P. Djèli Clark – Le maître des djinns

Depuis le temps que je voulais découvrir cet auteur ! Grâce au challenge #12auteursen2022 de Charlène sur son compte Instagram, c’est enfin chose faite 🙂 La sortie de son premier roman Le maître des Djinns, paru chez l’Atalante me semblait être l’occasion parfaite. J’ai d’abord lu la nouvelle L’étrange affaire du Djinn du Caire (parue dans Les tambours du Dieu noir) qui se passe avant le roman, pour bien avoir en tête les personnages et la trame. A peine acheté, je me suis plongée dans ce roman, que j’ai beaucoup aimé. 

Synopsis

« Le Caire, 1912. Vêtue d’un complet trois pièces – un ensemble blanc du plus bel effet sur sa peau cuivrée –, Fatma lisse sa cravate couleur d’or en veillant à exhiber les boutons de manchette scintillant aux poignets de sa chemise bleu nuit. Puis elle pose son chapeau melon sur sa courte crinière bouclée.

Oui, Fatma el-Sha’arawi est une redoutable sapeuse. C’est aussi une énergique et compétente enquêtrice du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Et la voici en charge de l’assassinat collectif de la Fraternité d’al-Jahiz par un inconnu qui se prétend… al-Jahiz lui-même, le puissant mystique qui a ouvert la porte de l’Égypte à la magie et aux djinns cinquante ans plus tôt.
Imposture ? Ça ne fait aucun doute pour Fatma. Mais encore faut-il identifier et traquer ce mystérieux terroriste que des pouvoirs inouïs rendent, semble-t-il, invulnérable. Une enquête à tiroirs à l’issue de quoi on dirait bien que notre héroïne devra encore sauver le monde. »

Un roman dans la continuité de la nouvelle

J’avais aimé la nouvelle que j’avais lue de Djéli Clark; pas un coup de foudre non plus, mais ça m’avait suffisamment plu pour que je me jette sur le roman à peine paru. J’avais aimé le décor coloré, sensoriel de cette Egypte steampunk, les personnages évidemment, et puis l’uchronie qui donne à voir une Egypte différente – et magnifique.

C’est tout ceci que l’on retrouve dans Le maître des Djinns. La traduction est toujours aussi parfaite, la relecture quasi nickel, rendant la lecture très agréable. J’ai pu passer une petite semaine immergée dans ce beau roman.

Le roman se situe dans la continuité temporelle de la nouvelle. Je conseille de lire la nouvelle avant le roman, car celui-ci se déroule après les événements de la nouvelle, et y fait souvent référence. On retrouve également des personnages qu’on avait déjà croisés, et les liens entre eux reprennent dans le roman là où ils se sont arrêtés à la fin de L’étrange affaire du Djinn du Caire.

Une Egypte steampunk

Egypte steampunk (mécanique, boulons, vapeur, tchou-tchou, machines etc. etc. –> je caricature mais vous avez saisi l’idée) reliée à une culture littéraire, mythologique et folklorique (des anges, des djinns, des contes et récits provenant des Mille et une nuits…) : j’ai adoré le mélange. Le texte permet par ailleurs une immersion totale dans cette Egypte, par le biais d’une minutie incroyable dans le détail et de la langue arabe qui parsème le récit. C’est coloré, chatoyant, oral, parfumé.

Ajoutons à cela la réinterprétation du mythe du sceau de Salomon, qui replace le roman dans une tradition littéraire et lui donne une coloration magique; on pense d’ailleurs au Seigneur des anneaux, et les clins d’œil sont nombreux.

Et steampunk car uchronie, qui donne à voir une Egypte intéressante, d’autant qu’elle est à la fois un décor et un enjeu pour le récit. En effet, en même temps que le soi-disant retour d’Al-Jahiz fout un gros bordel dans les rues du Caire, doit se tenir dans la ville un sommet international pour la paix. A travers Le Caire où l’on déambule principalement, c’est donc une Egypte forte, cosmopolite, avant-gardiste, mixte, féministe… et mécanique qui se donne à voir. Et une Egypte bordélique, il faut bien le dire. Entre les Anges, les Djinns (et il y en a une sacrée panoplie), les Efrits, les humains… et tout ce qu’il se passe, on ne sait plus où donner de la tête. C’est jouissif et on ne s’ennuie pas.

Une intrigue efficace mais classique

L’intrigue est bien huilée, mais à mon goût, pas très originale. Sur le plan de l’histoire, pas vraiment de surprise ni de choses nouvelles. Efficace, mais classique.

Oui, les personnages sont intéressants. Fatma el-Sha’arawi, agente du Ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles (rien que cet intitulé me donne envie d’y signer de suite) est un personnage que j’apprécie beaucoup, libre, caractérielle, douée, têtue. C’est elle qui porte le roman et lui donne son entrain. Par contre, l’arrivée d’une agente n°2 dans ses pattes c’est du déjà-vu dans un récit d’enquête.

De la même manière, le déroulé de celle-ci, les méchants, les rebondissements… n’offrent pas de surprise non plus. J’ai compris dès le début qui était le grand méchant. J’avoue que les scènes mettant en scène le prétendu Al-Jahiz étaient visuellement sympathiques. Malgré tout, Le maître des djinns ne révolutionne pas du tout le genre sur le plan de l’intrigue.

Si j’ai beaucoup aimé ce roman, que je recommande évidemment, je reste un peu sur ma faim sur cet aspect-là, que j’aurais aimé un peu plus original.

En pratique

Phenderson Djèli Clark, Le maître des Djinns

VO : A Master of Djinn, mai 2021

VF : L’Atalante, Février 2022

Couverture : Stephan Martiniere

Traductrice : Mathilde Montier

Autres avis : Le nocher des livres, qui a pris plaisir à retrouver Fatma dans ce roman réussi; Apophis, qui l’a lu en VO; Naka avec qui j’ai beaucoup discuté de ce livre, on a passé pas mal de temps à comparer nos ressentis et à faire des recherches 🙂

 

Le maître des djinns est le premier roman de P.Djèli Clark, après les nouvelles qu’il a écrites dans le même univers. Le roman offre une lecture immersive dans cet univers dense, coloré et en pleine ébullition. Il présente une société en train de se métamorphoser, et les réflexions générées par l’uchronie sont d’actualité. Si j’ai été un peu déçue par l’intrigue que j’ai trouvée très classique, j’ai néanmoins beaucoup aimé me promener au Caire, ici terre de syncrétisme, au carrefour des croyances, légendes, mythes et fantasy magique. J’en veux encore.

11 commentaires sur “P. Djèli Clark – Le maître des djinns

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  1. Coucou !

    il est dans ma wishlit. je vais d’abord lire les nouvelles dans le même univers et je me plongerai dans celui-ci. 🙂

    1. Oui, c’est vrai qu’il a pas mal la cote en ce moment ! Il faut dire que le premier roman de cet auteur était très attendu, et que les éditions l’Atalante ont fait un super bel objet livre. Je n’ai pas pris le relié parce que je trouve ça trop lourd et j’ai l’habitude de casser mes reliures, c’est plus simple à faire avec les brochés.
      Mais il attire effectivement les lecteurs comme des mouches ce livre 🙂

  2. Une copine me l’a bien vendu, donc j’ai très envie de le lire. L’objet est magnifique et la localisation en Égypte m’attire beaucoup ! Je prends note de tes réserves mais j’ai hâte de me faire mon propre avis !

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