Valérie Van Oost – Les garçons russes ne pleurent jamais

Lecture dans le cadre du Prix des auteurs inconnus 2020 en littérature blanche, le roman Les garçons russes ne pleurent jamais de Valérie Van Oost était très attendu, l’ayant classé en première position lors des présélections. La lecture s’est révélée agréable, mais le roman a pris des directions qui m’ont laissée au bord du chemin et qui m’interrogent sur mes attentes en manière de littérature.

Synopsis

« Sacha, 17 ans, fait exploser les règles, joue au funambule sur la crête de la délinquance, se cogne à son angoisse identitaire. Mais peut-il écrire la suite alors qu’il ne connaît pas le début ?

Pour partir à la découverte des racines de leur fils, adopté en Russie, Antoine et Juliette organisent une croisière sur la Volga. Comme un voyage de la dernière chance. Mais ce qui intéresse Sacha, ce n’est pas le folklore pour touristes que ses parents lui présentent. Ce qu’il veut découvrir, c’est l’autre face du pays avec ses immeubles soviétiques et sa jeunesse paumée.

Au fil des escales, des cités de Saratov aux rives de l’Oka, des rencontres qui révèlent le pays comme des poupées russes, Sacha embarque pour un véritable voyage initiatique. Ce périple de Moscou à Astrakhan permettra-t-il à Antoine et Juliette de renouer avec leur fils ? Le couple abîmé par l’adolescence explosive de Sacha pourra-t-il se retrouver ? »

Un roman qui se lit tout seul

La plume de Valérie Van Oost est fluide, son roman se lit tout seul. Assez court, je l’ai lu rapidement, en moins de 24h. J’ai passé un moment de lecture agréable, mais ça n’a pas été un coup de cœur non plus. J’ai une préférence pour les textes qui s’amusent davantage avec la musicalité et la rythmique des mots et du langage, avec des images, des surprises narratives… Certes, le texte vogue doucement comme le bateau sur la Volga, mais du coup ça manque de vagues.

Malheureusement, je me suis presque ennuyée. Au fond, il ne se passe pas grand-chose dans ce récit. Alors certes, ça déconstruit complètement le schéma narratif habituel basé sur une intrigue pyramidale. J’apprécie le parti pris, même si je n’ai pas accroché plus que ça. Ici, chacun se replie sur lui-même, et les personnages parlent peu entre eux. C’est plutôt un dialogue de sourd en fait. Cela traduit bien la réalité de cette famille sur un point de rupture, mais cela n’a pas généré chez moi d’enthousiasme profond pour autant. Je n’ai pas ressenti la tempête psychologique qui s’abat ici.

Un roman psychologique

En manque de Russie

Ce sont les aspects voyage et découverte d’un autre pays qui m’ont attirée vers ce roman. J’espérais visiter un peu la Russie, m’imprégner de la culture locale, sans que le roman ne ressemble à un équivalent guide du Routard non plus. J’attendais aussi quelque chose qui se rattache aux grands romans russes du XIXème, de près ou de loin ; comme des échos à cette tradition romanesque particulière (le fait de le dire paraît un peu stupide, maintenant, puisque ça n’a rien à voir). Pour ma part, j’ai manqué de Russie. Je n’ai pas eu la sensation de voyager.

Car Les garçons russes ne pleurent jamais est surtout un voyage psychologique au sein d’une famille quasiment déchirée. Deux parents et un enfant adopté, ado en crise. Ce roman raconte, par le biais d’analepses rythmant le récit, l’arrivée de Sacha dans la famille, jusqu’à ce voyage de la dernière chance. Les points de vue alternent, entre passé et présent, et entre les différents personnages. Il y a également un effet huis-clos, provoqué par l’immersion dans la psychologie des personnages. On plonge dans leur esprit, on y lit leurs doutes, leurs peurs, leurs regrets. C’est vraiment bien trouvé, les personnages étant criants de réalisme.

Une incompatibilité de caractère ?

Malgré toutes les qualités de ce roman, je suis malgré tout passée à côté. D’abord, parce que je n’avais pas du tout envie de lire l’histoire de cette famille éclatée, d’une femme brisée, d’un époux qui s’éloigne et d’un ado en crise. Je savais que c’était le cœur du roman, mais j’attendais autre chose, à côté qui contrebalance et décentre un peu le récit.

J’attendais une bouffée d’air. Du voyage, un peu de magie, la découverte d’une autre culture. Un peu de légèreté, peut-être. Quand j’y repense, je me dis que l’autrice a réussi quelque chose d’extraordinaire malgré tout. En effet, face à ce roman, je suis comme Juliette face à ce voyage : en attente de waouh, qui ne vient pas. L’identification lecteur-personnage est là (même si je pense que ce n’est pas sur cet aspect-là que c’était espéré ^^).

Peut-être ce roman parle-t-il davantage aux parents, et peut-être ne suis-je pas en capacité de comprendre ce qui se joue ici. Je n’ai ressenti aucune sympathie pour Sacha, et sa manière de s’exprimer, notamment par le rap, m’a complètement laissée de côté : je ne supporte plus ce style musical qui me rebute complètement. En ce qui me concerne, ces personnages m’ont lassée, chacun représentant à son niveau le morne de la vie réelle.

Et c’est là, précisément là, que je me rends compte que mes goûts se sont déplacés. Peut-être à force de lire de l’imaginaire ? Car ce roman est bon, il n’y a aucun doute à avoir là-dessus. Mais, comme pour Obsèques à la carte, je passe à côté. Car le roman qui décrit le réel, je n’y arrive plus.

En pratique

Valérie Van Oost, Les garçons russes ne pleurent jamais

Librinova, 2020

Autres chroniques que je vous encourage à aller lire : celle de Laurent Grima, qui a aimé la plume, beaucoup, mais qui a aussi été un peu déçu par l’aspect très sombre du récit. Celle de Marie-Nel qui a énormément aimé ce roman, dont les thématiques lui ont beaucoup parlé. En revanche, frustration pour Virginie, sur son blog Accro aux livres.

Valérie Van Oost nous emmène en Russie, sur les rives de la Volga, avec cette famille sur le point de se déchirer. Les garçons russes ne pleurent jamais est un récit assez contemplatif, psychologique, et plutôt sombre. En revanche je n’ai pas eu la sensation de voyager, et cette famille m’a étouffée. Si le roman est très réaliste, ce n’est pas du tout ce que j’attendais de ma lecture. Je pense que mes goûts ont évolué et ne correspondent plus à ce type de littérature.

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