Charline Rose – Edwenn, Le monde des faës

Edwenn, Le monde des Faës est une de mes premières lectures pour le Pumpkin Autumn Challenge 2022 ! J’ai glissé ce roman dont j’ai lu pas mal de retours enthousiastes dans le menu Automne de l’étrange (catégorie In the dark, I hear a call; fantasy). J’étais assez enjouée à l’idée de découvrir ce premier volume d’une duologie, d’une part parce que j’aime les Faës, et d’autre part parce que l’autrice s’est beaucoup inspirée de Léa Silhol. Malheureusement, la magie n’a pas agi. Mais pas agi du tout, du tout. Je vous explique tout ça.

Synopsis

« Depuis d’ancestrales querelles, les humains et les Faës vivent séparés par une frontière invisible, le Voile. Intrépide et courageuse, la jeune Edwenn ne supporte pas la vie à laquelle sa société condamne les femmes, et rêve dans sa quête d’aventures de pouvoir explorer cet autre monde mystérieux.

Mêlée à son insu au conflit qui oppose le prince faë Kadvael au Seigneur des Chimères, la voilà projetée sur les terres des Faës. Mais il ne fait pas bon être humaine dans cet univers peuplé d’êtres magiques. Menacée par les Chimères qui réclament justice, Edwenn doit lutter pour sa survie. Elle rencontre Jezekael, prince des Faës et frère de Kadvael, et tombe sous le charme de cet homme lumineux et bienveillant.

Mais entre humains et Faës, l’amour est le plus grand des interdits… »

Amour, gloire et beauté

Voilà la première raison pour laquelle je n’ai pas du tout aimé ce roman. Je regardais cette série avec ma grand-mère quand j’étais petite. Je me souviens surtout du scénario aussi mince qu’une peau de chagrin. Ca m’amusait beaucoup. Ma grand-mère aussi.

Si je vous parle de cette série, c’est que j’ai eu la sensation d’en lire la transposition féérique. D’abord, les personnages sont tous beaux. Mais beaux ! Alors évidemment, on est chez les Faës, la perfection même. Mais a t-on vraiment besoin de 50 000 descriptions de leurs courbes, de leurs cheveux de jais qui tombent sur leur chute de rein à damner un saint et des seins blancs des femmes ? (Soupir). Dès la première page, ça me fatigue déjà. Même l’humaine est comme ça. D’ailleurs, toutes ces descriptions physiques manquent cruellement de variété selon moi.

D’autre part, j’ai trouvé que l’intrigue se construisait sur un scénario assez mince ici aussi. Au fond, on est sur des guerres entre peuples, des gentils, des méchants (et pour le coup, très très très méchants, tellement machiavéliques que ça a fini par me faire rire), et une pauvre humaine plantée entre les différentes factions. Adorée par tous les mâles quelque soit leur peuple (faut dire elle est tellement canon) et jalousée par les femmes. Surtout une, qui n’apprécie pas du tout que l’homme qu’elle aime lui préfère Edwenn. Une humaine ! Scandaaaale ! (Soupir). Bref, des rapports entre des personnages qui ne m’ont pas semblé très originaux.

Et donc complots, trahisons, guéguerres, et des bals, bien sûr (soupir). Et entre tout ça des scènes de sexe. Un nombre incalculable. Quand ces personnages ne font pas la guerre, ils baisent. Elle arrive même à épuiser son Faë, l’humaine. C’est parce qu’elle est douée (soupir). Ca a malheureusement fini par me lasser, très vite, d’autant que j’ai fini par confondre qui finissait dans quel lit.

De bonnes idées pourtant

Et c’est fort dommage, car des bonnes idées, il y en a ! Notamment les Chimères, dont les capacités à se fondre dans d’autres personnages, à jouer avec la réalité et les impressions… apportent quelque chose d’étrange, de fantastique. Mais d’un autre côté, leur rôle d’antagoniste m’a paru très caricatural, manquant de corps dans sa justification.

