Chose promise, chose due : voici le bilan de mes premières Utopiales. Il m’a fallu un peu de repos avant de reprendre la plume pour vous en parler : je n’avais jamais été aussi épuisée après un événement de ce type. Et puis la redescente a été rude, la déprime lundi matin sévère. Il faut dire que je suis une jeune padawan, moi, et je n’avais pas prévu, à l’inverse de beaucoup d’autres, de poser congé. Quelle erreur de débutante. Bref, retour sur ces Utopiales 2023, 5 jours intenses, et vivement l’année prochaine.
Le festival : ressenti global
Je vous en avais fait une présentation très brève et très factuelle dans mon billet la semaine dernière. Maintenant, je vais vous donner mon ressenti des ces Utopiales 2023.
Les Utopiales, c’est énorme. A tous points de vue. Le festival se déroule dans un lieu clos, la cité des congrès et puis une salle un peu à l’écart, le Lieu unique. Ces Utopiales 2023 c’était 140 000 personnes environ enregistrées dans cette édition. Je vous laisse imaginer ce que ça peut donner. Heureusement, les lieux sont très grands (sauf le lieu unique, mais je n’y ai pas passé beaucoup de temps). De ce fait, je ne me suis pas sentie écrasée. C’est anecdotique, mais j’ai senti pas mal de courants d’air, ce qui m’a permis de ne jamais étouffer (mais j’ai caillé un peu quand même). Contrairement à Ouest hurlant et aux Imaginales, ici tout se passe en intérieur. Je redoutais un peu la cohue, le bruit épouvantable de Montreuil, ou les files d’attente interminables d’Etonnants voyageurs. Or rien de tout cela.
A chaque heure, c’est énormément de sollicitations et de tentations à gérer.
Des gens à voir, à rencontrer, des discussions qui s’annoncent passionnantes ici.
Des conférences à ne pas louper, mais plusieurs super en même temps.
Et puis tiens, des films que je n’ai jamais vus !
Ho, une exp… heu non, plein d’expos !
Ha, une remise de prix, avec un p’tit verre ? Chic alors, ça se refuse pas.
La librairie !!! Je n’avais jamais vu une librairie comme ça, vraiment.
Bon, je crois que je vais aller m’asseoir au bar, dodo. Mon dieu, c’est quoi cette queue juste pour du café ??
Allez, RAF, je m’assois par terre.
« Bonjour, t’es qui ? AHHH, c’est toiiiiii ! »
Voilà, en gros, ce qui s’est passé quinze fois par heure pendant 4 jours.
Ce que j’ai fabriqué pendant 5 jours
J’ai été attentive…
J’ai inauguré ces Utopiales 2023 avec la leçon du président Roland Lehoucq sur l’antimatière. En gros, de la matière qui rencontre de l’antimatière, ça fait boum. Et les écrivains de SF l’ont très bien compris et se sont emparés du truc très vite.
J’ai suivi des conférences. 5 ou 6, je crois. Des prévues, des pas prévues. Je n’ai pas pris de notes. J’ai adoré Emily Saint John Mandel, incroyablement passionnante et très juste dans ses analyses. Passionnée aussi par les conférences sur les astéroïdes qui nous tombent dessus, la seconde fondation de la SF et l’horreur.
Aucun film, en revanche; Interstellar annulé mercredi soir, et les séances de ciné déjà pleines à 8h30 le matin. J’ai regardé des expos mais n’ai pas été très réceptive, j’ai du mal à saisir les messages et la beauté des images, je préfère les mots. Et c’est quand je reviens du festival que je découvre La planète sauvage, avec les dessins de René Laloux. Je ne suis vraiment pas assidue.
J’ai acheté…
J’ai passé un nombre infini d’heures à la librairie, prenant le temps de tout parcourir, regarder les 4e de couverture, et de lire les premiers chapitres.
Et j’ai mangé et parlé, beaucoup
Je suis allée à la remise du prix Julia Verlanger avec des copines blogueuses, et me suis retrouvée à siroter un bon petit vin blanc à l’apéro qui suivait.
J’ai mangé beaucoup de madeleines et de bananes, bu beaucoup de thé. Et qu’est-ce que j’ai parlé, ma parole. Autant en 4 jours qu’en 6 mois. Discordiens, mordus, blogueurs, instagrammeurs, auteurs, éditeurs, bluskyens… Super chouette. Juste un peu désolée de ne pas avoir pu retrouver tout le monde.
Et j’ai passé beaucoup de temps au bar. On y avait une vue assez sympa sur la scène Shayol.
Ce que j’ai acheté
Bilan des courses : Utopiales édition 2023 = 20 achats, et un cadeau. Le cadeau c’est Sous la lune brisée, d’Anne-Claire Doly, chez Mnemos (Mu), que Tigger Lilly m’a ramené.
3 rachats en papier : L’affaire Crystal Singer, Le monde de Julia, à lire, relire et relire encore, et puis Notre part de nuit, ma meilleure lecture de l’année.
