Hé oui déjà ! Tout fout l’camp sur ce blog, je réponds à vos commentaires dix plombes plus tard et je fais un avis flash #15 du mois à peine celui-ci commencé. Mais vous allez voir, les bouquins s’y prêtent bien, plutôt courts. Un numéro entièrement féminin cette fois, avec trois lectures :
– Le sanctuaire de Laurine Roux ;
– Jusque dans la terre de Sue Rainsford ;
– et Erèbe, de Rozenn Illiano.
Rozenn Illiano, Erèbe
Premier retour pour cet avis flash #15 : un bouquin que j’ai lu l’année dernière, que j’avais chroniqué sur Babelio et que je n’avais pas encore rapatrié ici. J’ai déjà lu Le phare des corbeaux de l’autrice, et je suis en train de lire La maison des épines.
Résumé
Paris, 1888. Jeune fille de bonne famille, Lisbeth se sent piégée dans une vie dont elle ne veut pas.
Alors que l’automne s’installe, des songes troublent son morne quotidien : elle entre dans un monde envahi par l’hiver éternel, peuplé d’un unique habitant, Elliot, qui lui en apprend plus sur son pouvoir naissant, celui des rêves.
Ainsi, chaque nuit, ils explorent Érèbe et ses merveilles. Mais les contes de fées peuvent vite tourner au cauchemar…
Avis flash
Une lecture que j’ai dû faire au mauvais moment : elle avait tout pour me plaire, et ça a fait pshit.
On est dans un univers qui pourtant me plaît beaucoup. Ambiance assez sombre, un récit onirique qui joue sur la frontière entre rêve et réalité, brouille les frontières et nous fait perdre le fil, une jolie écriture tout en délicatesse : tous les éléments étaient là pour que j’accroche pleinement et que je passe un super moment de lecture.
Pourtant, j’en ressors mitigée. Car le coup de foudre prévu n’a pas eu lieu. Avais-je trop d’attentes ? L’ai-je lu au mauvais moment ? Je l’ignore. Il y avait certainement un peu de ça. Mais il y avait aussi des points qui m’ont chiffonnée et qui m’ont empêchée de me plonger pleinement dans ce si bel univers.
L’intrigue qui lie les personnages m’a un peu fait penser à Roméo et Juliette. Les deux familles adversaires, les deux amoureux sur le premier-plan. Evidemment, ce n’est pas exactement cela et c’est aussi bien plus que cela, mais en attendant, ça ne m’a pas vraiment passionnée.
D’ailleurs, je n’ai jamais vraiment compris la rivalité entre les deux familles, ni saisi les réels enjeux du récit. Je pense que c’est surtout cela qui m’a fait passer à côté du roman. En fait, j’ai passé mon temps à me demander pourquoi untel faisait ci, pourquoi untel faisait ça, et pourquoi on en était là. Je ne suis pas parvenue à comprendre le fond du problème.
J’ai aussi eu des soucis pour m’y retrouver : beaucoup de retours en arrière, des rêves dans lesquels on voit un futur potentiel… ça + le mélange onirisme-réalité et pouf, j’étais perdue.
Ce qui me fait penser que vraiment, je n’ai pas offert à ce roman toute l’attention qu’il mérite en le lisant au bon moment, car je suis plutôt friande de ce type de récit et n’ai pas l’habitude de me perdre en route.
Bref, peut-être faudra-t-il que je lui redonne une chance plus tard, pour l’apprécier pleinement.
Laurine Roux, Le sanctuaire
Résumé
Le Sanctuaire : une zone montagneuse et isolée, dans laquelle une famille s’est réfugiée pour échapper à un virus transmis par les oiseaux et qui aurait balayé la quasi-totalité des humains.
Le père y fait régner sa loi, chaque jour plus brutal et imprévisible.
