Florence Tholozan – La chinoise du tableau

Ma première lecture d’un des 5 romans finalistes du prix des auteurs inconnus 2020, dans la catégorie littérature blanche. La chinoise du tableau est le premier roman de Florence Tholozan et a déjà gagné ses lettres de noblesse : récompensé par le Prix de Paroles d’auteur(s) de Saint Clément 2020, l’ouvrage a également été finaliste du Livre Romantique des Editions Charleston et de la ville de Cabourg 2019. C’est un roman que je situe sur la frontière entre littérature blanche et imaginaire : un entre-deux que j’aime beaucoup.

Synopsis

Et si comme Mélisende et Guillaume vous découvriez un étrange tableau ?
Un tableau sur le point de bouleverser votre vision de la vie ?
Au second plan, derrière une jeune Chinoise, se tiendrait un couple qui ressemblerait en tout point au vôtre. À un détail près : les personnages représentés sur la toile seraient bien plus âgés. Une curiosité irrésistible vous entraînerait alors jusqu’en Chine, à la recherche de la Chinoise du tableau.

Un voyage dans une œuvre d’art

Florence Tholozan nous emmène en voyage en Chine. L’autrice semble très bien connaître ce pays et sa culture. La Chine de Florence Tholozan est une belle hypotypose, un tableau vivant qui se déroule sous les yeux des personnages et du lecteur. En effet, on voit le paysage, les personnages, les rues…. Mais on entend aussi les rumeurs de la ville, on sent les parfums qui se dégagent des échoppes. C’est comme si nous y étions. Je regrette parfois quelques longueurs qui alourdissent le récit.

L’autrice dessine aussi plusieurs scènes de genre, tant côté français (des scènes citadines, assez bourgeoises) que chinoises (plus populaires, des scènes de rues animées). Là, également, quelques longueurs à noter, qui ne servent pas directement l’intrigue et font perdre en légèreté. Disons qu’elles contribuent à donner un aspect pictural au roman. On se croirait devant un tableau avec de multiples personnages vaquant à leurs occupations.

Cette thématique artistique et picturale est au centre du récit, qui part d’un tableau. L’autrice maîtrise très bien les questions de restauration, et nous offre une véritable enquête sur l’origine du tableau. J’ai beaucoup aimé ces aspects techniques, qui sont parfaitement intégrés dans le roman sans paraître lourds.

Saisir l’instant

Il y a dans La chinoise du tableau une poétique de la fugacité. C’est ce que j’ai préféré d’ailleurs. Florence Tholozan est psychologue, et ça se ressent. Elle donne à ses personnages des ressentis très humains, réels, palpables. Ils ont la vie de Monsieur et Madame Tout le monde, un passé, des rêves, des amis, une famille. Ils sont consistants et bien dessinés, avec beaucoup de finesse. Surtout, l’autrice nous amène, avec un récit au présent, et une alternance de points de vue internes, au cœur des pensées des personnages.

Florence Tholozan parvient alors à mettre en mots la brièveté de certains instants, des intuitions, des impressions et des ressentis. Elle traduit, par le langage, la beauté de ces instants suspendus dans le vide, presque irréels. Elle enrobe enfin le tout dans un style doux, un phrasé mélodique, comme pour ne pas brusquer ces impressions, ne pas les faire fuir.

Un roman de réalisme magique

Ce roman est aussi un voyage temporel, avec des allers-retours dans différentes timelines, par le biais de la thématique des âmes sœurs. En cela, l’autrice ajoute une dimension imaginaire dans son récit, car la réalité à laquelle nous sommes habitués n’est plus la même ; les règles de la physique traditionnelle ne s’appliquent pas. On est ici dans une sorte de rêverie poétique imaginaire.

Le thème central de ce récit est celui des âmes sœurs. C’est déjà vu, mais joliment traité, et magique. Je ne peux pas m’empêcher de rêver un peu, et de me demander… et si ? C’est ça aussi, le pouvoir de la littérature : de faire rêver, le temps d’un instant, de faire croire à l’impossible, et de dévoiler de petites étincelles de magie derrière le quotidien. Il suffit alors de voir, de regarder, d’être à l’écoute.

Ainsi, Florence Tholozan réussit un joli tour de magie, à nous embarquer dans son histoire et à nous faire rêver, le temps d’une lecture.

La chinoise du tableau est un roman de Florence Tholozan, teinté d’une grande douceur. Outre la magie que j’ai ressentie, j’ai surtout apprécié l’écriture, travaillée, accompagnant à merveille le récit. Une écriture de l’instant fugace… J’ai passé du très bon temps dans ce voyage en Chine, à travers l’art et la psychologie très fine des personnages. Un très joli roman que je recommande chaudement.

3 commentaires sur “Florence Tholozan – La chinoise du tableau

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  1. Très jolie chronique qui donne vraiment envie de le lire. Je retiens particulièrement la charmante expression « écriture de l’instant fugace » qui me parle beaucoup!

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