Avis flash #9 : Avril 2023

4 retours de lecture dans cet avis flash #9 du mois d’avril : 
Retour sur Titan, de Stephen Baxter
La Reine du Pays-sous-la-Terre, de David Duchonvy
Sang d’écume, de Magali Lefebvre
Bénies soient vos entrailles, Marianne Stern

Stephen Baxter, Retour sur Titan

Poursuite de ma découverte de la hard SF, après Cérès et Vesta et Cookie Monster, toujours sur les conseils d’Apophis.

Synopsis

Année 3685. L’humanité a essaimé à travers le Système solaire et un nouvel âge d’or s’offre à elle. Une renaissance qui doit beaucoup à un homme, Michael Poole, ingénieur brillant. Mais Poole voit plus grand. Pour cela il lui faut des ressources à la mesure de sa démesure, qu’il pourrait bien dénicher sur Titan, l’un des derniers lieux encore inexplorés du Système…

Avis flash

Une bonne lecture pour ce premier retour de mes avis flash #9. Evidemment, je peux refaire les mêmes critiques que les novellas citées plus haut : les personnages ne sont pas hyper convaincants. Surtout les secondaires : le scientifique-fou-visionnaire-mais-à-l’éthique-douteuse (père et fils Poole, un petit clin d’œil je pense à 2001, l’odyssée de l’espace) et la physicienne émerveillée slash boussole morale. Ce sont des types. A côté d’eux, le personnage principal cynique et corrompu, qui tente de faire un peu d’humour noir ça passe mieux. Je l’ai trouvé un poil plus consistant parce que plus nuancé et complexe.

La novella s’intègre en fait dans un cycle, celui des Xeelees; visiblement, le final assez abrupt semble être empli de clins d’oeil au cycle, à côté desquels on passe quand on n’a pas connaissance de celui-ci. Bon, ça ne m’a pas gênée outre mesure, mais je sais qu’il faudra que je revienne à cette novella quand j’aurai mis mon nez dans la série. Que je lirai, d’ailleurs, tant j’ai aimé ce texte.

Car il est plein de ce « sense of wonder » que j’espérais. J’ai adoré, ouvert les yeux grands comme ça, et trouvé le tout superbe. De la biologie et de la géologie, tout ce que j’aime ! Une bonne dose de sciences très abordables et traitées avec un émerveillement qui m’a plu. Le tout habilement mélangé à de la SF qui s’y greffe parfaitement bien. L’auteur nous offre du grand spectacle (auquel est complètement insensible papa Poole). Et la passion des scientifiques sur place est contagieuse.

Et puis à côté de cela, une aventure-voyage comme je les aime, avec son lot de péripéties terrifiantes (enfin juste pour le lecteur, car les personnages semblent prendre tout cela avec une distance très peu crédible là-encore). Un voyage aux confins du système solaire, un crash, des premiers pas sur une planète où personne n’est jamais allé, une rencontre avec des créatures méconnues, et encore un voyage, au centre de la Terre de Titan cette fois. Un petit côté Vernien, donc, dans l’approche.

David Duchovny, La Reine du Pays-sous-la-Terre

Une lecture pour le Spring Blossom Challenge : Printemps florissant, catégorie mauvaises herbes (fantasy).

Synopsis

New York. Imaginons que tous ses immigrants ne soient pas arrivés seuls… Avec eux, leur cortège secret de folklores et de personnages magiques. Comment cohabitent-ils dans la ville de toutes les modernités ?

Emer et son amoureux deviennent malgré eux les jouets de ce festival de créatures, quand Anansi, la déesse araignée, jette son dévolu sur le jeune homme… et que tout se ligue contre Emer pour l’empêcher de vivre sa romance. Mais la Reine du Pays-sous-la-Terre n’a pas dit son dernier mot…

Avis flash

« Un feu d’artifice drôlissime, étincelant de références, de pop culture et de liberté d’esprit, véritable cri d’amour pour la Ville qui ne dort jamais… », nous dit la 4ème de couverture.

