Pause Café #25 – Littérature et littérature

Bonjour et bienvenue dans cette Pause Café #25 de rentrée 🙂 Je suis ravie de vous retrouver à l’occasion de ce petit rendez-vous auquel je prends de plus en plus plaisir à lire vos réactions et réflexions. On démarre la nouvelle année avec un sujet bien punchy. Je m’interroge aujourd’hui sur ma façon de concevoir, considérer, définir… la littérature. Pas mal d’échanges réguliers fleurissent à ce sujet sur les réseaux, et finissent souvent par « lisez ce que bon vous semble, et si cela vous plaît c’est le principal ». Oui, d’accord. Pour ma part, j’aime bien me poser plein de questions, questionner et analyser mes pratiques et interroger leur évolution. Peut-être que vous vous retrouverez dans mes multiples questionnements et que cela vous ouvrira aussi des pistes de réflexion.

Aux origines du sujet de la Pause Café

Ce sujet m’est venu assez récemment, même si ce sont des réflexions que je porte depuis longtemps. Je lisais la semaine dernière Les lames du cardinal de Pierre Pevel. En story sur Instagram, je présentais ma lecture et disais « ça ne révolutionne pas le genre mais c’est très divertissant, je passe un bon moment de lecture ».

C’est alors que Morgane Stankiewiez, avec qui j’entretiens des échanges passionnants et réguliers, m’a fait remarquer que j’avais l’art et la manière d’assassiner mes bonnes lectures ^^ Il est vrai que précédemment, j’avais fait une autre story en expliquant que tel bouquin était sympa mais pas inoubliable (d’ailleurs, j’ai oublié lequel c’était). Mes updates lectures la font d’ailleurs très régulièrement sourire. Et ses remarques tombent toujours très juste, puisqu’à chaque fois, elles provoquent chez moi beaucoup d’interrogation.

Il y a Littérature et littérature

Je me suis donc penchée sur ma vision de la littérature et ce que j’attends d’elle.

Je considère qu’il y a Littérature et littérature. Oui, je sais que c’est une unpopular opinion. Mais je ne mets pas d’accent circonflexe sur le û. Parce qu’il n’y a pas, dans mon esprit, de mépris ni de condescendance dans ma façon d’envisager les choses.

Oui, j’estime que certaines œuvres sont de grands livres. Grands dans le sens marquants, majeurs à plusieurs points de vue, et qui, je le pense, seront potentiellement considérés comme tels par d’autres, et sur un temps long. En gros, des œuvres d’art, des pépites. Ce que j’appelle Littérature, avec un L à défaut d’autre mot.

Et j’estime aussi que tout livre publié n’est pas une œuvre d’art sous le seul prétexte qu’il émane de l’esprit d’une personne. Pour moi, A la recherche du temps perdu de Marcel Proust et Les semailles et les moissons de Troyat ne sont pas deux œuvres sur le même plan. Ce n’est pas pour autant que je n’ai pas adoré Les semailles et les moissons… Mais voilà : d’un côté, j’ai ce que j’estime être un chef d’œuvre, une œuvre puissamment littéraire et artistique et de l’autre une œuvre certes honnête et bien écrite mais sans plus, très classique et datée. Bref, une œuvre certes très sympa mais pas inoubliable (même si elle a marqué mon adolescence) – d’ailleurs, qui connait cette saga ?

Un sujet de bac de philosophie

Des critères subjectifs

Alors vous me direz très justement : « d’accord, mais sur quels critères te bases-tu pour catégoriser ? Ils sont forcément subjectifs, les attentes des uns ne sont pas celles des autres, sans compter l’évolution des goûts et des valeurs dans le temps. Ce que tu considères donc comme étant une œuvre majeure ne le sera pas forcément pour le voisin, ni même pour toi dans dix ans ».

Tout à fait, et je précise bien que c’est MA vision des choses. D’ailleurs, j’ai pu le constater récemment, à l’occasion du #IncontournablesSFFF au féminin créé par Vert. Beaucoup de participants ont dit « je mets ces noms-là maintenant, mais peut-être que dans deux ans, ma liste aura évolué ». Et ce tag a généré une liste de noms incroyablement longue et diversifiée. Ce qui est génial, car personnellement j’ai découvert nombre d’autrices inconnues.

