Premières lignes #24 : La horde du contrevent

Oui, je suis en train de lire ce monstre, enfin. J’ai attendu d’être pas mal avancée dans le bouquin pour en parler et en écrire les premières lignes. Histoire de ne pas réitérer l’échec des premières lignes précédentes, qui se sont soldées par un abandon pur et simple du bouquin à peine les 100 pages passées. Mais là, je suis bien accrochée au Pack et j’avance bien, avec la Horde. Voici donc, pour les premières lignes #24, l’incipit de La horde du contrevent d’Alain Damasio. Et pour parfaire l’immersion, cette fois je vous les mets en image, pour que vous vous rendiez compte.

4e de couverture

Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueules, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.

Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime.

Premières lignes #24

Quelques réflexions

Etrange, n’est-ce pas ? C’est très formel, un exercice de style, mais moi, j’adore ce genre de jeux. Des premières lignes comme ça, il faut avouer que c’est franchement casse-gueule. On comprend déjà qu’il y a un parti pris, des risques énormes pris par l’auteur, et qu’une partie du lectorat sera complètement perdu, ou rebuté par ces choix. C’est un peu ce que je recherche, dans mes lectures, cette prise de risques. Donc je suis séduite.

Au-delà de l’exercice formel, je devine déjà le talent de l’auteur dans le maniement des mots, et surtout des sonorités. Autant des sons que des blancs, qui sont porteurs de sens. J’adore les allitérations de sifflantes et de fricatives dans le 2e extrait : « Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les vents ». Une phrase à prononcer à voix haute… Je me dis que ce texte, en audio lecture, doit être absolument incroyable. J’en profite pour vous signaler la sortie très récente d’un disque qui met en musique le roman. C’est un disque de La Cie Erno et Eléonore Zielinski, et l’album, qui s’intitule Furvent, est disponible ici. Merci à Mélanie du compte l.i.a.livres sur Instagram d’avoir partagé cette merveille sonore !

Alors je vous rassure, tout le bouquin n’est pas comme ça. En revanche, ce souffle de voix qui se répondent, comme des échos parfois assourdissants, c’est tout le bouquin; une vingtaine de personnages qui prennent la parole à tour de rôle, avec cette fois une façon de parler bien distincte, reconnaissable. Quelle joie, enfin ! Ces voix se mêlent au vent, qui lui aussi, a plusieurs textures, sonorités, forces, noms. Bref, c’est un monde bien haut en couleurs finalement, dans cet univers si aride et hostile.

J’avance doucement mais sûrement, au rythme de la Horde, épatée par la maîtrise du langage dans certains passages. Je ne suis pas encore suffisamment avancée dans le bouquin pour voir s’il y a un fond aussi remarquable que la forme, mais je n’en doute pas; déjà quelques signes m’indiquent que je vais sans doute être marquée par un propos percutant. Je vous en dirai plus prochainement !

Un rendez-vous bloguesque partagé

Ce rendez-vous créé par Aurélia du blog Ma lecturothèque est suivi par pas mal de blogueurs et blogueuses : Lady Butterfly & CoCœur d’encreLadiescolocblogÀ vos crimesJu lit les motsVoyages de KLes paravers de Millina4e de couvertureLes livres de RoseMots et pelotesMiss Biblio Addict !!La magie des livresElo DitLe nocher des livresLight and smell.

N’hésitez pas à me dire si vous participez aussi à ce rendez-vous dominical, je pourrai ainsi actualiser la liste.

 

Avez-vous déjà lu ce roman ? Un autre de l’auteur, peut-être ? L’avez-vous adoré, ou détesté ? Ou bien faites-vous partie des lecteurices qui redoutent ce bouquin ? Qu’avez-vous pensé de ces premières lignes #24 ? Si vous hésitiez, est-ce que cet incipit vous donne envie de vous plonger dans ce roman monstre ? Pour ma part, contente d’avoir enfin ouvert ce roman rugissant, moi qui aime être décoiffée par mes lectures, j’en prends plein la figure. J’espère pouvoir vous parler plus en détail de ce roman dans les jours qui viennent, selon mon rythme de lecture. En attendant, je vous souhaite un très bon dimanche !

13 commentaires sur “Premières lignes #24 : La horde du contrevent

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    1. J’espère qu’il te plaira ! J’en suis à la moitié, et je fais une petite pause avant de m’y remettre. C’est un monument ce bouquin, il ne s’avale pas facilement ^^

  1. Mon premier Damasio, c’est La zone du Dehors, aussi c’est celui-là qui demeurera mon préféré, je crois 🙂 Mais La Horde fut un sacré uppercut également, même si j’ai d’abord eu du mal à rentrer dedans !

    1. J’en suis à la moitié, je vais tenir bon et aller au bout.
      Si c’est remarquable sur pas mal de points, le traitement des personnages féminins est un trop gros point noir pour moi, c’est insupportable… Tu me diras que le bouquin a vieilli, il fête ses 20 ans cette année; certes, mais même sachant cela, ça n’en reste pas moins fatigant à lire page après page 🙁

  2. Je n’ai pas encore tenté le coup. Effrayé par tout ce qu’il représente et le culte voué à Alain Damasio par beaucoup. Cela me fait un peu peur.
    J’attends donc le bilan de ton expérience. Peut-être cela pourra-t-il me décider…

    1. Bilan à mi-parcours : pouf, pouf, pouf, j’ai plus d’essence.
      Bon, honnêtement, le bouquin vaut le détour. Il est remarquable sur bien des points. Mais c’est aride et rude, et 700 pages comme ça, faut tenir le coup. Disons que le lecteur vit avec et subit le poids de la Horde, et c’est pas funny. Et les persos féminins sont catastrophiques. Ce qui fera que je ne lirai pas d’autres bouquins de l’auteur.
      Je vais aller au bout, mais j’ai fait une petite pause au milieu du bouquin pour lire le dernier Claire North, bien plus addictif !

      1. Argh ! Tu ne me donnes pas la dose de courage nécessaire.
        Bah, de toute façon, je suis débordé en ce moment et je n’arrive à rien. Ce n’est donc vraiment pas le moment de tenter cette longue, longue, longue aventure.
        Merci beaucoup pour cet avis.

  3. Je l’ai lu l’année dernière et je me retrouve totalement dans tes premières lignes. Moi aussi, j’ai été emportée, ébouriffée, émerveillée par la langue, par l’écriture. Sur ce point-là, ce roman a été une lecture incroyable. Seulement, il a aussi présenté un gros point noir, dans une telle ampleur que je n’ai pas pu passer outre. Mais on pourra en discuter plus tard, quand tu auras achevé ta lecture !

    1. Je vois très bien ce dont tu veux parler… Et j’avoue que ça m’agace au plus au point.
      J’en suis au milieu, et je fais une pause pour lire le dernier Claire North ^^

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