Philippe Bonneyrat – Le dresseur de pierres – #PLIB2023

Premier roman de l’auteur, Le dresseur de pierres est une parution de Kiwi Editions, dans la collection Les mystiques. Le roman figure parmi les 80 présélectionnés du PLIB, et je l’avais intégré dans les miens. C’était un des derniers titres que je voulais lire avant le choix de nos 25 sélectionnés, le vote se terminant le 20 novembre. J’ai acheté ce roman il y a quelques mois déjà, j’avais été contactée par l’auteur en début d’année pour le chroniquer. J’avais décliné à l’époque faute de temps, mais la présence du roman pour le PLIB2023 m’a incitée à y revenir. Une lecture du Pumpkin Autumn Challenge, menu douceur de vivre (chante-moi une chanson Sassenach).

Synopsis

« Nous sommes au XVIIIe siècle. Mael, paysan du Mantois et issu d’une famille bourgeoise déchue, vit avec sa femme et ses enfants. Un jour, une épidémie de peste emporte ses proches. Fou de douleur, il s’enfuit dans la campagne et finit par découvrir un menhir. À son contact, il se remémore soudainement ses vies antérieures : il fut combattant écossais, noble égyptien, druide du néolithique ou encore alchimiste vénitien.

Persuadé que ses nouveaux pouvoirs lui permettront de retrouver sa femme, il se lance à corps perdu dans un périple épique. Le voyage est cependant semé d’embûches : un ennemi juré, dont il s’est attiré la haine dans une vie antérieure, le poursuit à travers les âges pour se venger.

Au terme d’une quête initiatique et alchimique, Mael devra-t-il mourir, encore et encore, pour enfin comprendre le sens de son existence ? »

Un roman historique et ésotérique

Le dresseur de pierres se construit sur le voyage temporel, schéma assez bien connu en fantasy. L’originalité du récit réside dans la multitude de ces voyages, explorant les époques de manière successive.

Philippe Bonneyrat explore chaque période avec précision, et en dresse un tableau vivant. Décors, langage, costumes et contexte historique sont parfaitement rendus, rendant le tout très crédible et visuel. On en imaginerait fort bien une déclinaison à l’écran.

En parallèle, l’auteur amorce une réflexion sur les croyances et la religion. Du fait du voyage temporel, on explore les différentes religions propres à chaque peuple et époque. Toutefois, la religion catholique est très présente en fil rouge du récit, puisque le narrateur est un homme ayant non seulement perdu la foi mais se positionnant très clairement contre Dieu, et les pratiques catholiques. Cela crée un contraste assez saisissant et un dialogue de cultures intéressant confrontant les regards, même si les propos de Maël manquent parfois de nuance.

Un roman d’aventure

Et Le dresseur de pierres est un roman d’aventure enfin, avec un schéma narratif assez classique. Certes, il y a des allers et retours assez fréquents dans le passé, en revanche cela donne lieu à des séquences un peu similaires et répétitives. La présence de l’antagoniste tout au long du roman renforce cet aspect-là. Par ailleurs, j’ai parfois trouvé assez floue la manière dont cette exploration temporelle s’exécute, tantôt par le rêve tantôt par la pierre ; parfois, cela ne m’a pas toujours paru limpide. De ce fait, j’avoue avoir un peu survolé certains épisodes, d’autant que le roman possède pas mal de longueurs dispensables.

Côté personnages, je n’ai pas été entièrement séduite non plus. J’ai parlé plus haut de longueurs, mais le roman offre aussi des ellipses, amenant certaines choses de manière très brutale, comme un cheveu sur la soupe. C’est le cas de la mort de la famille de Maël, que j’aurais aimé voir davantage développée. Quant à Maël, son but premier – sauver son épouse et ses enfants – semble se confondre dans le roman avec sa soif de vengeance et son obnubilation par la pierre. Le ressort principal de l’intrigue m’a donc semblé un peu vacillant. Je regrette aussi l’absence de personnages féminins consistants avec une présence marquante. Enfin, le méchant souffre… d’être l’archétype du méchant. Unique, toujours présent, très très méchant, pas très fin.

Un style perfectible

Une trame de fond intéressante et assez bien menée, en revanche du côté de la forme c’est là que le bât blesse pour moi.

J’ai de suite été frappée par un texte visuellement très découpé, comportant une multitude de petits paragraphes et de sauts de ligne. J’ai eu le sentiment de lire texte assez brut de décoffrage. Certains dialogues sont parfois dans la même veine, ressemblant davantage à un enchaînement de répliques manquant d’introduction, un peu comme au théâtre. C’est assez amusant finalement car j’ai eu la sensation, et je l’ai dit plus haut, que ce roman serait parfaitement adaptable à l’écran, et ces dialogues plutôt typés spectacle vivant renforcent ce ressenti.

Cependant, je n’ai pas réussi à accrocher au récit. D’une part du fait des longueurs dont j’ai parlé plus haut et du caractère répétitif de séquences similaires. Mais également à cause d’une narration très brute là encore. Les phrases sont généralement très courtes, comme si le but recherché était le minimalisme. Je n’ai rien contre une bonne phrase sujet-verbe-complément, mais de manière systématique cela finit par m’ennuyer. Cela manque d’enjolivement et de variété pour ma part. D’autant que les phrases commencent souvent par un même pronom personnel (« je » ou « il ») et ne sont souvent pas reliées par des connecteurs logiques. Pour caricaturer, j’ai eu l’impression de lire quelque chose d’assez automatique, répétitif, ne dégageant aucune émotion.

Forcément, rentrer dans un roman aussi riche en péripéties sans être captivée par la plume, c’est un défi. Que j’ai relevé, mais sans entrain.

En pratique

Philippe Bonneyrat, Le dresseur de pierres

Editions Kiwi, Mars 2022

Couverture ?

#PLIB2023 #ISBN9782492534218

Autres avis : pour Carole, une lecture pleine de promesses, intéressante à bien des égards mais décevante globalement; lecture intéressante pour Koalavolant, malgré des longueurs et des personnages parfois un peu trop manichéens. Bonne lecture agréable pour Maks, parfaite pour les amateurs de fantasy et de romans d’aventure et ce malgré une revisite des légendes arthuriennes un peu destabilisante.

 

Le dresseur de pierres est un roman de Philippe Bonneyrat. Original, personnel, brassant avec précision plusieurs époques historiques, il peut plaire à mon avis à un lectorat friand de fantasy, de légendes revisitées et d’Histoire mais aussi amateur d’aventures. Il trouvera là un roman qui sort des sentiers battus, et se distingue par sa plume. Personnellement, je n’ai pas été séduite par ce titre mais je sais que ce qui ne plait pas aux uns peut plaire à d’autres : aussi je vous encourage à découvrir ce roman qui mérite le détour.

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