Mais incontournables à quel titre ? On a tous notre définition d’incontournable, notre vision des choses. Chacun a mis les autrices dont les textes l’ont marqué, fait vibrer… Et moi la première, d’autant que ma culture SFFF n’est pas encore assez étendue pour pouvoir faire la distinction que j’ai pu faire plus haut. Ainsi, ma liste dans 2 ans sera certainement différente… Malgré tout, on retrouve des noms ; il y a une convergence dans les différentes individualités. Derrière ces noms ces pépites se cacheraient-elles ?

L’Art a-t-il un but de grandeur et de Beau ?

Vous pourrez aussi me dire que ma vision de l’Art est faussée. « Un livre doit-il forcément répondre à de grands enjeux, prétendre changer le monde et bousculer les codes… pour être artistique et littéraire ? Si oui, cela voudrait alors dire que l’Art répondrait à un but ultime. Ce qui va à l’encontre même de sa nature ».

Oui, tout à fait, mais je me rends compte que pour moi, l’Art a ce but. Dépasser les limites du connu, atteindre la perfection, générer de l’émerveillement (positif ou non), sortir du déjà-vu… Et c’est ce que j’espère trouver dans chacun des livres que j’ouvre. Evidemment, la plupart du temps ce n’est pas le cas – mais ce n’est pas pour autant que je passe un mauvais moment.

Autant j’aime lire un truc sympa de temps en temps pour me divertir, autant j’attends le plus souvent du grand Art. Du décoiffant, du remarquablement écrit, des questions, du dérangement, de la provocation, du renouveau. Du transcendant, du waouh. Et je veux tout ça à la fois. Je veux être ébouriffée, pouvoir souligner chaque phrase, trouver à dire sur chaque paragraphe, noircir des carnets de questions générées par ma lecture. Voilà ce que j’attends et ce que je considère comme étant de la Littérature, de l’Art. Et évidemment, il faut que ça me plaise. (A ce stade vous avez le droit de penser que je suis complètement folle parce ça, à chaque lecture, ça doit être très épuisant).

Dans le fond, on ne s’en ficherait pas un peu ?

Pourquoi, c’est vrai, se triturer les méninges à ce sujet ? Je ne peux pas juste lire et arrêter de pisser dans un violon dans cette Pause Café #25 ? Prendre les choses avec moins de passion, me contenter de bonnes lectures sans forcément attendre le nec plus ultra à chaque fois ? Ma vision des choses n’est-elle pas une source de frustration, ce qui serait quand même très con, quand on y pense ?

Si, carrément, car voilà : cette année, j’ai du mal à satisfaire mes attentes. Cette année, j’ai eu 4 lectures vraiment géniales : Carne, de Julia Richard, le recueil Monstresse(s) de Noir d’Absinthe, La mer sans étoiles d’Erin Morgenstern et la duologie Rivages et La fin des étiages de Gauthier Guillemin.

C’est pas folichon, honnêtement. Ca s’explique déjà par tout un tas de lectures de textes médiocres. Et puis, des lectures qui ne me correspondaient pas trop. Mais surtout des lectures sympatoches oui, mais pas dingues. La plupart pêchaient quelque part (souvent la relecture, on ne va pas se mentir, mais aussi un approfondissement pas assez abouti, un manque de force, un travail d’écriture pas suffisamment recherché…). C’est à mon avis le gros point noir de la production actuelle : elle publie trop mais pas assez bien (J’avais proposé une Pause Café là-dessus). Mais bon, cela reste des textes sympas, satisfaisants sur plusieurs plans, qui se défendent. L’exemple typique pour moi c’est Blackwater. Ça se lit bien, c’est sympa, c’est efficace. Mais ça s’arrête là. Ça ne révolutionne rien, ne repousse rien, ne bouscule rien, et même le travail d’écriture est classique. C’est comme mes Semailles et les moissons. C’est sympa à lire mais ce n’est pas un chef d’œuvre. Bref, ça ne me suffit pas.

