Faire jaillir l’étincelle » aux quatre coins de la littérature de l’imaginaire : le slogan de Projets Sillex met en image le souhait de cette maison d’édition : donner naissance à des projets éditoriaux en littérature d’imaginaire, et les laisser s’envoler, vivre leur longue vie dans les mains des lecteurs. Projets Sillex, c’est à la fois une maison qui promeut le circuit court, mais aussi une plateforme de financement participatif des projets pris en charge. Petite présentation de cet acteur SFFF qui révolutionne le circuit éditorial traditionnel.
Carte d’identité
Projets Sillex est basé à Lyon, dans le troisième arrondissement. La maison est représentée par Nicolas Marti, que je remercie chaleureusement pour sa disponibilité et toutes les réponses qu’il m’a apportées. Le premier projet mené par cette maison date de 2018 (Face au dragon, par Isabelle Bauthian).
Le site internet de Projets Sillex, c’est par ici !
Un concept éditorial original
Projets Sillex propose une alternative au schéma éditorial classique.
Le schéma classique
Dans le schéma classique éditorial, l’éditeur trouve les textes (ou étudie ceux qui lui sont déposés, de manière ponctuelle ou via un appel à textes), et les retravaille (pour rentrer dans la ligne éditoriale notamment), avec un comité de relecture/correction (ou pas). Ensuite, il crée la maquette avec l’illustrateur. Viennent ensuite l’imprimeur qui fabrique le livre et le diffuseur, qui vend le roman vers les revendeurs finaux (librairies etc.). Enfin, entre tous ces acteurs, le distributeur gère la logistique (l’acheminement des livres, la gestion des retours etc.).
Vous l’avez bien compris, ça fait du monde. Ainsi, pour un bouquin vendu en moyenne 20 €, l’auteur touche entre 1.60 et 2€. Le reste est ensuite réparti entre libraire, éditeur, imprimeur, distributeur et diffuseur. On comprend aisément l’essor de l’autoédition. Mais cette voie n’est pas pour autant une facilité : l’auteur y investit tout son temps, puisque c’est lui seul qui fait tout, et son argent. Pour une visibilité très faible, disons-le clairement.
Le circuit court proposé par Sillex
Projet Sillex fait le même travail autour des textes qu’un éditeur classique : choix des textes, relecture, maquettage. Mais ensuite, quelques paramètres changent : au lieu de diffuser/distribuer le roman vers les points de vente, celui-ci va faire l’objet d’un financement participatif, par le lecteur. Le grand oublié de la chaîne précédente.
Qu’est-ce que ça change ? Eh bien c’est un changement de paradigme complet : car ce sont les lecteurs qui vont donner vie au projet, ou pas.
- Si le projet fonctionne, l’auteur touchera alors une rémunération à hauteur de 30% du montant du livre. Les frais de distribution/diffusion seront réduits au maximum ensuite.
- Si le projet ne fonctionne pas en revanche, les lecteurs ayant soutenu financièrement le projet seront remboursés. Ce n’est plus le livre qui arrive vers le lecteur, c’est lui qui va le chercher.
A ce sujet, je vous renvoie sur l’infographie très bien faite sur le site internet de Sillex. Par ailleurs, une interview de Nicolas Marti en 2018 a été réalisée par le blog Les pipelettes en parlent. Enfin, vous pouvez retrouver le point de vue d’un auteur sur cette initiative, dans l’interview en 2018 d’Isabelle Bauthian sur le site Elbakin.
Projets Sillex ce sont donc des projets novateurs créés de toutes pièces par la maison. Mais ce sont aussi des projets portés par d’autres maisons d’édition, et accueillis sur Sillex. C’est par exemple le cas du livre Le concile de Merlin, par Lionel Cruzille, paru aux éditions l’Alchimiste. Dans ce cas, on parle de projets attachés.
Les projets Sillex
Comment ça marche ?
Comme n’importe quelle plateforme de financement participatif (comme Ulule par exemple). Ce financement participatif est en fait une campagne de précommande.
Une fois le livre choisi, relu, imaginé, maquetté, prêt à sortir des presses, celui-ci fait l’objet d’un projet de financement, limité dans le temps. Les projets Sillex sont présentés sur le site internet de la maison, et uniquement là. Le site embarque une plateforme de paiement (et vous savez que je trouve ça très pratique !). Le contributeur investit la somme correspondant à la contrepartie désirée (version ebook ou version papier).
Le but est simple : le projet est acté quand la somme des financements atteint le palier considéré comme permettant la viabilité de celui-ci (le palier correspondant à un volume de précommandes prédéfini). Dans ce cas, le roman est imprimé, et les contreparties sont envoyées aux contributeurs. Si à la fin de la période de financement, le projet n’a pas atteint ce palier, les contributeurs sont remboursés et le projet ne voit pas le jour. L’auteur récupère ses droits immédiatement.
Quand le projet est lancé et que la campagne est terminée, il n’est plus possible d’acquérir les livres par ce biais. Pour se les procurer, plusieurs possibilités subsistent :
- l’achat via une librairie partenaire
- l’achat en salon
- ou l’achat lors de la réouverture exceptionnelle des campagnes. C’est le cas par exemple pour tous les livres créés dans le cadre de Projets Sillex actuellement.
Des exemples de projets réussis
Tous les projets proposés en précommande ont atteint et dépassé le palier défini. On retrouve les différents projets menés ici.
Petit focus sur un titre en particulier : Rocaille, de Pauline Sidre. Ce roman a fait partie des 5 finalistes du PLIB 2021 et a été reçu le Prix Aventuriales 2022.
Une anthologie animalière a également vu le jour, et remporté le prix Imaginales 2022 de la nouvelle.
Autour de Projets Sillex
Avant Projets Sillex, il y avait un blog, au doux nom de What about a dragon. S’il n’est plus alimenté aujourd’hui faute de temps, on y trouve cependant des articles de fond toujours d’actualité et très intéressant. On peut donc y lire des chroniques sur des parutions, mais surtout des articles d’analyse sur la situation éditoriale, l’écriture, l’activité d’un chroniqueur.
Ce qui est également très fourni c’est le Plumorama, ensemble d’interviews d’auteurs et d’autrices menées jusque 2018. Au total, plus de 48 interviews menées, ayant pour but à la fois de présenter les auteurs qui font la littérature d’imaginaire mais aussi de dégager les grandes lignes de la chaîne du livre, la situation de ce secteur économique, les conditions de vie de ces auteurs, etc. Les conclusions de ce Plumorama ont été synthétisées dans un bel article-analyse.
Si ces articles commencent à dater (les derniers datent de 2018), les conclusions tirées de ces entretiens restent d’actualité. On peut espérer qu’un autre projet de blog de ce style voie le jour : cela aurait particulièrement du sens qu’il soit porté par Projets Sillex du fait de son positionnement novateur dans la chaîne du livre. A suivre, donc !
J’aime bien l’idée du projet et c’est une bonne chose que tu en parles. Rocaille a clairement très bonne presse, il donne vraiment envie!
J’aime aussi cette idée, en général j’aime bien les initiatives qui trouvent d’autres voies que les traditionnelles et que l’on considère comme gravées dans le marbre.
La démarche est intéressante, et derrière il y a des gens qui le sont tout autant.