Susan Fletcher – Les reflets d’argent

Hé oui, encore une petite vadrouille en littérature blanche, avec Les reflets d’argent de Susan Fletcher. Une autrice dont j’ai vu des titres passer ici ou là, notamment chez Steven avec Un bûcher sous la neige. Pour ma part, j’ai choisi Les reflets d’argent pour le défi Un hiver au chalet (Tarte au sucre), ce qui en fait ma 5ème lecture du challenge. Une petite lecture sympathique, avalée vite fait bien fait, finie à 3h du matin sous la couette. Un roman que je n’ai pas trouvé extraordinaire mais quand même prenant.

Synopsis

« Une légende raconte qu’il y a très longtemps un homme, pleurant son amour perdu, entendit sur une plage de l’île de Parla, une voix portée par le vent, ce mot soufflé par la mer : Espère. Il se tourna alors vers le large et vit une silhouette flotter dans la mer déchaînée. Puis disparaître sous l’eau. Le corps, celui d’un homme, se terminait par une queue de poisson.

Ce jour-là, sur cette même rive, le jeune Sam Lovegrove découvre le corps d’un inconnu, il s’approche terrorisé, croyant faire face à un cadavre. Puis recule en criant, car l’homme n’est pas mort.

Sur l’île, cette apparition bouleverse chacun, tout comme les cheveux noirs et la barbe de cet inconnu, qui réveillent les souvenirs d’un disparu. Tout à coup, les légendes semblent réelles, les hommes semblent réécrire l’histoire de l’île, ramasser ses mythes sur le rivage, leurs espoirs bouillonnant dans les flots comme autant de reflets d’argent sous le vent ».

Un roman sans grands enjeux

Parce qu’on devine tout dès le début. On sait ce qu’il va se passer, comment ça va se finir, et on sent la romance à peine la première page lue. On sait comment elle va se dérouler, se conclure. Les reflets d’argent n’offre aucune surprise dans son intrigue, à aucun moment. On pourrait dire qu’il est d’une prévisibilité extrême.

Je ne suis pas sûre que l’inverse était voulu, d’ailleurs. En effet, la similitude entre les deux hommes, Tom l’amour perdu et le nouveau venu est frappante, dès le début. En plus, comme tous les personnages du roman s’en rendent compte, cela met en place une intrigue très basique et très linéaire : les 5 étapes du deuil vers une nouvelle vie. Dans le fond, le roman n’offre pas non plus beaucoup de choses originales ni de réflexions à s’en défoncer les méninges.

Les personnages ne m’ont pas éblouie non plus. On est loin de ce qui fait le succès de ces grandes sagas familiales (Bellefleur, tu restes à jamais inégalé pour moi – mais on peut aussi évoquer Blackwater, ou toutes les sagas de Troyat, par exemple). Une simple esquisse des caractères, une protagoniste beaucoup trop chamallow à mon goût, et des ancêtres présentés comme des bouseux arriérés : bof bof. Trop caricatural, par moments.

Je pense que le but est de se laisser porter par les flots de ce roman qui nous porte, jusqu’à s’échouer sur le sable comme notre Homme poisson. Evidemment, ça parle de deuil, de reconstruction de soi, de la joyeuseté (ou pas) des liens familiaux. Mais rien de nouveau sous le soleil, rien de très approfondi ni de très spontané. C’est du déjà lu/déjà traité, avec une grosse dose de mélodrame que je n’ai pas aimé du tout.

Alors qu’est ce qui est bien dans ce roman ?

(Vous avez remarqué la qualité de mes titres, c’est très recherché n’est ce pas ? La chronique est à l’image du roman – basique).

Donc, qu’est-ce qui est bien dans ce roman ? Parce que pour rester accrochée jusque 3h du matin, il faut qu’il y ait quelque chose. Alors ce n’est pas l’écriture. Car celle-ci n’offre pas non plus monts et merveilles sur le plan formel, à part un rythme assez saccadé et sec témoignant de l’hostilité des lieux. L’immersion n’est pas ébouriffante, et c’est un peu dommage, ça manque d’ambiance. Cependant, ça se lit vite et bien. Ce n’est pas un effort intellectuel énorme à fournir mais en l’occurrence, c’était un atout majeur après La maison des feuilles.

Je ne peux pas dire non plus que la construction divisée en deux timelines qui s’entremêlent est follement originale. Ca aussi c’est du déjà vu. Cela crée en revanche un dynamisme toujours efficace. Le dialogue passé-présent apporte les roulements de tambour habituels, avec les révélations absolument bouleversifiantes. En fait, non c’est du style, attention spoiler : « la famille c’est l’enfer et il y a beaucoup trop de cadavres dans le placard ».

Ce qui m’a vraiment plu, au-delà de cette lecture facile, vide méninges MAIS efficace (quand même, il faut le dire), c’est la légende de l’Homme poisson. Ca apporte vraiment une fraîcheur bienvenue (avec le poisson, c’est mieux). Une petite percée de merveilleux dans ce bouquin. Car tout un paquet de personnages sont convaincus mordicus que cette créature est bien réelle et agissent comme si. On a un peu l’impression d’être en dehors du monde réel. Les Reflets d’argent est alors un roman qui se situe parfois sur la limite des genres. Mais sans pour autant jouer vraiment là-dessus et dépasser la frontière. Je regrette que l’autrice n’ait pas exploité plus longuement et de manière plus approfondie cet aspect, qui aurait pu apporter beaucoup plus au roman.

En pratique

Susan Fletcher, Les reflets d’argent

Editions J’ai lu, 2015 // Plon, 2013

Traduction : Stéphane Roques

VO : The silver dark sea (2012)

Les reflets d’argent n’a pas réussi à me rabibocher avec la littérature blanche, qui peine toujours à susciter de l’intérêt chez moi. Ce roman de Susan Fletcher est donc dans la lignée de Banquises : un texte assez plat vite lu et vite oublié, sans grande originalité et qui ne dit pas grand chose. Cependant, reconnaissons-lui sa capacité à captiver l’espace d’un moment, et d’être une lecture d’entre-deux assez efficace : nettoyage du cerveau après lecture très complexe, et repos du cerveau avant autre lecture plus exigeante.

6 commentaires sur “Susan Fletcher – Les reflets d’argent

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  1. Sans surprise je passe mon chemin. Déjà pour la thématique que j’ai énormément de mal à lire mais aussi pour ton avis qui souligne bien ce que je reproche généralement à la blanche également.

  2. Dommage pour ce rendez-vous manqué qui me pousse vraiment à te recommander Un bûcher sous la neige qui semble bien loin de cette lecture sans teinte et prévisible.
    Clairement, l’auteure offre une introspection pleine d’émotions et de sentiments.

  3. Dommage pour ce ratage ! Pour ma part je le note quand même car je garde un très beau souvenir de Un bûcher sous la neige de l’autrice.

    1. Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre par le biais de retours d’autres lecteurices. Je me suis noté ce titre parce qu’il semble vraiment plus réussi que celui-là. Cependant j’espère que tu accrocheras aux reflets d’argent !

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