Avis flash #7 – Février 2023

Plusieurs lectures pour cet avis flash #7 du mois de février :
– Vent blanc, cavalier noir de Luke Rhinehart

– L’héritage de l’esprit roi de Claire Krust
– Grain de sable, de Louise Roullier

– Jolies Mary, de Gwendolyn Kiste

Luke Rhinehart, Vent blanc, noir cavalier

Première lecture de cet avis flash #7 : un livre que je me suis procuré à l’OpallStars de l’été 2022, et que j’ai lu pour le Cold Winter Challenge, catégorie Magie de Noël (amour, romance).

Synopsis

Japon, XVIIIème siècle. Matari a fui son époux jaloux. Elle veut échapper à son destin tout tracé et pas très réjouissant.

Elle se retrouve en pleine tempête de neige hébergée dans un petit temple par un moine bouddhiste et un poète de cour.

Fuite, samouraïs, poésie et amours croisées : tel est le menu de ce roman publié en 1975.

Avis flash

La peinture de ce Japon très rural et à la société à la fois très codifiée est particulièrement réaliste. L’éditeur indique que le roman est un hommage au film Les 7 samouraïs, j’imagine que c’est notamment du fait de ce background finement dessiné.

Bon, par contre, quel ennui. Malgré la fuite (qui dure deux tiers du bouquin), c’est très plan plan. Le scénario tient en deux lignes. Et le suspense réduit à 0 avec ces samouraïs en carton pâte pas doués. Mais surtout, c’est très linéaire, comme le chemin de nos amis, au propre comme au figuré. Le sentier qu’ils prennent est un cul de sac, de la montagne à la mer sans demi-tour possible. Rien de labyrinthique ici. Forcément, je m’amuse moins.

Alors voyons cela comme un ballet de l’amour et de la mort. Entre sentiments amoureux, retenue toute japonaise et passions mesurées, un peu de philosophie et beaucoup de haïkus. Pas de quoi me passionner malheureusement, cependant j’ai été séduite par les contrastes. Hommes/femmes, poètes/moines, blanc de la neige (et des pétales de cerisier)/noirceur des samouraïs (et du cœur de l’époux de Matari). Contrastes dans les caractères, les mœurs, les modes de vie, les places sociales…

Par contre, je regrette énormément l’utilisation de mots anachroniques dans les dialogues. On est au Japon au XVIIIème siècle, avec une volonté de vraisemblance et de réalisme. Aussi, trouver des mots comme « bite » et « nichons » (plusieurs fois en plus) dans les dialogues casse absolument toute l’illusion (en plus d’être moche). Et évidemment, cette vulgarité est utilisée pour qualifier des physiques, et Matari prend cher. Alors je sais bien, c’est le regard d’un personnage du XVIIIème tout ça tout ça – oui, mais avec du vocabulaire très contemporain. A se demander si ce qui est rendu là est réellement le regard du personnage ou plutôt un indicateur sur l’époque de l’écrivain…

Bref, pas un coup de cœur, vous l’aurez compris, tout au plus une petite lecture sympa malgré quelques cailloux dans la chaussure.

Claire Krust, L’héritage de l’esprit roi

On poursuit cet avis flash #7 avec une lecture pour le #PLIB2023, en catégorie adulte. Je l’avais mis dans ma sélection des 25, convaincue par le retour d’Ombre Bones. Je me le suis procuré au salon jeunesse de Montreuil, dédicacé par son autrice. C’était une lecture ma foi sympathique et sans complexité aucune, mais (ou plutôt donc) ne figurera pas dans mes 5 finalistes.

Synopsis

Shinya est l’onmyoji impérial, garant de l’équilibre entre le monde des humains et celui des esprits.

Quand la fiancée de l’Empereur se trouve frappée par une malédiction, il part sur les traces du coupable.
Sans se douter que cette quête le fera revenir sur les traces de son passé et que tout semble lié.

Avis flash

C’était une petite lecture sympathique, mais qui selon moi manque cruellement de peps et de singularité. Un peu trop classique. L’héritage de l’esprit roi est une bonne histoire, dans un univers plutôt bien décrit, avec des personnages qu’on suit facilement. Les 5 étapes du récit sont là, dans l’ordre, tout est bien huilé, ça fonctionne bien. Une plume fluide, un texte qui se lit bien…

Le roman est un fleuve tranquille qui suit son cours. Sans bousculer aucunement, d’ailleurs le rythme est assez plan-plan. Il faut dire que l’intrigue principale tient sur un quart du roman, entrecoupée de très longues analepses qui cassent totalement le suspense. J’avais même peine à me rappeler où on avait laissé nos personnages au temps présent. Le tout et servi par une plume très posée, calme, sereine. Pas vraiment contemplative, car il y a quand même pas mal de dialogues, mais sans brusquerie non plus. Un semblant de simplicité qui est un style à part entière mais qui n’est pas ma tasse de thé (et on en boit beaucoup, du thé, dans ce roman).

