Cadeau de Noël reçu par ma moitié en… 2020 (hum), Les lames du cardinal est une trilogie de Pierre Pevel. C’est d’ailleurs l’intégrale que j’ai lue, dans une très belle édition Bragelonne. J’ai mis « un peu » de temps à m’y plonger, mais une fois cela fait, ç’a été un régal ! J’ai avalé la trilogie en une semaine. Divertissant, une belle langue française, des recettes bien classiques mais efficaces : rien de très original mais diablement prenant ! Et c’est ce que j’attendais. Une lecture du Cocorico Challenge, organisé par Camelote Magicadou (catégorie Alexandre Dumas : complot, historique, chevalerie : pile dans le thème) et du ABC de l’imaginaire (lettre P).
Synopsis
« Paris, 1633. Les dragons menacent le royaume.
Surgis de la nuit des temps, ils sont décidés à restaurer leur règne absolu. Usant de sorcellerie, ils ont pris apparence humain et créé une puissante société secrète, la Griffe noire, qui conspire dans les plus grandes cours royales d’Europe.
Pour déjouer leurs complots, Richelieu dispose d’une compagnie d’aventuriers et de duellistes rivalisant de courage, d’élégance et d’astuce. Des hommes et une femme aux talents exceptionnels, prêts à braver tous les dangers et à risquer leur vie pour la Couronne : les Lames du Cardinal ! »
Un roman historico-fantasy
Des dragons et de la magie sous Richelieu : voilà qui est plaisant à imaginer. Pourtant, il réside dans Les lames du cardinal une impression de réalisme malgré tout. Car nous sommes plongés dans un Paris très vraisemblable. D’ailleurs, j’ai adoré cette représentation. Un Paris écrasé sous la chaleur, qui pue, plein de boue et de misère à chaque coin de rue; ses ruelles coupe-gorges, ses tavernes bon enfant. J’avais vraiment l’impression de m’y promener et c’était très chouette. L’arrière-plan historique est très bien retranscrit aussi, avec l’échiquier politique et diplomatique de l’époque, tout comme la réalité sociale et littéraire (je pense notamment aux salons littéraires évoqués dans les romans).
On trouve également des échos aux grands romans cape et d’épée du XIXème, Alexandre Dumas en tête. D’ailleurs, on croise Porthos, D’Artagnan… et les mousquetaires aussi, aux côtés des lames qui n’en sont jamais loin. En parlant de ces personnages, j’ai trouvé que les traits de chacun, leur histoire, leur passé… leur donnaient une épaisseur intéressante. En cela, ils se distinguent vraiment des personnages de Dumas, car beaucoup plus intenses, nuancés, et leurs différences apportent des échanges très savoureux.
Enfin, toute la magie présente dans les trois romans, hormis les dragons évidemment, offre certes un cadre fantasy au roman, mais reste très crédible. Peut-être parce magiciens, enchanteurs et devins, fabricants de poudres et de poisons faisaient partie du paysage à l’époque, du moins jusque l’affaire des Poisons. Affaires d’empoisonnements et de messes noires étaient légion. Ainsi, ça coule de source. Il y a donc une cohérence d’ensemble qui est dessinée dans la saga, que j’ai beaucoup appréciée.
Efficace, mais classique
Efficace…
Car j’ai avalé les 800 pages d’un coup. Bon, je dois l’avouer, j’ai eu parfois une petite baisse de régime causée par quelques longueurs dans le tome 2. D’autre part, le tome 1 met du temps à démarrer. Malgré tout, c’est très entraînant. Ca a de la gueule, ça déménage, ça frappe juste. Les dialogues sont tout aussi savoureux. Bref, je me suis laissée entraîner dans ces histoires de complots politiques, d’affaires de cour et de sauveurs à coups d’épée. Les personnages n’y sont pas pour rien, tant l’histoire personnelle de chacun apporte quelque chose de passionnant et relié au récit.
