Avis flash #17 : février 2024

Un bouquet de bouquins Young Adult pour ces avis flash #17. Après ma période Urban fantasy assez moyenne, je poursuis avec des dystopies young adult tout aussi moyennes. Mais c’est voulu. Ce sont mes lectures d’insomnie, donc je cherche des bouquins fastoches, divertissants et vite avalés (vite oubliés aussi). La moisson de février a répondu à tous ces objectifs : 
– Rick Yancey, La 5e vague ;
– Neal Shusterman, Les fragmentés ;
– Stephenie Meyer, Les âmes vagabondes.

Rick Yancey, La 5e vague

Présentation de la série

1re dystopie pour cet avis flash #17 : une trilogie de SF qui s’étale de 2013 à 2016. On est dans la veine des romans dystopiques post Hunger games (en carrément moins bien). On est dans un monde contemporain, qui subit 4 vagues successives d’attaques des Autres, les extraterrestres méchants qui veulent la Terre et exterminer ses Humains. Ils ont l’air super doués et semblent pouvoir exterminer tous les Humains d’un coup. Mais visiblement, ils sont sadiques, et font ça en 4 vagues, toutes plus retorses les unes que les autres. Plus d’électricité, une épidémie, une déferlante terrifiante… Mais, une poignée résiste encore et toujours à l’envahisseur. Et pour ces individus, les Autres leur réservent une 5e vague aux petits oignons. « Maintenant, ça va chier« , comme dirait Stallone.

Avis flash

Très honnêtement, le 1er volume est plutôt pas mal. Un niveau au-dessus de son adaptation au ciné, et ce malgré la présence de  Chloë Grace Moretz (qui décidément, ne dégage pas grand-chose; elle est meilleure dans The peripheral). C’est plutôt bien construit, avec une volonté de rupture dans la linéarité du récit, grâce à des flash-backs successifs. A l’image de nos protagonistes, vifs et jeunes, l’histoire est menée tambour battant.

Alors pourquoi un avis qui, vous le sentez, est assez tiède ? Pour plusieurs raisons.

D’abord, ces Autres, là. En l’état, ils ne sont pas crédibles du tout. On ne sait pas d’où ils viennent ni ce qu’ils veulent (à part écrabouiller la gueule des Humains). Encore moins pourquoi ils ont besoin d’une planète alors qu’ils ne sont pas corporels. En effet, ils ne sont que conscience. Alors une Terre : je ne vois pas bien ce qu’ils pourraient en faire. Et ce n’est jamais justifié. D’ailleurs, les personnages aussi se posent la question, mais n’ont pas le temps de creuser. (Puisque hé, y’a une 5e vague en cours, là.) Bref, c’est aussi fin que Mars Attacks !, mais dommage, le bouquin n’est pas une parodie…

Ensuite, les personnages. On a le bien connu triangle amoureux (groumpf) avec une difficulté supplémentaire (qu’on voit venir avant même d’avoir ouvert le bouquin). Et puis le groupe d’ados entraînés au combat (très Hunger Games, en moins charismatique). Enfin, le militaire très méchant… Rien de très ébouriffant dans tout ça. L’héroïne principale (dont j’ai déjà oublié le prénom) est une Katniss bis qui a aussi sa version réduite à gérer (un petit frère, ici). En soi, tout ça ne fonctionne pas mal. Mais c’est du déjà-vu 50 000 fois et la série pèche par ainsi par son manque cruel d’originalité.

Mais ce tome 1 n’est pas profondément mauvais et offre une fin ouverte assez intéressante. En revanche, les deux tomes suivants proposent des similarités encore plus évidentes avec Hunger Games, et un paquet de facilités scénaristiques. Ca tourne en rond, devient long et chiant. Jusqu’au final du tome 3, avec 50 pages certes plutôt belles et assez perchées (et pas forcément hyper compréhensibles). Visiblement, l’auteur est capable d’écrire quelque chose d’assez bon et de prendre des risques. Alors pourquoi a-t-il attendu les dernières pages pour le faire savoir ?

Stephenie Meyer, Les âmes vagabondes

La Terre est envahie par un ennemi invisible (encore). Les âmes vagabondes s’emparent des corps des Humains et neutralisent leur esprit. Ces colonisateurs ont ainsi exterminé la quasi-totalité de l’humanité (encore).

