Marge Nantel – Hors caste – #PLIB2023

Voici le dernier né de la collection Fleur d’absinthe aux éditions Noir d’absinthe. Hors caste est une romance fantasy LGBT de Marge Nantel, parue en septembre 2022. Le roman a fait partie de mes 80 présélectionnés du PLIB2023, parce que Noir d’absinthe (oui, c’est pour moi une raison suffisante). Après lecture, je le mets dans mes 25 prochains sélectionnés. Moi qui n’aime pourtant pas les romances ai été captivée par ce bon roman. Je vous raconte tout ça.

Synopsis

« Suèhl est tellement dépourvu de magie qu’il n’appartient à aucune caste à Hemurn, où seul le Don confère une situation sociale. Repoussé, délaissé, il ne s’attend pas à attirer l’attention de cet étranger à la puissance hors norme. Pourtant, la complicité entre eux est immédiate.

Et quand un drame fait vaciller les lois rigides d’Hemurn, l’alliance de ces hommes hors caste, dégagés des obligations qui les régissent, pourrait bien s’avérer la seule planche de salut ».

Hors caste : un roman dark fantasy complexe

Un monde compliqué à appréhender

C’est le premier point fort du roman à mon sens : son imagination débordante. J’ai eu la sensation de lire quelque chose d’assez neuf, original, et bien mené.

Marge Nantel ne vous facilitera pas la tâche. Pas de carte, pas de frise chronologique, pas de présentation des différents clans. Il vous faudra tout comprendre tout seul comme un grand. Au début, on nage un peu, forcément. Mais le roman est long (plus de 500 pages), et prend bien le temps de tout poser. Je n’ai pas ressenti de temps mort ou de sentiment de longueur. Plusieurs parties découpent et rythment le roman, tout en répartissant bien les rebondissements et dévoilements. J’ai particulièrement aimé que l’autrice ne nous explique pas tout, et ne nous dise pas tout non plus. Jusqu’à la dernière page, elle dévoile des pans de son univers qui semble sans limite. J’ai trouvé ça assez osé ! Mais cela interroge bien la portée d’un roman quel qu’il soit : celui-ci a t-il la nécessité de tout dire, tout raconter ?

Le roman est donc long et offre un rythme plutôt constant. Malgré cette impression de long fleuve tranquille qui pourrait endormir, j’ai trouvé le tout captivant. Le point de vue omniscient se concentre sur les personnages de Suèlh et Ténèbres qui sont les pivots pour comprendre les rouages de ce monde. Grâce à Suelh et à son métier, nous découvrons les différents artefacts magiques, clans et personnages, ainsi que les rapports entre eux. Ténèbres apporte une vision étrangère qui n’est pas dénuée d’intérêt; ses questionnements et son positionnement en font le personnage reflet du lecteur.

Et dark.

Hemurn est un continent régi par des lois compliquées et ancestrales, qui sont d’ailleurs un enjeu du roman. Les individus sont classés par clan puis par leur force magique, ce qui conditionne leur place dans la société.

Le plus difficile est de comprendre (et accepter) ces lois, d’autant qu’elles diffèrent selon les clans qui peuplent ce continent. C’est tout l’intérêt je trouve du roman : montrer que ce qui paraît juste pour l’un ne l’est pas pour un autre. Que cette notion même de justice est relative. Ne serait-ce qu’une question de point de vue et de culture ? Le narrateur nous force à observer, respecter, ne pas juger, pour comprendre. C’est fait sans bienveillance excessive, ni naïveté.

Parfois, les individus luttent contre cet état de fait et se révoltent. Ce qui donne lieu à des répressions, miroir de notre propre histoire et réalité. Massacres, tortures, purges… Il y a des passages très durs. On ne plonge jamais dans l’excès ni le voyeurisme. Malgré tout il se dégage de ceci un réalisme glaçant.

Une romance intéressante au cœur de l’intrigue

Alors là, vous n’allez rien comprendre, parce que vous savez que je râle quand il y a une romance. En fait, les romances me gênent surtout 1/ quand c’est du déjà-lu 50 000 fois (les ennemies to lovers, triangles amoureux, ale mâle alpha et sa protégée, au secours), 2/ quand elles sont là « pour faire beau », et 3/ quand elles sont mal faites (trop rapides, pas crédibles…). Et je n’aime pas lire de la romance pour de la romance, c’est un genre qui ne m’attire pas particulièrement.

