Silvia Moreno-Garcia – Mexican Gothic

Depuis le temps que je voyais passer ce titre ! Qui avait, a priori, tout pour me plaire. Mexican Gothic est un roman de Silvia Moreno-Garcia, publié en France chez Bragelonne en 2021. J’ai lu ce roman en format numérique. Pour écrire cette chronique, je suis allée sur le site de l’éditeur pour avoir les infos éditoriales et le synopsis, et je suis tombée sur la première de couverture. « Lovecraft rencontre les sœurs Brontë en Amérique latine » . LOL. Ah bon ? Bref, ne retardons pas le propos : j’ai détesté ce livre. J’ai fait un rejet complet. Pas à la hauteur du Royaume assassiné mais presque. Je vous préviens donc : c’est une chronique d’une lecture catastrophe.

Synopsis

 » Un manoir isolé. Un aristocrate dangereusement séduisant. Et une jeune mondaine poussée à dévoiler leurs atroces secrets.

Après avoir reçu un mystérieux appel à l’aide de sa cousine récemment mariée, Noemí Taboada se rend à High Place, un manoir isolé dans la campagne mexicaine. Elle ignore ce qu’elle va y trouver, ne connaissant ni la région ni le compagnon de sa cousine, un séduisant Anglais.

Avec ses robes chic et son rouge à lèvres, Noemí semble plus à sa place aux soirées mondaines de Mexico que dans une enquête de détective amateur. Elle n’a pourtant peur ni de l’époux de sa cousine, un homme à la fois troublant et hostile, ni du patriarche de la famille, fasciné par son invitée… ni du manoir lui-même, qui projette dans les rêves de Noemí des visions de meurtre et de sang.

Car High Place cache bien des secrets entre ses murs. Autrefois, la fortune colossale de la famille la préservait des regards indiscrets. Aujourd’hui, Noemí découvre peu à peu d’effrayantes histoires de violence et de folie.

Si elle ne s’en échappe pas très vite, elle risque fort de ne plus jamais pouvoir quitter cette demeure énigmatique… »

Mexican gothic : mexican ? Ah ?

Si on vous dit Mexican Gothic, vous vous attendez à… du Mexican, non ? Moi aussi. C’était l’une de mes attentes, d’ailleurs. Je trouvais le titre très antithétique, et j’étais justement curieuse de voir comment on pouvait réunir ces deux termes. Dans mon imaginaire, ils n’avaient rien en commun.

Verdict : Mexican Gothic n’est pas très mexican. Pas du tout, même. Car le roman offre… un manoir rempli d’anglais, de la flotte et des brumes. Avec un cimetière rempli de mousses. Bon. Pour le côté sortie de sentiers battus : caramba, c’est raté.

Malheureusement, ce n’est pas Noemi, le personnage principal, qui rattrape les choses. Elle est une caricature à elle toute seule. Très couleur locale, certes; mais elle est le stéréotype du personnage exotique vu par des yeux d’Européens colonialistes.

Première déception.

Une écriture pas extraordinaire

Vous le savez, ce que je préfère dans un roman, ce n’est pas tant l’histoire que la plume, l’écriture, l’ambiance et le langage. Si l’histoire me plaît, tant mieux, mais s’il n’y a que ça, pour moi ça reste trop léger – et donc oubliable.

Je conçois qu’une œuvre traduite enlève forcément le charme de la langue dans laquelle l’œuvre a été écrite. Certains traducteurs parviennent à transposer la magie des mots. Je pense notamment à Mathilde Montier pour les œuvres de Djeli Clark ou encore Jacques Collin pour la Trilogie d’une nuit d’hiver de Katherine Arden. Mais parfois, le texte traduit semble plat. Et alors, difficile de dire si cela provient de la traduction ou du texte en lui-même. Mais les traducteurs ne transforment pas le texte; si celui-ci est mauvais, la traduction sera difficilement exceptionnelle.