Mais une poigné résiste encore et toujours à l’envahisseur, comme Mélanie. Jusqu’au jour où, elle aussi, se fait grignoter la cervelle. Mais en bonne résistante, elle va harceler sa nouvelle occupante et l’inciter à retrouver sa version mini (encore un petit frère) et son amoureux (encore un). Vagabonde et Mélanie deviennent alors alliées face à une Traqueuse entêtée qui veut à tout prix connaître la cachette de cette poignée de résistants…

Avis flash

Non, non, je n’ai pas résumé La 5e vague, c’est bien un bouquin différent. Même si les Autres sont assez semblables, même si Mélanie ressemble bien à la mistinguette de La 5e vague et qu’il y a deux petits frères à retrouver/sauver/garder en vie à tout prix dans les deux cas. Et même si on a un namoureux ici aussi (avec un triangle amoureux; enfin non, ici c’est plutôt un carré, parce que Stephenie Meyer voit les choses en grand).

Bref, vous l’aurez compris : bis repetita. A la différence que Stephenie Meyer ne fait pas de SF et n’en a pas la prétention. Heureusement, parce que sur ce plan, c’est le néant. Non, ce n’est pas exact : pour être honnête, elle nous offre quelques pages vraiment très belles sur les autres planètes visitées par Vagabondes, à l’occasion de ses « cours ». Seules pages que j’ai trouvées vraiment chouettes. Parce que le reste n’est pas mauvais, mais pas extra non plus.

Pas mauvais, parce que ça tient debout. L’écriture est certes banale mais pas mauvaise; la structure du roman certes pas originale non plus, mais idem. Surtout, l’idée de départ de cohabitation dans un seul esprit est bonne, avec le dialogue entre les deux habitantes que cela implique, et tout le duel intérieur que cela engendre. Mais ce n’est pas assez poussé psychologiquement, l’autrice aurait pu aller beaucoup plus loin et plus fort pour en sortir quelque chose de passionnant et surtout percutant.

Mais ce qui l’intéresse, comme dans Twilight, d’ailleurs, c’est la romance. Connaissant l’autrice, elle m’a surprise : je l’ai trouvée bien ramollie; je m’attendais à quelque chose de bien plus explosif que ça, mais ce carré amoureux reste très plan-plan. Le roman reste, contrairement à son adaptation au ciné, très concentré dans l’ambiance tendue et à huis-clos de la grotte. Sans doute pour exacerber les sentiments, négatifs comme positifs. Mais ça n’explose jamais vraiment, et le roman est un long blablatage entre Vagabonde (très mollassonne et bisounours du fait de sa nature) et Mélanie (qui mord bien mais qui est trop souvent remisée à l’arrière, compte tenu de sa situation). Alors c’est longuet, il ne se passe pas grand-chose, et la manière dont les personnages évoluent et changent leur regard ne m’a pas convaincue, puisqu’aucun événement suffisamment fort ne justifie ces évolutions.

Pour le coup, le film développe davantage de choses pour apporter un peu de rebondissements (notamment la traque de Diane Kruger, dont on se demande ce qu’elle fiche là mais bon, tout le monde doit payer ses impôts). Malheureusement, c’est mal fait puisque le rendu est très manichéen (les gentils résistants vs la méchante traqueuse, qui évidemment devient « hystérique » et perd le contrôle).

Neal Shusterman, Les fragmentés

Présentation de la série

3e et dernière dystopie pour cet avis flash #17 : la tétralogie Les fragmentés. Monde contemporain (ou dans le futur, je ne m’en souviens déjà plus non plus, mais similaire au nôtre en tout cas), après une guerre civile. Dans ce monde, on peut fragmenter un enfant âgé de 13 à 18 ans. C’est-à-dire s’en débarrasser pour que ses organes soient récupérés et puissent profiter à d’autres. Tout cela en martelant au gamin concerné qu’il vivra sous une autre forme. C’est comme ça, c’est la charte de la vie. Trois gamins se retrouvent dans ce cas, mais vous vous doutez bien qu’ils vont pas se laisser faire, les mômes. Ils vont devoir fuir. Car croyez-le ou non, il y a une police chargée de traquer (ah, tiens, on reste dans le thème) ces gamins résistants pour les désosser comme il se doit. Non mais.

Avis flash

Dans le genre « bouquin sans fondement crédible« , Les fragmentés est sur le podium. Il manque cruellement de cadre, et surtout de contexte. Cette charte de la vie est balancée comme ça, et on fait avec. On nous demande donc d’accepter les yeux fermés que cette société puisse exister et désosser ses enfants parce qu’ils n’ont pas été assez sages au souper. Soyons sérieux deux minutes… Je veux bien me dire « pourquoi pas ». Mais pour ça, il faut m’en donner plus. Il manque un aperçu de l’évolution de la société, pour qu’on comprenne pourquoi elle en arrive à de telles horreurs. Là, sans socle, sans fondement, la suspension d’incrédulité ne fonctionne pas.