Malgré tout, le roman est bien ficelé, ça fonctionne bien, c’est une belle histoire. Mais ça ne me suffit pas. Ca m’a semblé trop classique. J’aurais aimé être bousculée, émerveillée par une plume incroyable, un récit morcelé à reconstituer ou une intrigue puzzle. Quelque chose qui décoiffe, qui déplace les frontières du genre, qui déconstruit un peu tout ce carcan romanesque un peu trop prévisible. Ou bien avoir des tonnes de réflexions à me faire. Mais rien de tout cela. Une rencontre manquée non pas du fait d’un manque de qualité du texte, mais plutôt d’une incompatibilité de caractères.

Louise Roullier, Grain de sable

Une lecture pour le #PLIB2023, faite en LC avec les copines jurées. L’avis de Le nocher des livres avait attiré mon attention sur ce livre.

Synopsis

Le mage Cobal Galtès meurt au cours du Tournoi des 7 Oriflammes sous les yeux de sa fille.
Quinze ans plus tard, Lidia, mage aussi ambitieuse que son père, ressasse les événements du tournoi, source de tous ses malheurs.
Lorsqu’elle découvre une légende qui évoque la possibilité de réécrire le passé, Lidia se jure d’acquérir ce pouvoir et de sauver son père.
Mais qui est cet adversaire invisible qui s’acharne à la faire échouer dans sa quête ?

Avis flash

Je savais que le début du roman reprenait tous les ingrédients classiques de la fantasy, et effectivement c’est le cas. Des mages, une ville, une lutte de pouvoir, des complots, quelques formules magiques, des grimoires dans une bibliothèque… Pas de surprise de ce côté-là, pas d’originalité – mais c’est voulu.

D’autre part, je n’ai pas été séduite par Lidia, à qui la chance ne sourit pas du tout. Et c’est un euphémisme, car elle s’en prend plein la tronche. Trop. Les galères se suivent à un rythme effréné et je n’y ai pas adhéré, tant ça paraissait too much. La pauvre pauvre Lidia m’a agacée tout du long. Pas séduite non plus par la narration au « je » et au présent encore une fois, d’autant que je trouve l’immersion assez moyenne, notamment dans le partage des émotions de Lidia, qui sonnent très artificielles.

Effectivement, le récit change de direction avec ce voyage dans le temps, et on s’écarte de la fantasy classique. Malheureusement, ce tournant manque de subtilité; on voit très rapidement, dès les premiers chapitres, l’impact de ce voyage dans le temps. Et malgré ça, Lidia, présentée comme mage très puissante, ne comprend pas ce qui lui arrive : pas très crédible.

Péripéties, enchaînements et retournements s’enchaînent; c’est rapide, fluide et dynamique, mais j’ai ressenti un gros manque de profondeur, de réflexion, et de background, pas assez dessiné à mon goût. Enfin, le dernier quart tire en longueur, dans un échange interminable avec le méchant ni noir ni blanc, offrant des dialogues assez creux.

Une déception pour moi.

Gwendolyn Kiste, Jolies Mary

Terminons cet avis flash #7 sur une fort jolie lecture : Jolies Mary est une novella de la collection F. Nigripes des éditions du chat noir. J’aime beaucoup cette collection, dont j’ai lu et adoré Miranda et Lullaby.

Synopsis

Resurrection Mary hante les routes la nuit.
Dans le miroir ancien, Bloody Mary à l’appel de son nom trois fois. Mistress Mary erre dans son jardin de fleurs vénéneuses. Dans la cave, Mary Mack fabrique son cercueil jusqu’à la fin des temps. Enfin, ruminant dans son coin, il y a Mary Lwyd et son crâne de cheval.
Ces Mary incarnent les légendes urbaines et les peurs enfantines. Chaque matin, elles se réunissent autour de la table et se nourrissent des cauchemars récoltés. Jusqu’au jour où leur existence même est menacée…

Avis flash

Très jolie surprise avec cette novella qui met en scène des comptines anglo-saxonnes, qu’on retrouve en partie à la fin du texte. Une novella sans prétention. On perd un peu l’aspect chansonnette et comptine dans la façon dont elle est amenée, puisqu’uniquement racontée du point de vue de Rhee. J’aurais bien aimé par exemple une alternance de focalisation pour retrouver l’aspect chantant de ces comptines et légendes.