Je pense que le traducteur, Claude Mamier, a fait ici du très bon job : je n’ai relevé aucune faute majeure dans ma lecture. Mais voilà, j’ai trouvé le texte d’une platitude aussi rasoir que l’autoroute en pleine Marne (pour changer un peu). Ca se lit, bien et facilement, les mots s’enchaînent, c’est fluide, mais Dieu qu’on s’emmerde. Je parle bien du texte et juste du texte, ici. Pas de style, pas d’effets musicaux ou rythmiques, pas d’effort particulier de vocabulaire, aucune magie des mots, quelques images certes mais du déjà-vu… Bref, rien d’extra. Je pense donc que cela vient de la source. Cela dit, si quelqu’un dans la salle l’a lu en VO, je suis preneuse de son retour sur ce point.

Mais en attendant, seconde déception.

Une intrigue pas très fantastique

Je ne suis pas souvent d’accord avec cette étiquette accolée à beaucoup de romans. Le fantastique, c’est quelque chose de précis. Un fil entre réel et surnaturel. Une incapacité à choisir l’un ou l’autre, doublée d’une angoisse et d’une panique liées à cet état de fait. Dès que l’on penche d’un côté (tentative de raisonnement avec éléments découlant du monde physique réel) ou de l’autre (événements ne pouvant pas être expliqués par des raisons découlant du monde réel et acceptés comme tels dans leur nature hors du réel), on quitte le fantastique.

Or, celui-ci est génial par le jeu d’équilibriste qu’il crée. Il faut imaginer un funambule sur son fil. Une œuvre fantastique ne donne d’ailleurs jamais d’explication sur les événements produits (sinon, vous avez compris, ça casse… le fantastique). Il y a une dynamique de tension, dans le fantastique.

Ici, assez vite, on bascule de l’autre côté. Enfin assez vite. Façon de parler, parce que la première partie du roman est diablement rasoir et il ne se passe pas grand chose. Mais bref : la raison des événements et de leur nature est révélée. Elle a une source réaliste, mais prend rapidement une tonalité clairement mystique, surnaturelle. Et là, c’est fini, ce n’est plus du fantastique. Tout ce qui semble surnaturel dans un monde réel n’est pas forcément du fantastique. Cela dépend de la perception des choses.

Bref, selon moi Mexican Gothic n’est pas vraiment un roman fantastique. Mais je conçois que si l’on considère celui-ci comme quelque chose de plus large que cette définition todorovienne, ça rentre dans les cases.

Troisième déception.

Un roman gothique

Oui, clairement, c’est un roman gothique, qui reprend tous les ingrédients de la recette des grands-pères et grands-mères.

Il vous faut :

  • un manoir familial, très grand, sans électricité, avec son petit cimetière (j’imagine que c’est cela qui fait dire qu’il y a une une trace de l’esprit des sœurs Brontë, m’enfin c’est un peu léger)
  • plantez-le dans un endroit où il n’y a pas un seul plouc dans les 30 km à la ronde (la civilisation c’est le mal),
  • peuplez-le de vieux et riches aristocrates anglais pas commodes, peu loquaces, assistés de leurs esclaves leurs domestiques,
  • si possible, ajoutez des visions et des bruits douteux, des murmures et des vieilles histoires familiales super glauques chuchotées tout bas,
  • saupoudrez le tout de « hanté » par-ci par-là,
  • Puis introduisez-y un personnage complètement différent qui va peu à peu devoir abandonner sa raison pour accepter le surnaturel inexplicable (idéal pour créer un effet de rupture),
  • Et enfin, inventez un contretemps du style « grosse averse »/ »gros orage » pour coincer tout ce petit monde dans ce huis-clos.

Le premier qui devient psychopathe a perdu.

Moi qui espérais du renouveau, me voilà fort marrie.

Quatrième déception.

Des personnages ridicules

Je conçois que je ne fais pas dans la demi-mesure, et j’en suis navrée. Ce n’est pas par envie gratuite de détruire le livre, croyez-le bien. Et je peux vous dire que cette chronique, elle m’a donné du fil à retordre.

Mais ce roman manque de finesse, de nuance. Les personnages sont des caricatures ambulantes.

