Avis flash #23 : décembre 2024

Quelle fin d’année ! Vraiment pas très présente sur ce blog, mais normalement, le plus gros est derrière. J’ai très peu lu depuis novembre, pas le temps du tout et plus l’envie ensuite non plus. Malgré tout, j’ai continué sur ma lancée des textes courts, avec trois autrices et une sortie des sentiers battus. Au menu pour cet avis flash #23 : 
– Juliette Dantes, Les quatre chats
– Alix d’Angalie, À rebours
– Noëmie Lemos, Neige

Juliette Dantes, Les quatre chats

Juliette est une autrice indépendante que je suis sur les réseaux depuis quelque temps. Elle est férue de gothique fantastique, j’aime beaucoup ça aussi.
L’annonce de la sortie de sa novelle Les quatre chats début novembre tombait à pic, tant le cadre s’accordait bien avec la saison. Cette novella est sa première publication.

Présentation de la novella

Dans la forêt jurassienne, l’atmosphère paisible d’un petit village change soudainement le jour où deux frères aux allures de croque-morts s’installent avec leurs quatre chats bien dodus.

La disparition de la vieille Germaine semble suspecte et les dames sont curieusement charmées par ces étrangers.

Un petit groupe accepte leur invitation à dîner dans leur chalet isolé.

Si elles veulent en savoir plus sur ces deux hommes étranges, elles passeront une soirée dont elles se souviendront.

Avis flash

C’était comme prévu une lecture ma foi bien sympathique. Une jolie plume, avec de la personnalité et une voix certes timide mais que l’on entend bien, et qui se délecte de décors et d’ambiances bien automnales/hivernales. J’ai adoré le cadre, très bien posé et avec efficacité : ni trop, ni pas assez, ni artificiel non plus. On sent bien que ça fonctionne non pas parce que la liste des points pour que ça fasse ambiance un peu spooky mystère est checkée, mais parce qu’il y a une réelle authenticité. De ce fait, on s’imagine très bien dans ce décor, et on s’y plonge sans peine et avec plaisir.

C’est une petite lecture parfaite pour une soirée d’automne/hiver. Facile, abordable ; peut-être un peu trop. On sent que la plume manque de confiance. À la fois dans les dialogues, très plats, pas vraiment enrobés. Et dans l’intrigue. Qui est certes efficace et qui tient la route, mais qui est facile. On n’a pas vraiment de suspense dans ce texte, tant on devine assez rapidement les éléments perturbateurs. Je ne peux pas dire qu’il y ait une tension insoutenable dans le texte, et la résolution du nœud est elle-même assez facile.

En revanche, je trouve cela plutôt bien mené, pour deux raisons. D’abord, parce qu’il y a un petit côté rigolo toujours présent qui donne au texte un plus. On sent que l’autrice joue avec les codes du genre et qu’elle s’amuse, et ça marche. Et puis parce qu’elle a su éviter le piège de la fin d’un texte fantastique : celui de donner la réponse. Ici, rien n’est dit, tout est à imaginer, suggérer, deviner, expliquer. On ne saura jamais le fin mot de l’histoire, le pourquoi, le comment… Et ce final très bien mené parvient à laisser en bouche une satisfaction générale, qui aurait pu être ternie avec les faiblesses du corps du texte. C’est bien joué.

Un texte agréable, prometteur, je serai attentive aux prochaines sorties de l’autrice, qui à mon avis a de quoi nous offrir des choses vraiment chouettes.

Alix d’Angalie, À rebours

Présentation du roman

Paris, Belle Époque

Jean Loiseau, enfant de l’Opéra Garnier, tombe secrètement amoureux d’une jeune danseuse. Lorsqu’elle quitte brusquement Paris, il retourne à son quotidien sans imaginer qu’un médecin lui diagnostiquera bientôt une amnésie extrêmement rare.
Promis à un avenir tragique, il se met en tête de retrouver son amour de jeunesse.
Le temps presse, car la folie rôde et menace sa quête.
De combien de temps dispose-t-il avant de s’oublier lui-même ?

