Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle pause café #40 ! (40, déjà !) Une pause café qui ravira certainement les auteurices qui me suivent ici, parce que ce matin, on va parler écriture. Ce sera une Pause café un peu particulière parce que je n’écris pas moi-même, donc ce matin je vous propose des réflexions en vrac, pas très abouties parce que je n’ai pas vraiment d’avis sur la question. J’ai très envie de connaître votre rapport à la lecture en tant qu’écrivain et de savoir comment vous est venue l’envie de prendre la plume.
Je n’ai pas toujours aimé lire, mais je n’ai jamais voulu écrire
C’est une question que l’on me pose très souvent depuis que je blogue. Je suis une assez grosse lectrice depuis trois ans. Assez régulièrement donc, en salon et en festival, on me demande : « mais tu lis beaucoup ! Tu écris aussi ? » Quand je réponds non, j’ai beaucoup de regards surpris.
Alors quand je parle « d’écrire », vous voyez de quoi je veux parler. Pas de chroniques sur le blog évidemment. Plutôt de ce travail d’écriture qui débouche sur un roman, une pièce de théâtre, une œuvre poétique ou un essai… Bref, une œuvre littéraire issue d’un processus créatif.
Et donc non, je n’écris pas. D’abord parce que mon cerveau n’est pas fait pour ça. Je suis totalement dépourvue d’imagination et mon esprit est rempli de pensées fonctionnelles. Voyez-le comme un Système d’Archivage Electronique géant. Ce qui explique pourquoi je suis aussi bon public devant mes bouquins. (Si si, je suis bon public). Mais aussi pourquoi je galère à me représenter les choses mentalement quand il n’y a pas de descriptions. Pour moi un mot est un mot, pas une image, il ne représente rien d’autre que lui-même.
Je n’ai également aucun talent pour raconter, mettre en scène, inventer quelque chose par écrit. Tout au plus sais-je raconter à l’oral une scène qui m’a paru ubuesque et je sais faire rire la personne en face de moi à grand renfort d’exagération et de mimiques, mais ça s’arrête là.
Je n’ai par ailleurs aucune envie d’apprendre le métier, tant ça détruit dans mon esprit l’image (bidon je sais) de l’écrivain génie qui écoute sa Muse. Je préfère la magie même si c’est bidon.
Enfin, je considère que ce n’est pas une grosse perte, tant le marché est saturé de nouvelles productions chaque jour. Je ne vais pas en rajouter une couche supplémentaire.
Autrement dit, je ne vois pas la lecture comme un tremplin vers l’écriture.
Un écrivain est-il un lecteur ?
Maintenant, est-ce que pour être écrivain, il faut lire et être un lecteur actif ?
Ca peut faire sens en effet. Lire enrichit le vocabulaire, élargit les horizons, développe l’empathie et favorise l’imaginaire. (Enfin, ça c’est en théorie. Personnellement, je ne me sens pas plus empathique depuis que je lis, et mon imagination est toujours aussi aux abonnées absentes. Mais bref.) Et donc on peut en effet penser que la lecture donne envie à chacun de s’exprimer à sa façon. Ca va avec l’idée que certaines personnes prennent la plume pour écrire les textes qu’elles auraient aimé lire étant jeunes (ou maintenant), et ceux qui n’existent pas encore. Un regard, une sensibilité, un point de vue, une idée… nouvelle.
Mais aussi novatrice soit-elle, une idée dépendra toujours du regard de son créateur, de son point de vue, de son environnement. Selon moi, un écrivain est un produit de son époque qu’il traduit, même s’il souhaite s’en détacher. Et il n’est pas rare que l’on constate dans un bouquin tous les liens que celui-ci peut entretenir avec d’autres, preuve que lecture et écriture son intimement liées. Je vois plusieurs cas de figure :
- Le cas des réécritures. En imaginaire, la maison Magic Mirror est par exemple spécialisée en réécriture de contes. Là, difficile d’écrire sans avoir lu le conte d’origine, ni peut-être ses différentes adaptations ;
- Les textes qui jouent avec l’intertextualité, ce jeu de références, clins d’œil à d’autres œuvres de l’esprit ;
- Il a aussi des tournures, expressions et tics de langage propres à certains genres. Hier matin, je lisais un texte d’urban fantasy et je suis tombée sur ça : « ses biceps roulaient sous sa chemise ». Outre le fait que ça ne veuille rien dire (et que c’est terriblement ridicule et mauvais), c’est typique de ce genre de textes ; ça vient directement d’une lecture que l’autrice a faite dans le même genre. Forcément. On sent là l’influence évidente de la lecture; ça ne s’invente pas un truc pareil.
Mais plus largement, beaucoup d’écrivains lisent avant et pendant qu’ils écrivent. Par exemple des ouvrages théoriques sur plein de sujets différents, pour ne pas raconter n’importe quoi. Ou d’autres textes sur une thématique similaire, pour éviter une trop grande similarité. Par exemple, les textes de SF à la mode en ce moment sont des post-apo climatiques; j’imagine qu’il est préférable d’avoir un œil vigilant sur ce qui sort histoire de ne pas faire une redite du bouquin de Machinette, sorti il y a trois jours.
Je dirais même qu’un texte s’insère de toute façon dans une culture, une tradition, une mode, passée ou contemporaine, et ce même quand il veut s’en éloigner. Jouer avec les codes d’un genre, pour se les réapproprier ou les détourner, implique de connaître le genre en question, ses grandes productions, ses lignes de force, ses blancs… Bref d’avoir lu.
En cela, on pourrait penser que la lecture est indispensable pour écrire. Mais…
Ecrire sans lire
Mais je pense que tout cela dépend vraiment de chacun, en fait. Je ne suis pas persuadée qu’un bon écrivain doive être forcément un lecteur. Encore moins qu’un bon lecteur fera un bon écrivain.
