Amelia Pacifico – Obsèques à la carte

3ème lecture de littérature blanche pour le Prix des Auteurs Inconnus 2020, Obsèques à la carte est un roman autoédité d’Amelia Pacifico. J’avais bien aimé l’extrait lors des présélections. J’étais donc assez enthousiaste à l’idée de lire le roman entier, d’autant que le sujet et l’angle choisi laissaient présager quelque chose d’original. Et peut-être d’assez cocasse. Toutefois, l’ennui a vite remplacé l’enthousiasme du début…

Synopsis

 » Depuis un an, Lila traîne une amertume née des funérailles de son papa, trop tôt parti et dans un grand chambard enterré. La cérémonie organisée par sa mère et les professionnels du métier aurait fait hurler le disparu si ses cordes vocales avaient encore fonctionné.

Cette épreuve a tant pesé sur la jeune femme qu’au détour d’une conversation avec son psy, l’idée du siècle germe : pouvoir organiser de son vivant des funérailles sur-mesure afin d’ôter le souci des détails aux proches une fois son heure venue.

En proposant cet accompagnement original autour d’un sujet aussi tabou que la mort, Lila aurait dû se douter qu’elle croiserait des personnalités hautes en couleur qui lui donneraient du fil à retordre… et des émotions à vivre.

C’est également au travers de ces moments forts qui font le sel d’une existence qu’elle trouvera enfin ce qu’elle a si longtemps cherché… « 

C’était bien parti…

Un début de roman In medias res en pleine séance psy, avec l’ouverture imminente de la nouvelle boutique du personnage principal, Lila : nous voilà directement plongés dans une histoire qui semble abracadabrantesque. Des funérailles loupées, une guerre mère-fille, une vieille bique très bizarre qui pointe le bout de son nez, une boutique pour le coup très particulière et l’ensemble des croquemorts de la ville qui grince des dents.

Le ton est rapidement donné, je me frotte les mains, je sens que ça va être rigolo. Le texte est fluide, bien relu, sans aucune faute. Ca se lit facilement, ça coule tout seul. Peut-être un peu trop tout seul, à mon goût. Le niveau de langage est courant, le vocabulaire pas très étendu… : J’ai eu du mal à trouver à quoi me raccrocher. Pas de musicalité particulière, ni d’effets de rythme, un récit assez linéaire passée l’analepse sur les funérailles du papa… J’ai eu parfois la sensation d’être sur une autoroute déserte bordée de champs. J’aime les champs, hein, attention. Mais sur la route, ça a tendance à me faire somnoler.

Mais l’ennui a pointé le bout de son nez

Car voilà, je me suis ennuyée. Ce roman est bien écrit. Ca se lit bien, ça tient debout, il y a des personnages assez différents (notamment une assez rigolote, Aglaé). Mais arrivée au tiers, je me demande quand le roman décolle vraiment.

L’intrigue m’a semblé effectivement très lisse. Lila ouvre sa boutique, et le récit suit le cours des choses, un jour après l’autre. On suit les journées de Lila, entre la boutique, ses enfants, sa mère, et Aglaé. Les clients se suivent, et se ressemblent dans leur bizarrerie. J’ai manqué de relief, de montagnes russes : pas d’énormes nœuds, pas de suspense, pas de dénouement en fanfare, et un final qui ne me restera pas en mémoire, tant j’ai eu l’impression que ça s’arrêtait en plein milieu des choses.

Est-ce parce que j’avais des attentes particulières que ça n’a pas collé ? Je m’attendais c’est vrai à quelque chose de cocasse, de mordant, d’un peu farfelu, de grinçant aussi. Or on est surtout sur quelque chose d’assez psychologique dans ce roman, sur trois tableaux : Lila et ses clients d’un côté, Lila et sa famille de l’autre, et Lila et son psychologue au milieu. Et malheureusement, ce n’est pas du tout ce que j’aime lire. Dans le genre, c’est très bien fait, mais cette direction choisie m’a perdue en route.