« Mais enfin, tous les écrivains ne sont pas Proust ! »

Mais… oui, je le sais bien, figurez-vous 😉

Et donc ? Tout ça pour quoi ?

Tout ça pour dire que j’avais besoin d’éclaircir ma pensée à ce sujet. D’où cette Pause Café #25. Poser les mots sur ma conception de la littérature que je devinais depuis assez longtemps, et que je n’osais pas formuler. Car opinion assez impopulaire (à cause de son association à une sorte de mépris et de condescendance pour ce qui n’est pas considéré comme de l’Art – mais en ce qui me concerne, non). Et aussi parce que cela allait amener un changement dans ma façon de lire. Que je n’avais pas forcément envie de mener avant.

Tout cela m’a amené enfin à comprendre pourquoi je ressentais depuis de longs mois une sorte de frustration. J’avais effectivement l’impression de n’être jamais contente, de m’emballer beaucoup avant une lecture et de me dire après coup « ah, bon, c’est tout. Bon, d’accord ». J’ai enfin compris ce que j’attendais dans mes lectures (des années plus tard, youpi).

Et donc, je sais désormais comment faire pour tenter de retrouver la magie perdue dans mes lectures. J’ai fait un tri énorme dans ma wishlist. J’ai aussi abandonné à la pelle des bouquins cet été, en mettant les mots sur ce qui n’allait pas. Et puis j’ai arrêté de suivre certaines ME. J’achète beauuuuucoup moins de nouveautés, préférant attendre les retours des uns et des autres pour m’en faire une idée plus précise. Enfin, je voudrais désormais aller aussi vers des textes moins grand public. Typiquement, j’aimerais mettre mon nez dans La nuit du faune, la série Ada Palmer, Vita Nostra des Diatchenko… que je n’ai jamais osé ouvrir (ce qui est quand même le comble quand je viens de blablater trente ans sur mes lectures médiocres et mes attentes).

Peut-être que ce n’était pas le moment jusqu’ici… Et peut-être que le moment est enfin venu pour lire autre chose, et autrement. Moins, mais mieux.

C’était un sujet un peu moins glamour pour cette Pause Café #25, je vous l’accorde. Surtout pour une reprise ^^ Malgré tout, c’était important pour moi de mettre enfin des mots sur ce ressenti et cette vision des choses. J’espère que cela ne vous aura pas offusqué. Pas de questions directes cette fois, mais je ne doute pas que ce billet vous fera certainement réagir; n’hésitez donc pas à partager votre point de vue, comme toujours. Je vous rassure, la prochaine pause café contiendra des questions. Préparez les stylos, ce sera encore un sujet bien punchy !

13 commentaires sur “Pause Café #25 – Littérature et littérature

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  1. Je me retrouve légèrement dans ta vision des choses tant je peine à diversifier mes lectures et me retrouve donc devant du réchauffé que j’apprécie cependant. Mais j’avoue que parfois ça manque d’ambition pour totalement raviver la flamme de la passion.
    Pour autant, j’avoue qu’il m’est bien plus facile de me tourner vers mes genres de prédilections que le reste de peur d’être déçu et de ne pas avoir investi – vu les prix ça ne peut être qualifier autrement – dans le vent et de m’être fait lésé. Alors qu’en réalité quand j’ose sortir de ma zone de confort, je réalise de merveilleuses découvertes comme ce fut le cas avec la collection de classique qui m’a ouvert les portes d’un univers que jamais je n’aurais pensé apprécier.

    Il y a aussi le facteur de l’âge à prendre en compte ainsi que celui des envies du moments. C’est incroyable comment mes obsessions/fascinations du moment interfèrent et guident mes lectures. A titre d’exemple et dernièrement, j’ai quand même ‘bouffé’ 3 essais sur un même sujet alors que je n’avais jamais réalisé cet exercice.

    Bref, tout ce blabla pour répondre à ton sujet, comme toujours intéressant, et pour dire que je ne me prends pas la tête, je lis ce que j’ai envie sur le coup si j’aime tant mieux, sinon Vinted est mon ami 🙂

    Belle journée à toi !