Lors de la conférence Seconde fondation aux Utopiales, un auditeur a demandé aux intervenants leur rapport avec cet âge d’or de la SF. Est-ce que c’était un poids, une inspiration à considérer, ou quelque chose qu’ils occultaient complètement quand ils écrivaient. Je n’ai plus aucun souvenir des réponses. C’est ballot, hein, ça m’apprendra à ne pas prendre de notes. Mais ça a le mérite d’introduire mon idée : n’est-il pas préférable d’écrire à l’écart de tout, sans être pollué par son environnement, ses lectures, son bagage culturel ? De créer une sorte de vide pour laisser ses propres idées émerger ? Avoir trop de références en tête ne serait-il pas plus bloquant qu’autre chose ? L’originalité n’a-t-elle pas plus de chances de naître si on se détache au maximum du reste ? Je n’en ai aucune idée, je vous laisse me dire ce que vous en pensez.
D’autre part, beaucoup d’écrivains ont d’autres sources d’inspiration que la lecture. A commencer par les arts visuels : séries et films. Avec les réseaux, il y a aussi une grande tendance aux inspirations plastiques : je vois passer pas mal de moodboards sur Instagram, dans lesquels les auteurices mettent en images ce qu’ils ont en tête pour leurs textes. J’aime bien ce genre de tableaux, pour moi qui n’ai aucune imagination cela me permet de mettre des images sur les mots. Il me semble que pas mal d’auteurices utilisent par exemple Pinterest à cet effet.
La lecture, l’écriture et vous
Je termine ici mes quelques réflexions pas du tout poussées sur le sujet. Je ne suis pas certaine qu’elles pourront s’étoffer davantage, n’étant pas moi-même écrivaine.
C’est pourquoi je vous laisse la parole plus largement. J’aimerais savoir comment vous voyez les choses, quel est votre rapport à la lecture et à l’écriture.
Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir écrire ? Est-ce que c’est la lecture, ou autre chose ? La lecture est-elle une source d’inspiration pour vous ? Ou au contraire cela vous bloque-t-il ? Faites-vous partie de celles et ceux qui doivent arrêter de lire pendant qu’ils écrivent ? Ou alors lire un tout autre genre de ce que vous êtes en train d’écrire ?
Avez-vous déjà dû lire des ouvrages théoriques ou de vulgarisation pour développer un concept ou une technologie dans vos bouquins ? Dans quoi êtes-vous devenus experts ? 🙂 Avez-vous une anecdote rigolote à partager sur ce sujet, par exemple une recherche particulièrement cocasse ?
Est-ce que vous conseilleriez à quelqu’un qui voudrait « se mettre » à écrire de lire ? Pensez-vous que la lecture est un tremplin vers l’écriture ? Quelles sont selon vous les compétences nécessaires qui font un bon écrivain ? (Et ce qui fait un mauvais écrivain si vous voulez, même si on sait qu’un mauvais écrivain, il écrit des mots et puis voilà, mais qu’un bon écrivain écrit aussi des mots, mais c’est un bon écrivain ?)
Et pendant qu’on y est, comment apprenez-vous au quotidien ? Je veux dire, comment faites-vous pour vous « améliorer », affûter votre plume ? Faire mûrir votre style ?
C’est la fin de cette Pause Café #40. J’espère qu’elle vous a plu, même si elle est moins dense et moins documentée. J’espère que cela vous aura néanmoins donné envie de partager votre point de vue et votre expérience, parce que c’est un sujet qui me trotte dans la tête depuis un petit moment. J’aurai plaisir à vous lire comme toujours ! Je vous souhaite un bon samedi et à demain pour un nouveau numéro de Premières lignes 🙂
Encore un billet super intéressant ! Pour ma part, j’ai commencé à écrire au moment où je commençais à lire : j’ai toujours fait les deux en parallèle. Petite, j’adorais raconter des histoires et j’écrivais des albums illustrés avec très peu de texte au début, puis peu à peu, au fur et à mesure du développement de mes capacités de lectrice, le dessin a cédé la place à l’image (aujourd’hui, je ne dessine quasiment plus). Je pense donc qu’écrire et lire sont deux choses différentes, mais complémentaires : si on peut lire sans écrire, je crois qu’il est impossible d’écrire sans lire, et que ceux qui prétendent ne pas lire du tout sont de mauvais auteurs… Oups, je l’ai dit ! Eh oui. C’est comme un musicien qui n’écoute pas de musique, ou un peintre qui ne regarde que ses tableaux… Là, je ne parle même pas de culture ou d’intersexualité, mais juste de la capacité à manier la langue écrite, qui ne peut venir que si on a beaucoup étudié les textes (de manière passive ou active). Je ne parle pas non plus de genre de lecture, même s’il y a une corrélation au résultat : un auteur de SF lira beaucoup de SF, un auteur de romance beaucoup de romance, etc. : c’est toujours lire. Est-ce qu’on peut écrire dans un genre qu’on ne lit pas ? Voilà une autre question…
Merci pour ton retour d’expérience 🙂 Tu sais qu’il n’y a pas de jugement ici, tu peux écrire et partager tes points de vue même s’ils semblent scandaleux à première vue ou contraires à la « bonne » pensée ^^ Et j’aime toujours ta façon de voir les choses et de les exprimer. Ca rompt un peu la monotonie de la pensée consensuelle 🙂
Je comprends ton point de vue d’ailleurs; autant je ne suis pas certaine que lire permettra d’accroître un imaginaire et donnera de l’inspiration, autant pour affûter sa plume, enrichir son vocabulaire, améliorer son style, maîtriser davantage la langue et ses trésors de tournures/images/expressions… dans mon esprit cela passe effectivement par la lecture. Encore que, je me demande dans quelle mesure cela est vrai, quand je lis des chroniques de lecteurices écrits dans un français approximatif alors qu’iels sont de gros lecteurs, cela me laisse vraiment perplexe. Mais bon, c’est un autre sujet.
