Avis flash #3 – Août 2022

Avis flash #3 : 3 lectures sur le mois d’août. Au menu :
–> La fin du monde est plus compliquée que prévu, de Franck Thomas

–> Tehanu, Terremer tome 2, d’Ursula Le Guin
–> Blackwater, Tome 1 : La crue, de Michael McDowell

Franck Thomas – La fin du monde est plus compliquée que prévu

Premier retour de lecture pour cet avis flash #3 : un roman que je me suis procuré à l’OpAllStars 2022.

En pratique

Aux forges de Vulcain, 2018

Couverture : Elena Vieillard

Synopsis maison

La Corée du Nord annonce la fin du monde pour la fin de la semaine : 500 bombes planquées partout dans le monde vont exploser.

Branle-bas de combat : à tous les étages, du pleu-pleu d’un bled paumé en Bretagne aux sommets des Etats, tout fout le camp.

On suit alors plusieurs personnages complètement perchés qui oscillent entre absurdité et espoir fou d’un monde nouveau.

Avis flash

SF humoristique : moui, alors bon, SF… non, pas trop trop.

C’est vraiment pas mal pendant 100 pages. Après, les vannes tournent en rond, le comique de répétition devient un peu bourrin. Beaucoup d’apartés et de commentaires du narrateur vers le lecteur : là encore, ça va cinq minutes, mais à force, cela alourdit énormément le propos. Et ça dure 434 pages…

Finalement, la fin du monde est un prétexte. L’accent est mis sur le côté absurde des réactions des personnages. Le roman se lit comme une caricature d’un monde en bout de course et aux individualités grotesques et absurdes. Ca m’a un peu fait penser à la série The last man on earth. Je me souviens d’ailleurs que la série m’avait fait marrer une saison, et lassée les suivantes… On aborde beaucoup (trop ?) de choses dans ce roman : la diplomatie internationale, la religion, l’administration sclérosée, l’armée, la jeunesse des banlieues… Mais tout cela traité de manière touffue, assez superficielle et trop caricaturale pour être pleinement satisfaisant.

L’ennui, c’est que trop de loufoque tue le loufoque. Et surtout, le message perd de sa force et les personnages stéréotypés leur côté touchant. Enfin, le final ne m’a pas convaincue du tout.

En fait, j’attendais vraiment quelque chose de plus percutant que ça. Je n’ai pas eu le côté rafraîchissant que j’espérais non plus. En plus, la correction n’est pas top. Dans le genre, j’ai préféré L’effet coccinelle de Yann Bécu, plus fin.

Ursula Le Guin – Tehanu

Hé oui, j’ai poursuivi plus tôt que prévu la suite des aventures des magiciens de Terremer !

En pratique

Ursula Le Guin, Tehanu, 1990

Traduction : Isabelle Delord-Philippe

C’est le tome 2 et le volume 4 de la série Terremer. Vous pouvez retrouver dans mon billet de présentation la composition complète du cycle.

J’ai lu ce tome dans l’édition Intégrale parue au Livre de Poche (2018) et comme pour les précédents tomes, je vous mets en illustration la couverture du roman seul de chez Presses Pocket.

Synopsis maison

Où l’on retrouve Tenar, mère et épouse devenue veuve et à la tête d’une ferme. Elle semble avoir choisi une vie simple, et plutôt austère.

Elle revient chez son ancien maître Ogion, et adopte une petite fille meurtrie dans sa chair et son esprit.

Un jour, un dragon ramène au bord de la falaise un individu bien connu, proche de la mort…

Avis flash

Pfff. Que c’était long. J’ai retrouvé le rythme très lent des tomes précédents. Sous cet angle, Tehanu se place bien dans la continuité de la trilogie précédente. Pas hyper passionnée par ce tome-là, vous l’aurez compris. La pause dans Terremer s’est imposée d’urgence après Tehanu.

On retrouve des personnages précédents avec plaisir, et en cela, on est aussi dans une certaine continuité. Les personnages ont vieilli, ont gagné sagesse et maturité. En revanche, comme ils n’étaient déjà pas des foudres de guerre étant jeunes, c’est encore plus au ralenti ici – ce qui explique le rythme.

Vous l’aurez certainement remarqué à la couverture de Presses Pocket (tout en rose, après les premiers volumes bleus centrés autour de Ged- c’est d’un ringard…) : Tehanu est un roman marqué par le féminin. Les personnages centraux sont des femmes. On trouve dans le roman des questionnements très sociaux, marqués par les différences hommes-femmes dans le monde de la magie de Terremer. Où il est question des Mages et des sorcières, du partage de la connaissance et du savoir, de la place des femmes dans la vie et le monde de Terremer, et l’équilibre précaire de celle-ci en des temps plus sombres et obscurs.