    1. Je te comprends, j’ai la même hésitation aussi devant les lectures qui me sortent de ma zone de confort; je redoute toujours s lectures moyennes ou qui ne me correspondent pas; mais d’un autre côté comme toi les lectures qui me comblent le font de moins en moins car beaucoup de déjà lu et vu, et voilà, il manque un petit quelque chose comme tu le décris.
      Sans doute faudrait-il effectivement que je me prenne un peu moins la tête oui 🙂

  2. Je comprends parfaitement tes réflexions et les partage en grande partie. Mais, de mon côté, je suis à nouveau en phase boulimique et mes envies me permettent de passer outre une certaine lassitude : le « ouais, pas mal, mais à quoi bon ? ». Cela ne m’empêche pas de m’attaquer à du moins facile d’accès, comme Splines de luvan.
    En tout cas, tu as raison de vouloir profiter de cet état d’esprit pour te plonger dans des œuvres plus ambitieuses : la série d’Ada Palmer, par exemple, exigeante mais vertigineuse (à tel point que je n’ai jamais osé faire une critique sur le moindre tome, ne sachant par quel bout le prendre). Vita Nostra est plus facile à mon avis, mais tout aussi intéressant. J’en garde un excellent souvenir (par contre le deuxième tome m’a moins plu, car honnête mais pas renversant).
    Le tout est de se faire plaisir, sans avoir l’impression de se forcer : lire doit être cela, un plaisir. À partager, bien sûr.

    1. Oui je pense qu’il s’agit de choisir le bon moment pour se plonger dans des œuvres moins faciles d’accès. Je pense que c’est le moment !
      Je suis contente que tu aies retrouvé une phase de lecture intense en attendant ! J’espère aussi retrouver ça dans quelques temps, pour retrouver ce plaisir de lire et de découvrir des choses qui me transportent véritablement.

  3. Je me retrouve plutôt dans ton article, faisant aussi une très nette distinction entre les bouquins que j’ai lu et qui m’ont fait passer le temps / un moment agréable (ou parfois moins) et ceux que je repose en ayant l’impression qu’une partie de mon univers ou de ma façon de penser ou de lire a été bouleversée.
    Ceci dit j’ai aussi l’impression que deux personnes exigeantes de ce côté peuvent ne pas du tout tomber d’accord sur certaines œuvres, peut-être à cause d’expériences de lecture, ou bien d’attentes qui ne vont pas tout à fait être les mêmes, notamment sur ce qui va nous bouleverser. Je veux dire, il y a des titres/auteurs sur lesquels j’ai l’impression qu’on arrive en grande partie à s’accorder pour dire que ce n’est pas très fouillé, mais de l’autre côté ça me parait un peu moins évident. Par exemple Erin Morgenstern m’a aussi fait une très forte impression globale – narration, écriture, personnages, quoique sur un autre titre (The Night Circus / le Cirque des Rêves), mais je sais que quand je bave devant le dernier Naomi Novik certains lecteurs avec lesquels j’ai par ailleurs des affinités ne me suivent pas et trouvent que ce qu’elle fait est bien mais sans plus, alors que je trouve qu’elle dépoussière beaucoup de choses. Inversement je n’arrive pas à trouver que l’Assassin royal de Robin Hobb soit son meilleur livre (qui m’est finalement tombé des mains au 12e tome sur 13), j’ai largement préféré le Dernier Magicien.
    Par contre je ne dirai pas que j’ai trouvé que l’Assassin était mal écrit ou manquait de profondeur, c’est plus que la recette n’a pas fonctionné sur moi, mais je ne le mettrais pas au même niveau que le dernier raté horrifique que j’ai lu en diagonale la semaine dernière, d’un auteur que je n’ai même pas envie de citer.
    Je tombe aussi parfois sur des lectures qui ne révolutionnent pas un genre mais qui au contraire semblent le peaufiner à l’extrême, et ça j’aime beaucoup aussi. Par exemple Jaworski sur des textes de Fantasy.