Oui, peut-on écrire de tout ? je ne sais pas; chaque genre a tellement ses codes et ses schémas. Par ex. écrire du polar nécessite quand même des bases dans la maîtrise du suspense, une certaine vraisemblance dans le déroulé de l’enquête etc. Je prends le polar mais ça peut être chaque genre pareil. D’un autre côté, sans connaissance d’un genre, on arriverait peut-être à un truc un peu olni ? (ou nul – ou raté). bref, oui la question se pose. Quel genre te semble le plus éloigné de toi ? te verrais-tu écrire dans celui-ci ?
(et question personnelle : penses-tu te remettre au dessin un jour, ou c’est un mode d’expression qui ne te correspond plus du tout ?)
merci encore pour ton passage 🙂
Honnêtement, il n’y a aucun genre dans lequel je ne me vois pas écrire. Il y a quelques années, j’aurais dit la romance ou la littérature blanche, mais finalement, je me suis mise aux deux… après, rien ne dit que j’en maîtrise les codes ! Là dessus, je rejoins un peu le commentaire de Morgane ci-dessous (je suis souvent d’accord avec elle d’ailleurs ^^): j’écris de la romance sans en lire, de l’érotique sans en lire non plus… Je lisais pas mal de polar à une époque mais au final je n’ai jamais rien écrit de 100% polar, et je lis beaucoup de SF mais je n’ai peut-être pas non plus de roman qui corresponde à ce qu’un éditeur de SF aujourd’hui appellerait SF… Je pense que quand on écrit pour se faire plaisir (et c’est mon cas), on se moque de ces barrières ! Et c’est ce qui produit des « OLNI » (ou plutôt, du « n’importe quoi ») que l’édition s’empresse de sabrer…! Mais c’est un autre sujet 🙂
Pour le dessin, je continue un peu mollement, mais sans trop de conviction depuis la révolution numérique. J’aime bien les trucs un peu « organiques » (avec du papier, de l’encre, de la peinture) et ça passe moins bien à l’écran que le digital, alors je ne partage pas. Et ça reste très amateur… mais je n’ai pas complètement arrêté ! 🙂
Ecrire dans un genre qu’on ne maîtrise pas serait ainsi une manière de faire sauter les frontières entre les genres et à gagner en liberté d’écriture, d’imagination et de production, alors. C’est intéressant, je n’avais pas imaginé les choses comme ça du tout. Je partais plutôt du principe qu’il valait mieux connaître un genre, ses codes et ses habitudes pour pouvoir mieux s’en éloigner sciemment. Peut-être que les deux techniques se valent, d’ailleurs…
Je comprends ta préférence pour le papier et les vrais crayons… et ton envie de le garder pour toi. On n’est pas toujours obligé de partager tout ce qu’on fait non plus 🙂
Un billet intéressant, merci !
Je me souviens de ce film, Angel (pas la série…), sur une jeune écrivaine qui clamait bien haut et fort qu’elle n’aimait pas lire, ce qui ne l’empêchait pas d’être géniale. Bon, c’est un film, mais la question m’avait marquée.
A titre personnel, j’écris depuis que je sais lire et je lis depuis que je sais écrire, les deux sont liés depuis mes plus tendres années, et j’ai grandi au milieu des livres. C’est une explication de mon appétence pour la littérature, et aussi un marqueur de classe sociale assez douloureux… Les chances ne sont pas les mêmes pour toutes et tous et que les personnes qui grandissent dans un milieu culturel ont un avantage certain, ce que l’école parvient difficilement à gommer. Cela ne suffit pas, mais c’est déjà à prendre en compte.
Parmi les écrivaines chères à mon cœur, toutes sont de grandes lectrices ou l’ont été, sans exception. Chez Noir d’Absinthe, par exemple, je ne connais pas une personne qui ne lise pas.
Lire ne suffit pas pour devenir écrivain ou écrivaine, mais sans, je pense que les chances sont des plus limitées. Cela dit, écrire ne suffit pas pour devenir écrivain et écrivaine non plus, mais ça, c’est un autre débat…
En revanche, pour ce qui est des genres littéraires, je pense que la lecture desdits genres, surtout quand elle est exclusive, est un frein et non un atout. C’est comme cela que l’on en vient à avoir des copier/coller sans saveurs, ou toute une ribambelle d’œuvres inspirées de celles qui ont initié un mouvement ou un genre littéraire, le plus souvent sans s’en détacher. J’aimerais lire de la fantasy de personnes qui n’en ont jamais lu et qui ne connaissent pas Tolkien, ce serait rafraichissant…
De mon côté, j’ai écrit de la romance sans en avoir jamais lu, de l’érotique sans en avoir jamais lu, du jeune adulte sans en avoir lu depuis mon adolescence, du jeunesse sans en avoir lu ou presque, et cela ne m’a pas nui outre mesure. Au contraire, ça a été plutôt facile, alors que pour la fantasy ou la SF, les codes des genres étaient encombrants…
De même, si j’écris de la poésie comme je le fais à présent, c’est parce que des œuvres ont permis de me débloquer et d’explorer autre chose que ce qui était trop rigoureux et enfermant. Je suis ainsi plus intéressée par les textes qui sortent de l’habituel ou qui initient des mouvements que ceux qui s’y inscrivent dans un respect total sans rien apporter de plus et qui, soyons claires, sont myriades…
La question est donc assez complexe et je n’ai pas de réponse ferme et définitive…
Je vois ce que tu veux dire et je rejoins ton point de vue sur l’utilité de la lecture mais aussi sur le fait que lire ne fait pas un bon écrivain.
