Avis flash #6 – Janvier 2023

Le retour des avis flash ! Il n’y en a pas eu depuis Octobre, mais j’ai abandonné pas mal de choses en cours de route, et tout n’a pas intérêt non plus à faire l’objet d’un retour ici. Les lectures de ce mois pour cet avis flash #6 : 
– Notre-Dame des loups, d’Adrien Tomas
– Les miracles du bazar Namiya, de Keigo Higashino
L’île de silicium, de Chen Qiufan

– Défaillances systèmes, Journal d’un AssaSynth, tome 1, de Martha Wells

Adrien Tomas – Notre-Dame des loups

Premier roman que je lis de cet auteur, avec une lecture pour le Cold Winter Challenge (menu Marcher dans la neige). 

Synopsis

Amérique, fin XIXème.

Chasse aux loups-garous, créés et menés par la Dame. Dans les grands espaces glacés et battus par le vent, une troupe de veneurs chasse les loups, espérant parvenir à la Dame et tuer celle-ci.

Un voyage sauvage et rude dans une Amérique ambiance western.

Avis flash

Un roman vite lu, et qui sera malheureusement assez vite oublié tant il ne m’a pas marquée. Il est très court, et la narration est rapide, sèche, factuelle. Au présent, permettant de renforcer le sentiment d’instantanéité et de rapidité. Si cela matche parfaitement avec le récit qui décrit une chasse rapide, sans cesse à l’affût et sans répit, ça n’a pas marché avec moi. Toujours réticente à lire du présent et au « je », surtout quand le « je » décris des choses qu’il n’est pas en mesure de faire (par exemple, quand il se prend une balle en pleine tête et dit « je meurs »). Pour moi, l’illusion n’est pas au rendez-vous et je reste très à l’écart de ce que je lis.

D’autre part, le roman suit une trajectoire intéressante : un chapitre par personnage de la troupe de veneurs. Un roman choral, en somme. L’ennui, c’est qu’à aucun moment je n’ai ressenti de différence dans le langage, la manière de parler, la personnalité de celui qui parle. D’ailleurs, j’ai trouvé le tout trop familier pour me plaire pleinement.

Enfin, regret sur l’immersion dans ces paysages, trop peu décrits, trop peu posés pour que je puisse m’y figurer. La conséquence d’un roman très rapide, j’imagine. Au-delà de cela, trop d’interrogations sans réponses : qui est la Dame ? Pourquoi ces loups-garous ? Bref, une lecture qui n’a pas satisfait ma curiosité.

Les miracles du bazar Namiya – Keigo Higashino

Encore une lecture pour le Cold Winter Challenge (Menu hiver sombre).

Synopsis

En 2012, trois jeunes hommes se réfugient dans une vieille boutique abandonnée.

Tard dans la nuit, une lettre écrite 32 ans plus tôt et adressée à l’ancien propriétaire tombe de la boîte aux lettres. Celle-ci semble étrangement connectée aux années 1980.

Commence alors une correspondance écrite entre des personnages du passé et ces trois jeunes garçons en 2012.

Avis flash

Une petite lecture mignonette.

Sur le plan formel, pas super séduite par la plume. Ça se lit bien, c’est mignon, tout en douceur et en simplicité. Comme un haïku sur plusieurs pages, en prose. C’est un style, mais qui ne suscite pas chez moi d’émotion quelconque. Je suis restée assez de marbre devant cette plume en retenue. En attendant, j’ai apprécié les allers-retours passé-présent, et les différents fils autour de tous ces personnages qui sont réunis par un même fil d’Ariane. J’ai aimé ce mélange et m’amuser à dénouer tous ces fils, pour tout reconstituer comme un puzzle.

Cela dit, très peu de relief dans cette intrigue suit son cours comme un long fleuve tranquille, malgré le voyage dans le temps. Pas vraiment de renversement, ni d’élément perturbateur. Quelques surprises, évidemment, suscitant interrogations et doute, mais si vous cherchez un roman construit comme des montagnes russes, vous risquez de trouver le tout un peu pépère. C’est un peu trop blanc quand même. J’aurais aimé plus de gris, voire du noir par-ci par-là.

Cependant, j’ai apprécié ce roman qui flirte avec le réalisme magique. Comme un pan de réel soulevé pour faire apparaître les petites merveilles du quotidien – pas tant dans le merveilleux apporté ici, mais dans ce qu’il suscite chez les personnages. Un élan d’humanité, de bonté… de chamallowerie (désolée, mais les dernières pages m’ont semblé vraiment improbables et un peu ridicules).

Une petite lecture sympa mais j’en attendais beaucoup plus.

Chen Qiufan – Lîle de Silicium

Troisième opus de cet avis flash #6 : le premier titre de la nouvelle collection Imaginaire chez Rivages. J’ai reçu ce roman en service presse avec l’opération Masse critique de Babelio. J’avais apprécié l’avis de Le nocher des livres sur ce livre, mais je n’ai pas réussi à venir à bout de ce roman abandonné à la moitié. Une ligne éditoriale qui je pense n’est pas faite pour moi.