    1. Oui je comprends ton point de vue, et effectivement, c’est ce qui fait que j’ai modifié pendant l’écriture de l’article l’angle avec lequel je l’ai abordé. Au départ, je partais du principe qu’il y avait une Littérature dans laquelle tout le monde pourrait/devrait se retrouver pour x raisons. Mais à bien y réfléchir, et comme tu le dis si bien, ça ne marche pas comme ça. Peut-être que dans 50, 100 ans on dira « ah, tel bouquin, telle œuvre, a fait date », mais sur le moment… et puis c’est relatif aussi, car à chaque époque il y a des auteurs oubliés qu’on redécouvre plus tard.
      Bref, tout ça pour dire que j’ai changé mon fusil d’épaule, forcée d’admettre qu’effectivement, on s’accorde plus sur les œuvres bof mais moins sur les œuvres top. Et d’ailleurs, tes exemples sont très révélateurs : je n’ai jamais accroché à Naomi Novik (mais je pense que l’avoir lue en français explique pas mal ce fait, car j’ai trouvé la traduction assez mauvaise; cela dit je n’ai jamais compris ce qu’elle voulait dire/montrer); Le dernier magicien hihi j’ai tellement détesté que je n’ai jamais lu d’autres textes de l’autrice depuis (mais là, idem, je l’ai lu sans avoir vraiment de culture SFFF avant, et je pense qu’il faudrait que je le relise avec un autre œil).
      Donc oui, tu as tout à fait raison : cette Littérature est très relative, dépend des attentes de chacun, de la culture aussi de chacun… On pourrait dire qu’il y a pour chacun d’entre nous de la Littérature et de la littérature, mais que les grands textes, qui feront partie d’une culture socle commune, seule la postérité pourra dire s’ils le sont ou pas… ? En attendant, je trouve les échanges à propos d’un bouquin plus intéressants sur cette question (ce texte est-il vraiment génial, marquant, etc et à quel point.) que les échanges sur le seul goût des lecteurs (j’ai aimé, ah pas moi), qui n’apportent pas graaaand chose !

  4. Pour une fois, je ne vais pas faire de pavé ! 🙂 (si si, je t’assure !)
    Je te rejoins sur ta vision : il y a les oeuvres qui vont marquer, être des chef d’oeuvre (la Littérature), même s’il y a du subjectif dedans (les chefs d’oeuvre des uns peuvent être des lectures détestées d’autres, et vice-versa), et celles qui font passer un bon moment, sans pour autant créer un effet « wahou » (la littérature). Comme toi, je ne hiérarchise pas les unes ou les autres, j’estime que dès l’instant que l’on trouve son compte, et vu la pluralité des goûts et des attentes, il faut de tout pour contenter tout le monde (c’est ma casquette bibliothécaire qui parle, mais pas que), et qu’il n’y a pas à mépriser tel ou tel livre, juste parce qu’il ne rentre pas dans nos critères personnels d’appréciation.
    Des fois, j’ai envie de lire du « wahou » et des fois je veux un truc pas prise de tête, et ça me va très bien ! 🙂

    1. bien sûr, un ressenti est toujours subjectif, malgré tout je pense qu’on peut s’accorder sur un chef d’œuvre même si on n’a pas aimé et même détesté un bouquin – par exemple, Eugénir Grandet me saoule, me fatigue, m’ennuie, je n’aime pas ce personnage, en revanche je sais que c’est un chef d’œuvre et je le reconnais. C’est à mon avis le pouvoir du chef d’œuvre : dépasser les avis subjectifs.
      Mais oui, je suis d’accord avec toi, lire des trucs waouh tout le temps en plus ça doit être drôlement éreintant. Il faut des lectures différentes, qui répondent à nos besoins différents aussi.

  5. Je partage ta vision des choses. Personnellement, je lis généralement en-dessous de 20 romans par an. Même si mon entourage me considère comme une grande lectrice, je sais que la moyenne est bien plus haute pour les passionnés de lecture. Mais voilà, puisque je ne peux pas lire beaucoup de romans, cela me désespère vraiment quand je tombe sur un mauvais livre ou sur un livre passable…

    J’ai besoin de vibrer quand je lis quelque chose. Ou au moins passer un très bon moment. Or, je trouve que la production actuelle est tellement abondante que le ratio Littérature/littérature est vraiment défavorable à la première :/ Je trouve qu’il y a beaucoup de romans sympas et divertissants, beaucoup moins de chef d’œuvre. Ça ne veut pas dire qu’il est impossible de lire des chefs d’œuvre, mais la probabilité d’en lire est clairement à la baisse.