Noemi : la jeune frivole, incasable, pourrie et gâtée, qui joue avec les hommes. Déjà ça, ça me lasse puissance 1000. On parle de ses robes, de sa couleur de peau cuivrée, de ses cheveux bruns, de ses talons mais à part ça… Intellectuellement, elle ne semble pas avoir un QI d’huître mais à part s’étendre sur son papillonage d’étudiante, il n’y a pas grand chose. Bref, Miss Mexico qui débarque dans le manoir d’anglais coincés, ça frise le ridicule.

Parlons-en, des Anglais coincés. Une famille de psychopathes consanguins (évidemment, c’est le Vieux-Monde), rabougris, peu loquaces, rigides. Pleins aux as. Rudes, à l’image du temps qu’il fait. Rajoutons à cela des thèses colonialistes, esclavagistes et eugénistes, et ce sera parfait. Alors oui, il y a dénonciation de ces thèses, m’enfin on aurait pu imaginer des personnages un peu moins bourrins non ?

Evidemment, il fallait bien un vieux patriarche qui mène son monde à la baguette, le jeune quadra encore plus avare, cruel, froid, cynique (et séduisant, forcément… –> lève les yeux au ciel) etc. etc. etc. Mais il fallait aussi la vieille rigide pincée (il y a toujours une vieille pincée) qui évidemment déteste Noemi (trop de couleurs, trop de vie, et puis elle fume, la gamine, scandale), et le gentil timide de la famille. Selon moi, ces personnages aussi caricaturaux ne sont pas très Brontë compatibles

Et, jusqu’au bout, chacun est dans son rôle. Personne n’en dévie, personne ne remet rien en cause. L’intrigue ne bouscule jamais l’ordre des choses, ni les idées des uns et des autres, et encore moins les rapports entre les personnages.

J’aurais dû, là aussi, me méfier en lisant la quatrième de couverture« Un manoir isolé. Un aristocrate dangereusement séduisant. Et une jeune mondaine poussée à dévoiler leurs atroces secrets ». « Dangereusement séduisant ». Christian Grey, mais qu’est-ce que tu fous au Mexique ? Ah. J’aurais dû me douter du contenu. Si seulement j’avais lu cette couverture. Mexican Gothic, ou comment replonger dans des rapports entre personnages que je pensais éculés et derrière nous.

Cinquième déception.

Un roman malsain

0 ambiance, intrigue peau de chagrin

C’est le plus gros reproche que je formulerai sur ce livre : son côté malsain. Pour moi, ça ne vient pas de l’ambiance, car je la considère assez inexistante. Si quelques champignons et un manoir « hanté » permettent de dire que ce roman possède une atmosphère travaillée, soit. En ce qui me concerne, j’ai besoin d’un peu plus qu’une moisissure sur un mur ou un couloir plongé dans le noir la nuit pour dire qu’il y a une ambiance (ouais, il fait noir la nuit, c’est dingue).

Pour moi, l’aspect malsain ne vient pas non plus de l’intrigue. Car je n’ai pas trouvé l’histoire délirante. Un schéma déjà vu, un scenario peau de chagrin, un déséquilibre structurel dans le roman (cette première partie mortelle franchement…). Et c’est aussi lié à un des points de la recette que j’ai donnée ci-dessus : « ajoutez des bruits et des trucs douteux, des murmures et des vieilles histoires familiales super glauques chuchotées tout bas ». Bref, trop léger, trop prévisible, trop… classique.

Des rapports entre les personnages problématiques

Pour moi, cela vient des personnages et des rapports qu’ils entretiennent. Surtout Noemi avec son jeune cynique séduisant. Le schéma du style « le mec-cynique-et-séduisant-aux-beaux-yeux-bleus-qui-exerce-une-attraction-magnétique-contre-laquelle-la jeune-demoiselle-ne-peut-pas lutter-car-de-toute-façon-elle-aime-ça-et-va-succomber ».  Elle sent qu’il est à fuir. Mais le veut-elle vraiment ? Parce que voyez-vous, la jeune et belle demoiselle, c’est une croqueuse d’hommes, qui obtient ce qu’elle veut. Alors Virgil, le Christian Grey mexicain qui n’est pas mexicain, il a compris son petit jeu. Et il va la faire plier, la p’tite dame.