Des bouquins qui étaient en wishlist :
- Au royaume des vivants, d’Emmanuel Quentin chez 1115;
- La fille qui se noie, de Caitlin R. Kiernan, chez AMI;
- Symphonie atomique d’Etienne Cunge, chez Critic (et ça m’a cassé les bonbons de ne capter seulement après qu’il était dispo en poche).
Des bouquins que j’avais envie de lire depuis un moment :
- Abysses, de Rivers Solomon, en poche;
- Vivonne, de Jérôme Leroy, en poche;
- Mes vrais enfants, de Jo Walton, encore en poche;
- Depuis le temps que je voulais lire Poppy Z. Brite, j’ai pris Corps exquis (diable vauvert), une belle promesse de cauchemar dégueulasse en perspective, chic;
- J’ai acheté le 1er volume de Fondation d’Asimov;
- Et puis Au carrefour des étoiles, de Clifford D. Simak.
Et des inattendus :
J’ai acheté Sale temps à Lou Jan (chez Rivière blanche) un peu en dehors du circuit, après des échanges enjoués avec cette autrice aussi heureuse que moi d’être là.
Et puis à l’occasion de ma rencontre avec Olivier Gechter je lui ai pris Requiem en catastrophe majeure (chez Mnemos), un bon petit bouquin d’aventures occultes cocasse, parfait pour la déprime post-utos.
Des découvertes :
Une jolie beauté singulière : Agrapha, de Luvan, chez La volte.
Et puis j’ai découvert les éditions du passager clandestin, avec 4 nouvelles d’auteurs que je n’ai jamais lus mais incontournables (La montagne sans nom de Robert Sheckley, Destination fin du monde et Traverser la ville de Silverberg, et enfin La main tendue de Poul Anderson).
Lorgné aussi sur les bouquins de la collection Dystopia et les livres de Scylla, mais je n’ai rien pris (pour cette fois).
Et enfin, j’ai pris Thinking Eternity de Raphaël Granier de Cassagnac, en attendant que le plus récent de la série paraisse aussi en poche.
Moments choisis…
« Je déclare les 24e Utopiales ouvertes » : Roland Lehoucq lors de la leçon inaugurale mercredi soir, suivi des exclamations joyeuses de l’assistance.
Il est possible de manger une flammekueche à Nantes. Elles sont rondes (horreur !!), il y en a même au chèvre et au miel (horreur !!), mais elles sont plutôt bonnes.
Sortir de la librairie mercredi soir avec 7 bouquins quand dehors Toutatis nous tombe sur la tête : d’où l’importance de ne JAMAIS aller en festival sans papier bulle.
« Les réacs, allez vous faire foutre, on vous emmerde !! » : Nicolas Martin lors de la conférence sur la réécriture. Un grand moment.
Les dédicaces de Jean Baret et Ugo Bellagamba puis de Mariana Enriquez.
Conversation passionnée avec Fred, éditeur de 1115, sur les capacités futures de l’IA à retranscrire les paroles de chaque participant d’une réunion, via reconnaissance des voix et des styles de langage, et d’en faire un résumé.
Reconnaître Franck Scaldeyr des siècles plus tard (« ahhhh mais c’est toiiiiii ! »), et l’écouter raconter comment lui vient l’inspiration, comment il travaille et stocke une quantité phénoménale d’idées dans sa tête : incroyable discussion dimanche midi avant le départ. Il y a vraiment des gens passionnés et passionnants à écouter.
La rencontre du Dernier discord le vendredi, très très chouette moment. Plus généralement, chaque moment convivial au resto ou au bar, avec les uns et les autres.
Débunker un film de SF sur la fin du monde avec Roland Lehoucq c’est vraiment vraiment très drôle.
Il n’y a bien qu’Ariel Holzl pour savoir qui je suis lors de notre première rencontre, en me disant « ben oui, je t’ai reconnue avec ton avatar ». Là, je me suis bien rendu compte qu’en fait, je ne ressemblais plus du tout au dessin de mon totebag. Du coup un nouvel avatar est apparu sur le blog et les réseaux. Pour ne pas me reconnaître encore plus.
L’affaire Crystal Singer a fini dans beaucoup de sacs. Mes menaces ont fait effet.
J’ai réussi à retrouver les doc noires à lacets violets, le manteau bleu turquoise, l’écharpe jaune et bleue pas bleue, la marguerite sur le manteau, et leurs propriétaires respectives.
Le mot de la fin
Voilà un bilan un peu fouillis et en vrac, mais il ressemble assez bien à ce que j’ai vécu pendant 5 jours.
J’ai été très agréablement surprise par ce festival qui ne ressemble à aucun autre que j’ai fait jusqu’ici. C’était bien rempli mais en même temps loin de l’enfer que je redoutais.
Alors oui, il y a des choses qui pourraient être améliorées : j’ai par exemple quelques réserves sur le système de réservation des places de ciné, ou encore sur la qualité pas toujours au rendez-vous de certaines conférences.