J’ai envie d’être d’accord avec toi sur le frein que pourrait représenter une trop grosse connaissance d’un genre, qui briderait l’imagination, et enfermerait dans des codes rigides, amenant à recréer ce qui a déjà été fait, en tiédi. Et tu cites Tolkien, je crois qu’on en a déjà parlé ensemble : il me semble qu’on tombait d’accord sur l’idée qu’il a porté le genre très haut et l’a tué en même temps.
Mais d’un autre côté, s’approprier des codes et des règles d’un genre pour les détourner peut amener qqch de nouveau; et puis aussi je me demande : comment on écrit un polar sans connaître quoique ce soit au genre ? Je choisis tjr cet exemple parce que cela me semble le plus difficile à écrire comme ça de but en blanc. Remarque, ça pourrait donner qqch d’intéressant -ou de nul ? de raté ?) –> ce sont exactement les questions que je posais à Lotte sur sa question finale dans son commentaire. Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse, et encore moins sachant que je n’écris pas, mais ça me paraît casse-gueule.
Et il n’est pas donné à tout le monde d’initier un mouvement ou d’écrire un truc incroyablement original et inhabituel; d’ailleurs, est-ce qu’on peut encore écrire qqch aujd qui n’a pas déjà été fait ? Et si la réponse à la 1e question est « en effet, tout le monde ne peut pas être un artiste à ce point », ça limiterait quand même drastiquement le nombre de publications annuelles si on ne s’en tenait qu’à cela ^^
Par rapport au polar, je vais te citer Zhaodi. Sarah lit énormément de thrillers, alors que j’en ai lus deux ou trois quand j’étais ado (pas zéro, certes…). En revanche, je connais très bien le film noir et le thriller asiatique au cinéma.
J’ai écrit Sextape sans avoir lu une seule romance, je n’aime pas ça, mais j’ai déjà vu des œuvres cinématographiques parlant d’amour. Est-ce que ça compense ? Sans doute…
Malgré tout, je ne suis pas une lectrice de plusieurs genres que j’écris. Je pense que les genres sont une fumisterie. Ecrire de la SF c’est comme écrire de la romance et c’est comme écrire du contemporain : on ne parle toujours que de soi et de l’humain, et les techniques narratives sont exactement les mêmes. C’est sans doute pour ça aujourd’hui que j’écris des choses qui ne rentrent même plus dans des genres…
Quant à l’originalité, on s’en contrefout, ça n’a pas la moindre importance. Shakespeare n’était pas original, les sujets qu’il aborde étaient dans toutes les pièces de l’époque. Ce qui compte, c’est l’authenticité, et je pense que c’est l’authenticité qui apporte in fine l’originalité, car chaque être possède une vue unique sur le monde, un regard propre, et c’est quand ce regard est poussé à son paroxysme, médusé et médusant, que peut émerger quelque chose de différent, que cela lance ou non un mouvement (mais vu l’éclatement des littératures aujourd’hui, c’est évidemment bien plus compliqué que par le passé, où peu d’écrivains se rassemblaient et créaient ensemble…)
Tu rejoins Lotte dans ton rapport aux genres, et Franck dans ce que tu appelles authenticité; il parlait aussi de ce regard unique porté sur les choses, sur la sensibilité de chacun qui amène à qqch d’unique. Et je lui répondais justement que c’était peut-être ça qui amenait alors chaque œuvre à se distinguer des autres (ce que j’appelle originalité).
C’est assez rigolo parce qu’au final, il me semble que beaucoup de lecteurs attendent justement que les barrières entre les genres tombent; on est beaucoup à chercher, dans les romans, qqch qui brouille les frontières, s’amuse avec les lignes, fassent sauter les codes et les cadres pour proposer qqch d’assez inattendu. Je ne sais pas trop pourquoi alors ces barrières demeurent toujours et à qui elles profitent; visiblement, pas aux auteurs, pas aux lecteurs non plus. Je doute que ce soit juste qqch qui vienne d’un cadre académique, puisque celui-ci se fout de l’imaginaire; bref, si tout le monde veut casser les genres, pourquoi sont-ils toujours là à coincer les auteurs qui veulent écrire ?
Merci pour ces réflexions, fort intéressantes comme d’habitude.
Pour ma part, je suis comme toi : je lis mais n’écris pas. Déjà, je trouve qu’il y a trop de textes publiés et, surtout, trop de textes qui se ressemblent. Quand un genre fonctionne, il pleut des dizaines et des dizaines de récits du même genre, qui finissent par lasser. Et je pense vraiment que trop de personnes veulent à tout prix publier. Résultat : certains bouquins sont à peine lus. Parce qu’ils ne sont pas très bons. Mais aussi parce que, malgré leurs évidentes qualités, il n’y a pas suffisamment de lecteurices. Avec l’auto-édition, ce phénomène explose. Et autant on trouve quelques pépites, autant, souvent, c’est difficile à lire. Selon mes goûts en tout cas.
Je suis à 300% d’accord avec toi… Le problème peut-être vient du fait que beaucoup de gens pensent, à tort, qu’il est facile d’écrire; or, écrire est un métier rude; je vois un peu l’écriture d’un texte comme un marathon, avec plusieurs étapes toutes aussi exigeantes et techniquement difficiles les unes que les autres.
Mais c’est évident que production qui augmente avec lectorat qui stagne = des bouquins de moins en moins lus et le phénomène de mode c’est effectivement fatigant à la longue…
Allez, je réponds aux questions:
– Ce qui m’a poussé à écrire : une voix en moi qui en découvrant le plaisir de la lecture m’a dit : vas-y, écris, les histoires peuvent servir à exorciser les questions qui te hantent. La puissance évocatrice et émotionnelle des histoires est immense et c’est une sorte de quête de dépassement de soi que d’essayer d’en créer. Écrire est un plaisir.
C’est aussi l’idée qu’à travers des mots dans un livre, on peut partager des idées et des émotions et ceci à travers l’espace et le temps, cela a un côté magique, je trouve.
