Oui, je sais, j’ai disparu un bon moment, et j’en suis navrée. Période difficile, mais normalement derrière pour de bon cette fois. En revanche, j’ai très peu lu pendant ce moment donc vous n’avez pas raté grand chose. Mais je souhaitais revoir un peu le format de mes billets pour retrouver le plaisir d’écrire sur mes lectures sans que cela me pompe des heures sur des journées déjà trop remplies. J’arrête les chroniques à rallonge pour les bouquins qui ne m’inspirent pas forcément l’envie d’en parler pendant des heures, et je garde les longs blablas pour les seuls bouquins qui m’auront profondément inspirée (en bien ou pas). En attendant, ravie de vous retrouver ici, j’espère retrouver une petite routine et un peu de temps pour revenir sur vos blogs, tout vient à point qui sait attendre, n’est-ce pas ? 🙂
Plein-ciel : 4e de couverture
Sur l’île de la Nébuleuse, l’Opéra Plein-Ciel fait la pluie et le beau temps, et chacune de ses représentations se doit d’être parfaite.
Des Confins à la capitale, tous les habitants sont appelés à mettre leurs dons au service de l’Opéra.
Née au sein d’une famille d’aristocrates capables de métamorphoser les corps, Ivoire est une simple dompteuse de rubans, et c’est loin de son milieu social qu’elle a trouvé sa place, au sein d’un prestigieux atelier de couture.
Mais lorsque la Maîtresse-Jouet de Plein-Ciel remarque son talent, Ivoire n’a pas le choix : elle est forcée d’emménager au cœur de l’Opéra.
La voilà plongée dans les coulisses où la vie se mène à un rythme effréné, au gré des préparatifs, des intrigues de cour, et des pamphlets interdits qui circulent sous le manteau et promettent un autre monde possible…
Univers très chouette…
Plein ciel a été une bonne surprise de ce point de vue là : c’est froufroutant, virevoltant, pétillant, coloré. On se balade dans les couloirs et les loges de l’Opéra dans un univers steampunk à boutons et à fanfreluches, c’est très imaginatif et très réussi. La mise en place du roman dure un bon moment, donc on peut vraiment en profiter. Ça fait du bien de lire un peu une fantasy dans un univers différent, c’est rafraîchissant et ça montre qu’on peut encore écrire des choses qui sortent de l’ordinaire. Youpi hourra.
Mais attention, ce n’est pas parce que c’est froufroutant que c’est bisounours. Ce monde est empreint d’une féroce violence entre les personnages, rangés dans des catégories sociales très distinctes, et ce qui fait fonctionner cet univers tant bien que mal repose sur des lois sociales très discutables. Donc à travers les jupons et les costumes et derrière les masques, les échanges sont violents, cinglants, risqués, difficiles. Et douteux. Toujours à double sens. C’est compliqué.
J’ai aussi aimé la plume de l’autrice : le vocabulaire est varié, la prose soignée et à l’image de ce monde qui bouge sans cesse. C’est très plaisant à lire.
Mais une structure déséquilibrée
Le problème n°1 de Plein-ciel c’est son rythme. Il est très long ce roman (626 pages). Et il y a à la fois des longueurs qui auraient gagné à être supprimées, et des explorations attendues qui ne viennent pas, notamment dans le scénario. Grosse longueur et BAM grosses révélations en paquet qui sortent de nulle part. Et ce schéma est répété plusieurs fois dans le bouquin. Çafait l’effet d’une robe splendide dont on voit une énorme couture en plein milieu.
Un énorme déséquilibre donc, qui aurait pu/dû être retravaillé avec les corrections éditoriales. Mais bon, on sait bien que le boulot édito se réduit à peau de chagrin dans pas mal de maisons, surproduction et rythme soutenu de publication oblige. La couv et le jaspage clinquant d’abord, le reste on s’en fout un peu.
De ce fait, j’attendais un démarrage un poil plus nerveux, et des approfondissements sur les personnages et leurs relations. Qui ne viennent jamais vraiment.
