Jean-Laurent Del Socorro – Royaume de vent et de colères

Je termine mes lectures hivernales avec Royaume de vent et de colères, de Jean-Laurent Del Socorro. Je n’avais encore jamais lu de roman de cet auteur, que j’avais découvert l’an dernier avec sa première nouvelle publiée, La mère des mondes. Royaume de vent et de colères est son premier roman, qui a reçu le Prix Elbakin.net 2015 du meilleur roman de fantasy français. Ce roman, publié en 2015 et réédité en 2018 chez Actu SF, se situe entre Histoire et fantasy. J’ai donc intégré cette lecture dans la catégorie Traverser le pont de glace (Histoire, Historique) du défi Un hiver au chalet.

Synopsis

« 1596.
Deux ans avant l’édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s’oppose à Henri IV, l’ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi.
À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.
Les pions sont en place.
Le mistral se lève.
La pièce peut commencer ».

Un roman théâtral

Un roman entraînant et rapide

Un peu déroutée au début par la narration très particulière. En effet, Jean-Laurent Del Socorro offre un texte aux chapitres hyper courts, une narration au présent et très factuelle; une alternance de beaucoup de personnages, le tout avec une écriture simple mais redoutablement efficace, qui va droit au but. Ce n’est pas ce que j’ai l’habitude de lire, mais je dois dire que c’est fichtrement bien mené. Ca fonctionne super bien, c’est rapide, le rythme s’enchaîne de manière très bien huilée, aucun temps mort, mais aucune perte de repères non plus. Le roman suit finalement à la perfection le rythme des événements de l’époque.

Théâtre ou tarot ?

En lisant le roman, j’ai eu la sensation d’assister à une représentation théâtrale. Cette succession de tableaux m’a vraiment fait penser à une scène théâtrale, avec ses acteurs et figurants, et les décors à l’arrière qui évoluent (avec un décor central, la taverne). Mais j’ai aussi eu l’impression de jouer à un jeu de tarot, avec des lames qui s’abattent sur la table et des personnages qui sont autant de broderies autour des figures du jeu. Dans tous les cas, il y a quelque chose de très vivant et de visuel dans ce roman. J’ai eu du mal à accrocher au début, mais j’ai fini par trouver ça génial.

Un roman historico-fantasy

Beaucoup d’Histoire…

Je découvre l’univers historico-fantasy de l’auteur. Sur le côté Histoire, les guerres de religion sont loin dans ma mémoire et je n’ai jamais compris leur origine ni leur existence. Autant dire que cet épisode de l’Histoire de France ne me parle pas vraiment. Ce que j’ai aimé ici, c’est d’une part le récit d’un épisode que je ne connaissais pas du tout, autour de Marseille (dans un tout autre genre, ça m’a fait penser à La nuit des labyrinthes de Sabrina Calvo, qui elle aussi décentralisait l’Histoire, restée dans les manuels scolaires très parisienne). Et d’autre part, le point de vue ni pro ni anti des protagonistes. Un roman pas manichéen du tout, avec des personnages ni bons ni méchants, juste gris, au milieu. Du coup, pas de prise de position, une narration qui reste neutre. J’ai aimé qu’il n’y ait pas de « morale » ni de leçon clairement énoncée, même si évidemment se lit derrière ce récit l’aberration des événements, et les conséquences dramatiques de l’intolérance et du fanatisme religieux.

Un peu de fantasy

Là aussi, très surprenant, car la fantasy dans ce roman est très discrète, ne renverse rien de l’ordre établi. Nulle uchronie dans Royaume de vent et de colères. Si magie il y a, elle reste assujettie à la vraisemblance historique, qui prime. Elle est cachée, et n’est pas vraiment blanche non plus. On est loin de la magie bienveillante et merveilleuse des romans de fantasy classiques.

Et c’est super, parce que cette magie fait tellement corps avec l’Histoire, que parfois, je me suis dit… « et si… ? » Il y a une telle vraisemblance qu’on « y croit ». Si ça, ce n’est pas un super beau tour de magie… !

En pratique

Jean-Laurent Del Socorro, Royaume de vent et de colères

Actu SF, 2015 pour la 1ère édition, 2018 pour la présente

Couverture : Zariel

Prix Elbakin.net 2015 du meilleur roman de fantasy français

Royaume de vent et de colères… est un roman de Jean-Laurent Del Socorro. Un roman qui m’a bousculée au début. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans tant c’était différent de ce que j’avais l’habitude de lire. Mais j’ai fini par apprécier ma lecture. Le style et la narration de l’auteur offrent un certain côté esthétique au roman, mais ils révèlent surtout un projet littéraire intéressant, où la forme s’allie avec le fond dans une sorte de symbiose parfaite. Après avoir compris ça, j’ai lu ce roman avec avidité, et ma lecture a été très bonne. Je vais rapidement enchaîner avec Du roi, je serai l’assassin, en lice pour le #PLIB2022 et dans le sillage de Royaume de vent et de colères.

2 commentaires sur “Jean-Laurent Del Socorro – Royaume de vent et de colères

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  1. J’aime énormément ce roman! Les personnages sont remarquables, le mélange parfait de l’Histoire et d’un soupçon d’imaginaire en font un livre accessible même aux plus réfractaires face à la SFFF. Et puis la plume de Jean-Laurent del Socorro <3

    1. Oui, je suis 300% d’accord. je pense le faire lire à ma maman, tiens. Et effectivement, sa plume est percutante, très peu de mots, choisis avec soin, précision, tout en conservant une certaine harmonie dans la langue. C’est vraiment génial, bcp aimé 🙂

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