Stacey Halls – Les sorcières de Pendle

Les sorcières de Pendle est un roman de Stacey Halls. Le roman original, The Familiars, a été traduit en français en 2020, et est paru aux éditions Lafont. Le roman se présente comme un récit historique, ou une épopée féministe : c’est donc naturellement que j’ai inclus cette lecture dans le Blossom Spring Challenge, catégorie « Over the rainbow » (minorités opprimées, féminisme). Mais après la lecture de ce roman finalement bien creux, ça sonne assez faux.

Synopsis

« Lancashire, Pendle, 1612. À 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n’a toujours pas donné d’héritier à son mari. Lorsqu’elle croise le chemin d’Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir.

Mais quand s’ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d’autres femmes érudites, solitaires ou gênantes. Alors que le ventre de Fleetwood continue de s’arrondir, la jeune fille n’a plus qu’une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu.

Être une femme est le plus grand risque qui soit. »

Les sorcières de Pendle : un roman historique ?

Bon, pour l’Histoire il faudra repasser. C’est léger. C’est là juste pour dire. L’autrice a fait beaucoup de recherches pour rendre vraisemblable son récit. D’ailleurs, c’était une base vraiment originale, et une excellente idée de départ.
L’ennui, c’est que tout ce travail de recherches ne se voit pas.

En fait dans les archives il y a beaucoup d’inconnues sur ce procès. Pourquoi une femme s’en est-elle sortie ? Comment ? Peu d’écrits nous sont restés pour comprendre tous les détails. Alors l’autrice imagine, bouche les trous : c’est le rôle la fiction quand l’Histoire ne le peut pas.
Oui, mais.

Mais on arrive alors dans un roman classique, au récit classique, avec une histoire classique et une héroïne classique. L’histoire prend le pas sur l’Histoire, pas assez cadrée du tout d’ailleurs. Ça manque d’épaisseur tout ça. Ça manque de socle, de contextualisation. Je n’en sais absolument pas plus sur cet épisode de l’Histoire à la fin du récit. Enfin, maintenant si, parce que Wikipedia m’a apporté un peu de quoi me mettre sous la dent. On va dire que le roman a eu le mérite de m’intéresser à cet épisode de l’Histoire qui m’était totalement inconnu… !

Les sorcières de Pendle : un roman féministe ?

Alors certains parlent de roman féministe… C’est mettre la charrue avant les bœufs à mon avis : ça n’a pas de sens de parler de féminisme pour une œuvre qui porte sur le début du 17ème siècle.
Oui, le regard porté sur cette société est critique, mais ce n’est pas être féministe, ça. A aucun moment dans ce roman, l’héroïne ne sort de son rôle de femme, d’épouse, de future mère destinée à donner un héritier à son mari. Elle reste toujours dans son rôle d’épouse soumise, et considère cela comme normal. Il n’y a pas de remise en cause de cet état de fait, ni de girl power dans ce roman. Et tant mieux, ça aurait sonné faux.

Je ne pense pas qu’écrire un roman centré sur des protagonistes femmes soit suffisant pour parler de féminisme. En revanche, nul doute que ce roman dessine avec réalisme une société bourgeoise, avec toutes ses implications dans le couple, la vie maritale, familiale, sociale.

Les sorcières de Pendle, un roman captivant ?

Que reste t-il alors ?

Côté écriture, c’est une traduction donc difficile de juger l’œuvre originale (que je n’ai pas lue). En l’état, l’œuvre en français n’est pas mauvaise mais banale. Pas d’effets de style, pas de musicalité de la langue, pas de surprises narratives, pas de vocabulaire ébouriffant… Bref, je n’ai pas décelé d’âme dans cette écriture, ni de travail poétique du langage.

Il reste que c’est un récit assez captivant, avec une héroïne qu’on aime apprécier et des personnages qu’on adore détester; un roman qui remplit son rôle a minima donc. Scolairement, il tient la route : tout est bien en place, dans l’ordre, l’événement perturbateur est bien campé, le nœud est un beau nœud, le dénouement marche bien, tout est bien qui finit bien, clap de fin, merci aurevoir. C’est linéaire, facile, classique. Pas mauvais, puisque ça fonctionne. Mais commun. Un peu plat.

Les sorcières de Pendle est le premier roman de Stacey Halls. C’est aujourd’hui un best seller, et encore une fois je suis à côté de la plaque. D’accord, ce roman n’est pas mauvais dans le fond. Il se lit facilement, l’histoire est assez dynamique etc. Mais c’est plat. Ca manque cruellement de relief, tant dans le fond que dans la forme. Pour passer le temps, c’est pas mal. Dans une salle d’attente chez le doc par exemple. Ou dans le train.

2 commentaires sur “Stacey Halls – Les sorcières de Pendle

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  1. Clairement décevant. Si l’aspect historique n’est pas fouillé et exploité c’est franchement dommage. Quand je vois la qualité du roman Boudicca de Jean-Laurent del Socorro alors même que les documentations sur cette femme et cette époque sont très éparses, je pense qu’il y aurait eu matière à faire beaucoup mieux sur ce sujet.

    1. oui, c’est dommage en effet. Il y avait matière à faire qqch de mieux sur ce sujet. C’est trop peu exploité.
      Ah, Boudicca va me plaire, je pense !

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