L’autrice m’a surprise aussi quant au sort de certains personnages, et sur la violence visuelle des scènes de guerre. Faës ou pas, quand ça cogne, ça ne fait pas semblant. Mais là également, les raisons de ces guerres étant essentiellement tournées vers des raisons sentimentales, ça manque de force. Finalement, tout tourne autour d’Edwenn, celle que tout le monde s’arrache, pour l’anéantir ou la sauver, la détruire ou l’aimer, Edwenn la parfaite par-ci, Edwenn la parfaite par-là… 😐 (Soupir).

Ensuite, l’immersion d’un humain chez les Faës, avec les décalages temporels induits par rapport au monde humain, aurait pu être vraiment chouette. Je m’attendais justement à quelque chose de plus neuf dans le traitement de la Faërie. Je n’ai pas trouvé d’originalité ici : le monde des Faës est aussi clinquant et à la beauté froide qu’on l’imagine. Très classique. Et puis le côté humain est incohérent. Edwenn, c’est une une paysanne médiévale. Or, elle est encore plus canon que Charlize Théron. Nickel jusqu’au bout des ongles. (Soupir). Même la description de sa vie de bouseuse ne fonctionne pas; il manque un peu de travail de recherche sur ce plan-là pour rendre le tout crédible.

Des mots qui ne font pas rêveeeeer

Enfin, la déception est venue de l’écriture. Quand un auteur évoque Léa Silhol comme modèle et source d’inspiration, je bondis de joie et je fonce. Ce n’est pas pour rien qu’elle figure dans mon top 10 des autrices #IncontournablesSFFF. Elle m’a offert ce que j’ai pu lire de mieux en littérature imaginaire francophone contemporaine. Un mix entre un univers traditionnel, riche en mythologie, folklore, et renouveau; un travail de tisseuse qui fait se parler entre eux tous ses romans et nouvelles, apportant chacun une pierre à l’édifice qu’elle construit; une capacité à explorer aussi bien la fantasy celtique que le cyberpunk et l’urban fantasy. Et surtout, une plume. Un talent mais surtout un travail titanesque sur les mots, leur musicalité, leur rythme, les images... Quand on voit le travail qu’elle a mené pour la réédition Deluxe de La sève et le givre, on se dit qu’on a là un travail d’orfèvre.

Pour moi, c’est tout ça, Léa Silhol. Edwenn et le monde des faës n’est pas mal écrit, d’ailleurs il est bien relu et corrigé. Mais forcément, mes attentes étaient tellement hautes… que la déception a été très grande. J’ai trouvé l’écriture assez commune, en fait. Ca se lit bien, c’est fluide, entraînant. Oui, l’ambiance est sympa, m’enfin ce n’est pas non plus ce que j’ai pu lire de plus waouh. Sûrement les longueurs par-ci par-là ont-elles aussi généré une sorte d’ennui par moments. Mais surtout, je n’ai pas ressenti de magie; je n’ai pas entendu de musique entre les mots, ni senti de rythme naître entre les lignes. Il m’a manqué un souffle, une étincelle de quelque chose. Un souffle de faë dans le cœur, peut-être ? Après tout, ils sont tellement froids ces gens-là…

En pratique

Charline Rose, Edwenn, tome 1 : Le monde des Faës

Editions France Loisirs, 2017

Prix de l’imaginaire des Nouvelles Plumes/France Loisirs, 2016

Autres avis : Seli aussi en a eu sa claque d’Edwenn. Ce billet très amusant propose surtout une analyse très détaillée du récit, de sa structure, de son rythme, et met le doigt sur plusieurs incohérences. Je vous renvoie sur Babelio pour lire l’avis très positif de Latulu, qui pour le coup apporte des éclairages fort intéressants. Et pour équilibrer le tout, l’avis mitigé de Victoire sur le blog Romanesquement vôtre, qui pointe avec justesse les forces et les faiblesses de ce roman.

Bon, vous l’aurez compris, le coup de foudre n’a pas eu lieu. Brooke – pardon, Edwenn, m’a cassé les bonbons et son Ridge – pardon, Jezekael, aussi. Donc je ne lirai pas le tome 2. Autant Amour gloire et beauté me faisait sourire il y a vingt ans, autant là ça ne m’amuse plus du tout. Et surtout, j’attends autre chose dans mes lectures, tant dans le fond que dans la forme.

3 commentaires sur “Charline Rose – Edwenn, Le monde des faës

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