Bon, cela dit, c’est du détail, surtout quand on pense à l’organisation que cela demande, à l’offre culturelle hyper riche proposée, et surtout à la gestion au top des imprévus (la tempête ayant empêché certains de venir). Les conférences et tables rondes c’est toujours un peu quitte ou double, et c’est tous les festivals comme ça.
De mon côté, j’ai passé un excellent moment, j’en ai pris plein les yeux et les oreilles, et je reviendrai avec grand plaisir l’année prochaine : du 31 octobre au 3 novembre, pour la 25e édition.
Un très beau bilan du festival, je suis assez impressionné par cette capacité à tout bien retranscrire. On passe toujours beaucoup de temps au bar, c’est normal, en fait tout se passe au bar aux Utopiales.
Et c’est vraiment trop gentil ce que tu dis sur moi, merci, je sais pas si j’en mérite autant.
Oui on me l’avait dit mais je n’y croyais pas trop, persuadée que je ferais 50 000 TR et que j’irais voir autant de films. Mais c’est aussi bien comme ça 🙂
Merci pour ton retour !
J’ai beaucoup apprécié notre conversation dimanche et j’ai passé un très bon moment, c’était un plaisir de te rencontrer et de papoter avec toi. J’aurai plaisir à te recroiser à un futur festival. Et à te lire bientôt, aussi, donc 🙂
Tu as l’air d’avoir passé 5 jours bien remplis et des plus plaisants ! Tant de rencontres et de livres, ça en fait des souvenirs et des heures de lecture qui t’attendent 🙂
Dans une magnifique bulle, oui 🙂 Ca fait énormément de souvenirs, en effet, et les heures de lecture ont bien commencé ^^
» je n’avais pas prévu, à l’inverse de beaucoup d’autres, de poser congé » -> On toustes commis cette erreur. Une fois.
« « Je déclare les 24e Utopiales ouvertes » -> mais oui c’était fort ça !
« Le cadeau c’est Sous la lune brisée » -> alors je ne sais pas si c’est un cadeau, attends de le lire 😅
» l’écharpe jaune et bleue pas bleue »-> 🙄
Ravie de t’avoir rencontrée en vrai et vivement l’année prochaine !
Qu’il soit bon ou pas ce Sous la Lune brisée, grand merci de me l’avoir rapporté malgré tout 🙂
Ah oui je peux t’assurer que l’année prochaine, je ne serai pas au boulot lundi matin. Quelle erreur de débutante !
Sinon, elle était fort jolie ton écharpe, hein. Juste pas bleue du tout 😀
Ca fait plusieurs années que je pose le lundi ET le mardi derrière XD
Il est vrai que j’ai galéré à la décrire, je n’ai pas fait le bon choix de couleur, le bleu ne se voit pas de loin XD
Sacré bilan, sacré salon, sacré aventure. Merci de nous partager ça, ça avait l’air d’être quelque chose ces Utopiales!
Oui c’est très différent des autres festivals, déjà parce qu’il y a plus de monde, que ça a lieu dans un truc fermé et puis ce n’est pas vraiment la même logique. J’ai vraiment apprécié ce rdv qui va devenir récurrent 🙂
Chaque année je lis des retours aussi enthousiastes que le tien et chaque année je me dis : un jour j’irai. Je préviendrai quand ce sera décidé !
Ce sera un plaisir de t’y voir en tout cas 🙂
C’est vraiment un chouette salon, et carrément pour le lundi, en général on ne fait qu’une fois l’erreur ! Pour les séances de ciné elles sont prises d’assaut, je ne sais pas comment font les gens qui y vont. En tout cas ce fut un plaisir de t’y rencontrer !
C’est ça, l’erreur de la débutante ^^ Je te promets que j’ai retenu la leçon 😀
je ne sais pas non plus comment font les gens; au petit déjeuner du samedi à 8h10 des gens à côté ont passé leur demi-heure à galérer sur l’appli pour choper des places 😐
Bon, je ne regrette pas, je n’avais tout compte fait pas envie de m’enterrer dans une salle, j’ai préféré passer du temps avec les gens 🙂 Et je suis très heureuse aussi de t’y avoir rencontrée, merci pour ces moments fort sympas 🙂
Beau compte rendu qui résume bien l’ambiance ^^
Et oui le retour à la réalité est rude 😅
Merci !
Oui, rude, et encore le mot est faible. Se retrouver douchée dans le train du retour because belle saucée, et à Montparnasse après une après-midi de galère because bagage oublié, c’était ça : rude ! Heureusement j’ai eu un train tout de suite. Mais alors le lundi, mazette… Les collègues ont été sympas, je les avais prévenus, ils m’ont pas parlé de la journée 😀 😀 😀
Miam, des madeleines et des bananes ! 😋 Je suis bien tentée par La fille qui se noie depuis la chronique de Tachan, je lirai ton retour avec plaisir et je te souhaite une belle lecture. Tu sembles avoir passé un excellent moment, merci pour ce beau partage. 🙂
Joli bilan ! C’était tellement chouette ! Mais je te rejoins sur le retour a la realite qui était bien difficile 😅