Cécile Guillot – Lullaby – #PLIB2022

Lullaby est une novella de Cécile Guillot, éditrice du chat noir. Ce texte court est paru début octobre 2021, et c’est la première lecture de mon butin des Imaginales. J’ai eu le plaisir de rencontrer Cécile à cette occasion, qui m’a par ailleurs dédicacé Lullaby, m’invitant à me promener avec elle dans le jardin abandonné, au milieu des rêves et des papillons… J’ai beaucoup aimé cette ballade, aussi douce qu’amère. Cette novella fera partie de mes 25 sélectionnés pour le #PLIB2022.

Synopsis

« États-Unis, années 20.

Hazel aime écrire des histoires horrifiques et rêve de devenir écrivain. Son cœur bat pour sa jolie voisine, Blanche. Mais quand ses parents découvrent ses diverses inclinations, ils s’en indignent et décident de la faire interner à Montrose Asylum.

Là-bas, elle rencontre la fougueuse Jo et la fragile Lulla. Toutes les trois vont suivre la mystérieuse berceuse qui s’élève la nuit, les menant au sein d’un jardin abandonné… »

Un format court percutant

Lullaby fait partie de la collection F. nigripes (pour Felix nigripes, chat à pieds noirs, sauvage et trapu) qui regroupe des novellas fantastiques, horrifiques, étranges, pleines de mystères. C’est tout ce qui définit Lullaby. Un concentré de mystère, d’onirisme, une touche de fantastique, beaucoup d’émotions, des sujets très forts évoqués.

Le récit est au passé, et c’est Hazel, la narratrice, qui revient, a posteriori, sur cette période de sa vie. Il est comme une fiole de souvenirs, autour de l’enfermement d’Hazel.

Le rythme est rapide, la narration plutôt factuelle. Les personnages semblent peu esquissés, leur psychologie peu approfondie. On ne s’attache pas vraiment à Hazel. C’est la contrainte du format court… qui je trouve fonctionne à la perfection ici. Ce récit est aussi tranchant et vif que ces vies de femmes détruites en quelques secondes. Et on ne s’attardait pas sur leurs émotions, qui ne comptaient pas. Ici, c’est pareil. Aussi violent, brutal.

La poésie dans le jardin abandonné

Mais la plume de Cécile Guillot est tout à la fois dure, et douce. Là encore, j’ai apprécié la forme courte du récit, que j’ai trouvé aussi fugace et évanescent qu’un rêve. L’écriture de Cécile est poétique, même dans les moments les plus froids et durs. Une petite touche de rêve, d’onirisme, qui nous mène jusqu’au fantastique, l’espace d’un instant.  Panique, incertitude… : rêve, folie, drogue… ou réalité autre ?

Puis l’autrice nous amène dans un monde étrange, une sorte de réalité autre pas toujours comprise. J’ai beaucoup aimé la métaphore du jardin, ce locus amoenus fleuri, rassurant, dans lequel Hazel se réfugie. Il tranche considérablement avec la réalité, froide, cauchemardesque, avec sa lumière aveuglante du couloir de l’hospice. Ce jardin abandonné est un petit cocon de protection, pour faire face au réel, et au passé. Une très belle transposition embellie et sécurisante de la réalité.

Des sujets difficiles

Ce joli texte tout en images, en métaphores et en miroir nous promène dans un univers incertain, brumeux, étrange. On ne sait jamais bien où l’on se situe.

Cependant, Cécile Guillot, derrière une apparence douce amère teintée d’onirisme, ancre son récit dans une réalité bien palpable. Elle décrit ici la situation de femmes dans les années 20, coupables d’aimer, d’écrire et de penser. C’est le droit et l’mancipation des femmes qu’elle met en scène à travers le personnage d’Hazel et son parcours. J’ai pour ma part beaucoup aimé la fin, comme un point d’orgue à ce récit.

J’ai enfin beaucoup apprécié son hommage vibrant à la poésie, en la personne de la poétesse Renée Vivien, que je ne connaissais pas du tout. Cela apporte de l’épaisseur au texte, comme un écho à la pensée créatrice d’Hazel et à la plume poétique de Cécile Guillot. Un petit air de musique et de poésie, en suivant la berceuse…

« Ma poupée chérie

Ne veut pas dormir

Ferme tes doux yeux

Tes yeux de saphir

Petit ange d’or

Tu me fais souffrir

Dors, poupée, dors, dors,

Ou je vais mourir« 

En pratique

Cécile Guillot, Lullaby

Editions du chat noir, octobre 2020

Couverture : Mina M

#ISBN9782375681725

#PLIB2020

Autres chroniques : c’est celle d’Ombre Bones qui m’a donnée envie de lire cette novella 🙂 Et je la remercie pour cette découverte, je n’avais jamais lu de texte de Cécile Guillot, et j’ai beaucoup aimé cette découverte. Vous pouvez aussi retrouver l’avis de Maude et de Nina.

Et enfin, le site de l’autrice, pour découvrir un peu plus son univers.

 

Lullaby est une novella de Cécile Guillot parue aux éditions du chat noir en octobre 2021. J’ai beaucoup aimé cette découverte, j’ai passé un très bon moment de lecture. Court, mais très fort, tantôt doux comme une plume, tantôt cinglant et dur. Cécile Guillot souffle le chaud et le froid, nous perd dans le mirage de son jardin abandonné, à suivre les papillons… J’ai aimé que ce texte porte des revendications très fortes dans une sphère imaginaire, onirique et fantastique. Cette novella va sans hésiter rejoindre ma sélection des 25 du #PLIB2022.

6 thoughts on “Cécile Guillot – Lullaby – #PLIB2022

Add yours

    1. Héhé 🙂 Suffisamment pour te donner envie de le lire ? ^^
      C’est Ombres d’ailleurs qui m’a donné envie de le lire. Je ne connaissais pas cette autrice, mais je vais poursuivre mes investigations.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Proudly powered by WordPress | Theme: Baskerville 2 by Anders Noren.

Up ↑