– J’ai découvert que plus je lis et plus je suis original, mais rappelons que l’originalité est une quête un peu vaine, qui peut être paralysante aussi quand on écrit, l’idée de performance créative peut gâcher le plaisir : « tu dois être original », une injonction de merde (comme toutes les injonctions.)
– Je lis pas mal de livres théoriques, des essais, des publications, j’adore les recherches. Plutôt calé en Scandinavie médiévale (7-10ème siècle). Expert en plein de petits trucs pas utiles, exemple : il faut 5 heures à une personne du néolithique pour graver l’équivalent de la surface d’une main sur du granit (je ne savais pas quoi faire de cette info, elle est pour vous.)
– Je ne conseille rien à celui ou celle qui veut se mettre à écrire, il y a déjà bien assez de monde qui le fait comme ça ! 😂
– Et pour affûter sa plume : c’est en forgeant qu’on devient forgeron, donc : écrire. Et bêta-lire des textes aussi, c’est super formateur.
PS : il existe sans doute des auteurices qui ne lisent pas et qui écrivent bien, mais j’ai du mal à imaginer un musicien qui n’aimerait pas la musique, alors quelqu’un qui écrit qui n’aime pas lire ça me semble étrange.
Pardon de te répondre seulement maintenant, le début de semaine a épuisant, comme un éléphant qui te tombe dessus, tu vois ? Bref, avec 30 ans de retard, je réponds à ton commentaire et te remercie d’avoir partagé ton retour ici !
Je vois que l’écriture a une double fonction pour toi, te faire plaisir et exorciser qqch; tu as un lien très intime avec tes écrits j’imagine alors. Comme tout un chacun, peut-être, mais de la manière dont tu en parles, cela me semble très personnel et intime.
J’imagine bien que l’idée de faire original et jamais écrit doit représenter une pression énorme. Je n’y avais jamais pensé…
Et oui, comme toi j’ai du mal à imaginer qu’une personne qui écrit ne lise pas ou n’aime pas ça; mais bon, comme d’autres l’ont fait remarquer en commentaires, il y a énormément d’autres sources d’inspirations, peut-être qu’il y a des gens qui s’inspirent de musique ou d’arts visuels pour écrire ? Ca pourrait être intéressant de voir ce que ça donne. Un truc super nul ou une pépite transcendantale ?
Merci pour le partage du fruits de tes recherches ^^ figure-toi que j’ai lu ton commentaire samedi et que j’ai gardé cette précieuse information en tête 😀 Calé en Scandinavie médiévale du fait d’un de tes textes qui s’y déroule ou c’est tout à fait indépendant et c’est une période qui te passionne en tant que telle ?
Merci encore pour ton retour et le partage de tes ressentis et expériences ! Tu es donc bêta lecteur si je lis entre les lignes ? Ca ne doit pas être facile non plus en tant qu’auteur soi-même de beta-lire un collègue. Mais d’un autre côté, avec l’œil de l’écrivain c’est peut-être plus facile à faire qu’un beta lecteur qui ne serait que lecteur; et peut-être aussi qu’il y aurait plus de bienveillance dans les remarques, aussi… J’en ai déjà fait quelques unes et à chaque fois quand j’y repense je me dis que j’ai été peut-être trop brutale 🙁
Alors. D’abord tu réponds quand tu veux (peux), il ne faut pas se lettre une telle pression, l’enjeu étant très limité. 😉
Dans mon cas, oui, l’écriture est un sujet profondément intime. je crois que c’st en étant le plus sincère et le plus subjectif possible qu’on arrive à une sorte d’universalisme et qu’on peut toucher le lectorat.
La quête de l’originalité est une cause de souffrance et d’abandon pour beaucoup d’auteurices et ça éveille souvent son syndrome de l’imposteur.
On est d’accord que la lecture n’est pas la seule source d’inspiration (et heureusement), la musique, la peinture, les séries, le ciné, les BD, et même juste une après-midi dans un salon de thé peuvent être moteur de l’inspiration. Vivre est inspirant. Je doute aussi qu’un/e auteurice ne puisse être inspiré/e que par la lecture.
Pour la Scandinavie médiévale, ça m’intéresse depuis toujours, mais j’ai fait beaucoup de recherche pour un roman qui restera dans mon tiroir (car c’est de la merde). Ce texte m’aura juste permis d’améliorer mon écriture (même s’il représente 3 ans de travail…)
Le fait d’écrire soi-même pour bêta lire c’est utile pour cibler des problèmes technique, pour réussir à expliquer à l’autre ce qui cloche. C’est plus facile pour un maçon d’expliquer à un autre maçon pourquoi ce mur est mal foutu. Et aussi on ne voit pas les mêmes problèmes que le lectorat classique. Est-on davantage bienveillant ? Je ne crois pas, ça dépend des gens. Disons qu’on arrive plus facilement à se mettre à la place de l’autre, mais si on est exigeant avec soi-même on peut être aussi assez tranchant avec les autres. Personnellement, je choisis avec soin les personnes que je bêta lis, je veux être sûr que mes remarques ne seront pas source de vexation (je suis un bêta-lecteur cruel). Car quand on bêta-lit on ne critique pas l’auteurice, mais le texte et uniquement le texte.
J’ai beaucoup de mal à t’imaginer BL cruel ! Cela dit, quand je lis ce que tu dis de ton premier roman, bon… Enfin, tu me répondras sûrement que c’est lucide.
Je sais qu’on ne critique pas l’auteurice, mais je me suis dit, après coup, que si j’avais été à la place de l’auteurice que j’avais bêta-lu, j’aurais serré les dents à chaque remarque, bienveillante ou pas. Pas sûre de pouvoir supporter vraiment bien la critique, ce qui est aussi une raison pour laquelle je n’écris pas d’ailleurs. Ca doit être vraiment difficile de soumettre son texte à un regard extérieur.
