Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique

Retour de lecture un peu différent, puisqu’il ne s’agit pas d’une œuvre fictionnelle. Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique est un essai qui prend la forme d’un beau livre. Paru chez Les moutons électriques en 2020, l’ouvrage est dirigé par Sarah Doke. Il se compose d’une petite vingtaine de chapitres qui sont autant de portes entrouvertes sur cette culture maintes fois reprise dans tous les domaines artistiques. L’ouvrage interroge surtout la nature de cet imaginaire et explore les liens qu’il entretient avec son terreau originel.

Structure du livre

Le but de l’ouvrage

Un avant-propos assez bref par Sarah Doke présente le but de l’ouvrage. Celui-ci part du constat suivant : la fascination qu’exercent les celtes et leur culture encore aujourd’hui, et ce dans toutes les sphères de la création, qu’elle soit musicale, littéraire, ou ludique.

Celtes ! réunit un ensemble d’auteurs, d’historiens, de mythologues mais aussi d’amateurs qui reviennent sur les origines de cette culture celtique, sa signification, et sa diffusion à travers les siècles. L’ouvrage balaie alors un spectre assez large. Il part des quelques connaissances historiques que nous détenons sur ce(s) peuple(s) et leur(s) culture(s), puis interroge ensuite, dans divers chapitres thématiques, la manière dont auteurs, créateurs, illustrateurs… ont réutilisé, transformé, idéalisé, réinventé aussi, ces matériaux dans tous les domaines de l’Art.

Composition

Une petite quinzaine de chapitres entrecoupés d’apartés sur un personnage ou une thématique.

Où se trouve la Celtie ?
Les 5 invasions d’Irlande
Formes et motifs mythologiques
A la recherche des Gaulois
Arthur, Conan et les autres
La mystérieuse femme celte
Boudicca
A la recherche des fées
Un bestiaire fantastique
Forgeries : on nous a menti
La supercherie d’Ossian
Celtes et matière arthurienne
Cuchulainn, modèle de héros ?
Ecrire ceux qui n’écrivent pas
Les mythes de l’arbre chez les Celtes
Lumières sur l’art pictural celte
Jeux de rôle celtiques
Musiques celtiques au temps du rock
Quelques traits des Celtes dans le cinéma
Le nouveau paganisme

Une vingtaine de pages par thématique donc, agrémentées d’illustrations accompagnant le propos.

L’ouvrage se termine sur une conclusion de Sarah Doke qui reste très formelle (en gros, « fin et merci »). La conclusion n’ouvre pas d’autres horizons ou d’autres pistes de réflexion.

Celtes ! : un voyage dans l’imaginaire celtique

L’ouvrage reste assez large dans son traitement, balayant beaucoup de références et agrémenté d’illustrations enrichissant le propos. C’est donc un voyage qui est proposé ici et qui offre un premier contact avec cette culture, largement (ré)utilisée ensuite dans la construction d’un imaginaire lié.

L’ouvrage commence avec quelques chapitres « historiques », faisant le point sur l’état de nos connaissances sur les Celtes. C’est cette première partie qui m’a le plus intéressée, parce que j’y ai appris pas mal de choses. Un éclairage bref mais à mon avis suffisant de ce qu’on appelle les Celtes, les Gaulois, la construction du folklore irlandais ainsi que les sources textuelles d’où seront puisés ensuite les nombreuses formes et motifs mythologiques.

J’ai eu un peu de mal à relier les chapitres entre eux tant leurs thématiques sont très découpées, mais les chapitres suivants restent passionnants : le bestiaire, les fées, la matière arthurienne, l’art pictural… Enfin, les derniers chapitres offrent un aperçu des échos celtiques dans la création artistique aujourd’hui : art, cinéma ou musique.

J’ai aimé également le tout dernier chapitre qui interroge la base du nouveau paganisme et ses liens (présumés, fantasmés, éloignés…) avec les Celtes. Ce chapitre ouvre un peu le propos au-delà du thème du livre, puisqu’il se clôt sur l’idée que ce nouveau paganisme répond davantage à un besoin très contemporain de réenchanter le monde; en ce sens, ces nouvelles croyances en disent davantage sur nous à notre époque.

Là où je suis réservée

En ce qui me concerne, j’ai apprécié survoler ce livre, même si j’ignore encore comment je vais pouvoir y revenir, et m’y référer pour chercher une référence ou un contexte.

Mais j’ai plusieurs réserves à son encontre, car plusieurs choses qui m’ont chiffonnée.