Synopsis

Xiaomi travaille sur l’île de Silicium, située au large de la Chine, où les appareils électroniques du monde entier sont envoyés au recyclage.

Ces « déchetiers » sont à la merci de puissants chefs de clan. Un conflit se trame entre trois clans rivaux, des investisseurs américains et des écoterroristes.

Xiaomi découvre les débris d’une mystérieuse prothèse qui risque de changer le cours de leurs destins.

Avis flash

Le roman est un thriller d’anticipation qui offre un aspect documentaire remarquable, traitant de sujets difficiles avec un réalisme glaçant. Côté intrigue, plusieurs fils et personnages suivis dans une direction qui m’a paru assez floue durant cette première moitié. Long à démarrer, également. Une longue première partie qui est davantage descriptive et pas hyper jouissive dans ce qu’elle montre. Malgré tout, c’était assez intéressant et ça se lit « facilement »; je veux dire par là, nulle difficulté dans la langue et j’ai trouvé la traduction très bien.

Certainement que la seconde partie devait-elle être à la hauteur de mes attentes quand j’ai voulu lire ce roman. Sûrement devait-elle être vraiment explosive, imaginative, et conclure le roman dans un point d’orgue magistral. Mais ma lecture s’est arrêtée quelques dizaines de pages après une scène particulièrement difficile au milieu du roman. Je ne m’en suis pas relevée. D’abord, parce qu’elle est très longue, d’une violence et d’un voyeurisme dégueulasses. J’ai aussi trouvé dommage (euphémisme) que ce type de scène concerne l’unique personnage féminin du bouquin croisé jusqu’ici. Et enfin, j’ai regretté que cette scène soit utilisée comme ressort narratif à l’intrigue. Car enfin, le roman décolle, avec une SF qui m’a fait penser à un épisode de Tales from the loop, où la machine fusionne avec l’humain.

J’ai longtemps hésité à abandonner. Mais j’ai vraiment ressenti une nausée persistante plusieurs heures après la lecture de ce passage. Alors ce sont là mes limites. Les viols dans les bouquins, je n’en veux plus. Les viols pour faire décoller une intrigue ou définir un personnage, je n’en veux plus. Et la description durant des pages et des pages de cette violence avec le regard amusé des agresseurs, je n’en veux plus.

Journal d’un AssaSynth, tome 1

Premier volume de la série de l’AssaSynth, Défaillances systèmes est une novella de Martha Wells, qui a remporté, notamment, le prix Hugo en 2018. Un texte remarquablement traduit par Mathilde Montier, la traductrice du Maître des Djinns, Les tambours du Dieu Noir, et lauréate du Grand Prix de l’Imaginaire 2022 dans la catégorie Traduction.

Synopsis

Les SecUnit sont des androïdes de sécurité oués à des clients humains pour assurer leur sécurité dans diverses missions. Celui qu’on suit ici a piraté son module superviseur ce qui lui permet de disposer de son libre-arbitre. Il préfère bingewatcher des séries plutôt que de s’occuper d’affaires humaines.

Sa tranquillité est mise à mal quand ses employeurs frôlent la mort lors d’un échantillonnage sur une planète et lorsqu’une autre équipe de recherche est retrouvée décimée.

Avis flash

Une petite lecture sympatoche. On retrouve tout ce qui fait le charme et le succès du format court : un background réduit au minimum, un côté percutant tant dans les dialogues que dans l’intrigue directe, efficace et sans délayage. C’est net, précis, sans blabla superficiel.

L’autrice nous réserve malgré tout des séquences assez cocasses, comme celles du bingewatching d’AssaSynth, ou le décalage entre son côté machine et les humains autour de lui. C’est du déja lu/vu, mais c’est toujours rigolo – d’autant qu’elle n’en fait pas un comique de répétition. Le récit au « je » par l’androïde apporte un regard très différent, entre humain et machine. Là aussi, le ton est bien dosé, sans forcer le comique dû au décalage.

La novella explore alors le statut de cet androïde, un entre-deux : ce qui fait qu’il est une machine ou qu’il s’humanise – et d’ailleurs, la chute du texte est particulièrement chouette (même si je me doutais que ça se passerait comme ça). Un petit texte qui se lit tout seul, entre deux gros pavés ça peut être pas mal de caler les novellas de cette série.

Chose que je ferai peut-être, mais sans certitude non plus : si j’ai trouvé ce premier volume pas mal, il ne m’a pas suffisamment réjouie non plus pour que j’aie envie de sauter sur la suite. Le ton peut-être un peu trop désincarné doublé d’un niveau de langage pas non plus hyper élaboré, la réduction a minima de tous les à côtés (background etc.), et une intrigue qui tient en deux lignes : c’est sympa mais pas frappant en ce qui me concerne.

Avez-vous lu un de ces romans ? Ces petits avis flash vous ont-ils donné envie d’un découvrir un ? Ou plusieurs ? Me recommandez-vous d’autres titres de ces auteurs ? (oui, je sais, Vaisseau d’Arcane). On renoue avec les avis flash, le dernier épisode c’était en octobre ! Il n’y en aura pas tous les mois, cela dépend vraiment de mon rythme de lecture et de la forme que prennent mes avis. Je peux déjà vous dire qu’il y en aura en février, alors on se retrouve pour ce rendez-vous dans un mois !

