Alexiane Thill – OOM

3ème lecture imaginaire du Prix des Auteurs Inconnus 2020, OOM m’avait beaucoup plu lors de la présélection. J’étais bien contente de pouvoir le lire enfin, d’autant que j’avais envie de quelque chose de différent et de plus léger par rapport à ma lecture précédente. J’ai intégré ce roman autoédité dans le Pumpkin Autumn Challenge, et avec lui je finis le menu Automne enchanteur (catégorie Nom d’une Dune, SF et post-apo). Ma lecture a bien commencé… mais s’est moins bien finie.

Synopsis

« Vingt équipes, vingt pays, cent- quarante hommes et femmes… un seul trophée.
En 2056, les Worlds, championnat d’e-sport, basé sur un célèbre jeu vidéo en réalité virtuelle, ont remplacé les Jeux Olympiques.
Kira n’est pas censée y participer.
Kira n’y a pas sa place.
La jeune femme fait pourtant partie de La Ligue française, et vise à tout prix la savoureuse récompense. Tout ce qu’elle doit faire, c’est venir à bout des nombreux défis qui l’attendent durant quatre mois, dans l’univers post-apocalyptique de Terra Legends.
Mais lorsqu’il est question de protéger un lourd secret confié par Virtual Games de la curiosité et du magnétisme du capitaine de son équipe, Tristan, tous les coups sont permis.
Quitte à affronter ses propres coéquipiers… »

Un univers SF, post-apo sur fond de gaming

Au départ, j’ai eu l’impression que c’était une sorte d’Hunger Games version jeu virtuel. En effet, il y a des similitudes : une héroïne qui se retrouve embarquée là-dedans sans y avoir été préparée, des équipes qui s’affrontent dans un jeu post-apo, regardé en direct par toute la population.

Mais OOM a sa propre identité (et c’est chouette !). On est ici dans l’univers du jeu virtuel Terra Legends, qui fait l’objet de championnats comme n’importe quel sport. Si je ne connais absolument rien au monde du gaming, j’ai apprécié l’excursion, d’autant qu’un glossaire m’a aidée à comprendre tous les anglicismes et termes spécifiques, sans que cela ne nuise à la fluidité de ma lecture.

Le roman se divise en deux temps : le temps dans le loft sous les caméras, pendant lequel les membres de l’équipe s’apprivoisent, et le temps du jeu. On est dans une sorte de huis-clos mais pour autant sans la sensation d’étouffer. C’est l’univers du jeu qui permet cette impression d’évasion. D’autre part, il n’y a pas l’aspect dystopique d’Hunger Games ici, même si l’univers réel ne semble pas folichon.

OOM : Un roman d’action

J’ai lu OOM (pour Out Of Mana, au passage) en deux jours – non, en fait, je l’ai avalé, je voulais savoir ce qui allait se passer.

On est dans l’action, tout le temps. Peut-être que c’est l’aspect jeu qui veut ça ? Pour ma part, j’aurais aimé davantage de pauses, de descriptions pour saisir les enjeux du jeu et le contexte. Comprendre ce que font et doivent faire les personnages. Le récit à la 1ère personne et au présent amplifie cette sensation d’instantanéité. C’est vivant, percutant et ultra dynamique, encore une fois conforme à l’univers.

Sauf que je ne suis pas fan du tout des romans d’action au présent d’énonciation et à la première personne du singulier, je trouve que ça ne colle pas bien. Je vois bien le but recherché, mais je n’adhère pas du tout. La fusion du temps du récit avec le temps de l’intrigue crée une immédiateté de l’action racontée, avec l’illusion que le texte entre le personnage et le lecteur s’efface. D’accord, mais moi ce que j’attends, c’est un roman, pas un film. J’attends justement cette médiation du texte, avec de la narration et du récit. D’autre part, il y a là une impossibilité logique pour le narrateur de raconter ce qu’il vit au même moment. Bref, ce type d’énonciation pour un roman d’action me perturbe, et finalement, je ne parviens pas à croire à l’illusion créée.

Peu de profondeur

Alors oui, je me suis bien divertie, mais pour moi, ça manque un peu de profondeur, à plusieurs niveaux :

  • Sur l’aspect du jeu, je regrette le focus quasiment permanent sur la seule équipe française. Il y en a 20 d’équipes… Alors à part les coréens et une ou deux autres équipes, rien sur les autres. Dommage, j’aurais aimé davantage d’interaction avec elles.
  • L’équipe est filmée 24h/24 dans le loft. Le huis-clos aurait pu être intéressant, notamment sur l’évolution de chacun des personnages dans cette situation. Est-ce parce qu’ils sont tous cramés à force de jouer que cela ne les impacte pas ? Moi je serais devenue tarée après des semaines sous les caméras. Et finalement, ça n’apporte pas grand chose, et on ne sait pas du tout ce que voient les spectateurs; comment leur vie en communauté est-elle mise en scène ?
  • Les personnages. Malheureusement, je les ai trouvés très typiques des romans YA. Kira est l’héroïne classique des romans Young Adult : assez insignifiante, timide à première vue, mais en fait carrément badass (elle m’a gonflée pour être honnête, je n’aime pas ce type de personnages, trop prévisible). Les autres personnages ne m’ont pas convaincue non plus, pas assez creusés selon moi. Les rapports entre les personnages et leur évolution ne m’ont pas du tout surprise, et le soupçon de romance… tellement évident.
  • Enfin, même si les personnages vivent essentiellement dans le jeu, c’est pour s’échapper de leur vie quotidienne, donc celle-ci les impacte. Il manque selon moi un arrière-plan global pour bien remettre les choses dans leur contexte. Par exemple, on est en 2056, la vie réelle des personnages semble difficile, liée à une situation économique, politique et écologique compliquée. J’aurais aimé en savoir plus. Et dans le domaine du jeu, il est notamment question d’une mise à jour, et j’aurais bien aimé en savoir davantage sur ce jeu, son évolution, et comment il est devenu à ce point renommé pour que soient organisés des jeux mondiaux.

J’ai eu la sensation de rester en surface, finalement; et en cela, j’ai été un peu déçue, malgré l’univers original et l’aspect divertissant du texte.

En pratique

Alexiane Thill, OOM

Autoédition, 2020

D’autres avis : celui des Clonettes, très enthousiaste. Elles ont été conquises par ce roman. idem pour Céline sur son blog Les chroniques de l’autoédition. Avis mitigé par contre sur la page de Sandrine, Un café, un bon livre.

OOM est un roman d’Alexiane Thill, qui met en scène un jeu virtuel post-apo. J’ai apprécié ma lecture en ce qu’elle m’a apporté un bon moment de divertissement. Mais finalement, peu de surprises et surtout une profondeur limitée. J’ai trouvé là tous les ingrédients qui font un YA classique. Si c’est ce qu’on recherche, alors on passera un excellent moment. Pour ma part, j’attendais davantage. Ce n’est pas du tout une mauvaise lecture, j’ai apprécié le moment et la découverte d’un domaine qui m’était complètement inconnu. Mais je reste sur ma faim.

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