Alors peut-être que l’originalité vient de ce rapport intime à l’écrit et à ce que qqun raconte, finalement.
C’est marrant, la vie ne m’inspire pas spécialement; enfin, celle de tous les jours, quoi; je n’y trouve pas souvent de magie, ni de pétillant, ni beaucoup de beau non plus, tout simplement. Après, bon, si je devais tout plaquer et partir faire le tour du monde, pour observer à ma guise les beautés du monde sans humains autour, je ne dis pas, je trouverais cela fort inspirant aussi – mais on ne peut malheureusement pas faire ça tous les jours ^^
La lecture est justement pour moi cette échappatoire. Difficile d’ailleurs de revenir sur Terre ensuite. Je suis donc assez curieuse de savoir ce qu’on peut bien tirer comme source d’inspiration dans la vie. Cela dit, quand j’y réfléchis, tous les bouquins s’inspirent du réel…
Tout d’abord, bravo pour ce 40ème numéro de Pause Café 🙂
C’est un vaste sujet que tu proposes là et finalement mon ressenti rejoint assez bien le tien. J’aime lire mais écrire un roman ou une nouvelle ne m’intéresse pas. Pourtant mon prof de français au lycée m’encourageait souvent dans ce sens lors des rédactions, mais c’était bien plus facile avec un sujet de départ que l’on avait étudié pendant des heures auparavant. Mais même si des petites idées me viendrait aujourd’hui, le fait d’écrire ne me correspond pas, mes idées partent aussi vite qu’elle viennent, et quitte à les exprimer je préfère la musique ou le dessin. Bon, ça manque de pratique mais ce ne sont que des petites réalisations perso sans bu d’être visionné donc ça me convient très bien. Bref, je raconte ma vie mais c’est pour rebondir sur le fait aussi que certains auteurs lisent peu car ils s’inspirent d’autres formes d’art, comme la peinture, l’audio-visuel, ou même la nature, chacun perçoit l’art à sa façon et ce qui nous offre toute cette diversité. 😊 Tout ça pour conclure que, je pense qu’il y a finalement autant de manière d’entreprendre l’écriture, qu’il n’y a d’auteur et de lecteur. Merci pour ce chouette rendez-vous ! 😉
Je suis tout à fait d’accord avec toi sur la manière dont on s’approprie les choses et une culture artistique, qui a énormément de pans, elle ne se limite pas à la littérature en effet ! D’ailleurs merci pour le partage de ton expérience et de la manière avec laquelle tu exprimes tes ressentis et émotions. Je ne suis pas douée pour le dessin mais j’aime bcp la musique, même si je préfère aujd l’écouter, ce qui me procure beaucoup plus d’émotions que lorsque j’en faisais.
Et oui, il y autant d’écrivains que de façons d’écrire, ce qui donne finalement des œuvres très personnelles au bout du compte !
Je suis contente que ce numéro t’ait plu, merci beaucoup d’être venue pour partager un peu ton ressenti là-dessus 🙂
Avec plaisir pour ce partage, merci à toi d’ouvrir la conversation sur de si bons sujets ! Et pour toutes les pistes de réflexion que tu nous transmets. 🙂 Par curiosité, tu jouais de quoi en musique ? 😊
J’ai fait du hautbois une dizaine d’années. J’ai eu la chance de jouer dans un orchestre plusieurs années, c’était super, j’ai de très bons souvenirs (bon les soirées solfège un peu moins). Je l’ai toujours mon hautbois, mes parents me l’ont offert quand j’étais jeune; mais le bois a gonflé et s’est fendu avec les changements de température, de ce fait il n’est plus utilisable 🙁 Et puis les hanches de hautbois c’est un enfer, je ne saurais pas m’en refaire. Si un jour je refais de la musique, ce sera de la clarinette 🙂
Et toi tu es une musicienne aussi ? Tu joues d’un instrument ?
Oh bravo, ça devait être super sympa de participer à un orchestre en plus 😃 De mon côté, musicienne est bien grand mot, j’ai beaucoup moins d’expérience. J’ai pris des cours de chant pendant 3 ans, c’était vraiment un bon moyen pour relâcher la pression et mon prof était super, c’était vraiment de bons moments. Mais j’ai arrêté à la période COVID. Sinon je joue du ukulele en autodidacte, rien de très particulier mais j’adore le son de cet instrument 🥰 Et si un jour j’ai l’occasion, j’adorerais apprendre le piano ! Ce serait le top 😍
Je conçois très bien que chanter relâche la pression en effet, même si chanter « en vrai » comme tu l’as appris est plus contraignant que « chanter » comme une casserole sous la douche (mais l’effet relax est garanti aussi :D). Oh du ukulele, chouette ! C’est un instrument très mignon, en plus. Par contre, en autodidacte, mais comment tu fais ? Ca doit être super dur ! J’ai eu une guitare dans les mains une fois, et j’avais essayé de refaire les premières notes de Jeux interdits, à part casser les oreilles de mon entourage j’ai pas réussi grand chose – en fait je comprends rien aux cordes. Au moins, les bois il y a des touches ^^
J’aime bcp le piano, je comprends ton intérêt pour cet instrument. J’espère que tu auras l’occasion d’apprendre un jour 🙂
Ah les cours de chant franchement, j’avais l’impression d’avoir fait une séance d’abdos après une heure de cours, a force de travailler la respiration selon les notes à chanter. 😆 Bizarrement ça travaille aussi notre posture avec la colonne vertébrale sans même que l’on se rende compte. Mais c’est vrai, au delà de ca l’effet relaxant est là aussi sous la douche. 😁
