Bonjour ! Bienvenue dans cette Pause Café #19 ! Ce matin, je vous propose de discuter de notre « consommation » livresque. Un sujet qui me trotte dans la tête depuis longtemps, et qui tombe à point nommé après mon retour de Ouest Hurlant avec… 12 achats dans la valise. Dans ce blabla livresque, on va parler de nos PaL, de notre comportement d’acheteur avant d’être lecteur, et de surproduction livresque, aussi. Car je pense que tout est lié. Un gros sujet bien lourd ce matin, donc !
Encore une fois, il n’est pas question pour moi dans cette Pause Café #19 de proclamer une vérité. Je vous partage mon ressenti, étayé évidemment de quelques sources pour appuyer mes propos, mais je ne fais pas une thèse sur le sujet. Peut-être serez-vous plusieurs à partager mon point de vue, ou peut-être voyez-vous les choses sous un angle différent qui m’échappe.
Le monde du livre est en train de bouger, de toutes parts. On en avait déjà un peu parlé sur la Pause Café dédiée à la chaîne du livre. J’avais mentionné à la fin de ce numéro que pour moi, les choses changeront surtout par et grâce aux lecteurs, seuls à mêmes de faire bouger vraiment les lignes, évoluer les pratiques. Cette nouvelle Pause Café pourrait donc avoir ce but : reconsidérer notre manière d’acheter, et trouver des idées pour publier mieux, acheter mieux et lire mieux.
La dictature de la nouveauté
J’ai l’impression de vivre à une époque soumise au diktat de la nouveauté. L’attrait du neuf est partout, et le secteur du livre à mon sens n’y échappe pas. Rassurez-moi : vous aussi, hein, vous croulez sous les nouveautés ??
Par curiosité, j’ai jeté un œil sur les synthèses annuelles du SNE et les chiffres clé du secteur du livre du Ministère de la culture. Un peu difficile de comparer, parce que les données ne sont pas rapportées par les mêmes organismes (Département du dépôt légal à la BnF, Electre, Livres Hebdo, SNE via panel…). Toutefois, depuis 1998 (première année de données disponibles dans les chiffres clé du Ministère), on constate deux grandes tendances :
- la production annuelle de nouveautés augmente : en 1998, ce sont 38 657 nouveautés (et rééditions) qui sont parues, contre 44 660 en 2019.
- le tirage moyen par livre diminue. On est passé de 8 403 tirages moyens par livres en 1998 à 6 636 en 2020.
Bref, tout ça pour dire que cette industrie du livre me semble suivre un rythme effréné. A titre personnel, je ne trouve pas cela très satisfaisant.
Pourquoi ?
Parce que la visibilité d’un bouquin auprès du public se réduit considérablement. En effet, l’accroissement de la production littéraire se heurte à un lectorat assez stable en nombre. Selon les données IPSOS pour le CNL (chiffres clés annuels du livre du Ministère, les pratiques de la lecture), en 2019 91% des français de plus de 15 ans ont lu 1 livre (89 % en 2017 et en 2015), et 25% des français de plus de 15 ans plus de 20 livres (donnée stable depuis 2015). A lectorat plutôt stable et production littéraire qui augmente, le nombre de lecteurs touchés par un livre forcément… diminue. D’où un tirage moyen en baisse.
Parce que la durée de vie d’un bouquin est désormais très courte. En fait, j’ai surtout l’impression que le bouquin vit sa plus belle vie AVANT et PENDANT sa sortie. Avec tout le foin autour des campagnes de financement, cover reveal etc. En revanche, certains éditeurs ne prennent même plus la peine de mettre en avant les chroniques qui arrivent après quelques semaines, considérant peut-être… que les bouquins sont déjà périmés, comme un vieux yaourt qui traîne au fond du frigo ?
Et je me demande aussi comment les acteurs de la chaîne du livre rentrent dans leurs frais. En fait, je le sais : beaucoup ne rentrent pas dans leurs frais, tout simplement, surtout les petites structures. D’autant que les petits tirages empêchent d’avoir un prix de gros plus intéressant : plus le volume à imprimer est élevé, plus le prix d’impression à l’unité diminue. Avec des petits tirages, c’est fichu, et on paie le prix fort. C’est donc encore moins rentable. Et je ne parle même pas des retours des invendus des libraires à gérer… Et puis, combien d’auteurs touchent plus que leur à-valoir ? Combien d’œuvres font l’objet d’un second tirage ?
Surproduction = surconsommation
Trop de nouveautés tuent la nouveauté
D’ailleurs, parlons-en, des nouveautés. J’hyperventile quand je vois toutes les sorties mensuelles. Comment espérer lire tout ce qui a priori pourrait me plaire, et surtout… comment envisager de prendre mon temps pour savourer et analyser ma lecture, bien la mâcher… pour qu’il m’en reste quelque chose après 15 jours ? Comment évite une boulimie de lecture et de me retrouver avec un poids dans le cerveau comme une choucroute qui pèse sur l’estomac ? A peine une nouveauté est-elle parue que la suivante arrive.
Sommes-nous boulimiques ?
On en rit souvent, mais la taille déraisonnable de nos PàL est révélatrice. Oui, c’est sympa d’avoir quelques lectures différentes en attente pour s’adapter à nos envies et humeur du jour. Mais quand je vois des PaL à 100, 200 titres…
J’ai également souvent lu des témoignages de blogueurs et de lecteurs qui connaissent des pannes, des écœurements et un burn-out, provoqués par une boulimie de lecture et un attrait de la nouveauté qui les pousse à courir sans cesse derrière le train en marche. Quant à moi, je suis revenue de Ouest Hurlant avec 12 achats, et ma liste pour les Imaginales dépassait déjà les 10 : là, j’ai dit STOP.
