Pour ce mois d’octobre et cet avis flash #5, 4 retours de lecture exclusivement féminins :
La famille de l’Hiver et le roi-fée, d’Elisabeth Ebory
La maison hantée, de Shirley Jackson
La rumeur des racines, de Julie David
L’enfant des bois, d’Annabelle Blangier
Elisabeth Ebory – La famille de l’hiver et le roi-fée
Lecture pour le Pumpkin Autumn Challenge. Menu Automne rayonnant (We’re all born naked, tolérance, inclusivité).
Le roman concourt pour le PLIB2023.
Synopsis maison
La fée Orégane et son ami Marcus, pas très heureux dans leur vie réelle, s’exilent en Faérie. Lui parce qu’il cherche l’homme qui hante ses rêves et elle parce qu’elle cherche des réponses sur ses origines.
Mais bon, en terre Sidh, on a aussi ses problèmes, et nos deux héros ne sont pas forcément non plus les bienvenus. Ils vont devoir trouver leur place, affronter les ténèbres et participer à la grande Histoire qui se profile chez les Sidh.
Mon avis flash
En bref : ras le bol des faës. J’ai la vilaine impression de lire toujours un peu la même chose avec les mêmes bonhommes et les mêmes lieux. Je n’ai pas trouvé d’originalité particulière à l’univers présent ici, du coup j’ai eu du mal à me passionner pour le récit. Le texte parsemé de fautes n’y est pas étranger, d’autant que je n’ai pas trouvé la plume extraordinaire.
L’intrigue principale mêlée aux quêtes des deux persos n’a pas réussi non plus à m’intéresser suffisamment. Les enjeux ne m’ont pas paru clairs, je n’ai pas toujours saisi ce qu’il se déroulait. Peut-être parce que ça va très vite : chapitres très nombreux et ultra courts. Pas le temps de prendre son temps; mais du coup, ça manque de profondeur. En somme, j’ai eu l’impression de lire un roman jeunesse, clairement pas ma tasse de thé.
Vous trouverez de très beaux retours de lecteurices qui ont apprécié leur lecture et en sont sortis émerveillés.
Pour moi la magie n’a pas pris, la faute à un sentiment de déjà-lu, à une intrigue que j’ai trouvée moyenne, à un récit assez classique dans sa structure, et à une écriture perfectible.
Shirley Jackson – La maison hantée
Lecture pour le Pumpkin Autumn Challenge. Menu Automne de l’étrange, catégorie Les mystérieux habitants de Pottsfield.
Synopsis maison
Hill House. Une vieille bicoque qu’on dit hantée. En tout cas, suffisamment creepy pour éloigner toute personne saine d’esprit de son giron. Il s’y passe des trucs comme qui dirait bizarres.
Mais un chercheur souhaite mener des expériences sur le paranormal dans cette maison, et invite pour cela trois énergumènes à s’associer à ses travaux.
Et hop, c’est parti pour un petit huis-clos halloweenesque… !
Avis flash
Ce roman paru en 1959 et traduit en France 20 ans plus tard est une référence de la littérature horrifique. Validée par Stephen King lui-même.
Le roman se lit vite et bien. On retrouve tous les éléments du topos de la maison hantée : un trou perdu et une maison lugubre, qui craque, aux multiples pièces et qui fait peur la nuit. Tous est là pour la mise en place du fantastique et de l’horreur : les mises en garde et les on-dit, les histoires malheureuses qui se sont déroulées en ses murs et évidemment une promesse de huis-clos angoissant… Bref, le lecteur est paré pour vivre un cauchemar, et les personnages aussi.
Parlons-en des personnages : un héritier, une femme grande enfant qui s’ennuie dans la vie et une jeune femme fragile et instable. Et évidemment le chercheur, la garantie du réel. Tout ce qu’il ne peut pas expliquer permet de basculer dans le fantastique. Sauf qu’on l’attend longtemps. Le cauchemar aussi, d’ailleurs. Parce que finalement, il se passe… ben, rien.