Des personnages géniaux

J’imagine que pour avoir une romance intéressante, il faut que les personnages le soient tout autant. On ne fait pas de fumée sans feu, pas vrai ? La grande force de Hors caste tient à ses personnages. Car on ne sait pas trop ce qu’ils sont. Humains ? Mi humains – mi animaux ? Créatures surnaturels à 100% ? A quoi elles ressemblent ? On ne sait pas trop. Cela ne les rend que plus intrigants, plus captivants.

L’autrice a une imagination folle. Je n’ai jamais croisé de personnages comme ça dans mes lectures. Par exemple, Suèhl est un personnage qui contient une grande part animale en lui. Il saute et rebondit comme un chat, en porte les poils à certains moments de l’année (et visiblement vivre avec c’est compliqué), se roule en boule, ronronne aussi… C’est comme si l’autrice avait mis de l’humain, de l’animal, du magique, du surnaturel… dans un seul individu, en imaginant comment il pourrait se débrouiller avec ça tout en restant cohérent. Et c’est vraiment génial parce que ça marche super bien ! Les personnages sont passionnants mêmes pris seuls, et ça c’est vraiment une force. Ils n’ont pas besoin d’être en relation avec les autres pour captiver, avoir une évolution personnelle intéressante et avoir une présence.

Et donc, une romance…

Hé oui, c’est la collection Fleur d’absinthe de la maison. Tout n’est pas toujours dark et noir. Qu’on se le dise, Hors caste n’est pas funky funky. Cependant, la romance éclaire un peu les pas de nos personnages. Mais elle n’est jamais niaise ni en total contraste avec l’intrigue et l’univers assez sombres. Elle se fond parfaitement dans le récit, apportant aussi son lot de difficultés et de tourments.

D’ailleurs, elle fait échos à d’autres romances mentionnées dans le texte et qui font partie d’un passé révolu mais dont le deuil n’a pas encore été fait. Elle ne fonctionne donc pas seule, n’arrive pas dans le récit comme un cheveu sur la soupe. Mais surtout elle se greffe parfaitement au vécu des personnages. On retrouve entre eux leurs traumas passés, les difficultés de communiquer… L’on a du coup des rapports amoureux parfois qui se passent mal. Bref, une romance très crédible, menée avec tact, et du coup, particulièrement touchante.

Parfaitement imbriquée à l’intrigue

La romance sert l’intrigue et l’accompagne très étroitement. Comme la romance, l’intrigue se noue et se dénoue de manière complexe, assez lentement. Les deux suivent donc un développement similaire.

Par ailleurs, l’autrice s’amuse dans Hors Caste à déjouer nos attentes sur tous les plans. Pas de baston finale assez classique, ou d’embrouilles semées sur le chemin des zamoureux. N’attendez pas de prince charmant qui vole au secours de sa dame (de toute façon il n’y a pas de dame), ou encore de duo-des amoureux-devant-sauver-le-monde-entier-face-aux-méchants. Parce que de toute façon, les méchants ont ne sait pas très bien s’il y en a, finalement. En fait, la part d’ombre du roman vient surtout du passé des personnages et dans la difficulté pour eux de vivre ensemble dans le présent. La romance sert donc notamment à explorer les failles et le passé des personnages, et les faire évoluer dans leur façon de voir les choses pour affronter les événements présents.

La romance fait donc totalement corps avec l’intrigue en ce qu’elle constitue une épreuve aussi pour les personnages, au même titre que celles qu’ils vont devoir affronter de l’extérieur.

En pratique

Marge Nantel, Hors Caste

Noir d’absinthe, Septembre 2022

Couverture : Amaryan

#PLIB2023 #ISBN9782490417858

Autres avis : ressenti similaire chez Magali qui a aimé cet univers dark fantasy et le parfait dosage entre romance et noirceur.

Hors Caste est un roman qui peut plaire à beaucoup de monde, plus soft que les autres titres de la maison; plus abordable donc. J’ai beaucoup aimé la représentation de ce monde complexe, qui à mon avis est si grand qu’il peut servir de base à d’autres histoires. La romance a su me toucher, et selon moi apporte beaucoup de sens au récit. Marge Nantel transmet dans Hors Caste des messages d’importance, sur la tolérance, la cohabitation de cultures différentes, le poids des lois… sans naïveté. Un roman dark fantasy qui sort des sentiers battus et se révèle captivant du début à la fin. Une très bonne lecture !

2 commentaires sur “Marge Nantel – Hors caste – #PLIB2023

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  1. Je me suis jetée dessus à sa sortie, car le pitch me plaisait bien (et cette couverture d’Amaryan !). J’ai d’autant plus hâte de le lire, à voir ton retour. Il sera dans mes lectures de novembre, c’est certain !

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