Je veux lire mieux
Etat des lieux
Je sais ce que vous allez me dire : « Mais attends, rien ne t’oblige à te gaver de nouveautés… ! ». Certes, mais l’attrait est là, il est insidieux, assez fort, et peut être étouffant, aussi. J’adorerais lire tout ce qui sort et qui est susceptible de me plaire. Pour plusieurs raisons :
- pour ne pas risquer de passer à côté d’un coup de foudre intersidéral qui changerait peut-être ma vie – non, je n’exagère pas, je suis persuadée que la littérature a ce pouvoir, d’ailleurs Vert-de-Lierre a eu un impact énorme sur ma vision de la littérature et a changé ma façon de lire et d’aborder une œuvre;
- pour donner aux auteurs, en retour du travail de dingue qu’ils ont fourni, un peu de mon temps pour les découvrir et les faire découvrir. On sait qu’un bouquin se vend surtout à sa sortie, pas des mois après.
- pour le plaisir de me replonger dans un univers, de retrouver une plume que j’ai adorée… Une sortie de Léa Silhol, David Bry, Louise Le Bars, Noémie Wiorek, Pauline Sidre, Ariel Holzl… c’est une promesse de lecture incroyable, d’un moment de grâce, que je n’ai pas envie de retarder !
Mais voilà, je me sens submergée. Et pourtant, ma pile à lire ne contient que 37 titres, et je la mate. Un achat est conditionné à une sortie de PaL. Sauf en salon. Et là, c’est dur de résister.
Mon monde idéal
Pause Café #19, ou la pause café de mon souhait le plus cher : je rêve d’une production livresque en baisse. Auteurs, écrivez moins ! Editeurs, publiez moins ! Laissez-nous le temps de vous lire, de digérer, d’apprécier nos lectures, d’échanger avec les auteurs, de ressasser nos lectures, de les comparer, de les analyser, de les remettre en perspective, de les réfléchir…
Oui, l’extrême vitalité du secteur éditorial est évidemment une très bonne chose. Il y en a pour tout le monde… Mais dans quelle mesure est-on vraiment éclectique en tant que lecteur face à cette offre démultipliée ? Le risque de noyade ne pousse t-il pas aussi chacun à se recentrer dans sa zone de confort ?
D’autre part, publier moins pourrait aussi aller de pair avec publier mieux : réfléchir à d’autres circuits de distribution, d’autres manières de communiquer (les cover reveal de trente ans avant la sortie, sérieusement…), peut-être à offrir une vie éditoriale plus longue aux textes en les accompagnant sur la durée… Un texte longuement mûri, travaillé, n’a t-il pas plus de chances d’être de meilleure qualité ? Je pose la question. Je pense notamment à Projets Sillex qui est engagé dans cette démarche.
Et vous ?
J’ai beaucoup blablaté aujourd’hui… Car je me pose beaucoup de questions (sans doute trop, mais mon cerveau ne s’arrête jamais même la nuit, ce con). Alors j’aimerais bien que l’on discute ensemble de tout ça !
Que pensez-vous de la production éditoriale ? Trouvez-vous qu’elle augmente plus vite que votre capacité à suivre ? Quel est votre avis là-dessus ?
Pensez-vous que la décroissance est gage de meilleure qualité (un excellent sujet de philo ou d’économie, vous avez 4h) ?
Selon vous, comment un texte pourrait gagner en visibilité sur le long terme ? Comment accroître la durée de vie d’un bouquin ?
Est-ce que les nouveautés vous angoissent, ou vous réjouissent ? Ou les deux ? Comment réagissez-vous face aux sorties ? Foncez-vous, ou laissez-vous décanter un peu ?
Pile à lire tour de Pise, ou pile à lire matée ?
Edit 11/05
Cette Pause Café a généré énormément d’échanges ! Je vous invite d’ailleurs à lire les réponses de Manon sur son blog Ombre Bones. Elle apporte son point de vue de lectrice, de blogueuse mais aussi et surtout d’autrice, à toutes les questions que je pose à la fin de cette Pause Café. C’est passionnant, mais surtout éclairant, et je la remercie infiniment d’avoir prolongé la réflexion.
Et voilà pour cette Pause Café #19. J’espère que le sujet vous aura inspiré, et vous apportera aussi de quoi réfléchir à votre manière de lire, et d’acheter, aussi. En attendant, je revois ma liste de courses pour les Imaginales à la baisse… Après tout, les bouquins ne se périment pas, ils seront toujours là plus tard, et peut-être même auront-ils bonifié, avec le temps ? 🙂
Que de questions, que de questions ! C’est vrai que les chiffres que tu cites donnent le tournis, et la tendance qu’ils montrent est un peu inquiétante… pour les lecteurs, mais aussi pour les auteurs: passer quasiment un an à écrire (bon c’est ma moyenne perso par livre hein, ptêt que je suis un escargot…), puis des mois en relectures, bêta-lectures, corrections, avant de préparer une édition (ce qui prend pas mal de temps aussi) pour une production finale dont la « durée de vie » n’excède pas le quart de sa durée de conception, c’est très décourageant.
En tant que lectrice aussi, je me sens un peu déboussolée, du coup j’essaie de prendre le plus de recul possible par rapport aux calendriers marketing (désolée pour celles et ceux qui font un boulot pointu là-dessus…) et j’organise mes lectures en fonction de mes disponibilités et de mes humeurs. Il m’arrive d’extirper un livre de ma PAL qui y repose depuis deux, trois ans parce que le moment m’y pousse. Des fois je regrette de ne pas l’avoir lu plus tôt, c’est sûr, mais j’y survis 😀 !
Oui cela peut être décourageant pour un écrivain, effectivement. Autant de temps passé sur une œuvre pour une consommation aussi rapide n’est vraiment pas satisfaisant.
Comme toi je prends du recul maintenant aussi – enfin j’essaie. Je crois avoir accepté trop de partenariats cette année, du coup il y a des nouveautés qui arrivent que je n’ai pas forcément envie de lire de suite – et des titres plus anciens que j’aimerais découvrir enfin.