L’intérêt du roman réside à mon sens dans la mise en place de tout un attirail horrifique pour finalement retarder l’échéance. L’autrice s’amuse avec les attentes du lecteur et de ses personnages. La chute brutale du roman n’en est que plus intense et remarquable. La maison hantée est davantage un roman psychologique qui déplace l’horreur, de la maison aux personnages. A ce titre, j’ai adoré la narration. C’est un narrateur neutre et extérieur qui raconte le récit. Cependant, les pensées d’Eleanor se mêlent à la narration sans barrière. Cela crée un mélange de voix original et très efficace, permettant de saisir toute l’ampleur de l’instabilité du personnage.
Un roman que je suis contente d’avoir enfin lu mais qui ne me laissera pas un souvenir fracassant.
Julie David – La rumeur des racines
Un roman figurant dans mes 80 présélectionnés du PLIB2023 dans la catégorie Adulte.
Pour parfaire ses études de géologie, Louise s’installe au Japon, près de la forêt Aokigahara, la forêt des suicidés. Elle fait connaissance des lieux, des habitants, des coutumes et croyances locales. Elle s’acclimate.
Au cours de ses promenades, elle aperçoit plusieurs fois des disparus et des personnes mortes depuis longtemps. Est-elle une sorte de lien entre deux mondes ?
Avis flash
Une lecture assez courte (moins de 200 pages), conçue comme une balade. Une promenade sans précipitation, permettant d’apprécier le moment présent et de se caler sur le rythme de ce qui nous environne. C’est assez lent, mais jamais long.
La rumeur des racines nous emmène dans un monde un peu à l’écart de la civilisation, et offre une sorte de déconnexion. Le texte est à l’écoute, des racines, des voix, du passé, d’une culture qu’on ne connait pas forcément. Il nous apprend à nous taire et à écouter. Les mots sont soyeux, les dialogues et les péripéties sans brusquerie. Les rapports entre les personnages sont tout aussi doux. Le texte est éthéré, il suggère plus qu’il ne dit.
J’ai particulièrement apprécié le contraste saisissant entre Louise et son bagage scientifique et un monde plus surnaturel. Un monde dans lequel les croyances sont très ancrées dans la vie de tous les jours. Où les morts se mêlent aux vivants, qui les honorent. Où le surnaturel est davantage un signe à décoder et à intégrer dans son réel, qu’un élément à craindre et rejeter.
La rumeur des racines, c’est une invitation à voir le réel autrement, ouvrir des portes vers autre chose, et redécouvrir le merveilleux. Un roman qui m’a beaucoup plu, et dont le final amer m’a particulièrement marquée, tant il est en contraste lui aussi avec le récit. Une très bonne surprise !
Annabelle Blangier – L’enfant des bois
Autre roman figurant dans mes 80 présélectionnés du PLIB2023. Annabelle Blangier est l’autrice de Blue, et du Musicien, tous deux parus chez Magic Mirror Editions.
Synopsis maison
Lebkuchen. 6 ans après la mort présumée de la sorcière du village, une femme est retrouvée assassinée, son enfant disparu. Il se murmure que Yara, la sorcière, a été vue près du corps et revient se venger.
Adrian et Gretel sont en charge de l’enquête, aidés dans leur tâche par le Père Roland, gardien des âmes du village et en guerre contre la sorcellerie.
La chasse à la sorcière commence…
Mon avis flash
Un roman sympathique, captivant et prenant, que j’ai lu goulûment pendant à peine deux jours. Le texte est propre, fluide, efficace.
L’enfant des bois revisite le conte Hansel et Gretel des frères Grimm. Le récit se déroule à Lebkuchen (pain d’épices en allemand), près d’un bois maudit et dense, dans lequel la sorcière a établi sa maison sucrée. Des échos au conte nombreux, et parsemés comme des petits cailloux dans le roman (ici des perles).
Toutefois, le roman est plus complexe : il se place dans une sorte de continuité du conte. A une époque où l’histoire d’une sorcière mangeuse d’enfants dans sa maison en pain d’épices est racontée aux enfants pour leur faire peur et les inciter à éviter la forêt. Cependant, ce conte cache une autre vérité sur les faits déroulés 6 ans plus tôt. Il y a donc réécriture et poursuite de l’histoire avec un « après« ; deux trames que le roman imbrique pour parvenir à la découverte de ce qu’il s’est passé réellement 6 ans plus tôt.