Munie de son arc qui fait d’elle une chasseuse hors pair, Gemma, la plus jeune des deux filles, va peu à peu transgresser les limites du lieu. Mais ce sera pour tomber entre d’autres griffes : celles d’un vieil homme sauvage et menaçant, qui vit entouré de rapaces. Parmi eux, un aigle qui va fasciner l’enfant…
Avis flash
1er titre que je lis de cette autrice. J’ai trouvé ce livre sur les étagères d’une BU de l’université, je me suis dit tiens, allez, pourquoi pas. Le bouquin est très très court, il se lit vite et bien. Une bonne surprise pour moi ce roman, que j’ai apprécié dans sa globalité. En revanche, je n’ai pas du tout aimé certaines scènes assez glauques, entre Gemma et le vieil homme. Des scènes malaisantes, pas forcément utiles, et j’étais bien contente que le bouquin soit court pour ne pas s’étendre là-dessus.
On est dans un monde post-apo, après un virus qui semble avoir décimé l’humanité. Assez intéressant parce que la quasi-totalité du texte ressemble à de littérature contemporaine sans imaginaire. Il est dans la vallée, l’imaginaire, lointain, dangereux. J’ai particulièrement aimé la manière avec l‘autrice renoue avec cet imaginaire en fin de roman. Je ne m’y attendais pas et c’est surprenant, donnant à revoir la totalité du roman et les perceptions des personnages autrement.
Par ailleurs, la famille de Gemma vit dans la montagne. L’écriture est puissante, acérée, comme les sommets de ces montagnes. J’ai adoré ressentir une impression de huis-clos alors qu’on est dans un endroit où les limites et les frontières n’ont justement aucun sens… C’est un trompe-l’œil très bien exécuté.
En fait cette histoire m’a fait penser à Shining. J’ai vraiment visualisé Jack Nicholson dans ma tête pour la figure du père qui déraille, abruti par la solitude, l’écho de sa propre voix, et l’absence de but et d’avenir. Ce roman est alors pour Gemma une quête de liberté, d’indépendance, une envie de repousser les limites imposées. En cela, la figure de l’oiseau est une belle métaphore choisie par l’autrice.
La narration au « je » et au présent donne en plus au roman une tonalité très universelle, intemporelle, et Le sanctuaire peut alors se lire comme un conte moderne. En tout cas je l’ai pris comme tel et j’ai apprécié son message et la manière dont il le déploie dans ces quelques pages.
Sur Rainsford, Jusque dans la terre
Résumé
Ada vit avec son père dans une clairière, en bordure d’une forêt. Ils passent leur temps à soigner les habitants, malgré la frayeur que ces deux êtres sauvages leur inspirent parfois. Un jour, Ada s’éprend de Samson, un de ces habitants. Cette passion suscite la colère du père de la jeune fille et de certains villageois.
L’adolescente se retrouve déchirée par un conflit de loyauté entre son héritage vénéneux et cet élan destructeur qui l’emmène loin de tout ce qu’elle a connu.
Avis flash
Dernier retour pour cet avis flash #15 : Jusque dans la terre, dont j’avais partagé les premières lignes terreuses qui sentaient bon l’humidité et la moisissure, il y a quelque temps.
L’ambiance est étouffante, terreuse, humide, poisseuse. J’ai beaucoup aimé cette atmosphère teintée de magie, reliée à la Terre. On ne sait pas trop si Ada est humaine; en fait on ne sait pas trop ce qu’elle est. Elle entretient des liens très étroits et corporels avec son environnement. Elle est un peu magicienne, comme son père. Les habitants qu’ils soignent, les cures, ont des maux étranges, et les soins qu’ils reçoivent sont tout aussi étranges.
Sachez ainsi qu’on plonge dans les entrailles de chacun et de chacune assez régulièrement. On est dans un body horror assez doux, paradoxalement. Ce n’est jamais trop hard, ni too much, cela ne choque jamais vraiment. C’est corporel, organique, viscéral, au sens premier du terme. J’ai aimé le contraste offert par l’écriture et le point de vue d’Ada : la plume est à son image, un peu planante, écorchée, naïve. Les décors sont minimalistes, assez bruts. C’est cohérent, mais de ce fait l’immersion est courte, d’autant que le livre n’est pas très long. La construction du roman est intéressante, car plusieurs témoignages de cures parsèment le récit d’Ada, comme pour apporter un éclairage supplémentaire sur ce qu’il se déroule. Chaque témoignage fait d’ailleurs bien ressentir le parler propre à chaque personnage qui s’exprime.