En cela, là encore beaucoup de questionnements très contemporains, qui sonnent toujours justes aujourd’hui. Simplement, ce roman date de 1990… Plus de trente ans plus tard, les questions restent valables, mais les réponses tardent à venir. Du coup, je dois l’avouer : j’ai trouvé cela déprimant. Déprimant aussi le sort de la petite fille adoptée de Tenar. Est-ce là le début des persos féminins qui doivent être battus/torturés/violés pour pouvoir grandir et trouver un sens à leur vie dans un bouquin ? Sais pas. En attendant, j’ai détesté cette représentation. Et je me serais bien passée de la romance qu’on voit venir des lustres à l’avance.

Michael McDowell – Blackwater Tome 1 : La crue

En pratique

Premier tome d’une saga de 6 volumes, réédités entre avril et juin 2022 par les éditions Monsieur Toussaint Louverture.

Parution originale en 1983

Format poche

Synopsis maison

Alabama, 1919. Le village de Perdido fait face à la crue de la rivière.

Saga familiale par excellence, on suit les Caskey, famille de riches propriétaires menée par la matriarche Mary-Love.

Le clan se relève peu à peu de la catastrophe, quand Elinor Dammert pointe le bout de son nez. Son passé trouble et l’aura étrange qui l’entoure donne au roman une teinte de fantastique.

Avis flash

J’avais dit « bof, non, peut-être dans dix ans ». Et puis août ayant été assez moyen en termes de lecture, j’ai finalement choisi de lire ce premier volume. Pour voir. Histoire de ne pas mourir bête. Bon, je suis venue, j’ai vu, mais j’ai pas vaincu.

Sur la saga familiale. Pas hyper passionnant de mon point de vue. Les personnages et relations entre eux (liens et inimitiés) sont classiques, j’ai déjà lu ça pas mal de fois. Je n’ai pas eu de surprise, car à chaque péripétie j’ai eu une impression de déjà-vu. Les personnages endossent chacun un rôle bien connu (l’intrigante, le dandy, la vieille fille, la matriarche insupportable…). Certes, c’est un roman très féminin. Oui, et ?

Je suis déçue par la peinture sociale et économique, quasi inexistante – en tout cas dans ce tome. Ça reste très centré sur l’histoire familiale qui m’a ennuyée malgré l’aspect fantastique très ténu ici – mais j’imagine que cela permet de garantir un lectorat suffisamment large.

La déception majeure vient surtout de l’écriture. Ce n’est pas mal écrit. Mais c’est d’un banal. Le vocabulaire n’est pas super étendu, j’ai trouvé la plume assez quelconque… Ça se lit vite et bien : cool mais moi ça me suffit pas. Même pour une lecture de vacances. Vous l’aurez compris : le côté addictif n’a pas marché sur moi; d’ailleurs j’ai pas spécialement envie de lire la suite. Même si oui oui j’ai bien compris que c’était mieux après. Mais trop fade à mon goût; un seul volume suffira, merci bien.

Le bouquin a cruellement souffert de la comparaison avec Bellefleur de J.C Oates, 1er volume de sa trilogie gothique. On y retrouve les mêmes ingrédients mais puissance 1000 : saga familiale à la même époque, peinture sociale et économique d’un pays en crise, l’aspect fantastique, personnages bien plus contrastés et marquants. L’écriture de JC Oates est également bien plus riche, mimant la plongée dans la folie des personnages. Mais bon, là je parle d’un chef d’œuvre…

Pas encore un super lot ce mois-ci dans ces avis flash #3. Il faut dire que mes lectures depuis quelques temps ne me satisfont plus pleinement. J’espère que l’arrivée de l’automne et les challenges auxquels je vais participer vont renverser le rythme. Est-ce que ça fait déjà des semaines que je prépare ma pile à lire automnale ? Oui, et alors ? ^^ Il y a des petites merveilles dedans, j’ai hâte de m’y plonger et de vous montrer ça !

4 commentaires sur “Avis flash #3 – Août 2022

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  1. Dans l’ensemble, je me retrouve dans tes propos.

    Pour Blackwater, je m’étais déjà exprimé sur mon peu d’appétence pour cette série, trop pleine de clichés à mon goût. Et tu as raison, je ne m’étais pas fait la remarque à propos du style très passe-partout : c’est pourtant évident.

    Je n’ai pas lu le Franck Thomas mais effectivement, la SF humoristique est une sacrée gageure : tenir sur la distance n’est pas facile.

    Enfin, j’ai lu le Le Guin voilà fort longtemps. Son titre m’est resté en mémoire, mais rien du contenu. Ce que tu en dis est peut-être une partie de l’explication de ce vide mémoriel.

    Merci donc pour ces avis flash que, je l’ai déjà dit, j’aime beaucoup.

    1. Nous nous retrouvons encore une fois dans nos avis 🙂 Je me souviens de ton post sur Blackwater effectivement.
      Quant à Le Guin, je crains que dans quelques temps, le vide mémoriel ne m’atteigne aussi. Je tenterai d’autres de ses œuvres, je m’étais procuré deux de ses œuvres à l’opallstars. Peut-être que cela me marquera davantage !
      Merci pour ton retour 🙂

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