Mais j’ai été happée par le récit. Par le lien entre morts et vivants; le contraste entre jour et nuit, et entre passé et présent. Une histoire sur le fil, touchante. Et évidemment l’ambiance horrifique m’a beaucoup plu. Jolies Mary est une novella qui se déroule dans une atmosphère très feutrée, froide, lugubre. Pas de sang partout (vous me direz, c’est normal puisqu’on parle de fantômes), pas de monstre épouvantable, pas de surenchère dans l’horreur. C’est davantage psychologique que visuel. J’ai retrouvé un peu de l’ambiance très froide de Plumes & ciguë.

La seule chose qui me laisse un peu sur ma faim c’est le final, trop rapidement expédié. Pourtant, j’ai bien aimé la figure de cet antagoniste, au visage et aux contours très flous. Un méchant différent, plutôt dans la personnification de l’oubli. La tension monte progressivement, mais le dénouement est expédié bien trop rapidement, ce qui fait un peu l’effet d’un pétard mouillé, c’est un peu dommage. Malgré tout, une jolie lecture qui m’a fait passer un bon moment de lecture, fort bienvenu.

Un mois de février mitigé encore, dans la continuité des lectures assez moyennes générales depuis des mois. C’est pour cette raison que j’ai constitué une pile de livres présents dans la bibliothèque depuis des plombes pour me décider quant à leur sort. J’en ai déjà abandonné deux (Meute et L’aurore de la perce-neige), mais j’ai beaucoup aimé Jolies Mary, et aussi Le livre jaune de Michael Roch, auquel je consacrerai plus tard un billet dédié. Avez-vous lu et aimé un de ces romans ?

14 commentaires sur “Avis flash #7 – Février 2023

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  1. Vent blanc, noir cavalier me tente pas mal, si ce n’est les anachronismes a fortiori s’ils tombent dans la vulgarité…
    Quant à Jolies Mary, il est dans ma wish list.

    1. J’aurais beaucoup de mal à conseiller vent blanc, noir cavalier. C’est vrai que ces anachronismes sont décevants, d’autant qu’en effet ils sont vulgaires et attachés à la description du corps féminin principalement. Ca casse complètement l’ambiance ! C’est dommage.
      En revanche, j’espère que Jolies Mary te plaira, c’est un joli petit bouquin qui se lit en une soirée.

  2. Malgré son côté classique et facile, j’avoue que je suis toujours aussi tenté par L’héritage de l’esprit roi dont la couverture me fait de l’œil à chaque fois que je la vois !

    1. C’est vrai qu’elle est très attractive ! N’hésite pas à te plonger dedans, même si je n’ai pas aimé parce que j’attendais plus que ça, ce roman reste bien ficelé, agréable à lire, et j’espère qu’il te plaira !

  3. Merci pour cette franchise.
    Pour Vent blanc,noir cavalier, je passe aussi..J’avais tenté de lire L’homme dé du même auteur,très sordide,l’histoire d’un psychiatre qui joue aux dés ce qu’il va faire dans la journée. J’ai vite abandonné.
    Peut-être Gwendoline kiste.
    J’avais beaucoup aimé Le livre jaune de Michael Roch. Par contre ,pas du tout séduite par Te mawon, son dernier roman.

    1. Ah, j’avais L’homme dé en tête, mais après cette lecture et ton retour, j’ai moins envie du coup ! Merci beaucoup alors pour ton avis.
      Jolies Mary oui c’est sympa, une petite lecture d’un soir agréable. Il faut aimer les ambiances horrifiques et les réécritures de folklore.
      Sinon, Michael Roch n’est pas facile d’accès, j’avais rien compris à moi, Peter Pan, du coup je ne suis pas sûre d’avoir envie de me plonger dans son dernier effectivement. Le livre jaune était une très bonne lecture pour ma part mais difficile, pleine de références que je n’avais pas toutes.

  4. Mince, je suis navré que tu n’aies pas aimé « Grain de sable » : il m’avait vraiment plu, celui-là. Bon, ça arrive.
    Pour « Vent blanc… », merci de m’éviter de perdre mon temps, encore et toujours insuffisant.

    1. Oui, je me souviens de ta chronique, qui m’avait donné bien envie ! Mais bon, ça n’a pas marché pour moi, ce n’est pas très grave.
      Et je suis toujours ravie de te faire économiser du temps 🙂

  5. Navrée que la rencontre ne se soit pas faite avec l’héritier de l’esprit roi 😥 par contre je partage totalement ton avis sur Jolies Mary que j’ai aussi lu début du mois.

    1. Ben oui, un peu déçue aussi, j’avais bien envie, comme Grain de sable, de l’aimer celui-là, je me souviens de ton enthousiasme qui m’avait bien attirée. Mais bon, ça n’a pas trop marché, ce n’est pas très grave. C’est vraiment une question de goût. Il a déjà trouvé des mains plus accueillantes que les miennes 🙂

  6. Jolies Mary avait été une jolie lecture ! 🙂 Le Claire Krust me tentait, mais je pense que je ne vais pas me presser pour le lire, du coup.

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