C’est cool que tu parviennes à en sortir de ta PaL ! Après, peu importe le temps que tu as mis pour l’en sortir au final, car ça ne se périme pas, et le plaisir de l’avoir enfin découvert fait vite oublier le temps pendant lequel il est resté sur les étagères !
Il y a quelques années j’ai opéré une changement drastique (bien que progressif) à savoir de guider mes dépenses culturelles derrière le credo « j’achète ce que je suis capable de consommer ». Alors je ne dis pas que je gère parfaitement, entre autre parce que je suis un f*cking collectionneuse mais ça marche plutôt pas mal.
Je ne me pose pas de question pour ce qui est de la collection -> livres achetés en seconde main pour des collec plus éditées. Je gère ma PàL BD à part, car j’achète les BD à l’avance mais en lis 2 par mois -> c’est sous contrôle donc c’est ok, je ne compte pas dans la PàL. J’ai récemment laissé tomber l’idée de contrôler les SP et les ai sortis de la PàL principale : je n’arrive pas à suivre, je n’arrive pas à dire non à un livre qui m’attire, on m’en envoie sans que je le demande (en frappant juste sur mon intérêt la plupart du temps), j’en demande aussi. Ce sont des livres que je ne paie pas, donc c’est un moindre mal mais j’angoisse déjà à l’idée que cette pile ne va faire que monter puisqu’il y a plus d’entrées que de sorties.
Parfois j’aimerais juste être plus difficile, moins éclectique dans mes choix de lecture. Pouvoir faire comme avec le cinéma, où je vais deux fois par semaine et j’arrive à être quasi exhaustive sur ce que je veux voir. Ma wish films est assez limitée. Celle des livres déborde de partout 🤷♀️
J’applique mon credo aux jeux vidéos (petite PàJ) et aux abo streaming (un seul à la fois !) également.
Ca demande un peu d’organisation mais je me sens mieux comme ça.
Je comprends ce que tu dis par rapport aux SP, d’autant qu’en général, la chronique n’est pas censée arriver des mois plus tard, donc il faut les lire assez rapidement – à un moment où on n’a pas forcément envie non plus.
J’essaie de contrôler ça, j’ai arrêté d’accepter les SP ponctuels d’indépendants et Simplement pro pour cette raison.
J’aimerais aussi comme toi être plus restrictive dans mes choix de lecture, mais d’un autre côté c’est un peu dommage aussi, parce que je n’ai pas forcément envie de m’enfermer dans ma zone de confort. Si je fais ça, je ne lirai pas de SF du tout.
Mais tu mentionnes qqch d’important : l’organisation. Je n’avais jamais réfléchi à m’organiser pour mes lectures, mais là, je vais devoir sinon je vais être débordée. Et je vois que tu t’en sors assez bien dans l’ensemble !
Merci pour ton retour 🙂
Oui, ça me convient, ça me donne un peu de discipline. Après je sais que ça ne correspondrait pas du tout à d’autres personnes qui ont un fonctionnement plus opportuniste sur les livres qu’ils se procurent ou qui ont des soudaines envies de lire tel livre de leur pile à lire (moi mon problème c’est que je veux lire TOUS les livres de ma pile à lire EN MEME TEMPS)(bref… j’ai un doc excel, qui n’est pas figé d’ailleurs, il ne s’agit pas de devenir psychorigide).
Je pense qu’être restrictif dans ses lectures n’implique pas forcément de rester dans sa zone de confort. Tu peux te montrer restrictive aussi dans tes choix confortables « non ça j’ai déjà lu un truc qui ressemble à ça le mois dernier et si je me cherchais plutôt un livre de SF? »
« Tu peux te montrer restrictive aussi dans tes choix confortables « non ça j’ai déjà lu un truc qui ressemble à ça le mois dernier et si je me cherchais plutôt un livre de SF? » –> Je prends cette idée, je n’y avais pas pensé, on verra comment je m’en sors avec !
Merci pour l’astuce 🙂
Avec plaisir et bonne chance ! 😊
Si j’achète plus que je ne peux lire en ce moment, je considère pas forcément ça comme un soucis tant que mon budget est maîtrisé, personnellement ça me stresse pas vraiment.
Comme je l’ai entendu plusieurs fois dernièrement, la lecture et la collection de livres sont deux hobbies différents.
Mais je pense pas qu’une surproduction fasse baisser la qualité des livres, les auteurices écrivent pas plus à l’arrache qu’avant, c’est juste qu’iels sont plus nombreux et nombreuses. C’est juste que ça fait baisser mathématiquement leur revenus par livre.
Oui, je ne pensais pas que les auteurs écrivaient plus à l’arrache. En revanche, je pense que le travail édito mériterait bien souvent d’être plus soigné (combien de bouquins manquent de relectures ! Bon, OK, il y a aussi ici une question de moyens qui s’ajoute à l’histoire).
J’ai essayé de trouver des chiffres concernant le nombre d’auteurs ayant sorti un livre – autoédition comprise – mais je n’ai pas trouvé de données complètes, notamment pour l’AE. Mais oui, je te rejoins, bcp plus d’auteurs écrivent et publient aujd.
Et tu as raison, le point le plus important c’est la maîtrise du budget effectivement !
Quel vaste sujet! Et beaucoup de questions auxquelles il est difficile de répondre. Avec la découverte de la blogosphere, les livres numériques, les promos dont bénéficient ces derniers et il y a un an Vinted, ma PAL a dégénéré. J’en ai pris conscience et j’essaye de rectifier le tir aujourd’hui et de mieux gérer mes achats. Ce n’est pas parfait mais j’y travaille. La surproduction livresque avec ces couvertures toutes plus belles les unes que les autres n’aident pas non plus. On est vraiment submergée et ça me crève le coeur de devoir faire des choix, de savoir que je ne pourrais jamais lire certains romans parce que je n’en aurais pas le temps. L’attrait de la nouveauté n’aide pas non plus. Mais je ne suis pas certaine que reduire la production soit possible car tout le monde aujourd’hui veut écrire son roman. C’est plus facile, surtout avec l’autoedition, alors revenir en arrière est compliqué car ça va forcément nuire à des petits auteurs qui n’auront dès lors plus la possibilité d’être publier ou moins de chance. Ceci dit peut-être que la pénurie de papier nous y obligera. En tout cas l’analyse que tu fais sur ce sujet est très bien et pertinente. Merci pour cet article!