Pour avoir essayé un peu la guitare, je n’ai jamais réussi (bon, je n’ai pas insisté plus que ça non plus) mais je trouve le ukulele beaucoup plus tendre. Les cordes sont différentes, plus souples et plus agréables je trouve. J’avais déniché un site d’un français vivant dans les îles qui proposait des astuces pour apprendre quelques bases et à force, au bout d’un mois et demi j’arrivais a faire mes premières chansons (en adaptant bien sûr), il y a pas mal d’application mobile et de sites internet qui proposent des astuces pour connaître les rythmes et accords de base. Avec un ukulele on peut vite adapter une chanson je trouve avec ces premiers éléments déjà. Après on peut apprendre des techniques plus précises pour ajouter quelques effets. Si tu veux je peux essayer de retrouver les quelques sites qui m’ont aidée 🙂
Merci, je te souhaite un jour aussi de reprendre les instruments que tu aimes et même pourquoi pas découvrir le piano 😉
Je prends rarement le temps de répondre à tes pauses café, mais les sujets sont souvent très intéressants 😊
De mon côté, j’ai toujours aimé lire, mais je n’avais pas forcément de « coup de cœur » littéraire. C’était plus un moyen d’occupation comme un autre. Et puis, j’ai lu La Roue du Temps et la Belgariade, et là je suis vraiment tombée amoureuse de la Fantasy, et je n’ai quasiment plus lu que ça. Et fatalement, mon propre Imaginaire s’en est trouvé nourri, au point où j’ai commencé à se voir jouer des scènes dans ma tête. Je n’ai jamais voulu écrire, mais j’avais envie de savoir qui étaient ces personnages que je voyais, et pourquoi il se passait ce que je voyais. A partir de là, j’ai commencé à construire cet univers, toujours sans volonté de devenir écrivain, mais plus par volonté de lire cette histoire jusqu’au bout. Sauf que de fil en aiguille, si je voulais la lire, ben il fallait que je l’écrive. Et 19 ans après, je suis toujours sur cet univers, même si l’aspect construction proprement dit est terminé (il peut y avoir des détails, mais voilà).
Du coup, en bref : la lecture a nourri mon Imaginaire, qui a fini par « déborder » au point de devenir une histoire propre, que j’ai dû écrire pour la lire.
Maintenant, je pense que la lecture est une voie « d’alimentation », mais pas forcément la seule. On est abreuvé de sources intéressantes, que ce soit des mangas, des films, des séries, des jeux vidéo, des musiques… La différence avec les romans, c’est qu’il y a l’aspect technique et une idée « d’héritage ». L’aspect technique peut se retrouver dans les autres formats, mais il y a des particularités qui sont propres au format. Quant à cette idée d’héritage, avoir une petite idée de ce qui a été fait avant, ça peut éventuellement éviter à l’auteur de réinventer l’eau chaude en ayant l’impression de découvrir un truc formidable, alors que… A l’inverse, ça peut aussi permettre de pousser plus loin ou d’explorer différemment des concepts ou des idées qu’on a lues.
Du coup je pense que c’est bien de lire pour écrire (même si on peut trouver notre Imaginaire ailleurs), et quand on écrit (de la fiction, j’entends), je pense que c’est à la base parce qu’on aime les histoires (mais l’inverse n’est pas vrai, ce n’est pas parce qu’on aime découvrir des histoires qu’on a envie d’en écrire. Ecrire, ça reste du boulot).
Par contre, je pense que ce n’est pas forcément facile. Entre les boulots, la vie sociale, la santé mentale et physique… il y a plein de raisons qui font que la lecture n’est pas forcément quelque chose de facile à faire, surtout régulièrement.
Mais maintenant, je pense que c’est un peu propre à chacun’e.
19 ans ! Tu ne te lasses pas d’être dans le même univers ? Où tu y trouves encore peut-être plein de choses à dévoiler/raconter/explorer ? Incroyable, moi qui n’ai pas une seule dose d’imaginaire en tête je suis assez bluffée par cette capacité à s’inventer un monde entier et à y rester aussi longtemps tant il regorge de nouveauté et de possibilités d’évasion.
j’aime beaucoup ton histoire, en tout cas, rien que la façon dont tu as bâti ton univers est digne d’une fiction passionnante je trouve !
Et sinon, oui écrire c’est énormément de boulot, il faut être passionné par ça et par l’idée de retravailler son texte encore et encore pour en tirer le meilleur. Je te rejoins sur l’utilité de regarder ce qui a été fait avant pour ne pas réinventer la roue. mais comme tu le pointes du doigt, un petit retourneur de temps ne ferait pas de mal pour réussir à faire tout ça !
Ouaip, ça nous rajeunit pas^^ Par contre c’est un « faites ce que je dis, pas ce que je fais », parce que clairement, c’est beaucoup de boulot pour pas un résultat pas forcément vendeur^^ Mais bon, je ne me lasse pas de l’explorer, même si des fois j’en ai marre de lire 50 fois le même tome vu le nombre de réécritures, et que j’aimerais bien écrire et lire la suite XD (bon, en vrai, les 5 premiers tomes ont eu au moins une première version, il n’y a que les tomes 6 et 7 que je n’ai jamais écrits, je les ai juste planifiés de façon globale). Après, je pense que ce sera littéralement l’œuvre de ma vie, j’ai du mal à envisager d’écrire quelque chose qui ne soit pas dans cet univers-là 😊 Mais clairement, je n’en serai pas là si je n’avais pas lu la Belgariade et la Roue du Temps à l’époque (du coup, faut que je les remercie ou que je leur en veuille ? Je suis pas sûre XD)
Un sujet très intéressant et très bien développé !
Pour moi, on devient écrivain (bon ou mauvais) à partir du moment où l’on se met à avoir envie de partager des mots et des histoires à travers les livres et que l’on commence à écrire dans ce sens.
Chaque écrivain a sa propre manière de fonctionner et la lecture peut ou non jouer un rôle et peut aussi bien être un « frein » qu’une source d’inspiration, ou les deux en même temps.