Alors oui pour pas mal de choses : cri d’amour pour New-York, que l’on arpente géographiquement, culturellement et historiquement. Je n’y ai jamais mis les pieds mais je n’ai jamais été perdue, j’ai apprécié la balade – même dans le métro. Etincelant de pop culture : oui aussi. On sent que David Duchovny est un homme de son temps, cultivé, éclairé. Il jonche son texte de références, TV, ciné, musicales, littéraires…

C’est fort agréable à lire. Léger, entraînant, on suit bien volontiers l’auteur dans ses pérégrinations et ses pensées. Même décousues. Car il saute beaucoup du coq à l’âne. Mais cela ne m’a pas gênée pour m’y retrouver, j’ai fini par prendre le bouquin comme une déambulation spirituelle et philosophique, ponctuée par les citations du métro.

Là où le bât blesse… c’est que c’est diablement vide. Il n’y a pas d’intrigue, l’essentiel de ce qui est intéressant dans l’histoire figure sur la 4ème de couverture. Vous n’en aurez pas beaucoup plus : Anansi fait coucou deux trois fois, vous croiserez un nain couci-couça. Entre temps, c’est beaucoup de glandouille. Le résumé me faisait furieusement penser à American Gods de Neil Gaiman. J’attendais de l’urban fantasy à la sauce Moonheart ou Neverwhere. Un vrai dialogue entre ces anciens Dieux et la modernité. J’espérais aussi beaucoup de l’inclusion de cette mythologie dans les rues de NY. Mais… rien. Urban oui, fantasy rintintin.

Alors finalement, me voilà fortement frustrée. Le blabla de Duchovny est sympa, mais n’ayant pas voulu faire un essai et n’ayant pas structuré sa pensée, on ne sait trop quoi en faire. D’autre part, il semble oublier qu’il écrit une fiction et une histoire. Ca peut paraître fort commun, m’enfin c’est ça qui m’intéressait à la base… Bref, beaucoup de blabla pour pas grand chose, et une énorme frustration sur ce récit qui n’a jamais vraiment démarré. Je me plains souvent que nombre de bouquins n’explorent pas à fond leur propos, mais là ça n’a jamais commencé… Je ne peux donc que vous conseiller d’économiser 25 euros, vous ne raterez pas grand chose.

Magali Lefebvre, Sang d’écume

Autre lecture pour le Blossom Spring Challenge : Escalade printanière, catégorie Vider les valises (livre non lu lors d’un précédent challenge).

Synopsis

Mélie est engagée dans la Marine. La mer, c’est sa seconde maison. Même si sa mère ne le voit pas d’un bon œil, persuadée que sa fille finira comme son père : engloutie dans l’Océan, avalée par les flots.

Superstition pour Mélie, mais ses rêves la terrifient, accompagnés d’un parfum d’algues et d’embruns. Quelque chose vient, quelque chose gonfle, menaçant Mélie, sa vie et sa santé mentale…

Avis flash

Une novella lue le temps d’une soirée un peu tristounette dehors. J’ai eu plaisir à retrouver la plume de Magali Lefebvre, après sa Captive de Dunkelstadt que j’avais beaucoup aimée. Sang d’écume, à mon sens, est une nouvelle plutôt réussie, mais qui aurait pu s’étoffer davantage. Entendons-nous bien : c’est percutant, l’immersion est parfaite, brutale, pleine et entière. Mais quelques zones laissées dans l’ombre n’ont pas totalement comblé mes attentes.

Tout d’abord, Sang d’écume est un roman très marin. Tempétueux, remuant sans cesse. Vous allez avoir quelques bloup bloup dans le ventre en le lisant. D’emblée, l’autrice nous plonge dans cet univers salé, humide, venteux. Les flots ne sont jamais calmes, dans cette novella, et la tempête n’est pas que dehors, elle est aussi dans l’esprit de Mélie. L’autrice parvient à faire un parfait parallèle entre les deux, avec une plume à la fois fluide et travaillée. Elle file la métaphore de la mer et de la noyade tout au long du texte, jusqu’aux ressentis de Mélie. L’immersion est donc parfaite, dans l’océan, l’esprit et le passé de Mélie.

