Floriane Soulas – Rouille

Rouille est un roman de Floriane Soulas, paru aux éditions Scrineo. La couverture magnifique est signée Aurélien Police. L’autrice a été désignée coup de cœur des Imaginales 2020. J’ai lu cette œuvre dans le cadre du Printemps de l’imaginaire francophone, dans la catégorie « Au pays des mères » (personnage principal féminin).

Synopsis

Paris, 1897. La Lune a été colonisée, et de nouveaux matériaux arrivent sur Terre. La médecine et l’industrie, profitent de ces révolutions technologiques. Mais tout ceci est cher, et réservé à une élite fortunée, isolée sous un dôme protecteur autour de la tour Eiffel. Le peuple des faubourgs survit comme il peut.

Violante est une prostituée, qui a perdu la mémoire. Elle part donc à la chasse de son passé, tandis que des prostituées commencent à disparaître. C’est le cas de son amie Satine, retrouvée sauvagement assassinée, mutilée. Violante décide de mener l’enquête, pour la mémoire de son amie…

Rouille : un récit captivant et original

Paris, 1897 : un cadre comme je les aime ! Quelques touches steampunk dans ce cadre très réaliste du Paris fin XIXème. On est dans le Paris des bas-fonds : bars miteux, trottoirs et rues sales de Paris, maisons closes, armées de petites mouches, égouts… Floriane Soulas a certainement dû se documenter pour dépeindre son Paris du petit peuple, et c’est réussi.

L’intrigue est dynamique, du fait des chapitres qui alternent les focus autour des personnages. Il y a en réalité deux fils narratifs :

  • la disparition inquiétante de prostituées retrouvées mutilées ensuite
  • l’histoire de Violante à la recherche de son passé.

On se doute bien que tout ceci est lié, et l’intrigue n’apporte pas énormément de surprise dans sa résolution. Mais j’ai trouvé les différentes péripéties passionnantes, les rebondissements bien dosés, de quoi me captiver.

Le milieu de la nuit et de la prostitution est enfin au cœur du récit, et là encore, Floriane Soulas fait dans l’originalité. Ici, rien ne luit. On est dans la perversion des clients, le trafic de drogue (la Rouille), les combines louches de rues, la misère crasse des faubourgs. Ce n’est pas facile à lire, c’est dur parfois, à l’image du prénom de Violante. La violence ne fait pas de quartier et l’écriture non plus quand il s’agit de la décrire. Par contre, c’est très bien fait, et très efficace.

Mais qui souffre de quelques défauts

D’abord un petit manque à mon goût. J’aurais aimé une ambiance plus franchement steampunk, et en savoir davantage sur tous ces matériaux, les mines sur le sol lunaire, l’histoire de la ville, l’origine du Dôme etc. Il me semble qu’il y a là des choses passionnantes mais pas suffisamment approfondies.

Ces détails n’ont pas du tout altéré le plaisir de ma lecture cependant, et j’ai fait marcher mon imagination pour boucher les trous (peut-être que c’est notre rôle de lecteur aussi, de se creuser un peu les méninges, et de ne pas tout avoir apporté sur un plateau ^^).

Par contre, là où je suis plus réservée c’est sur le traitement des personnages. Les deux macs tout mignons tout gentils, ça ne colle pas. Et certains personnages sont complètement laissés dans l’ombre (Ayati et son fils, dont l’histoire est complètement survolée et dont la résolution m’a parue bien vite ficelée, sans explication). Enfin, les dialogues manquent parfois de vraisemblance, beaucoup trop actuels pour l’époque du récit.

En bref…

Rouille est un roman qui m’a captivée, et que j’ai lu d’une traite. C’était une lecture vraiment divertissante, j’ai trouvé le cadre remarquable et les thématiques abordées bienvenues, courageuses et bien traitées, malgré l’incohérence de certains personnages. Ca me donne envie de découvrir le roman suivant de Floriane Soulas, Les noces de la renarde, que j’ai d’ailleurs déjà acheté !

6 commentaires sur “Floriane Soulas – Rouille

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  1. Je me souviens avoir apprécié Rouille, mais j’étais frustrée par certains aspects du roman. Tu en cites d’ailleurs deux : le manque de développent de l’univers, et notamment le côté stempunk, et les personnages peu crédibles du fait de leur gentillesse. J’ai également lu Les Noces de la renarde, et je le trouve plus abouti :).

    1. Oui, tu rejoins les échos que j’ai eu des noces de la renarde. Du coup, je l’ai acheté 🙂
      C’est vrai que les proxénètes tout mignons, on y croit difficilement…

  2. Je suis ressortie de ma lecture de ce roman avec l’impression d’être déchirée en deux. D’un côté, j’ai vraiment beaucoup aimé la première partie : j’ai trouvé que ce Paris version steampunk était une jolie trouvaille, j’ai tout de suite accroché à l’ambiance, j’ai aimé découvrir les personnages parfois un peu « extraordinaires » que nous dépeint l’autrice (je me souviens d’une sorte de quasimodo louche dans la morgue, etc).
    Mais passé cette première moitié… le soufflé est un peu retombé. D’un seul coup, certains personnages sont devenus lassants, notamment l’héroïne qui devenait de plus en plus capricieuse je trouve. J’ai regretté que le dénouement de l’intrigue soit aussi prévisible, et j’attendais peut-être que l’autrice aborde un peu plus frontalement le thème de la prostitution (l’autrice nous montre un peu le revers sordide, mais comme toi j’ai tiqué sur le fait que les proxénètes sont tous plutôt sympas ; on ne s’attarde pas trop sur le sort des prostituées qui doivent tapiner dans la rue, et du coup, ça ne parait pas « si terrible que ça » de devoir se prostituer. Peut-être aussi la résolution finale qui m’a donné cette impression de demi-teinte).

    1. Oui, voilà, ce que tu pointes est aussi le ressenti que j’ai eu. Il y a beaucoup de bonnes choses amorcées dans ce roman, pas forcément exploitées finement jusqu’au bout. En tout cas, ça m’a suffisamment plu pour continuer mes pérégrinations dans les œuvres de l’autrice. J’ai les noces de la renarde, dans ma wish list : est-ce que tu as lu celui-là ?

      1. J’ai entendu beaucoup de bien des Noces de la renarde, il est dans ma wish list aussi ! Je pense que je vais craquer bientôt 😀

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