    Et c’est vraiment très difficile de s’y retrouver en tant que lectrice car je trouve que la toile pullule d’avis dithyrambiques sur des livres sympas mais sans plus, voire carrément sur des livres à peine corrects. Je pense que la subjectivité a parfois ses limites, aussi. Bien sûr que tous les goûts sont dans la nature, que tout le monde ne s’accorde pas sur la valeur d’un livre (tiens, par exemple, j’ai lu le recueil Monstresse(s) et si je reconnais ses qualités, je n’ai pas particulièrement vibré avec celui-ci) Mais j’ai parfois l’impression que le sens de la mesure et de la nuance fait cruellement défaut à notre époque, tout comme le sens critique et l’esprit analytique. Si bien que les gens qui aiment un livre vont forcément le qualifier de chef d’œuvre (l’inverse est vrai aussi, si un livre déplaît, c’est forcément de la mer**)

    Je pense que quand on est un lecteur qui aime être bousculé, qui aime se poser des questions et décortiquer sa lecture, c’est difficile d’être satisfait parce que nos attentes sont faussées dès le départ. Notre définition d’un chef d’œuvre n’est pas la même que pour les autres. Donc quand on lit un roman que (presque) tout le monde adore et qualifie de chef d’œuvre, on a des attentes bien spécifiques… et qui risquent fortement d’être déçues. Alors qu’elles ne le seraient pas si on nous avait clairement dit que le livre est très bien, mais ne révolutionne pas le genre.

    On va aussi faire la distinction entre un livre qu’on adore et un chef d’œuvre (je peux adorer un livre, tout en sachant pertinemment que ce n’est pas un chef d’œuvre ; ou inversement, trouver des défauts à un livre que je considère pourtant comme un chef d’œuvre) Bref, on va prendre le temps d’analyser nos ressentis et nos réflexions, de poser les bons mots pour donner notre avis… alors que clairement, aujourd’hui, on est à une époque où tout doit être consommé vite. Les pavés et les avis les plus longs n’ont pas la côte car beaucoup de gens ne liront même pas (combien de fois on peut lire sur les réseaux, « trop long » en réponse à un commentaire développé…) Ça donne des réflexions binaires du genre : chef d’œuvre VS bouse intersidérale. Alors que vraiment, si on savait à quoi s’en tenir, je suis sûre qu’on serait moins critique vis-à-vis de nos lectures « sympa mais sans plus ». Parfois, lire un bon livre, divertissant et efficace, c’est très plaisant. Tout dépend de notre humeur.

    Bon, heureusement, on trouve aussi des lecteurs qui nous ressemblent, qui aiment poster des pavés ou des articles de blog pour questionner la différence entre littérature et Littérature… :p
    Vita Nostra est dans ma PAL depuis longtemps, il faut que je le lise aussi 🙂

    1. Je suis d’accord avec toi sur tout les points que tu évoques 🙂

      Surtout sur la nuance nécessaire dans nos retours : effectivement, je me rends compte que je ne suis pas très tendre avec mes lectures moyennes en ce moment, sûrement à cause de ce que tu pointes : une majorité de bons avis qui me semblent ne pas coller au bouquin, une majorité de lectures sympas au détriment de lectures plus consistantes et décoiffantes… ça a tendance à me lasser et mes lectures en pâtissent. Je me retrouve dans cette binarité que tu évoques et ça me chagrine un peu; je sens que je manque ces temps-ci de nuance dans mes lectures moyennes. Peut-être du fait de l’impression de lire la même chose, aussi…

