ai pas compris ni su trouver le lien.

Malgré tout, c’est joli à lire et entraînant, et ce malgré une traduction qui aurait gagné à être relue (des soucis de temporalité et de concordance des temps). Mais les personnages m’ont paru très grossiers dans leurs traits. Un manque de finesse et de crédibilité. Par exemple, Agnieszka est une gamine qui ne sait pas se tenir, et pouf, elle devient magicienne qui enchaîne les sorts comme personne. Moué. C’est surtout sa relation avec le Dragon qui m’a fait décrocher, tant je l’ai trouvée ridicule et absolument pas crédible du tout. Pourquoi faut-il toujours une romance là où il n’y en a pas besoin… ? Les autres personnages ne m’ont pas convaincue non plus, Marek aveuglé par je ne sais pas trop quoi, la Reine ridiculement méchante…

Toutefois, le roman a été primé deux fois et les avis sont plutôt globalement positifs. Je ne suis pas très surprise d’être passée à côté, c’était déjà le cas avec La fileuse d’argent. On va dire que Naomi Novik n’est pas une autrice qui me parle.

Nina Gorlier – Miranda

En pratique

Nina Gorlier, Miranda

Editions du chat noir, 2022

Après La mélodie des limbes et Le reflet brisé, Nina Gorlier passe au format court avec Miranda. Une lecture du Cocorico Challenge (catégorie Cosette ; drame, famille, enfance) et du Pumpkin Autumn Challenge (catégorie Ghost Hunt, fantôme, possession).

Synopsis maison

Dans un endroit isolé, dans les brumes et à l’écart du monde, un manoir. Miranda occupe seule les lieux. Elle tue le temps à sa manière, voit défiler des familles venues s’installer dans les murs du manoir.

Un jour, une famille en particulier attire son attention – ou plutôt le fils, Allen. Miranda change. Des sentiments ambivalents naissent en elle. En même temps, ses obsessions et le monstre qui rôde autour d’elle demeurent…

Avis flash

Voilà un texte qui m’a beaucoup plu. Je suis de plus en plus fan du format novella : suffisamment long pour y établir une ambiance et prendre son temps, mais suffisamment court pour ne pas délayer et garder la force de l’histoire qui s’y déroule. C’est exactement ce que l’on a ici, et pour moi le format choisi est vraiment parfait.

J’ai aimé les personnages, notamment cette Miranda que l’on découvre petit à petit, tant sa nature que son passé. Elle est particulière, par certains aspects elle m’a fait penser à Kirsten du Reflet brisé. Peut-être parce qu’elle n’est pas une « vraie gentille », et possède des traits de caractère qui la rendent détestable par moments. Mais c’est aussi ce qui fait que je l’apprécie, je crois. D’ailleurs, c’est intéressant la manière dont notre regard sur les personnages change au fil du récit.

J’ai également apprécié la manière dont le récit se déroule par ses yeux, « de l’autre côté ». Ce n’est pas un gros spoil de vous dire que Miranda revisite le topos de la maison hantée. Mais cette approche n’est pas commune apporte ici un point de vue très différent : solitaire, mélancolique, assez triste, en fait. En cela, Miranda apporte quelque chose de neuf.

Cependant, selon moi le point fort de cette novella n’est pas tant dans l’intrigue, assez classique finalement dans sa structuration, son déroulé et son schéma actantiel, mais dans l’ambiance. Une lecture parfaite pour l’automne, comme le suggère d’ailleurs cette superbe couverture de Mina M (qui me fait penser au tableau Ophélie de Millais). Une impression de monde en sepia, qui s’effrite, qui part en lambeau et tombe dans l’oubli, comme une photo dont les couleurs s’estompent peu à peu. J’ai aimé cette atmosphère sensorielle, de sons et de craquements, de parfums (d’ailleurs perturbants car associés à des ressentis très différents de ce à quoi ils sont associés habituellement), de textures et de sensations tactiles.

Enfin, Miranda dépeint avec discrétion derrière une société, une époque, avec sa culture, ses mœurs. Et ce n’est pas un simple décor mais des éléments qui prennent part à l’intrigue directement. C’est donc assez habile et Nina Gorlier aborde ici l’amour sous toutes ses formes : l’amitié, dont les parois avec l’amour peuvent parfois être très fines, les sentiments interdits, l’amour fusionnel, l’amour aveugle, l’amour jaloux…

Bref, un petit texte condensé et touchant qui m’a plu et avec lequel j’ai débuté l’automne au mieux.

C’est fini pour ces avis flash #4 de Septembre ! Avez-vous lu un de ces titres ? Ou d’autres de ces auteurs ?

5 commentaires sur “Avis flash #4 : Septembre 2022

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  1. Aie, j’ai très envie de sortir Déracinée de ma PAL histoire de voir si ce roman est fait pour moi ou pas. Possédant des goûts similaires au tiens, j’espère être mieux disposé à son égard.
    Cela dit, tu m’as plus que donné envie concernant Miranda.

    1. Je peux difficilement vendre Déracinée, tellement j’ai eu l’impression d’être à côté de la plaque ! J’espère qu’il te plaira davantage qu’à moi – ça ne devrait pas être difficile !
      Miranda en revanche, c’est la lecture parfaite du week-end, le dimanche matin sous la couette, ou le samedi pendant qu’il pleut avec des petits gâteaux à côté et un chocolat à la citrouille pour accompagner le tout 🙂

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