Un manque de rigueur

D’abord, l’absence de présentation des auteurs. On ne sait ni qui ils sont ni leurs fonctions. Alors je ne suis pas novice en imaginaire, j’ai reconnu des noms, notamment d’écrivains (Sarah Doke, Alex Nikolavitch, Christine Luce, Jean-Philippe Jaworski etc.). Ecrivains de la maison, d’ailleurs; un peu dommage que l’ouvrage n’ait pas vu plus large pour y intégrer des voix extérieures. En revanche, il y a aussi des historiens, mythologues et autres spécialistes que je ne connaissais pas qui interviennent sans que jamais ne soient mentionnées leurs références. Personnellement, je trouve ça vraiment dommage, d’autant que cela permet aussi de légitimer le propos. OK on peut aller gougler les noms pour savoir qui ils sont (ce que j’ai fait), mais c’est dommage de ne pas le mentionner dans un ouvrage de ce type.

Tout aussi regrettable est la présence aléatoire d’une bibliographie dans les chapitres. J’aurais aimé pouvoir prolonger mon étude et me référer à d’autres textes ou voir appuyés par des sources les propos des auteurs. Et ce de manière systématique. En l’absence de sources, ce qui pourrait se comprendre, on voit bien tout l’intérêt qu’il y a de savoir qui écrit, et en quelle qualité. Sans quoi, ce ne sont que des points de vue personnels et qui manquent de solidité.

Enfin, des détails en vrac qui m’ont gênée : ici une carte sans légende ni échelle, là des illustrations pas vraiment reliées au texte, dont on se demande si elles ne sont pas là surtout pour remplir la page. Et évidemment une relecture qui laisse à désirer, comme d’habitude chez les Moutons.

Globalement donc, un manque de rigueur dans la présentation du propos qui à mon sens en pâtit.

Une forme un peu aride

Alors oui, les chapitres sont thématiques, assez courts mais larges dans leur balayage, largement agrémentés d’illustrations et bénéficiant d’une mise en page colorée et dynamique. Malgré tout, cela n’allège pas forcément le texte.

D’abord, j’ai eu la sensation que les chapitres dialoguaient assez peu entre eux et ne permettaient pas une transversalité du propos. Il m’a manqué un recul sur le sujet, permettant de l’analyser dans sa globalité. Chaque chapitre est un peu isolé du reste, fonctionnant assez bien seul. Certes, parfois il fait référence à des sources qui ont été citées dans les chapitres plus tôt. Toutefois, certains chapitres me semblent très renfermés sur eux-mêmes, comme ceux portant sur le cinéma ou la musique, avec une liste à la Prévert de groupes ou de films.

Nombreux enfin sont les chapitres qui citent et développent plusieurs mythes à la suite pour illustrer son thème, rendant la lecture assez aride par moments. Il ne me reste de tout ceci qu’un mélange assez flou de récits variés provenant en plus de folklores différents (breton, écossais, gallois et irlandais). J’ai donc pris des notes sur les grandes lignes du propos, sans vraiment pouvoir illustrer celui-ci efficacement. Peut-être que sur ce point, l’ouvrage s’adresse davantage à des connaisseurs pour qui ça fera tilt.

En pratique

Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique

Moutons électriques, sous la direction de Sarah Doke, 2020

Couverture : Melchior Ascaride

Un ouvrage pas mal pour une première prise de contact avec le sujet, qui donne des pistes pour explorer plus loin. Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique est un voyage qui laisse entrapercevoir pas mal de choses, mais sans forcément les creuser ou les aborder de la manière la plus adéquate qui soit pour en profiter pleinement. Cependant, il a le mérite de réunir dans un seul ouvrage diverses thématiques relatives au sujet, et de donner envie au lecteur d’explorer plus rigoureusement celui-ci.

5 commentaires sur “Celtes ! Panorama de l’imaginaire celtique

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  1. Ah, dommage. J’étais totalement emballé et puis les points noirs que tu relèves me laisse à penser qu’il y a mieux pour découvrir ce culture ancestrale.

    1. Oui ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, cela dit comme l’annonce le livre (et je n’ai pas assez de connaissance sur le sujet), aucun autre titre ne dresse un panorama aussi large; du coup, pas sûre qu’un autre ouvrage réponde à tes attentes – ou alors, il faudrait combiner plusieurs lectures, ce qui à mon avis resterait le mieux. Tout en sachant que les connaissances historiques sur les celtes sont neuves, et beaucoup de choses sont découvertes en ce moment, du coup il faudrait aussi des bouquins assez « frais » sur cet aspect-là. Bref pas facile à trouver mais si qqun dans l’assemblée a ça en main, on prend 🙂

  2. Il faut vraiment que je prenne le temps de le sortir de ma PAL mais je suis par avance un peu déçue du manque de rigueur et de l’absence systématique de sources…

    1. J’ai été aussi déçue, c’est du beau bouquin mais l’intérieur est fouillis (et alors cette mise en page ultra chargée, on a du mal à s’y retrouver). Mais le coup des sources un coup là un coup pas là et le manque de rigueur m’ont déçue.
      Je ne pense pas du coup craquer de nouveau pour un autre livre de la collection.
      Je serai intéressée pour qu’on en discute ensemble si tu veux bien, quand tu auras mis ton nez dedans – même si je doute que tu aies envie de te précipiter dans sa lecture après ce retour mitigé 😀

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