      D’ailleurs, tu parles de la lecture de consommation, et c’est tout à fait ça, je m’en suis rendue compte aussi récemment. Je lis beaucoup, mais maintenant je voudrais lire moins, et mieux. Par exemple, ça fait 10 jours que je lis la maison dans laquelle de Mariam Petrosyan, et c’est pour le coup un bouquin décoiffant, perturbant, qui ne suit aucune règle ni aucun code; j’aime énormément ma lecture, je sens que je touche qqch d’assez génial, et il va me falloir effectivement du temps pour poser les mots, analyser tout ce que cette lecture a provoqué chez moi. Et clairement, le billet va être trèèèès long ^^ Mais du coup, j’apprécie beaucoup plus cette expérience de lecture là.

      mais non, en effet, ce type de billets n’a pas la cote. Heureusement, la petite communauté de ce blog est fidèle et ça me suffit, car j’ai avec chacun d’entre elle des échanges qui me satisfont et que je trouve passionnants.

      Quant à Monstresse(s),, ah, c’est un recueil qui m’a beaucoup chamboulée ! Assez drôle, car ce n’est pas ma littérature de prédilection, vraiment pas; mais j’ai trouvé que le recueil avait une force particulière, avec des styles bien marqués, des formes différentes mais qui se complétaient… je suis dans la folie et l’absinthe et je trouve le recueil un cran en-dessous de Monstresse(s). Mais je n’irais pas non plus à lui apposer l’étiquette chef d’œuvre pour autant.

      Merci en attendant pour ton commentaire et le partage de ton point de vue sur la question !

      Je pense que nous trouverons notre compte avec Vita Nostra 🙂

  6. Unpopular opinion, mouais je ne suis pas d’accord avec ça car tu ne remets pas en cause les avis des autres, ni ce qu’ils aiment, simplement tu ne mets pas sur le même plan certaines lectures, ce que je fais également. Tu dirais que la SFFF ou la romance ce n’est pas de la vraie littérature, là je me fâcherais par contre car je ne comprends pas pourquoi certains prennent plaisir à démonter des genres littéraires qui ne leur sont pas destinés (coucou reportage sur la new romance et article sur les romances de Noël). On aime ça et alors? Tu vas dans ton rayon et moi dans le mien et puis c’est tout. Qu’est-ce que ça peut te faire que ces romans me plaisent? Bref, tout ça pour dire que je te rejoins dans ce que tu dis même si je ne connais pas la plupart des romans que tu cites. Et je suis d’accord concernant Blackwater, ce n’est pas incontournable, c’est sympa sans plus. Après je ne crois pas que cela ait été vendu comme tel, c’est simplement que le travail sur cette saga est assez fou (en plus d’une publication tous les 15 jours) et personnellement c’est davantage cela que je salue.

    1. Ah oui je l’ai vu passer cet article sur les romances de Noël. Des gens sur touitteur ont eu les mêmes réactions que toi. Très honnêtement, j’ai d’abord eu un petit sourire moqueur en pensant aux romances de Noël, avant de me réprimander et de me demander pourquoi je me moquais et ce que j’en avais à faire que monsieur ou madame machin lisaient des romances de Noël. Après tout, c’est pas mes oignons. Mais j’ai eu une réaction très moqueuse au départ (pas lié au genre de lecture, mais plutôt au cadre de Noël), peut-être liée à une sorte de formatage ? Peut-être est-ce le même formatage qu’ont eu les personnes qui pensent que la SFFF n’est pas de la vraie littérature.

      Clairement sinon pour moi tous les bouquins ne sont pas sur le même plan, mais ce n’est pas lié au genre; il y a des bouquins bof partout !^^ et je ne pensais pas que cette opinion était plutôt majoritairement partagée (même si la hiérarchie dépend de chacun).

      1. Peut-être. Tiens c’est une excellente réflexion que tu soulèves là. Je peux comprendre que ce genre soit moquer, la romance de Noël c’est un truc à part avec ses codes, son ambiance, des thématiques qui reviennent. Des fan de romance n’aime pas la romance de Noël par exemple. Donc je peux totalement comprendre. Mais qu’on vienne gratuitement écrire des articles pour critiquer alors qu’on est pas la cible visée par ce genre, là je ne suis pas d’accord. Oui la hiérarchie est propre à chacun, ses goûts, son vécu, son empathie, son exigence 🙂

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