Et hop, l’occasion pour insérer des scènes d’agressions déguisées en rapports sensuels et « consentis » est parfaite. D’abord en rêve, quand Noemi voit Virgil entrer dans sa chambre pendant qu’elle prend son bain; plus tard, cette scène est décrite comme « un souvenir [qui] véhiculait un mélange prégnant d’excitation sexuelle et d’humiliation » :

« Impossible de dire à Virgil de s’en aller. L’effroi la submergea.
– Vous serez une gentille fille, n’est ce pas ? Une gentille fille, oui. Je le savais. Soyez gentille avec moi.
Elle aurait voulu le repousser, mais elle ne pouvait toujours pas bouger. Il affermit sa prise et se pencha pour voler un baiser […] La sensation était plaisante, au point qu’elle se détendit […] Elle pencha la tête en arrière. Finalement, elle pouvait bouger […] La main de Virgil glissa sur le ventre de la jeune femme et disparut dans l’eau où elle caressa une cuisse. Noemi ne tremblait plus de peur mais de désir. Un désir puissant et délicieux qui se répandait dans ses membres, ne cessait d’augmenter sous l’effet des doigts inquisiteurs. Les doigts virils s’insinuaient tandis qu’elle haletait de plus en plus fort… »

Puis dans la réalité, comme en miroir :

« Virgil se pencha en avant et lui empoigna la nuque. Elle hurla, tentant de se libérer, mais il lui saisit les cheveux et lui tira la tête en arrière d’un geste brutal. Le même geste que dans le rêve. Après, il l’avait embrassée. Et elle avait aimé ça ».

D’autres moments aussi malsains sont présentés, comme la scène où elle est maintenue de force à genoux par Virgil, tandis qu’elle « sentit la langue du vieillard s’insinuer dans sa bouche, la salive lui brûler la gorge, tandis que Virgil lui maintenait la tête bien en place ». Cute, non ?

Réflexions et cie

Alors, après plusieurs discussions, j’entends les arguments des autres lecteurs. Car les avis, majoritairement bons, ne relèvent absolument pas cet aspect. On me dit dans l’oreillette que oui, c’est clairement malsain, mais la peur, le dégoût et le rejet de Noemi sont bien présents, ne laissant aucunement penser que ces scènes sont consenties de sa part ni que son désir est réel. Et il y a l’influence des champignons qui poussent les personnages à agir de telle sorte.

D’accord, mais dans le fond, ça ne change rien. Que ce soit les champis ou Virgil, quelle que soit la raison, on devine bien que les rapports physiques et intimes de ces deux personnages sont dérangeants, malsains, empreints de violence. Amener là-dessus une couche de désir et d’excitation sexuelle sur laquelle l’autrice insiste particulièrement me rend malade.

Alors peut-être ai-je une interprétation « excessive », on va dire. Cependant, plusieurs choses me gênent :

  • Combien de temps ENCORE va t-on devoir supporter des scènes de ce style dans les bouquins, avec des personnages masculins comme féminins engoncés dans des schémas toxiques, lus et relus ? Ca me fatigue tellement de voir des persos féminins aussi vides, et des persos masculins si toxiques. C’est tout ce que certains auteurs ont à nous proposer… ?
  • Si le souhait était de dénoncer ces schémas, quel intérêt de faire passer les agressions de Noemi en des rapports désirés et excitants pour elle ? Et de donner dans un tel voyeurisme ?
  • J’ai lu dans des avis qu’il y avait une dimension féministe dans ce bouquin, ou encore un rejet du patriarcat. Alors là, on n’a pas lu le même bouquin et on n’a pas la même vision du féminisme !!
  • Enfin, ça m’interpelle : sur un sujet comme celui-ci, une telle différence d’appréciation entre différents lecteurs ne révèle t-elle pas un problème dans l’écriture même de ces scènes ?

Je ne m’attends pas, moi, quand on me parle de roman féministe qui dénonce le patriarcat, à retrouver des scènes toxiques entre personnages, empreintes d’une violence insupportable et transformée en désir inouï, ni remises en question par aucun des personnages à aucun moment de l’histoire. Et encore moins à retomber dans des scènes écrites de la même manière qu’il y a 20 ans.