Personnellement, je me suis mis à écrire, non pas exactement quand j’ai commencé à lire, mais quand, au collège (spoiler alert, ce que j’écrivais alors était vraiment pas beau XD), j’ai découvert un genre : la fantasy. Ces univers irréels, ces aventures, ces magies et ces créatures extraordinaires me faisaient rêver. Cela dit, c’était particulièrement via les livres que j’ai fais connaissance avec ce genre, alors ils ont influencé cette envie d’écrire. Mais, des expériences de la vie ont aussi beaucoup joué dans cet exercice qui a longtemps été avant tout un genre d’exutoire. A présent, mon état d’esprit envers l’écriture a beaucoup évolué mais il reste ancré au fait que ce sont aussi les livres qui m’ont montré que l’on pouvait écrire.
Je dois dire que la lecture, même si elle est loin d’être ma seule source d’inspiration, influence beaucoup mes idées et mon style. Et je ne saurais absolument pas dire si la volonté d’écrire serait venue de la même manière qu’elle est venue à l’époque.
Et c’est vrai aussi qu’on voit de plus en plus de comptes lecteurs/lectrices sur les réseaux qui se mettent à l’écriture (c’est tout particulièrement vrai en ce moment, en plein NaNoWriMo), d’où l’idée que peuvent se faire les gens que tout lecteur a une part d’écrivain en lui. Mais, en même temps, je vois où tu veux en venir, je crois. La lecture seule n’est pas toujours une raison suffisante, ou une raison tout court, de vouloir se mettre à écrire.
… tout comme la lecture peut servir ou non un intérêt dans l’écriture.
L’écriture comme un partage : oui c’est une belle façon de voir les choses en effet !
Tu as raison, le rapport à l’écriture est quelque chose de très personnel finalement; il y a autant d’écrivains que de façons d’écrire, de méthodes etc. Tu pointes aussi du doigt qqch de très vrai : l’idée que beaucoup de gens pensent qu’il est facile d’écrire. Ca s’est bcp démocratisé, et tant mieux, mais je me demande si la profession n’en pâtit pas un peu, tout de même – car écrire est un métier à part entière, c’est pas juste aligner des mots sur le papier; c’est surtout un énorme boulot de relecture, correction, remise en question, réflexion, travail sur le style, la cohérence… Je ne sais pas où vous trouvez le temps et l’énergie pour faire tout ça, souvent de manière assez isolée en plus. Non, tout le monde ne peut pas être écrivain.
Ah la fameuse question : mais tu lis beaucoup, alors pourquoi tu n’écris pas? Comme si lecteur allait de paire avec écrivain. Personnellement, j’adorerais coucher sur le papier les histoires que mon subconscient crée quand je suis sur le point de m’endormir mais je n’ai pas le talent et l’imagination pour en faire une histoire étoffée et complète (ni le temps d’ailleurs). J’ai tout juste quelques scènes que je me repasse en boucle. Pas grave, j’ai suffisamment de quoi combler mon envie de lecture avec tous les titres qui sortent.
Comme toi, je n’ai pas le talent ni le temps pour raconter des histoires, même mes rêves qui sont des romans à eux tous seuls ^^ Et comme toi je trouve de quoi faire avec ce qui existe, pas besoin d’en rajouter 🙂
Mille ans plus tard, voilà enfin mon grain de sel pour cette Pause café au sujet passionnant !
Quand j’étais petite, et que je rêvais déjà d’être écrivain, je me rappelle être tombée sur cette citation qui disait « tout lecteur est un écrivain qui s’ignore » et j’étais contente, parce que j’adorais lire, justement ! Mais, aussi, je voulais écrire.
Donc, revenons-en à ta question : pour moi, on ne devient pas forcément écrivain parce qu’on lit – de la même manière qu’on ne devient pas pâtisser parce qu’on aime manger des gâteaux, ou cinéaste parce qu’on est cinéphile.
En revanche, il me paraît impensable d’envisager d’écrire sans lire. Comme on ne peut devenir pâtissier sans goûter ses créations, ou réalisateur sans avoir vu de films. Lire permet un apprentissage de son art, ne serait-ce que la base (orthographe, grammaire, typographie…). Lire permet de voir comment sont structurés les récits. Sans pour autant lire dans une optique d’apprendre : je ne compte plus le nombre de fois où, alors que je butais sur un obstacle dans l’écriture d’un de mes romans, le fait de lire – pour le plaisir et des histoires qui n’avaient rien à voir avec ce sur quoi j’écrivais – m’a tout d’un coup éclairée. Simplement parce qu’une partie de mon cerveau voyait de la narration à l’oeuvre, ce qui lui a permis de démêler le noeud de la mienne.
Après, faut-il lire dans le genre dans lequel on écrit ? J’ai envie de dire oui et non (ouh, la jolie réponse de Normand !). Oui si on veut éviter de réinventer l’eau chaude. En plus, c’est la meilleure façon de s’approprier les codes du genre pour mieux en jouer (si on aime ça, évidemment). Non, parce que cela peut aussi apporter un regard « neuf » sur le genre, non influencé par les classiques. Mais on peut vite tomber dans le piège de croire faire du neuf tout en enfonçant des portes ouvertes avant par d’autres auteurs, parce qu’on ne les aura pas lus…
En tout cas, pour moi on devient écrivain parce qu’on veut mettre sur papier ses histoires, pas forcément parce qu’on lit.
(j’ai l’impression d’être hyper confuse dans ma réponse ?)
Non non ce n’est pas confus, même si tu fais une réponse de Normande ^^
(désolée au passage pour ta difficulté à poster ton commentaire… je ne sais pas pourquoi tu as eu autant de mal).
Tu rejoins les différents commentaires qu’il y a eus sur ce sujet : s’approprier les codes pour mieux jouer avec, ou avoir un regard neuf (et je suis tout à fait d’accord avec ton analyse sur le fait de réinventer l’eau chaude, c’est effectivement un gros risque et ça se voit très souvent d’ailleurs !).