Ce personnage est plutôt attachant, j’ai aimé les retours dans le passé et le parallèle entre elle et un autre personnage secondaire de la novella. Une femme qui essaie de trouver sa place et un sens à sa vie, tout en cherchant des réponses. J’ai cependant moins accroché à sa vie sentimentale, que j’ai trouvé superflue malgré le rôle de l’ancre. Trop belle pour me parler totalement (oui c’est affreux ce que je dis). Bon, les romances il faut dire que je ne suis pas très fan – c’est vraiment secondaire ici, mais j’aurais aimé plus de noirceur sur ce plan (oui c’est vraiment affreux).

Quelques autres petits points auraient gagné à être davantage étoffés. Comme la présence de Mélie sur cette frégate (au fond, c’est quoi son job ? j’ai souvent eu l’impression qu’elle était en vacances). Ou la figure de la mère, complètement barrée (un peu trop excessive et pas suffisamment approfondie pour que je la trouve totalement crédible). Le dénouement enfin arrive assez vite, et s’il se tient et finit la novella de manière tout à fait honorable, il ne m’a pas néanmoins surprise. J’aurais aimé que l’aspect fantastique soit plus marqué par exemple, plus présent.

En bref, une novella qui offre un joli travail sur le langage et la psychologie du personnage principal. Une lecture sympathique, mais qui à mon avis aurait gagné à s’étoffer davantage sur quelques aspects et à prendre des risques dans son dénouement.

Marianne Stern, Bénies soient vos entrailles

Dernière lecture de cet avis flash #9 pour le Spring Blossom Challenge : Printemps florissant, catégorie L’eau des roses (romance). Un roman que m’a donné Ombre Bones aux dernières Imaginales suite à son ménage de printemps : encore un grand merci Manon 🙂

Synopsis

Oakwood, début XVIIème siècle. L’hiver est rude, la menace rôde.

Les morts s’amassent; des meurtres terrifiants, semblant être l’œuvre d’un démon. Irwin le prêtre et Edward le bourgmestre s’affrontent quant à la marche à suivre.

Et dans le cimetière, Lynn la sorcière attend son heure pour agir. Sauver ce qui peut l’être. Mais y parviendra t-elle, quand on sait ce qu’il advient aux sorcières ? Et qui est cet homme qui semble avoir sur elle une force redoutable ?

Avis flash

Une assez bonne lecture, qui aurait été meilleure il y a une dizaine d’années. Dans le fond, je n’ai pas grand chose à reprocher à ce roman (enfin, quelques petites choses, mais rien de rédhibitoire). Mais ce n’est plus trop mon style de lecture aujourd’hui. Bénies soient vos entrailles est un roman efficace, propre, bien exécuté, mais qui manque de surprise, et qui renoue un peu trop souvent avec les modèles faciles.

L’ambiance est chouette et m’a fait penser à Plumes et cigüe de Gwendolyn Kiste. Au menu : un village, de la boue, de la neige, des hommes frustes et rustres (dites-le le plus vite possible), une chasse aux sorcières, des cadavres, des démons, un prêtre fanatique. On est à Oakwood, entre le bois et le cimetière, au milieu de nulle part. On n’en sort jamais, d’Oakwood; on y est comme pris au piège. L’atmosphère est pesante, lourde et suffocante. Très réussie, se déclinant sur un éventail de trois couleurs : le blanc de la neige, le noir de la nuit et le rouge du sang qui coule à flots. Mais tout est bien dosé; il n’y a pas de surenchère dans l’horreur, j’ai bien aimé les successions de cadavres qui s’empilent, chacun venant tacher un peu plus la neige et ce village semblant innocent (j’ai bien dit semblant).