Sixième déception, et pas la moindre.

Pour finir, un roman d’horreur…

Franchement, évoquer Lovecraft pour ce roman… tombe un peu à côté selon moi. Dans Lovecraft, il y a deux choses :

  • une mythologie de la terreur, créée par l’auteur, avec un panthéon de créatures hideuses et terrifiantes et des lieux devenus mythiques,
  • une poétique de l’horreur, qui se dit plus qu’elle ne se montre. Les nouvelles de Lovecraft mettent en scène l’horreur par une structuration réfléchie du récit, et la dévoilent petit à petit à grand renforts d’éléments de langage comme superlatifs, prétéritions, répétitions et champs lexicaux largement exploités.

Chez Lovecraft, ce qui est très marquant aussi, ce sont les décors : mouvants, vivants, odorants, tactiles, oppressants. Bien plus présents que les personnages ramenés à quelques traits impersonnels. J’ai eu beau chercher, rien de tout cela dans Mexican Gothic. Enfin, si l’on considère que les murs de moisissures qui semblent bouger et le manoir paumé dans une campagne où il flotte sans arrêt c’est lovecraftien, évidemment…

Et donc dernière déception. Ca fait beaucoup.

Faisons les comptes…

Une intrigue assez banale, une atmosphère réduite à peau de chagrin, une écriture correcte mais pas extra, des persos ridicules, du gothique classique et pas renouvelé, du mexican qu’on n’a pas, et une bonne dose de dégoût à la lecture de certaines scènes : voilà ce que m’a inspiré ce roman. Enorme déception 🙁

Alors vous vous demandez certainement pourquoi je suis allée au bout.

  • Réponse 1 : parce que ça remplissait un trou entre deux lectures.
  • Réponse 2 : je sentais bien que plusieurs choses clochaient en cours de lecture. Et il me fallait, pour que j’en fasse une chronique ensuite, aller au bout (je ne fais pas de chroniques sur des abandons). Et j’avais envie de chroniquer ce livre, pour en donner un avis TRES différent. C’est bien, aussi, des avis différents. En général, ça donne autant envie aux gens de lire le bouquin qu’un avis dithyrambique.
  • Et réponse 3 : pour avoir assez de matière pour argumenter mes propos.

En bref : une lecture catastrophe, vous en conviendrez. J’ai noté ce roman 4/20 sur Livraddict. Parce qu’il reste correctement écrit, qu’il a bouché un trou de lecture et qu’il a donné lieu à des échanges intéressants avec d’autres lecteurices. Et puis je lui ai donné un point pour le bénéfice du doute, vu tous les avis favorables qu’il recueille (souvent pour son côté malsain, justement. Alors là, je ne sais pas quoi dire).

En pratique

Silvia-Moreno Garcia, Mexican Gothic

VO : Mexican Gothic, Del Rey Books, 2020

VF : Bragelonne, 2021

Traduction : Claude Mamier

Prix Locus du meilleur roman d’horreur 2021 et prix British Fantasy du meilleur roman d’horreur 2021

Autres avis : Un roman classique mais efficace pour Adopt a librarian; très bon divertissement pour Sometimes a book, et enfin Marine du blog Les monologues de l’esprit a adoré ce livre. N’hésitez pas à aller lire ces retours si le titre vous fait envie, ça nuancera mes propos ^^

 

Mexican Gothic est un roman de Silvia-Moreno Garcia. Pour être brève, j’ai détesté ce roman. J’ai trouvé l’écriture maladroite, notamment dans les rapports entre les personnages, cruellement caricaturaux et malsains. Une lecture catastrophique, donc, et une immense déception tant j’espérais trouver là quelque chose de frais, d’original et de nouveau. Quant aux étiquettes « fantastique », « rencontre de Lovecraft et sœurs Brontë »… Outre le fait que je ne suis pas d’accord avec ces comparatifs, je trouve dommage de ne pas considérer un roman pour ce qu’il est. Je conçois bien le besoin marketing qu’il y a derrière, mais c’est à double tranchant et c’est nier la personnalité propre d’un texte. Et surtout, c’est risquer de créer une déception, ce qui n’a pas raté ici. 