Alors forcément, avec ça en moins, tout m’est apparu grossier et ridicule. A commencer par les réactions des personnages, parents, encadrants, police des frag, gamins… Aucune cohérence. Dans les relations que les gamins entretiennent, que des schémas déjà vus. Sauf que ça ne marche pas : les gosses sont à la porte de la mort, pas en train de jouer aux billes à la récré; les querelles traditionnelles d’ados ça ne marche pas, là. Le débat pro-choice/pro-life ? Mal mené dans ce contexte si pauvre. Pas percutant, bancal, tombant à côté. La construction du récit ? Beaucoup trop de rebondissements tarazimboumants pour qu’on parvienne à suivre sans s’essouffler (de lassitude) en cours de route. Et beaucoup trop de facilités scénaristiques (é-di-dem-ment que les héros vont s’en sortir). Quant à l’écriture, encore un bouquin banal.

Vraiment dommage, car le roman aurait eu pas mal de choses intéressantes à apporter, notamment sur un paquet de sujets éthiques. Mais il ne le fait que bien trop peu, et très mal. De ce fait, je l’ai trouvé foncièrement mauvais, pour toutes ces raisons. Même pas divertissant, en plus. J’ai fini ce premier tome en n’ayant vraiment pas envie de poursuivre, merci bien, ça suffit. Ca tombe bien, le tome 1 se termine sur une fin ouverte qui à mon sens est satisfaisante.

Voilà pour cet avis flash #17 ! Je vous vois venir : « pourquoi tu lis ce genre de bouquins si ça ne te plait pas ? » En fait, j’expérimente. Au-delà de faire des lectures parfaitement adaptées pour occuper de longues heures, j’expérimente. Il y a des jeunes lecteurices dans ma famille, aussi je trouve plutôt pas mal de lire ce qu’iels lisent, de repérer ce qui est vraiment bien, et de trouver des idées pour des cadeaux d’anniversaire ou de Noël. On m’a parlé de La faucheuse, de Divergente, aussi, je vais tenter ça prochainement.

8 commentaires sur “Avis flash #17 : février 2024

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  1. Je n’ai lu que les âmes vagabondes il y a quelques années et j’avais plutôt bien aimé. Comme toi, c’était plus la romance qui m’avait plue. Depuis j’ai lu des romans bien plus sympas mais c’est toujours plaisant de retrouver des petites dystopies sans prise de tête 😁

    1. En l’occurrence, la romance ce n’est pas trop mon truc justement ^^ Mais c’est clairement le but du roman et je dois avouer qu’elle est bien menée (même si je trouve que Ian est larmoyant et Jared un peu trop porté à envoyer des coups de boule à sa copine mille-pattes. Mais comme tu le soulignes, c’est sans prise de tête et parfaitement adapté au but recherché ! Pas mécontente d’avoir lu aussi autre chose de Twilight de l’autrice.

  2. J’avais fortement apprécié le premier volet de La 5e Vague à l’époque et puis les suites ne m’ont nullement convaincu. D’autant plus que j’ai très vite découvert ou souhaitait nous mener l’auteur.

    1. Forcément, quand on devine où on va, la surprise retombe, en effet 🙁 Les autres tomes sont vraiment un cran en-dessous, je te rejoins complètement. Et tu vois, je pense que j’aurais aimé lire le 1er tome ado. Je pense que ça m’aurait beaucoup plu.

  3. J’avais bien aimé Les âmes vagabondes mais je n’en garde pas beaucoup de souvenirs… Et j’avoue que ton avis ne m’incite pas trop à renter une lecture attendant dorénavant une certaine dimension psychologique ou au moins une finesse dans l’écriture qui semblent ici faire défaut.

    1. Pas sûre de garder beaucoup de souvenirs non plus de ce bouquin, même si je me rends compte que c’est surtout La 5e vague qui s’efface le plus de ma mémoire déjà…
      Et en effet, la finesse de l’écriture ne caractérise pas ces trois œuvres – bon, ce n’est pas ce que je recherchais non plus, pour être honnête !

  4. Dommage pour Les fragmentés. Le pitch de départ était alléchant.

    Tu n’as pas besoin de te justifier concernant ces lectures. Sortir de sa zone de confort, tenter des genres dont on se détourne peut se transformer en expérience inattendue.

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