Emmanuel Chastellière – Ammuin Karhua

Ammuin Karhua est une nouvelle d’Emmanuel Chastellière, écrite en réaction à l’invasion russe en Ukraine. Un texte de soutien, dont les bénéfices de vente sont versés à la Croix Rouge française en Ukraine. Pour 3 €, vous avez là un texte de qualité, à la fois doux et amer, mélancolique et plein d’humanité, à l’image des recueils précédents de l’auteur. J’avais beaucoup aimé Célestopol 1922 qui faisait partie de ma sélection finale pour le #PLIB. C’est donc sans hésiter, et parce que j’apprécie aussi cette initiative, que je me suis procuré cette nouvelle.

Les mots d’Emmanuel Chastellière…

« Comme pour beaucoup d’entre nous, le 24 février restera un jour à part dans ma mémoire.

J’ai très vite songé à ce que je pourrais faire, avec mes modestes moyens, et écrire m’a paru, comme souvent, la solution. C’est pour cette raison que je vous propose aujourd’hui à la vente, une première pour moi, une nouvelle inédite. Bien entendu, chaque euro récolté sera reversé à la Croix-Rouge française pour soutenir son action en Ukraine. Dans la mesure du possible, je m’engage à doubler la somme obtenue.

Je me suis donc lancé et naturellement, je me suis tourné vers Célestopol. Parmi mes univers, c’était une évidence de choisir celui-ci. Une bonne partie de Célestopol est née de mon amour de la culture et de la littérature russe, de toute une vie de lectures, si loin des horreurs que l’on peut découvrir jour après jour depuis plus d’un mois déjà.
J’ai conçu cette histoire en quelques jours, tout en gardant, là encore comme beaucoup, un œil fiévreux sur ce qui se passe en Europe, si près de chez nous.

Je ne prétendrais pas qu’elle soit parfaite, mais je l’ai écrite avec le cœur. »

En bref…

  • Retour à Célestopol, quelques mois après le dernier texte de Célestopol 1922. Une nouvelle dans la continuité de cet univers, et qui en explore de nouvelles facettes.
  • Un univers qui m’a fait penser au Bonheur des Dames de Zola. j’y ai retrouvé l’ambiance grands magasins du XIXème siècle et ses petites fourmis qui y travaillent dans l’ombre.
  • Un arrière-plan historique. Emmanuel Chastellière évoque en creux le soulèvement des Caréliens de l’Est fin 1921-début 1922, pour une Carélie libre et indépendante de la Russie soviétique. Comme toujours, l’auteur parvient encore ici à tisser des liens entre réalité et imaginaire, brouillant les frontières. Célestopol, toute imaginaire soit-elle, accueille des personnages au passé ancré dans une réalité historique. Cette évocation de la Finlande dans cette nouvelle est d’autant plus pertinente et frappante qu’elle a des échos avec la réalité contemporaine (demande d’adhésion de l’Otan par la Finlande).
  • Une autre facette de Célestopol : son rapport à la religion (ou plutôt celui du duc Nikolaï), dans son ensemble.
  • Evocation du statut de réfugié, de l’exil. Un rapport évident avec les Ukrainiens de nos jours, et en cela le texte est un bel hommage. D’autant plus intéressant que Célestopol est la cité russe lunaire, la ville d’accueil du personnage principal… Une façon de dire que rien n’est jamais définitivement ni noir ni blanc ?
  • Des automates pas tout à fait machines, pas tout à fait humaines. Un entre-deux perturbant, qui donne au récit son aspect à la fois féroce, mélancolique et touchant. J’aime la manière dont Emmanuel Chastellière mélange subtilement ces ressentis. Toujours une petite touche steampunk légère. J’apprécie beaucoup que cette esthétique ne se suffise pas à elle seule mais soit mise au service d’un récit plus large. Ici, elle répond à un questionnement sur ce qui différencie l’Humain de la Machine.

Et toujours, en quelques pages, quelque chose de complet, un arrière-plan suggéré mais que l’on parvient à bien reconstruire mentalement. J’aime beaucoup l’écriture d’Emmanuel Chastellière dans son œuvre Célestopol, car il s’en dégage beaucoup d’émotion, un méli-mélo de beauté touchante, de mélancolie amère et d’optimisme, ténu mais présent, dans un univers pas folichon.

Un très beau petit texte qui peut se lire sans difficulté, et sans nécessité d’avoir parcouru les nouvelles des recueils précédents.

En pratique

Emmanuel Chastellière, Ammuin Karhua

Don : une nouvelle pour l’Ukraine

Avril 2022

D’autres avis : Un texte qui frôle le sans faute pour Lorhkan, un texte qui serait aussi une bonne porte d’entrée dans l’univers de Célestopol pour Baroona.

 

Ammuin Karhua est une nouvelle d’Emmanuel Chastellière, prenant place dans son univers Célestopol. On sent que le texte est écrit avec cœur, et toujours avec cette plume douce amère. Cette nouvelle parle d’humanité, de souvenirs perdus, de fuite, de résilience, de foi… Ici, l’auteur nous offre une nouvelle qui fait écho à l’actualité diplomatique en Europe de l’Est, par le biais d’un parallèle intéressant avec un autre événement historique de 1922. C’est habile et très pertinent. Un beau texte pour une cause importante et nécessaire, je ne peux que vous inciter à en parcourir les lignes…

3 commentaires sur “Emmanuel Chastellière – Ammuin Karhua

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    1. Mais c’est une belle idée, ça !
      Toi qui as beaucoup aimé l’univers de Célestopol et espérais y voyager de nouveau, l’occasion est parfaite 😉

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