La langue est simple mais belle, fluide, et riche d’un vocabulaire extraordinaire. Sur ce point, je me suis régalée, cette richesse de la langue est vraiment trop rare dans les écrits contemporains.
Mais rien de nouveau sous le soleil
Malgré tout, c’est hyper classique. Les trois romans sont construits de la même façon : les gentils gagnent et les méchants perdent – toujours à la fin, après des rebondissements qui mettent un peu de temps à venir (le temps de démêler les fils du complot terrrrrrible qui se construit). Ohlala ça va être terrible, mais ouf, les héros sont là et veillent, et ouf, l’apocalypse tant redoutée ne viendra pas cette fois. « C’était pourtant moins une, pfiou » ! Les méchants sont très méchants (ce n’est jamais compliqué à comprendre, c’est ça qui est bien), avides de pouvoir et de puissance; il y a toujours une femme chez les méchants (comme il y en a une chez les gentils, c’est la parité).
Bon, je nuance mes propres propos : la fin du troisième tome apporte quelque chose de très intéressant et différent. Pas de tadaaaaam et de rires dans une taverne devant le soleil couchant. Au contraire, quelque chose de mélancolique, avec pas mal de cadavres quand même, et un final ouvert sur d’autres aventures à raconter.
En bref, oui c’est classique. Ca ne renouvelle pas le genre, ne propose pas vraiment de réflexion sous-jacente, ni ne bouscule notre façon de concevoir le monde. Mais c’est le top du top du classique. Très divertissant, beau à lire, très sympa, un super bon moment de lecture. Un classique de très haut vol, que je me suis régalée à lire.
En pratique
Pierre Pevel, Les lames du cardinal
Bragelonne, 2019. Première parution : Les lames du cardinal, tome 1, Bragelone, 2007; L’alchimiste des Ombres, Tome 2 : Bragelonne, 2009 et Les dragons des Arcanes, Tome 2 : Bragelonne, 2010.
Couverture : Didier Graffet
Autres avis : Tampopo aussi a dévoré la trilogie, avec ses dialogues savoureux et son scénario très cinématographique; une bonne lecture malgré un léger essoufflement avant le dernier tome pour Uranie.
Les lames du cardinal est une trilogie de Pierre Pevel, mélangeant des ingrédients d’un roman de cape et d’épée avec ceux d’un roman fantasy. Le résultat est assez réjouissant, le tout dans une langue française délicieuse. Alors certes, ce n’est pas l’œuvre du siècle à mon goût. D’ailleurs, j’ai préféré le Paris des Merveilles. Néanmoins, j’ai passé un très bon moment de lecture, léger et divertissant. Et parfois, je n’en demande pas plus tant cela me suffit. Si vous cherchez un jour des lectures plus rafraîchissantes tout en étant captivantes et de qualité, n’hésitez pas à vous tourner vers cette trilogie !
Malgré le côté classique de cette œuvre, j’avoue que le cocktail épée et magie me tente énormément. Je me le note donc. Merci à toi.
Si tu as aimé tu peux aussi tenter du même auteur la Trilogie de Wielstadt, qui ressemble je trouve assez en termes d’ambiance.
J’ai eu l’occasion de jouer au jeu de rôle des Lames et il est également très bien (voire mieux que le livre), avec notamment un système de combat très dynamique.
oh oui j’en ai beaucoup entendu parler de cette trilogie, ce sera ma prochaine de l’auteur ! merci pour la recommandation 🙂
En revanche, je ne suis pas joueuse, mais intéressant de savoir qu’il y a un jeu de rôle des Lames ! Ca doit être sympathique en effet.
Je me retrouve parfaitement dans ta critique. Même si, de mon côté, j’ai lu les romans quand ils sont sortis, donc les uns après les autres (ce qui m’a permis d’éprouver moins que toi l’impression de lassitude due au schéma identique).
Et je m’associe à Tesra pour te conseiller la Trilogie de Wielstadt (que j’ai lue voilà un bon paquet d’années mais qui m’a laissé un bon souvenir).