Oui, je suis tout à fait d’accord avec ton point de vue. Un retour en arrière me paraît compliqué, à moins qu’une crise vienne forcer les choses en effet. J’imagine que la pénurie de papier et l’augmentation du coût des livres auront des répercussions qu’on ne voit pas encore bien maintenant.
Et comme toi, je résiste difficilement à toutes ces tentations multiples. instagram en cela est terrible, d’ailleurs je limite ma présence sur ce réseau pour ça et j’ai arrêté de mettre des bouquins en wishlist après avoir vu un bouquin a priori sympa dessus. J’attends de voir, je lis des avis… pour savoir si j’envisage son achat ou pas.
Mais comme toi, je redoute de me recentrer sur mes habitudes ou de rater un livre waouh.
Bref, équilibre difficile à trouver !
Tout à fait, l’équilibre entre nos envies et ce qu’on est réellement en capacité de lire n’est pas évident avec toutes ces tentations!
C’est une réflexion super intéressante que tu proposes et qui me passionne sur un plan personnel parce que je me pose ces questions depuis un moment déjà. En fait j’ai presque envie d’écrire quelque chose sur le sujet aussi en mode « réponse », je verrais ce que ça donnera.
Mais en quelques mots : je pense comme toi que la surproduction littéraire transforme le livre en un bien de consommation vite lu vite oublié à quelques exceptions et ça a fini par me peser, par me donner la nausée, et par me faire radicalement changer mes habitudes de lecture parce qu’à un moment donné, j’en avais ras le ***. J’ai accepté de passer à côté de beaucoup de livres, j’ai accepté de privilégier certaines structures, j’ai accepté de ne plus être au top de la page, et je le vis mieux. Je m’accorde même du temps pour RELIRE des livres et ça, c’est précieux.
Hâte de lire ton billet retour 😉
Je me doutais que cela t’intéresserait, parce que je me souviens que tu as déjà abordé ce sujet et évoqué ton malaise face à la nouveauté, le surplus de SP, et le fait de courir après les bouquins sans ne plus prendre de plaisir à la lecture.
Comme toi, je commence à revoir tout ça, et à privilégier certaines ME par exemple. Mais ça m’embête aussi, parce que j’ai l’impression de ne plus être aussi éclectique que souhaité, et d’avoir un comportement contraire à celui qui est recherché grâce à une offre très large : me recentrer. Et ça ne me plaît pas vraiment…
Bref, il faut vraiment que je réfléchisse à tout ça pour trouver comme toi un équilibre satisfaisant.
Merci 🙂
Je comprends parfaitement ton dilemme. Il n’y a pas de recette miracle hélas… Hormis une réorganisation en profondeur du système. J’en parle dans ma réponse, mais c’est pas demain la veille…
J’ai découvert cet article, et ce blog, grâce à Ombre Bones qui l’a partagé sur Twitter (j’en profite pour la remercier !), et j’avais envie de répondre car c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup, tout simplement car je me considère comme une « victime consentante » de cet embouteillage de sorties.
Je suis plutôt lecteur de mangas, et on trouve le même phénomène dans ce milieu, phénomène qui me semble dépasser le monde du livre, puisque je constate la même chose avec le cinéma et le jeu vidéo. On est sur-solicités par les nouveautés constamment mises en avant, et on a pas le temps de respirer (ni le budget, je vends plein de choses en ce moment, et le taux de produits non consommés me rend honteux).
On pourrait dire que ce n’est qu’une question de volonté, mais je pense qu’il y a des mécaniques plus insidieuses de rétention là-dedans. Je ne suis pas sur qu’on puisse volontairement se retrouver dans une situation où on est finalement stressé par toutes ces sorties que l’on arrive pas à suivre. Et qui engendre cette peur de « passer à côté » qui est évoquée dans l’article. Sans parler des titres plus anciens que l’on souhaiterait rattraper.
J’essaie personnellement de m’extirper de tout ça, la situation actuelle m’y aide un peu même si je m’en serai bien passé : toutes les augmentations de prix font que j’ai drastiquement baissé mon budget loisir. J’essaie désormais d’emprunter davantage en médiatheque, de moins consommer de séries, mais c’est pas toujours facile avec toutes ces sollicitations.
C’est peut être un peu décousu, mais j’avais envie de parler un peu de mon rapport à tout ça, et comme l’article y invitait, j’en ai profité.
Je te remercie pour ton retour et le partage de ton ressenti ! Tu as fort bien fait d’en parler, effectivement, tu es le bienvenu 🙂
Je découvre par ton témoignage ton blog, que je ne connaissais pas du tout, et je vois que tu y écris de super billets de fond aussi !
Je ne suis pas manga du tout mais je passerai volontiers de temps à autre suivre ton activité.
Et non, je ne trouve pas ton propos décousu, au contraire, d’ailleurs je suis d’accord avec toi. La sur-sollicitation est partout, dans tous les domaines. J’ignorais que c’était aussi le cas dans le mange et les jeux vidéos. Merci pour ton point de vue sur ces deux domaines que je ne connais pas du tout ! Et oui, l’incitation est subtile, insidieuse.
Effectivement, avec la hausse des prix, forcément le budget loisirs va en prendre un coup, surtout si on y ajoute la pénurie de papier qui va forcément se répercuter sur les bouquins à un moment.