Et un scénario déjà vu et prévisible
Au lieu de ça, on a une histoire somme toute classique d’une dictature, d’une rébellion des pauvres et des personnages qui subissent la loi des puissants, des très très méchants jusqu’auboutistes, et surtout… une romance à deux francs six sous que j’ai trouvée à la fois mal torchée et ridicule. On met des plombes à se mettre en place mais c’est factice, on la repère à la 1re ligne entre les deux personnages. Elle est surtout dispensable, elle n’apporte rien, elle est branlante, interrogeable dans son fonctionnement, bref, ça marche pas.
Ajoutons à cela des péripéties qui n’en sont pas vraiment puisqu’on sait déjà à l’avance leur issue et les deus ex machina pour sortir de situations absolument bouleversifiantes d’un coup de baguette magique. Heureusement, l’autrice nous surprend avec son paquet de cadavres qui jonchent les pages, gentils comme méchants (dans des conditions souvent épouvantables et atroces, la torture et les sévices corporels sont un jeu dans ce theatrum mundi, comme je l’ai dit plus haut).
En bref…
Univers vraiment tiptop, rafraîchissant, qui rappelle qu’on peut (qu’on sait) encore inventer autre chose mais un scénario pas suffisamment travaillé et surtout trop prévisible et déséquilibré dans sa construction.
En pratique
Siècle Vaëlban, Plein-ciel
Big Bang, 2024
En lice pour le prix Imaginales des bibliothécaires 2025 (ce n’est pas mon gagnant, vous l’aurez compris. La liste des 5 est ici).
Couverture : Elsa Roman (merci Baroona d’avoir déniché l’info !)
Note personnel : 12/20. Pas mal, mais peut mieux faire. Je serai curieuse de lire les autres titres de l’autrice, son univers et sa plume me plaisent. La Demeure des Mah-Haut-Rels m’intéresse bien.
Elsa Roman pour l’illustration à priori, il y a la quatrième de couverture sur Decitre. Et au moins l’univers est à la hauteur de cette foisonnante couverture, elle n’est pas là pour rien, c’est déjà ça.
Ah super, merci Baroona, je mets à jour 🙂 Oui en effet, l’univers est à la hauteur de la couverture !
Joie de te retrouver !
Chronophage, hein, les blogs ! Je me pose aussi des questions parfois quand je vois le temps et l’énergie… Mais cela fait tellement plaisir de retrouver certain.e.s.
Quant au roman dont tu parles, eh bien, je ne vais sans doute pas m’y plonger, car ces problèmes de scénarios peu travaillés, ça m’agace au plus haut point.
Bonne journée et à bientôt.
🙂 Je te remercie beaucoup pour ton message ! J’ai fait une saturation d’un peu tout ces derniers mois : blogs, réseaux, même ouvrir un bouquin était compliqué. Oui tu as raison, c’est du temps et bcp d’énergie, d’où mon souhait de faire moins chronophage, quitte à faire des chroniques moins détaillées.
J’espère que de ton côté tu vas bien. Je te lis toujours avec plaisir quand je vois arriver une notification d’un nouveau billet sur ton blog, mais j’avoue que je suis très contente de repapoter avec toi, donc je te rejoins sur la joie de retrouver les copaines de blog 🙂
Quant à Plein-ciel, c’est vraiment dommage, parce qu’il n’y aurait pas eu besoin d’énormément de boulot pour faire du texte qqch de plus structuré avec moins de facilités; mais je crois que c’est le premier roman de l’autrice, sur laquelle il faut à mon avis garder un œil parce que je pense qu’elle peut donner à lire des textes assez chouettes si elle garde son imaginaire fourni et corrige ces soucis de forme.
Je te souhaite aussi une belle journée, à très bientôt 🙂
Je pense que je passerais à côté sauf si l’ebook finit dans l’op all stars ou s’il est sur Lirtuel. Je préfère largement des univers moins travaillé, originaux que des personnages et des intrigues esquissés à la pointe du crayon.
Franchement, il ne manque pas grand-chose, un peu de cohérence, un peu moins de facilités, et une intrigue un peu plus solide…
Difficile à trouver l’équilibre. J’avoue que les univers originaux me plaisent bien, mais ce n’est pas suffisant, en effet.