Et tout ça pour dire quoi ? Jusque dans la terre est une histoire d’amour. Enfin, amour. C’est surtout une histoire de désir sauvage, de sensualité, de corps. Et puis surtout, c’est une histoire somme toute très humaine qui nous est racontée. Le final est surprenant, car magie ou pas, le fond des récits est souvent bassement terre à terre… Et finalement, le plus dérangeant et malaisant réside là, dans ces dernières pages.
Si cela est réussi, je regrette néanmoins un propos assez court et pas suffisamment féroce pour moi. On passe le temps du bouquin plongé dans les entrailles des uns et des autres, mais selon moi ce roman ne va pas assez loin, ne prend pas suffisamment aux tripes pour laisser une marque pérenne dans l’esprit. C’est un peu dommage.
Voilà pour cet avis flash #15. Pas de panique, je n’en ai pas fini avec mes avis à rallonge, simplement ces romans ne s’y prêtaient pas vraiment. Alors je m’adapte ! Le prochain avis sera un retour « normal », et portera sur La cour de l’hiver de Morgane Stankiewiez, j’ai pas mal à dire dessus. Avez-vous lu un de ces titres ? Vous tentent-ils ?
Je suis si heureux que tu aies apprécié « Le Sanctuaire » ! Laurine Roux est une autrice exceptionnelle. Bon, j’ai les mêmes doutes/questionnements concernant les petits passages malaisants, mais c’est vraiment un détail au regard de la puissance de l’ensemble.
J’ai lu trois romans de l’autrice, tous excellents, et si je devais les classer c’est sûrement celui-ci qui serait en troisième place. Mais ne va pas croire que je dis ça pour te pousser à en lire d’autres. 😇
J’ai déjà noté Sur l’épaule des géants, dont parlait Jourdan plus haut (ou plus bas je ne sais pas où je suis). J’ai bien envie de lire celui-là prochainement. Te voilà donc doublement ravi j’imagine 🙂 Quel est ton préféré ?
Je suis toujours ravi quand quelqu’un prévoit de lire Laurine Roux. Et c’est marrant, c’est justement le seul que je n’ai pas (encore) lu.
C’est vraiment très dur de départager « Une immense sensation de calme » et « L’Autre moitié du monde », c’est des plaisirs de lecture différents (mais excellents à chaque fois). Je conseillerais plus facilement le deuxième, mais le premier est certainement plus unique.
J’avais aimé Érèbe, même si, avec le recul, il ne fait pas partie de ceux que je préfère. J’espère que La maison des épines te plaira davantage !
J’ai très envie de lire Jusque dans la terre et ta chronique, en dépit de ta légère déception, me laisse penser que ça devrait me plaire…
Snif pour la maison des épines…
Particulier, Jusque dans la terre. A découvrir, très certainement; il se lit vite, je ne regrette pas de l’avoir lu malgré ma frustration finale.
”Sur l’épaule des géants ”,de Laurine Roux, très bonne lecture pour moi .J’aime beaucoup cette autrice qui nous épate à chaque fois.
”Le sanctuaire” ,lu aussi.
Ah tiens, je ne le connais pas celui-là ! Je suis allée lire le résumé et ça me plait bcp. Je note, merci 🙂 Je n’avais aucune attente mais j’ai été agréablement surprise par ce petit texte percutant.
Dommage pour Erèbe, qui m’avait bien plus lorsque je le l’avais lu, mais ça arrive !
Je note Jusque dans la terre, que je ne pensais pas lire, mais vu ton retour, ça me rend curieuse !
Et ça l’a pas fait non plus pour La maison des épines; décidément, ce n’est pas une autrice compatible avec moi, et ça me chagrine, parce que tout était réuni pour 🙁
Lu aucun des trois, mais Jusque dans la terre retient mon attention pour le coup, ça m’intrigue pas mal.
Il est… particulier. Il se lit vite, parfait à caser entre deux briques. Mais oui, particulier ^^