Une immersion difficile

Du fait de l’ennui que j’ai ressenti et de l’angle psychologique pris, je n’ai pas réussi à m’immerger dans la vie de ces personnages ni dans le récit.

Malheureusement, Lila a fini par m’agacer prodigieusement. Sa mère et sa fille également, et je n’ai pas adhéré non plus à leur évolution. Celle-ci m’a semblé trop soudaine, trop inattendue. Aglaé est rigolote, mais je n’ai jamais vraiment compris ce qu’elle faisait là, à part mettre un peu de piquant. Les clients et le reste des personnages m’ont paru trop fugaces ou à peine esquissés pour que je m’accroche à eux. J’imagine que c’est l’effet recherché : offrir un aperçu sur des petites tranches de vie qui se succèdent et laisser du mystère autour des personnages car finalement, on ne connait jamais vraiment les gens…

Enfin, sur la suite des événements j’ai également eu du mal à trouver de la vraisemblance. Je me suis plusieurs fois posé des questions sur la cohérence de tels événements ou de tels comportements.

En fait, je pense que je n’ai pas du tout compris le message de ce roman. J’y ai réfléchi après coup, notamment en lisant d’autres chroniques. Et je me suis dit qu’il y avait dans Obsèques à la carte un point de vue bienveillant et feel good, humain et empathique, destiné à provoquer des émotions positives chez le lecteur par le biais de tous ces parcours de vie. Pour qui aime ça, nul doute que la lecture sera un très bon moment. Mais ça n’a pas du tout marché avec moi. Et pour le coup, ce n’est pas du tout à cause du roman, mais bien parce que je suis complètement hermétique à ce genre de récit. Ca ne provoque absolument rien chez moi. Je pense donc que cette rencontre ratée est davantage liée au fait que je ne suis pas du tout le public cible de ce roman, et cela ne remet pas du tout en question la qualité du livre.

En pratique…

Amelia Pacifico, Obsèques à la carte

Autoédition, août 2020

Le site internet de l’autrice

Enfin, vous trouverez ailleurs des avis bien plus positifs que je vous invite à découvrir : chez les Amoureux des lettres, par exemple; Feizas a ressenti beaucoup de bienveillance, d’inspiration à travers les personnages et des émotions très variées. Elodie aussi a beaucoup aimé ce roman, qui lui a mis du baume au cœur. Vous pouvez retrouver son avis sur son blog Au chapitre d’Elodie. Un coup de cœur aussi sur le blog Accroauxlivres. En revanche, un avis similaire au mien dans le fond, mais avec une bienveillance touchante, une chronique que j’ai vraiment beaucoup aimé lire, par Laurent Grima.

 

Obsèques à la carte est un roman autoédité d’Amelia Pacifico, publié en 2020. Je n’ai malheureusement pas accroché à ce roman. Mais je pense que ceci est dû à une incompatibilité de caractère on va dire. Ce n’est pas mon style de lecture et pour le coup, ça m’a laissée de marbre. Toutefois, c’est là un ressenti strictement personnel, qui ne remet pas du tout en cause le roman ni le travail de l’autrice. Ce roman a toutes les chances de trouver son public, et de garantir à des lecteurs qui aiment ce genre un très bon moment de lecture.

 

3 commentaires sur “Amelia Pacifico – Obsèques à la carte

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    1. Coucou et merci pour ton passage ! Je suis ravie que tu aies aimé ! Tu rejoins la majorité des lecteurs du coup. Comme je le disais, mon avis est très personnel (et minoritaire), et lié à un ressenti. Plutôt à une absence de ressenti en fait ^^
      Et pour la plume, je préfère les choses un peu plus enrobées, un peu plus travaillées, un peu plus complexes, un peu moins linéaires.
      Cela dit, je suis consciente que ce genre d’écriture ne s’adapte pas à tous les textes, et cela ne remet pas en question ce roman-ci, qui effectivement a tout pour plaire au public cible. Il aborde des sujets importants avec tact, et c’est original.

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