Au moins, cela nous donne un moyen « facile » de faire des choix :-/
Merci pour ce billet qui pose une questions intéressante. Et le sujet vaut aussi pour d’autres secteurs : je pense par exemple aux jeux de société dont le nombre de sorties explose. Si on voit le verre à moitié plein, c’est peut-être un signe de bonne santé économique pour ces secteurs… Mais ces croissances moyennes cachent des disparités et des problèmes d’inégalités.
En tant que lecteur qui essaie de se tenir au courant, je me surprends à avoir des sentiments négatifs : je culpabilise d’avoir acheté des livres et de ne pas les lire. J’ai parfois l’impression d’être un vulgaire consommateur ou collectionneur. Alors j’essaie de maîtriser ma PAL : j’achète mensuellement un nombre de livres lu le mois précédent, moins un… C’est frustrant.
Je crois que finalement le pire c’est que je m’interdis quasiment de relire, comme si c’était une perte de temps, voire un vol pour des nouveautés. Est-ce que ça se soigne ?
Je ressens exactement la même chose que toi : relire un livre je ne fais quasiment jamais, car je me dis « mais je perds du temps pour les nouveautés » ! Idem pour les titres « vieux ».
Et je me pose aussi cette question : suis-je devenue davantage consommatrice que lectrice ?
Je n’aime pas du tout ça. Lire à la chaîne.
Je vois que tu as mis en place des stratégies pour maîtriser ta pile à lire, même si c’est frustrant…
Oui, je suis d’accords avec toi, cette vitalité du secteur peut être très positive. Mais finalement, l’effet n’est pas très satisfaisant : auteurs sous payés, tirages en baisse, visibilité moindre. Et je me demande si, face à cette offre démentielle, on n’a pas tendance à se recentrer sur ses zones de confort, et à rester dans un entre-soi regrettable…
Et merci pour ton retour. J’ignorais que ce schéma était similaire dans les jeux de société. Merci pour cet éclairage !
En tant que lectrice : J’aimerais dire que je ne succombe pas à cet attrait, mais quand je vois ma PAL qui s’allonge et mon budget quand je vais en salon… Oscours. Toutefois, j’essaie de retourner à un rapport plus sain à la lecture, plus tourné vers ce que j’ai vraiment envie de lire. Je ne pourrai jamais tout lire de toute façon, donc autant déjà lire ce qui m’attire, on verra le reste après… Mais c’est dommage que certains bons titres puissent passer à la trappe faute de mise en avant sur les étals. Surtout que c’est de plus en plus dur de faire le tri dans toutes ces publications, alors je sais que moi la première, je vais avoir tendance à aller vers des valeurs sûres, au détriment de romans dont je n’ai peut-être jamais entendu parler mais que j’aurais pu trouver excellents. Pour ça aussi que je vais plus lire les avis que quand j’étais plus jeune, ça fait déjà un premier tri.
Puis bon, j’ai toujours aimé lire et relire les mêmes livres, ça me manque quand je ne le fais pas, donc j’essaie de diminuer mes achats (à la fois pour me laisser plus de temps pour d’autres choses, pour diminuer le budget parce que les sous, et pour éviter d’avoir 50 livres non lus sur mes étagères)
En tant que blogueuse : même si ça implique de faire moins de vues, je ne vais pas forcément chroniquer les nouveautés (qui de toutes façons vont bénéficier de 10 chroniques en même temps, donc quel intérêt d’en ajouter une supplémentaire sur la même période ?). Je préfère lire et chroniquer comme je veux, y compris des livres plus anciens, voire des « classiques ». Je trouve dommage que les livres aient une durée de vie si petite, du coup j’aime bien aussi essayer de relancer l’intérêt pour des livres qui sont sortis il y a plusieurs mois à plusieurs années (bon, je ne sais pas si ça marche, mais voilà).
Par contre je ne fais plus les challenges, qui m’obligeaient à tenir un rythme et à lire des livres particuliers. Je préfère m’affranchir des contraintes.
Par contre, je ne sais pas si c’est une réalité ou si c’est à cause du blog ou de mes goûts, mais je trouve que beaucoup de livres récents manquent « d’approfondissement ». Comme s’ils avaient été écrits vite et que le travail éditorial derrière n’avait pas su faire s’épanouir l’histoire. Il y a du potentiel, il y a de très bons trucs, mais c’est comme si ça n’allait pas jusqu’au bout.
En tant qu’autrice : c’est une chance, cette surproduction, puisque ça donne plus de possibilités aux auteurices de se faire éditer. Mais j’en reviens à mon point précédent. Quitte à passer des années à écrire un livre, je n’ai pas non plus envie que la suite soit bâclée et qu’il soit oublié en deux jours. Puis ce ne serait pas respecteux pour les lecteurices de leur proposer quelque chose d’inabouti.
Comme dit l’apprenti Otaku, ça ne touche pas que le monde littéraire, mais finalement toute la société. C’est dommageable pour tout le monde, mais j’ai peur de notre capacité, en tant que sociétés, de faire machine arrière…
Merci pour ton retour avec tes multiples casquettes ! C’est toujours hyper intéressant de comprendre les différents points de vue.
Tu pointes des choses qui me parlent et sur lesquelles je vais réfléchir :
– la chronique des nouveautés… dans un océan de chroniques de nouveautés –> une de plus, quel intérêt ? Effectivement… Ca se tient. D’autant que j’aime bien aussi parfois lire aussi longtemps après une sortie.
– le manque d’approfondissement des bouquins. Oui, je n’avais pas pensé à ça précisément, je pensais notamment à des questions formelles (les relectures foireuses par ex), mais tu mets le doigt sur qqch de plus profond, et maintenant que tu le dis, je serais assez d’accord avec toi.
Et oui, j’aimerais bien en effet qu’on offre aux bouquins un temps plus long, à la mesure du temps passé à l’écrire !