Avis flash

J’ai rencontré Alix aux Imaginales cette année, et j’avais repéré ses livres magnifiques. Mon sac était déjà plein à craquer, mais je n’avais pas oublié que je voulais la découvrir. J’ai choisi À rebours, pour plusieurs raisons : one shot (c’est vraiment pas le moment pour moi de lire des sagas) et objet livre de toute splendeur. Je dois le souligner, parce qu’Alix est une autrice indépendante également, et elle a fait un travail absolument remarquable et parfait sur ce texte. Un travail global : un texte relu et corrigé (c’est suffisamment rare pour le souligner, d’autant plus qu’encore une fois, Alix est indépendante – quand on pense que certaines maisons zappent complètement cette étape, bon, bref, vous savez mon opinion là-dessus), des illustrations magnifiques, et un soin porté à l’objet (signet, jaspage, reliefs sur la couverture reliée…).

Bon, l’extérieur c’est bien mais quand même, ce qui m’importe principalement c’est le texte, hein. Et donc j’ai vraiment bien aimé ce roman. Assez court, qui se lit bien. Qui offre d’abord une cohérence d’ensemble : un décor Opéra de Paris finXIXe/début XXe, Paris belle Époque, et un texte aussi fluide qu’une partition, en actes. C’est très très malin. La plume est sûre, avec un vocabulaire garni, et comporte une touche de poésie. J’ai parfois eu la sensation de lire une sorte de poésie en prose parfois, c’était vraiment beau. Il y a du travail sur le choix des mots, les sonorités et le rythme, qui donnent l’impression d’écouter et de lire une sorte de berceuse, par moments. Toujours ce lien avec la danse et la musique, jusque dans la plume.

En revanche, je n’ai pas vraiment saisi le choix de la forme narrative. On est sur un journal intime, avec une narration au présent pour raconter des choses qui se sont passées ou qui se déroulent (avec beaucoup d’action, quand même) et des dialogues qui se présentent comme dans un roman. C’est extrêmement bizarre, et j’ai eu du mal jusqu’au bout avec cette forme, ne sachant pas très bien si on était vraiment sur du journal intime, n’ayant pas décelé de différence entre le personnage narré et le narrant, du fait de l’absence de recul de ce dernier…

Toutefois, j’ai fini par laisser tomber mes questionnements sur la forme pour ne m’attacher qu’à l’histoire, et comme je le disais plus haut, À rebours est un texte émouvant. Très fort, beau et assez puissant, avec une très belle surprise finale que je n’avais pas devinée.

Noëmie Lemos, Neige

Je remercie d’abord très chaleureusement l’autrice qui m’a offert la nouvelle en version numérique. C’était une délicate attention, je ne m’y attendais pas du tout. Et c’était un petit cadeau qui est venu parfaitement à point, parce que j’ai lu ce texte pendant des journées très très difficiles, et Neige était parfait pour me détendre, me faire chaud au cœur et m’émerveiller aussi.

Présentation de la nouvelle

Les Alpes, XXIIIe siècle. Camille ne se sent pas à sa place dans la cité-bulle. Délaissant la longue vie qui lui est promise, elle part à la recherche d’un foyer chaleureux pour accueillir sa future famille. Là-haut, on murmure que les montagnards parlent aux gardiens de la Nature.

Poussée par la curiosité, la jeune femme va découvrir leurs étranges us et coutumes. Mais qu’est donc cette neige dont les vieillards et les enfants rêvent ? Pourquoi son bébé gigote-t-il autant dans son ventre à l’approche de la forêt ? Quel est cet éclat roux qu’elle aperçoit de la fenêtre ?

Alors que le vent glacial balaie la vallée, Camille saura-t-elle faire face aux révélations qui l’attendent ?

Avis flash

Et voilà mon dernier blabla dans cet avis flash #23. Vous vous en souvenez sûrement, j’avais lu Hope cette année. Que j’avais plutôt bien aimé, globalement, mais pour lequel j’avais émis quelques réserves. Il se trouve que la SF « positive » ne marche pas très bien avec moi. J’aime moyennement Becky Chambers, et d’autres textes du genre, comme Un dernier jour de paix, ne m’avait pas non plus convaincue.

En revanche, Neige est assez différent. Très étrangement, c’est un texte que j’ai trouvé plus dense dans son worldbuilding. Camille découvre un monde montagnard « naturel », beaucoup plus en accord avec la Nature, les cycles de la vie etc. Un monde oublié. D’une part, c’était assez génial comme point de vue, puisque c’est notre monde (en cours de destruction, mais encore un peu le nôtre quand même) que Camille découvre, avec son regard de citadine du futur. Assez étrange de découvrir notre monde actuel sous cet angle ; comme un monde perdu, détruit, absurde, aussi parfois.
Et puis génial aussi parque qu’en creux, on découvre le monde de Camille. Dans lequel on ne mettra jamais les pieds. Mais par comparaison, et par le biais de quelques remarques, lignes, évocations… on parvient à dresser dans notre esprit une sorte de carte de ce monde à deux têtes. J’ai trouvé ça vraiment génial et très très bien mené.