L’histoire en elle-même n’est pas très complexe, et le récit est linéaire : nulle difficulté donc dans ce roman qui s’avère facile à appréhender. Mais qui n’offre du coup pas beaucoup de surprises ni ne demande d’investissement particulier. Malgré tout, il est entraînant, ça se lit tout seul et on tourne les pages avec avidité.

En revanche, quelques bémols.
Dans les personnages d’abord. Moyennement convaincue par ce prêtre fanatique, qui devient vraiment fatigant à force. Ce personnage manque cruellement de nuances. Malgré tout, j’ai apprécié son antagonisme avec le bourgmestre, même si le duel est un peu facile.
Je regrette également que plusieurs arcs aient été amorcés pour être oubliés ensuite ou alors résolus assez grossièrement (je pense notamment à Emily, dont personne ne s’étonne qu’elle a disparu et qu’on retrouve plus tard dans un style « coucou c’est moi, vous vous souvenez?  » ou encore au sang de Lynn volé).
Mon plus gros reproche se porte sur la romance. Car elle fonctionne sur des ressorts éculés qui me lassent. La sorcière puissante qui se pâme devant le bel inconnu au regard pénétrant engoncé dans sa cape noire et en devient toute faible… bif baf bof pff.
J’ai enfin trouvé que la fin était un feu d’artifice de trop de choses et que tout cela était un peu brouillon, pour finir dans une sorte de happy end un peu trop collant. M’enfin, là, je pinaille.

C’en est tout pour cet avis flash #9. Avez-vous lu l’un de ces titres ? L’un d’entre eux vous fait-il envie ?

10 thoughts on “Avis flash #9 : Avril 2023

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  1. « Le résumé me faisait furieusement penser à American Gods de Neil Gaiman » : c’est impossible de ne pas y penser. Malheureusement, donc, puisque ça ne tient pas la comparaison. 😅
    Ça me rappelle un peu « Golden Age » de Fabrice Colin sur certains défauts. Je me demande s’il ne va pas y avoir toute une branche de la collection qui va se consacrer à des romans qui privilégient « l’écriture » à l’histoire.

    1. Non, il ne lui arrive pas à la cheville, c’est clair !
      Oui j’ai aussi cette impression, mais bon, honnêtement, côté écriture ici, ce n’est pas non plus l’éclate quand même… C’est assez commun, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Je me demande si le bouquin aurait été édité s’il n’avait pas été écrit par Duchovny. Mais loin de moi l’idée de penser que les grands noms ne sont édités que grâce à leur nom. Enfin.

  2. Contente que ma novella t’ait plu, surtout au niveau de l’écriture et de la psychologie de Mélie ! ^^
    Pour le final, je comprends que tu aurais aimé un fantastique plus franc – j’ai volontairement laissé du flou car je voulais laisser planer le doute jusqu’au bout. Quant au quotidien à bord de la frégate, c’est simplement qu’en dépit de mes recherches, je manquais de détails pour en glisser (et je ne voulais pas raconter n’importe quoi) (fantastique, certes, mais il faut garder les choses réalistes cohérentes ! ^^)
    Mais le principal, c’est que l’immersion (sans mauvais jeu de mots) ait été là, et j’en suis heureuse ! 🙂 merci pour cet avis flash ! 🙂

    1. Le fantastique est là, c’est très clair, mais j’aurais aimé qu’il dure plus longtemps 🙂
      Sinon, je pense qu’effectivement, l’essentiel de ce que tu souhaitais transmettre je l’ai saisi et cela m’a plu 🙂

  3. Je n’en ai lu aucun mais pour le coup je n’en note aucun, les novellas ça marche pas super sur moi, et la romance encore moins ^^

    1. Ah oui alors du coup, là, tu peux passer ton chemin en effet ^^ Au moins, aucune culpabilité de mon côté, puisque ta pal reste sage après ton passage 😀

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