Un roman efficace à la construction captivante, toutefois j’ai trouvé l’ambiance, les décors, l’atmosphère… trop peu marqués. J’aurai aimé ressentir le côté lugubre des bois, le malaise et la crainte liés aux lieux, pointer une dimension un peu fantastique peut-être. Mais L’enfant des bois se concentre surtout sur les personnages, que j’ai trouvé par ailleurs très stéréotypés et manquant de nuance. De fait, le roman devient rapidement assez classique, se rapprochant d’une chasse aux sorcières traditionnelle avec la confrontation habituelle religion/anciens savoirs et croyances liés à la nature.
Un roman qui m’a fait passer un bon moment, mais j’aurais aimé qu’il soit plus qu’un simple divertissement.
Un billet d’avis flash #5 plus satisfaisant que les derniers. Je retiens surtout La rumeur des racines pour son dépaysement et son côté fantastique qui m’a plu, et La maison hantée, classique du genre. Je vais d’ailleurs m’atteler à la série dérivée dont j’ai entendu beaucoup de bien, The haunting of Hill House. Avez-vous lu l’un de ces titres ? L’un d’entre eux vous donne t-il envie ?
Vu ton avis, je vais viser l’emprunt pour La famille de l’hiver et le roi-fée dont le résumé et la couverture me tentaient…
J’espère que le titre te plaira davantage qu’à moi ! N’hésite pas à lire d’autres avis, mon retour dessus est très subjectif et lié à une certaine lassitude sur le genre…
Je comprends, je commence à avoir cette lassitude avec les cosy mystery…
Je suis d’accord avec ton avis sur la Maison hantée. Par contre je réalise qu’il m’a beaucoup marqué : je m’en souviens mieux que pas mal de lectures 😅
Hé bien je comprends facilement pourquoi, il se distingue beaucoup du genre, en en étant un peu le précurseur tout en détricotant ses attributs traditionnels… Du coup, je pense qu’il va me rester en mémoire pour cela aussi !
Je suis désolée que tu n’aies pas accroché au roman d’Elisabeth Ebory. Je comprends toutefois tes arguments !
Maison hantée, si j’ai aimé le livre, je reste marquée par son adaptation (La maison du diable) qui m’avait collé une claque !
La rumeur des racines est dans ma PAL et L’enfant des bois dans ma wishlist, je le lirai sans doute l’année prochaine, à l’automne. Il a l’air moins sanglant que Blue, ce qui était ma crainte !
Oui, clairement ce n’est pas sanglant. C’est une bonne saison pour le lire l’automne 🙂 Et puis bon, de mon point de vue, ce n’est pas un chef d’œuvre (même si ça reste un bon roman), du coup il peut attendre l’an prochain sans souci.
Pour l’instant, je regarde la série adaptée de La maison hantée, c’est particulier, en fait c’est carrément une autre histoire qui n’a rien à voir. Alors je tenterai l’adaptation que tu mentionnes.
Sympa cette petite présentation. « La Maison Hantée » est effectivement un classique que j’ai déjà lu et qui me laisse, encore et toujours, un agréable souvenir. « La Famille du Roi-Fée » ne m’a jamais trop tenté. Les 2 autres par contre, me bottent pas mal, mais j’ai peur d’être un peu déçue par « L’enfant des Bois » car je risque, comme toi, d’en attendre trop de cette forêt que je souhaiterais à la fois sombre et délicate comme un bonbon.
Je te remercie 🙂 Je viens de finir l’adaptation en série de la maison hantée, j’étais très surprise au départ parce que ça ne reprend quasiment rien du livre mais j’ai trouvé les acteurs excellents, et j’ai bien accroché à l’ambiance. Sinon, l’enfant des bois est un bon titre, mais oui, petite déception sur l’ambiance du bois que j’aurais aimé plus marquante; j’ai eu la sensation que le roman se concentrait davantage sur les personnages et l’intrigue. Dans ce cas, peut-être que Le bois écarlate te plairait ? Je ne sais pas si tu l’as lu, j’ai vu que tu l’avais mis dans tes 80 et de ce que tu dis, « forêt sombre et délicate comme un bonbon » ça me semble convenir à la perfection 🙂