Et dans Neige aussi, il y a une ambiance (que j’aime beaucoup) et de l’émotion. On sent une histoire personnelle dans ce texte, ce qui le rend encore plus touchant. Au-delà de l’histoire et des mots, il y a de l’authenticité. J’ai aimé l’histoire, le petit côté fantastique là encore doublé d’un peu d’onirisme… Il y a quelque chose dans ce texte d’aussi calme, magique et vaporeux que la neige.

Trois petits textes qui m’ont plu, donc, dans cet avis flash #23. Trois autrices francophones, dont deux que vous ne connaissiez peut-être pas encore. Il n’est pas impossible que je fasse de plus en plus d’incursions en autoédition, vous aurez donc l’occasion de découvrir des textes un peu différents. J’espère vous avoir donné envie de découvrir l’un de ces trois textes courts. On se retrouve bientôt j’espère pour une chronique plus longue !

9 commentaires sur “Avis flash #23 : décembre 2024

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  1. Quoi ? Trois avis positifs ? C’est un message discret pour nous dire que tu as été enlevée ? 😇
    Et pour être un peu plus sérieux : le dernier texte est intrigant.

    1. Roooh mais tu vas pas t’y mettre, toi aussi :D:D Non mais alors 😀
      Mais pas de panique, pas enlevée et bien là – même si en pointillés en cette fin d’année.
      Oui, intrigant et très joli, touchant, intime, doux. Un texte vraiment parfait pour la période, sans qu’il soit bisounours non plus. Je le recommande vraiment, c’est un beau texte.

  2. Encore bravo pour ta réussite. 🥳

    Merci pour cet article alléchant. Je pense que c’est la première fois que je place l’ensemble des livres chroniqués dans ma wishlist.

    Le premier en raison des chats 🐈‍⬛, mais aussi l’ambiance qui m’a l’air divertissante.

    Concernant À rebours, je ne suis pas romantique et ton questionnement sur le choix de la forme m’a fait hésiter. Cependant, le pitch sur l’amnésie progressive m’intrigue. Est-ce qu’on ressent l’impact de la maladie sur la narration et ne développe de l’intrigue ?

    Neige m’avait déjà emprisonné par sa couverture et la queue de renard 🦊. Ton avis me donne vraiment envie.

    1. Merci beaucoup 🙂
      Oh ben ça, trop contente que tu mettes tout dans ta wishlist !!
      L’ambiance des Quatre chats est vraiment top, j’ai beaucoup aimé. À rebours est effectivement plus romantique, mais malgré mes questions sur la forme, je trouve qu’il mérite plus qu’un détour. L’amnésie progressive se ressent effectivement sur la narration. Trous, sauts, ellipses… c’est intéressant de ce point de vue là. Et forcément, ça joue sur le rythme aussi, puisque le personnage en est conscient, donc le rythme s’accélère pour permettre au narrateur de mener sa quête, dans une sorte de compte… à rebours ^^
      Neige, ah oui, j’ai beaucoup aimé. Je l’ai lu, il faut dire, à un moment très difficile, c’était le moment parfait.

  3. Pareil que Baroona, 3 avis positifs, je suis choquée xD Bon c’est du texte court donc pas trop pour moi, même si le dernier m’intrigue bien. Le deuxième est je pense trop romance pour moi.

    1. Mais, mais enfin 😀 😀
      Oui, je ne suis pas certaine que tu t’éclates avec ces textes, si tu n’es pas format court ni romance. Neige a l’avantage, selon moi, d’être bien complet je trouve au niveau du worldbuilding. Je n’aurais pas dit non cela dit à une suite, il y a de quoi explorer davantage, à mon avis. Mais ce n’était pas le but au moment où l’autrice l’a écrit, et l’histoire se suffit aussi à elle-même ainsi. Mais peut-être pourrais-tu être frustrée de ne pas t’y plonger davantage, tant on y resterait bien, dans cet univers tout doux de neige.

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