17 commentaires sur “Avis flash #6 – Janvier 2023

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    1. alors ça va te plaire, c’est une plume pleine de tact et de retenue ici. J’ai souvent remarqué cette douceur dans les quelques textes japonais que j’ai lus. Un peu poétique, tout en simplicité.

  1. As-tu déjà lu d’autres romans de Keigo Higashino ? Je n’ai pas encore lu Les miracles qui a l’air à l’opposé de ses enquêtes qui exploitent les obsessions humaines.
    Tu m’as donné envie de lire AssaSynth. Ca a l’air bien sympathique pour des moments où on veut lire sans prise de tête.

    1. non c’était le 1er que je lisais de l’auteur, je tenterai un autre titre.
      Et oui l’Assasynth c’est tout à fait ça ! C’est sympa, j’ai trouvé le 1er tome rigolo par moments, ça marche bien… ça peut sortir d’une panne de lecture je pense. En tout cas entre deux pavés c’est top !

      1. Je te conseille si tu poursuis l’aventure Higashino, c’est de lire La maison où je suis mort autrefois, le dévouement du suspect X et un café maison. Ce sont les 3 meilleurs jusqu’à présent.

        1. Merci pour tes recommandations, d’autant plus intéressée qu’il y a une maison quelque chose dans ta liste ^^ c’est mon challenge personnel 😇 je note ça, je te remercie !

  2. J’avais lu « Les miracles du bazar Namiya » à sa sortie, trouvé que c’était sympa, mais davantage feel good que SF et j’ai été étonnée de l’engouement qu’il a suscité ensuite chez pas mal de blogueurs. De l’auteur, j’avais déjà lu deux romans policiers un peu plus intéressants.
    Pour « L’île de Silicium », que j’avais prévu de lire si je le trouvais un jour en médiathèque (pas motivée au point de l’acheter), je suis sensible à ton commentaire, car je vois très bien ce que tu veux dire en parlant de ces lectures qui nous laissent une impression désagréable dans les rétines et au fond de nous …

    1. Mais oui j’ai été surprise aussi, je m’attendais à qqch de bcp plus fantastique que ça dans l’intrigue. C’est pas mal mais l’aspect imaginaire est assez ténu car pas très développé finalement…
      L’île de silicium me donne encore la chair de poule nausée quand j’y repense. Vraiment j’aurais dû mal à le conseiller, je ne parviens pas à avoir un regard objectif et détaché dessus. Tu as eu un ressenti similaire une fois ? Avec quelle lecture ?

  3. Je n’avais déjà pas envie de lire L’île de silicium, du coup j’en ai encore moins envie…

    AssaSynth, tu connais mon amour pour cette série (d’ailleurs j’attends avec impatience le nouvel opus !), cette série fait partie de mes lectures doudous. Mais je comprends que tu aies pu ne pas accrocher plus que ça (déjà, tu as trouvé ce premier volume sympa, donc je suis contente ! :))

    Pour Notre dame des loups, je vois ce que tu veux dire, j’avais bien aimé parce que fan de garous, mais sans non plus éprouver un coup de coeur. Il y avait une répétition du schéma narratif qui m’ôtait le suspense. Vaisseau d’Arcane m’a davantage convaincue (même s’il n’y a pas de garou)

    Pour le Bazar, je ne sais pas trop si je me laisserais tenter – j’ai repéré les policiers du même auteur, mais j’ai tellement de livres sur ma liste… Vu ton retour, tant pis, ça attendra.

  4. Je comprends bien ton blocage pour L’ile de silicium. Quand on a atteint son seuil de tolérance, il vaut mieux arrêter.
    Quant à AssaSynth, je partage ton avis mitigé : sympathique mais pas si formidable que je l’espérais après avoir lu beaucoup d’avis très enthousiastes.

    1. Je suis contente de donner envie de lire des titres, mais aussi contente de préserver autrui de choses qu’il n’a pas envie de trouver dans sa lecture, pour éviter les mêmes déconvenues qu’à moi. Finalement ce retour n’a pas été inutile alors 🙂
      Les deux autres par contre oui, fonce, je suis assez tiède dessus mais ils valent le détour !

  5. L’île de Silicium est dans ma PAL, je croise les doigts ! Et pour Assassynth j’avoue être vraiment enthousiaste, ça marche très bien sur moi ^^

    1. J’espère que l’île de silicium te plaira davantage ! Assasynth honnêtement j’ai trouvé ça sympathique, mais j’espérais avoir ton enthousiasme, alors forcément, je suis un peu déçue. Mais je lirai la suite à l’occasion, entre deux gros pavés.

      1. C’est peut-être ce qui fait la différence entre nos avis : j’y suis allée sans avoir vraiment d’attente du coup ça a fait bonne surprise vu que je ne suis pas fan de novella

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