Mais ouais, faire machine arrière… je n’y crois pas trop non plus 🙁
Un billet intéressant car nous en sommes en effet soumis à la tentation et à la surproduction dans tous les domaines : livres, séries, films, jeux… A moins d’avoir un rythme très soutenu, on accumule dans la PAL et on a du « retard » sur tout, au point parfois de perdre le plaisir de lire et de se sentir « obligé » de lire telle chose plutôt que telle autre ou de « culpabiliser ».
Personnellement, ayant un petit rythme et plein de centres d’intérêts, j’ai choisi de ne plus trop m’intéresser aux sorties, d’essayer de plonger dans ma PAL qui contient des livres ayant plusieurs années (tant pis si mes chroniques sont moins lues), de ne plus faire de challenges et de lire et chroniquer ce qui me plaît, à mon rythme.
L’abondance ou l’embarras du choix (et dans une certaine mesure les SP) peuvent mener à une sorte de ras-le-bol ou de burnout. Et en arriver là pour un loisir, c’est bien signe qu’il y a un souci. Comme je doute que la production baisse un jour, c’est à nous lecteurs de nous canaliser et de résister. Pas facile…
Oui, ça va être à chacun de se débrouiller pour s’en sortir avec ses envies, ses capacités à lire, ses SP, son budget, et son temps… Un équilibre difficile à trouver.
J’ai envie aussi de lire des choses plus anciennes, ma culture SFFF est récente, j’aimerais bien la consolider un peu avec des classiques par ex. Donc il va falloir que je me débrouille pour lire autrement.
Je n’aimerais pas en arriver à ce que tu pointes et qui est très juste : perdre du plaisir à lire, qui est une passion quand même. Ce serait terrifiant d’en arriver là !
Merci pour ton retour 🙂
Eh bien, le « vous avez 4h ! » n’est pas si blagueur, en fait, car les questions posées par ton Pause Café suscitent en effet bien des réflexions ! (et en plus, pas toujours les mêmes selon les casquettes ^^ »)
Je vais d’abord rebondir sur ces mots : « Auteurs, écrivez moins ! »
(donc réponse avec ma casquette Autrice)
La base du problème, à ce niveau-là, c’est la rémunération des auteurs, trop faible. Les auteurs à plein temps n’ont pas d’autres choix que de produire beaucoup pour espérer avoir de quoi payer leur loyer/bouffe/etc. Et ils n’en sont pas forcément heureux (je crois, si je ne m’abuse, avoir vu Adrien Tomas évoquer le burn out, Estelle Faye l’a dit aussi en interview qu’elle doit bien écrire pour manger, etc). Cette production ne retire pas la qualité de leurs textes (pour ces deux exemples en tout cas), mais le fait est que le système est tellement mal fichu pour les auteurs, qu’ils doivent courir après les publications pour maintenir un niveau de vie correct. Il faut savoir que les DA sont entre 8 et 10% en adulte, et en-dessous en jeunesse, et ça, c’est *avant* les cotisations sociales et autres prélèvements. Autant dire que sur un seul livre vendu, un auteur gagne des clopinettes.
Pour ma part, étant dans la position confortable d’avoir un autre métier stable, j’écris en moyenne un roman par an (et quand j’ai signé mon premier contrat pour un roman, je m’étais dit que l’idéal serait d’en publier un par an, l’accélération vient juste du hasard des calendriers (durée de réponse après soumission, planification des publis par l’éditeur selon son planning, etc)). Même si j’ai des idées à profusion, je n’ai pas cette pression qu’ont les auteurs à plein temps, parce que mon boulot de bibliothécaire remplit mon frigo. Certes, je ressens de la frustration dans le décalage de la vitesse « mentale » et de celle d’exécution, mais ça va. Un bouquin par an, ça me convient parfaitement, parce que je peux me le permettre.
N’empêche, je pense qu’il y aurait de la place pour tout le monde (auteurs installés et jeunes plumes) si le système arrêtait déjà d’écraser les créateurs, pourtant à la base de la chaîne. Déjà, s’ils pouvaient bénéficier des congés maladies/maternité/paternité/de la retraite pour lesquels ils *cotisent*, ce serait bien (parce que oui, les auteurs cotisent mais pour avoir droit à un arrêt maladie ou un congé mat’, c’est la croix et la bannière) (et je ne parle même pas du scandale des retraites, ça nécessiterait tout un article – il y en a eu, d’ailleurs).
Bref, j’ai beau être dans une position « de luxe », les auteurs à temps plein peinent à joindre les deux bouts pour la majorité d’entre eux et aimeraient bien produire moins, mais n’ont malheureusement pas le choix…
*repose sa casquette Autrice et enfile celle de Bibliothécaire*
Alors je n’ai pas le suivi des chiffres au fil des ans, mais déjà, quand j’ai commencé ma carrière il y a plus de 15 ans de ça (pfiou, le coup de vieux !), j’étais estomaquée par la production, tous genres confondus (fiction, documentaires, etc). Faire son travail de veille documentaire est une tâche de titan ! Et ça n’est hélas pas nouveau. Je n’ai pas éprouvé d’aggravation parce que ça a toujours été plus ou moins beaucoup de sorties (mais, encore une fois, je parle large : fiction comme documentaires). On fait comme on peut grâce aux magazines, émissions et sites spécialisés, mais on rate forcément des choses.
Et comme on ne lit pas sur notre temps de travail, c’est très frustrant de conseiller les lecteurs uniquement sur la base de critiques vues ailleurs, faute d’avoir pu lire les nouveautés nous-mêmes.
Donc oui, on la sent bien la surproduction quand on fait nos commandes, et ça n’est pas nouveau, puisque je la ressentais déjà il y a plus de 15 ans !