18 commentaires sur “Silvia Moreno-Garcia – Mexican Gothic

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  1. Outch ! Bravo pour ton sacrifice parce que réussir à aller au bout… Moi, j’aurais abandonné. Mais au moins, tu as pu décrire précisément tout ce qui n’allait pas dans ce titre et ça permettra peut-être à des personnes de réfléchir après coup.

    Je suis comme toi, j’en ai ma claque des relations malsaines. Avant, plus jeune, quand je lisais beaucoup de bit-lit, je ne les voyais pas mais depuis que la pièce est tombée… Ça me saoule. Et j’en peux plus de voir l’adjectif féminine collé partout, à toutes les sauces, sans raison. Quoi, une femme est le personnage principal donc le roman est féministe ? Faut arrêter…

    J’en ai marre aussi des ME qui inventent des liens entre de nouveaux romans et des œuvres connues. Les trois quart du temps, ça n’a rien avoir et c’est juste un attrape nigaud. Je m’en méfie très fort quand il y en a…

    Bref, félicitations pour ta chronique précise, détaillée et argumentée. Je crois que ce roman ne méritait pas que tu utilises ton temps pour parler de lui. Autant l’oublier et le ranger avec les autres textes de la même veine.

    1. Merci pour ton retour et ton message ! Je me suis fait la même réflexion : il serait sorti il y a dix ans, je l’aurais lu et peut-être que j’aurais aimé. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible pour moi. Les choses ont changé et mon regard aussi.
      Après, peut-être que ce n’est qu’une surinterprétation de ma part… Mais mon ressenti soulève quand même des interrogations je pense.

      Et j’avais vraiment envie d’aller au bout pour faire un retour complet et argumenté sur ce titre, pour donner un autre son de cloche.
      Mais maintenant, c’est clair que je le relègue aux oubliettes !

  2. C’est très bien d’avoir des avis différents sur un bouquin !
    Je l’avais repéré depuis sa sortie VO… du coup, merci à toi de me faire gagner un précieux temps 😁.

    1. Ravie de te faire gagner du temps ^^ Il y a de très bons retours sur ce livre… mais franchement, je pense qu’il y a mieux et que sa lecture est dispensable. Je sui sûre que ta PaL est pleine de trésors bien plus intéressants !

  3. Merci pour cette chronique ! C’est un peu pour cette raison que je pense qu’il est important de donner son avis même quand il est négatif, même si je comprends les personnes qui font le choix de ne chroniquer que ce qu’iels ont aimé. Il y a des points négatifs qui ne sont pas graves, et même qui sont des points positifs pour d’autres personnes. Mais surtout, je pense que c’est bien qu’on commence à parler de ce genre de tropes nocifs, je pense que c’est comme ça qu’on a une chance de moins en voir, justement.

    1. Je te remercie pour ton retour ! Oui, c’est vrai qu’il est bien de donner son avis même quand on n’a pas trop aimé, car ce qu’on n’aime pas peut plaire à d’autres. D’ailleurs, je remarque souvent que des avis très négatifs donnent envie à beaucoup de découvrir le titre ! La publication de cette chronique va dans ce sens : le nb de visites a explosé ahah !

  4. Je l’avais pris en numérique quand c’était en réduc, et quelques mois après, je vois une farandole d’avis négatifs. Ton avis me donne bien envie de le laisser au fond de ma PAL et de ne le lire qu’en cas de disette majeure.

    Ouch, merci de ton avis tout de même, c’est bien d’avoir des avis négatifs !

