Lady Astronaute est un recueil de 4 nouvelles et une novella de Mary Robinette Kowal, publié chez Gallimard dans la collection SF en 2020. Ces textes sont parus avant le roman Vers les étoiles. C’est une porte d’entrée dans l’univers d’Elma York, personnage central du roman. Lady Astronaute est un texte qui se lit facilement, relativement efficace, et aux tonalités variées. C’est le premier texte que j’ai lu dans le challenge Avril autour de la SF organisé par Céline, sur son compte instagram. Une lecture = un palier = un personnage de SF. En l’occurrence, je suis Jar Jar Binks (Star Wars, la drôle de bête rigolote sur la planète Naboo ! non ? 🙂 ) C’est également un texte lu dans le cadre du ProjetOmbre.
Composition de Lady Astronaute
5 nouvelles composent ce recueil.
- Nous interrompons cette émission. Nouvelle qui revient sur les origines de l’impact de l’astéroïde sur Terre. En ce sens, cette nouvelle se déroule avant Vers les étoiles.
- L’expérience Phobos. 1972, sur Phobos, satellite de Mars. Une équipe chargée d’établir une base militaire sur Phobos constate la présence de pirates sur place.
- La girafe d’Amara. Toute petite nouvelle de deux pages, anecdotique et mignonne. Un alunissage un peu rapide provoque le désespoir d’une enfant qui perd sa peluche.
- Le rouge des fusées. Lors d’un spectacle pyrotechnique sur Mars organisé par un ingénieur sur place, toutes les cartes de programmation se mélangent à cause d’une boulette de sa mère.
- La lady Astronaute de Mars, novella du recueil, récompensée par le prix Hugo en 2014. Elma a la soixantaine, son mari Nathaniel n’a plus que 6 mois à vivre. Clouée au sol car trop vieille pour le métier, elle ne rêve cependant que de repartir, vers les étoiles. Peut-elle laisser son mari affronter seul la mort ?
Structure de Lady Astronaute
Le recueil est à première vue assez déséquilibré. Il rassemble en effet des textes très variés, déjà dans leur longueur. On a notamment un texte très court et anecdotique, La girafe d’Amara, dont je me demande encore ce qu’il apporte au recueil sinon une petite parenthèse mignonne qui fait sourire.
D’autre part, on a parfois du mal à relier certains textes à Elma York, héroïne de Vers les étoiles. Evidemment, le lien entre la première nouvelle du recueil et le roman est direct et nous plonge de nouveau avec plaisir dans cet univers. Mais parfois, c’est plus compliqué à joindre les deux, le lien pouvant n’être qu’un fil (les pirates de l’expérience Phobos, qui semblent avoir récupéré des vêtements d’Elma, sans trop savoir comment). Le rouge des fusées introduit plutôt une thématique qui est au centre de la dernière nouvelle, à savoir la vieillesse.
Un regard tourné vers l’humain
Lady Astronaute me semble davantage tourné vers l’humain que vers les étoiles. C’est un recueil profondément humaniste, qui pose un regard touchant mais aussi sans fard sur la vieillesse.
Les deux dernières nouvelles forment d’ailleurs à ce titre un duo cohérent. Le rouge des fusées introduit cette figure de la femme scientifique, mère de famille, qui a eu sa gloire, et qui se retrouve confrontée à son âge. Elle devient confuse, tête en l’air, fait des bourdes. Mais la nouvelle relate un joli retournement de situation. Cette nouvelle est très touchante, j’ai beaucoup aimé le regard d’Aaron posé sur sa mère : petite, fragile comme une enfant, mais en fait toujours aussi puissante. « Sa mère avait réussi à faire d’un échec catastrophique un grand succès. Il pensait que l’âge l’avait rapetissée, mais il se trompait. C’était toujours une géante ». N’est-ce pas là le regard que nous posons sur nos propres parents, que nous voyons toujours comme des conquérants invincibles, quelque soit leur âge ?
La lady Astronaute de Mars termine enfin ce recueil de manière magistrale. Comme Vers les étoiles, le récit petit à petit prend de la hauteur, les visages se tournent vers le ciel, et l’enjeu est de s’envoler. On retrouve ici ce même mouvement ascendant que dans le roman. En attendant, il décrit sans fard les joies de la vieillesse. Des plus classiques et gentilles (la peau qui plisse sous les bras, le souffle court, la mémoire qui flanche) aux plus sévères et douloureuses (le déambulateur, l’urine dans la cuisine, la paralysie des membres). Tout ceci est décrit avec la même distance émotionnelle que dans Vers les étoiles, par la narratrice Elma. On retrouve le regard scientifique posé sur la vie, mêlé à des questions profondément humaines que chacun se pose en silence mais que M.R Kowal ose écrire. Ne pas vouloir être témoin de la déchéance et de la fin d’êtres chers fait-il de nous des monstres ?
Lady Astronaute est un recueil de nouvelles de Mary Robinette Kowal. Si les textes qui composent ce recueil ont été publiés à l’origine avant le roman Vers les étoiles, ils se placent, dans leur majorité, dans sa suite. On retrouve ainsi avec plaisir l’univers d’Elma York, de près ou de loin. Le recueil est assez inégal, mais il comporte néanmoins des textes assez forts, traitant de sujets plus humains que scientifiques. Le regard porté sur la vieillesse, réel enjeu de ce recueil, est à la fois dur et touchant, empli d’humanité. J’ai hâte de lire les romans suivants de cet univers, pas encore traduits en français : The fated sky (2018) et The relentless moon (2020).
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