*pose sa casquette de Bibliothécaire et prend celle de Lectrice*
Bon. Alors là, je vais tenir un discours paradoxal : d’un côté, je suis ravie de la pléthore de choix parce que je sais que je vais pouvoir dénicher des titres qui vont me plaire (et que j’ai un syndrome de l’écureuil marqué, donc ma PAL monstre, je l’assume) (c’est psychologique, je me sens bien quand je sais que j’ai des livres non lus sous la main). De l’autre, mon porte-monnaie ne suit pas du tout (pareil pour celui de la bibliothèque, d’ailleurs) (oups, j’ai réenfilé la casquette, je la repose). Après, je suis les sorties parce que c’est aussi mon job (bon en fait je vais garder les deux casquettes l’une sur l’autre ^^ »), ça aide ^^
De manière générale, j’avoue ne pas trop me sentir dépassée en tant que lectrice, peut-être parce que je suis sélective (j’attends les retours quand je ne suis pas sûre d’un titre), que je bosse directement à la bibli (du coup j’ai un accès direct pour les emprunts, sans compter les ouvrages prêtés par la librairie pour nous aider à sélectionner nos achats) et que je lis en fonction de mes envies. J’arrive même à relire de temps en temps des livres doudous.
Mais… c’est vrai que j’éprouve régulièrement une certaine frustration. Le fameux « so many books so little time ». Trop de livres à lire, si peu de temps (libre pour lire)… qui à mon avis exprime bien le ressenti face à la production.
*ajoute la casquette Blogueuse*
A la base, j’ai ouvert mon blog parce que les webzines où j’étais rédactrice ont fermé. Et que j’aimais partager mes lectures (il faut dire que je connaissais peu de gens IRL qui partageaient mes goûts littéraires, Internet a été une vraie bouffée d’air pour ça ! Et les sites comme Babelio n’existait pas encore). Dès le départ, je suis partie sur un principe d’accepter très peu de SP. De fait, je n’éprouve pas de pression, quand je n’ai pas le temps de faire un billet, tant pis (je fais une mini-chronique sur Instagram, en attendant de trouver le temps). Aparté : au contraire, je ressentais cette pression quand j’écrivais pour les webzines, parce qu’il fallait alimenter en contenu de façon régulière. Là, c’est mon blog. Chez moi, mes règles. Alors certes, des fois, je suis un peu jalouse de voir les copains/copines blogueurs recevoir plein de livres gratos, quand je dois attendre soit de les emprunter à la bibli, soit d’avoir les sous (je ne suis pas Crésus…), mais dans le même temps, je préfère ne pas avoir cette pression de devoir rendre la chronique à temps, et pouvoir garder la liberté d’abandonner un bouquin si ça ne le fait pas, ou de ne le lire que 10 mois après sa sortie parce que j’étais d’humeur à le lire là, et pas à sa sortie.
*pose toutes ses casquettes*
Bref. (J’ai beaucoup parlé de moi, là en fait, pardon ^^ »)
Pour résumer : oui, il y a beaucoup de livres qui sortent, trop sans doute. Et je peux comprendre que les lecteurs se sentent submergés, voire pris pour des vaches à lait.
Il n’y a hélas pas de solution toute faite, car la chaîne du livre est de toute façon dysfonctionnelle : les auteurs sont asphyxiés, les libraires peinent à payer leurs charges, les actionnaires s’en mettent plein les poches, les diffuseurs/distributeurs prennent une part du gâteau aussi, les éditeurs, ben entre les gros et les petits, c’est pas du tout les mêmes problématiques… et côté administration, la Maison qui rend fou d’Astérix, c’est une promenade de santé, à côté.
Je pense avoir fait le tour de la question… et il m’a bien fallu 1h pour rédiger ce commentaire, sachant que j’y réfléchissais déjà hier, oui, les 4h n’étaient pas de trop ^^ »
Ohlala, quel commentaire ! Mais l’on voit à te lire, ainsi que les retours et les échanges générés sur twitter, que ce sujet fait couler de l’encre ! (je ne m’attendais pas à ça, à vrai dire, j’ai été un peu dépassée par tout ça !).
Et tes retours, ainsi que ceux de Manon qui a fait le billet de réponse sur son blog Ombre Bones et ceux de Léa Silhol sur twitter hier, qu’il y a un vrai problème, à tous les niveaux. Ce n’est pas qu’un problème individuel de quelqu’un qui ne sait juste pas quoi choisir dans toute l’offre.
Tu évoques la course à la production pour les auteurs, pour espérer gagner des clopinettes. Manon et Léa ont pointé exactement la même chose, jusqu’au burn out et à l’insatisfaction de la création. C’est dramatique et je n’avais pas vraiment conscience de ça.
Et effectivement, faire une veille, pro ou personnelle dans tout ce qui sort… ben bon courage. Oui c’est frustrant de ne pas pouvoir lire tout ce qu’on aimerait, de devoir se retrouver à faire des choix un peu bancals (j’aime pas cette couverture, j’aime pas trop ceci, je préfère ça –> je trouve qu’on reste dans une sphère d’entre-soi et d’habitudes contraire à l’esprit d’une offre élargie, qui devrait nous ouvrir des portes plutôt que d’en fermer). Et forcément, même dans une bibliothèque il y a eu des choix en amont. Donc jamais on n’a de vue réelle sur tout ce qui sort.
Sur ta casquette blogueuse : je comprends ton point de vue et je vais l’adopter d’ailleurs. Mon blog a un an et demi, et pourtant ma façon de lire, et de voir les choses ont énormément bougé depuis. Après avoir râlé d’avoir été mise de côté pour des SP, je trouve maintenant que j’en ai trop, et que ça me contraint. Je vais garder NdA et MME parce que je les aime énormément, ces deux maisons, et qu’elles publient peu – mais bien (selon mes critères). En revanche, Scrineo… je galère à recevoir les bouquins, je ne m’éclate pas bcp à lire les SP reçus cette année et ça rajoute la contrainte du temps (même si l’éditeur n’est pas chiant en vrai avec les délais). Mais bon, laisser un SP traîner ce n’est pas très correct selon moi.