    1. Ah tiens, mon avis n’est donc pas minoritaire sur ce titre ! Ca me rassure un peu, quand même.
      Oui garde le sous la main, on ne sait jamais. Mais tu as raison de ne pas te précipiter dessus, je pense que tu as bien d’autres choses passionnantes à lire (des UHL par ex ? ^^)

  5. J’ai ri du début à la fin de très bon cœur ! Merci beaucoup de m’avoir évité de croiser le chemin d’un livre comme ça. J’ai du mal à imaginer qu’on édite même ce genre de choses. C’est à la limite de la provocation ! J’ai presque envie de le lire juste pour pouvoir rire encore plus…

    1. Je suis ravie que ça t’ait fait rire ! J’ai essayé d’être nuancée (sisi en vrai), pour ne pas trop râler dans mes propos. Je suis contente que ça fasse sourire plutôt que hurler donc !
      Mais tu vois, j’en ai encore bcp discuté hier soir avec des personnes qui ont aimé, et cet aspect malsain n’est pas ressenti de la même façon. Quelqu’un m’a dit qu’elle y voyait un personnage féminin battant, aavec un point de vue féministe : et franchement, ses arguments sont aussi valables que les miens et s’entendent parfaitement !
      Preuve qu’il s’agit de sensibilité de chacun, mais ce sur quoi nous sommes tombées d’accord, c’est justement ce problème : comment peut-il y avoir des ressentis aussi différents sur des scènes délicates comme cela ? Il y a une énorme maladresse dans l’écriture, si l’idée de départ de l’autrice n’est pas clairement perçue. Et diverger entre féminisme et toxicité, quand même, ce n’est pas une petite nuance !!

      1. Désolée, je ne réponds que maintenant !
        C’est compliqué d’être nuancée quand la perception semble aussi lourde… On dirait qu’il n’y a vraiment rien qui va, que ce soit dans le fond ou la forme. J’ai tendance à penser que pour des sujets si touchy, il est important de se documenter et de voir comment d’autres ont fait avant toi pour ne pas commettre de grosse bourde. C’est dommage, un écueil aussi sévère ! Tu saurais quel est l’avis de l’auteure sur le sujet ?

        1. Non… C’est vrai que ça aurait été bien d’en discuter avec elle et d’avoir son point de vue.
          Mais ce n’est pas une autrice francophone, so c’est more complicated pour papoter. Je n’ai pas d’interactions avec elle comme je peux en avoir avec des auteurices francophones, via les RS. Je me voyais mal toquer à sa porte pour lui demander le but de ces scènes que j’ai trouvées glauquissimes…
          Je n’avais pas spécialement envie qu’elle tombe sur ma chronique ou qu’elle ait mon ressenti sur la question, ce n’est jamais agréable de lire un retour comme ça :-/ Surtout si finalement, son but était tout autre !
          Mais oui, je te rejoins, c’est touchy. Et tout ce qui est touchy gagnerait à être traité avec finesse, et prudence… (ou pas, mais alors dans ce cas c’est un autre parti pris qui s’entend, et je n’ai pas eu l’impression ici qu’on était sur ce plan-là).

  6. Et bien tu n’y vas pas de mains mortes. Mais le roman ne me tente pas et je compte encore moins m’y intéresser après avoir lu ton avis! Cet avis t’a peut-être donné du fil à retordre mais il est sacrément bien argumenté!

    1. oui, j’avoue ne pas avoir fait dans la dentelle. Merci pour ton retour ! Ca me rassure de lire que c’est bien argumenté, ce n’est pas évident les critiques comme ça à faire !
      Tu peux effectivement passer ton chemin sur ce bouquin, il y a mieux ! beaucoup plus mieux même !

  7. Mon avis ne devrait pas tarder à arriver, sans être aussi négatif que le tien (j’ai apprécié le côté « page-turner »), je te rejoins sur plusieurs points de déception – et les passages d’agressions sexuelles, malaisants parce que traités de façon ultra toxique ! ça me filait la nausée… c’est grave de continuer à perpétuer ce genre de choses, surtout sous la plume d’une autrice !

    1. je reconnais le côté page turner, ce qui a rendu la lecture très rapide et très fluide – malheureusement, ça a été noyé sous mon amas de points négatifs… 🙁
      Je suis un peu rassurée que tu aies eu un ressenti similaire, ce n’est donc pas que moi qui hallucine ou qui interprète de manière exagérée. Et oui, le fait que ce soit écrit par une femme m’a interrogée aussi et je me suis demandé à un moment comment le bouquin aurait été reçu s’il avait été écrit par un homme : à mon avis, beaucoup moins bien…

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