Samantha Shannon – Le prieuré de l’oranger

Voilà un joli pavé : Le prieuré de l’oranger c’est environ 1200 pages.  La première édition en français de ce roman de Samantha Shannon est parue en 2019 mais j’ai lu la version en deux tomes éditée par J’ai lu (moins lourd et format souple). Je me méfiais pas mal, parce que ce roman inondait, lors de sa sortie en poche, les comptes instagram. Mais j’avais beaucoup aimé le retour de Sometimes a book sur cette épopée de fantasy, et convaincue, j’avais donc acheté le roman dans la foulée. Je n’ai pas regretté : c’était une lecture fort divertissante, épique, captivante, j’ai avalé les deux tomes en une semaine.

Synopsis

Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s’éveille.

La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…

Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.

De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence.

Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil… Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Le prieuré de l’oranger : de la fantasy épique

Un univers étoffé et original

L’univers du Prieuré de l’oranger est très riche et complexe, et comprend plusieurs royaumes/états dispersés sur plusieurs continents. On est dans une ambiance guerre froide est/ouest, avec des échos à GoT mais sans les giclées de sang à chaque épisode. Pour moi public sensible, c’est fort appréciable. Mention spéciale aux cartes, glossaire et frise chronologique pour s’y retrouver.

Une des cartes du Prieuré de l’oranger. Continent de l’Ouest. En haut, le Reinaume d’Inys. En bas, le domaine du Lasia et l’Etat libre du Mentendon.

Enfin, il y a un fond assez original et bien traité : outre le combat entre les humains et les méchants dragons qui menacent de tout foudroyer comme il y a mille ans (et cette fois ils comptent bien ne pas se rater pour enfin décimer les humains et créer le chaos, nom d’une pipe), il y a des humains fragilisés par des croyances différentes au sujet justement de la manière dont les dragons ont été domptés mille ans auparavant. Guerre de religions, création et recréation de mythes, (ré)interprétation de sources anciennes, hérésie : j’ai beaucoup aimé cette transposition d’une réalité bien palpable dans un univers de fantasy. Ca marche plutôt bien et ça donne du coffre à ce roman épique.

Une épopée

Ce roman c’est justement de la belle fantasy épique. Des pirates, des dragons (gentils), des wyrms (des méchants dragons), des humains, des mages, des dragonniers… C’est haut en couleurs. Il y a pleiiiin de personnages. J’adore ! C’est une belle fresque.

Tout ce petit monde tente tant bien que mal de cohabiter ensemble, mais ça ne marche pas très bien. Alors, c’est la guerre ! De la baston (qui aurait pu être plus wahou, mais Le prieuré souffre un peu du syndrome « marcheurs blancs »), du feu, du sang (mais pas trop), des héros, des hauts faits, des récits d’anciens… Grande aventure, chaos imminent, destin du monde dans les mains de quelques héros : c’est épique, c’est beau, c’est grand, c’est captivant.

De la fantasy originale

Une écriture intéressante

Franchement, pas mal. C’est fluide, captivant, entraînant. La langue est fournie, riche en vocabulaire. Ce pavé est mastoc, mais il se lit tout seul, sans aucune difficulté. On trouve aussi de belles descriptions, travaillées.

En revanche, la grammaire n’est pas toujours au top (la concordance des temps visiblement est un vieux souvenir poussiéreux du traducteur) et on trouve pas mal de coquilles. Mais rappelons que la traduction originale provient de De Saxus, il ne faut donc pas trop en demander non plus hein. Mais enfin, ça reste de la bonne qualité.

Une narration complexe

Nulle monotonie ici, puisque le récit suit 4 personnages très différents, qui ne se connaissent pas ou peu, et vivent aux quatre coins de l’univers décrit. Cette alternance, si elle peut paraître complexe au début, donne énormément de dynamisme, d’autant que les fils narratifs finissent par se retrouver (ce n’est pas du spoil, on s’en doute dès le départ).

Il y a aussi une alternance passé/présent que j’ai beaucoup aimée. On navigue entre des récits passés sur les personnages, des récits venus des temps immémoriaux, des légendes forgées au fil du temps, et le présent, qui se construit sur tout ce substrat fort dense. Tout se mélange, là encore cela peut paraître complexe, mais c’est un puzzle fort passionnant à reconstituer.

Des personnages surprenants

Le prieuré de l’oranger, c’est de la fantasy où les personnages féminins sont nombreux, moteurs, diversifiés. Quel plaisir de lire enfin autre chose dans le traitement des personnages ! Plus largement, on trouve ici toute une foule de personnages très étoffés et intéressants, des relations humaines inattendues, surprenantes, touchantes, très bien traitées, et avec naturel.

En revanche, petit bémol sur le manque de réalisme de certaines situations. Le prieuré de l’oranger n’est pas un récit très sombre, aussi il y a une touche d’optimisme un peu naïf qui fait très fantasy YA. C’est notamment le cas de certains personnages importants dans le déroulé de l’histoire, et qui se trouvent, pile poil au bon moment, dotés de bon sens, d’adaptation et de capacité à se remettre en question. C’est fort bien, mais soyons honnêtes, c’est un peu (très) facile. Cela dit, j’ai malgré tout apprécié que tout ne soit pas tout le temps aussi bisounours, et qu’il y ait des personnages en souffrance, et des situations difficiles. Ca m’a permis d’y croire et d’adhérer à l’illusion romanesque… J’adore, le temps d’une lecture, croire que ce que je lis est réel et m’imaginer vivre dans cet univers, rencontrer les personnages tout ça tout ça 🙂

 

Le prieuré de l’oranger est un roman de fantasy épique de Samantha Shannon. J’aime bien lire des sagas en été (même si en fait c’est un one shot coupé en deux), et je n’ai pas été déçue du tout. J’ai été captivée par ces personnages et cet univers si dense, je me dis qu’il y aurait même moyen de continuer la série tant l’univers est riche et peut encore être exploité. C’est un roman très sympathique que je recommande, c’est franchement facile à lire malgré le nombre de pages (qui s’avale tout seul). Ce n’est pas un chef d’œuvre mais ça se défend largement bien, et il vaut un franc détour pour l’originalité et la qualité qu’il propose.

5 commentaires sur “Samantha Shannon – Le prieuré de l’oranger

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    1. alors je te conseille l’astuce deux volumes chez l’ai lu, comme ça tu peux couper en deux. Pour ma part, j’ai lu tout ça en six jours, j’ai été complètement happée dedans.

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