Et je crois que c’est justement là, sur mon activité de blogueuse, que mon billet et nos échanges m’ont et vont me faire réfléchir. je n’avais pas vraiment conscience de participer au système, et encore moins de courir les nouveautés – ce que je fais, clairement. Pourquoi ? j’ai du mal à répondre à cette question car je ne m’en étais pas rendue compte jusqu’ici ! Peut-être que le plib a contribué à ça. Je ne sais pas vraiment.
J’avais commencé une rubrique retour aux sources et depuis février, je n’ai plus le temps de la remplir. Et j’aimerais vraiment lire des bouquins moins récents. Donc là, je vais revoir tout ça.
Lea a raison : à un moment, si le lecteur à la base est un consommateur, l’éditeur ne pas va cesser de produire, d’autant plus s’il ne sait pas trop identifier les goûts d’un lectorat versatile.
Mais je maintiens que les choses doivent changer, et à tous les niveaux : du côté du lecteur, mais en amont aussi, de la création. Sans évidemment dire que les auteurs et les éditeurs torchent des bouquins, ce que j’entendais par « écrivez moins, publiez moins » c’était surtout dans le sens « prenez plus de temps à approfondir le propos, à relire les textes pour une finition au top » –> de fait, si on prend plus de temps à sortir un bouquin, on en sort moins dans l’année. Et ça je pense que c’est entendable. Si ça ne l’est pas, c’est embêtant, car je peux ressortir des nouveautés et pointer objectivement tous les bouquins pour lesquels une relecture n’aurait franchement pas été de trop.
Donc il va falloir prendre conscience qu’il y a un pb dans cette industrie. Arrêter de dire que ce n’est qu’un pb individuel, car comme tu le montres, le pb est à tous les niveaux ! C’est quand même fou !!
Et petit à petit, faire changer les choses. Les auteurs ne doivent plus créer dans ces conditions, ce n’est pas possible. les éditeurs doivent arrêter de publier à la chaîne, et les lecteurs arrêter de consommer les bouquins comme des chips.
Finalement, je me dis que cette pause café aura permis au moins, à sa petite échelle, de mettre bcp de choses à plat, et de pointer ce qui ne fonctionne pas, pourquoi etc. Personnellement, j’ai pris conscience d’énormément de choses, et j’ai revu ma copie depuis l’écriture de mon billet, réfléchi à des choses, révisé mon jugement… C’est déjà ça !
Donc merci pour ton retour 🙂 Et désolée pour ma réponse carrément décousue 😀
Merci à toi pour ton retour sur mon pavé ! ^^ » (et ta réponse n’est pas décousue du tout, on suit bien le fil de ta réflexion)
J’ai vu en effet les autres réactions, très intéressantes à lire, c’est bien que le sujet ait fait parler (et encore une fois, merci à toi pour ces pauses café si enrichissantes !), ça permet de faire le tour du sujet et là, clairement, le problème se situe à plusieurs niveaux, il n’y a pas une réponse simple.
En espérant qu’avec le temps et les actions menées, le système se modifie !
Comme à chaque fois un rendez-vous maitrisé et réussi !
Quand je découvre les chiffres de tirages revus à la baisse, je comprends pourquoi j’ai quelques difficultés à trouver un exemplaire d’un roman paru il y a quelques semaines maintenant.
C’est pourquoi et en ce sens, sans me défendre, je participe grandement à cette surconsommation car je préfère me procurer mes tentations à leurs sorties même si elles doivent rester quelques dans ma PAL qui n’en finit plus.
Cela dit, j’avoue que cette quantité de livres disponibles, aussi merveilleuse soit-elle, freine quelque peu l’engouement autour d’un genre de la littérature en générale. Je me suis souviens qu’à l’époque de l’effervescence Harry Potter, j’avais que trop peu d’autres romans à me mettre sous la dent en attendant la prochaine parution ce qui ajoutait une saveur considérable à ma future lecture.
Malheureusement, cette manière de faire reste l’un des crédo de la société actuelle et rythme nos modes de fonctionnent.
Belle journée à toi !
Merci pour ton retour ! Et navrée de ne te répondre que maintenant.
mais oui, c’est incroyable ces tirages à la baisse ! Tu m’étonnes que les auteurs galèrent. Déjà leurs droits d’auteurs sont ridicules mais en plus les bouquins sont programmés pour se vendre moins !
Et tu pointes un autre pb dont je n’ai pas parlé mais qui existes effectivement : la rupture de stock pour des anciens titres ! Une autrice hier me disait pourtant qu’avec l’impression à la demande, on pourrait largement éviter cette situation, d’autant que le Print On Demand évite de gérer retours invendus et gestion de stocks… Trop d’éditeurs ont recours à ce système, et pourtant c’est vraiment très pratique – pour peu qu’on soit patient et qu’on n’exige pas que le livre arrive le lendemain de la commande. Les délais ne sont pas plus longs qu’un colis lambda…
Merci pour ton retour et point de vue, que je partage totalement !
Je te rejoins parfaitement sur tout. Le pire est sans doute qu’en tant que jury de sélections de prix, je dois suivre ces nouveautés et que je me retrouver parfois à suffoquer entre PAL qui ne diminue pas, Services presse et lectures pour les prix. J’ai l’impression de courir après le temps et parfois, je crains le burn out de lectrice moi aussi. J’essaye de limiter la casse autant que possible mais il est difficile de ne pas être tentée par toutes ces sorties. Je pense aussi qu’il faudrait publier moins pour laisser la place suffisante à chaque livre en termes de visibilité. Trop tombent dans l’oubli à tort…
Etre jury du PLIB ne facilite pas ma tâche non plus. Donc je comprends très bien ton ressenti…
Laisser du temps aux textes pour mûrir un peu encore avant parution, et après parution, pour qu’ils trouvent leur public. Courir un peu moins, ce serait bien, oui…