Annette Marie – Tori Dawson

Bon. Après plusieurs abandons et lectures bof, il me fallait quelque chose de fastoche. En plus, les semaines en ce moment ne sont pas faciles. J’avais le souvenir d’une saga qui ravissait les cœurs par-ci par-là, je me suis dit « allez, pourquoi pas ». J’ai donc mis un œil dans la saga Tori Dawson d’Annette Marie. Pourtant, en voyant les couvertures, les titres, le résumé et le genre, je me doutais que ça n’allait pas le faire. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, donc zou c’est parti. Résultat des courses : j’ai trouvé ça effectivement nul, mais d’un autre côté, c’était exactement ce qu’il me fallait.

Synopsis

Quand le bar où elle a postulé se trouve être une guilde remplie de mages arrogants, Tori comprend que sa vie a pris un tournant inattendu.
Fauchée, presque à la rue et depuis peu sans emploi : voilà les raisons pour lesquelles j’ai répondu à une annonce pour un job de serveuse dans un bar minable.
Ça a commencé à partir en cacahuète quand on m’a demandé de faire un essai ce soir-là, plutôt qu’un entretien. Un test grandeur nature, histoire de voir si j’allais bien m’entendre avec leur clientèle « spéciale ».
Une réussite, vraiment.
Leurs clients étaient de gros cons, et je ne me suis pas laissé faire. C’est bien la définition de « s’intégrer », non ?
Je m’attendais à ce qu’on me montre la porte. Mais au lieu de ça… j’ai décroché le poste !
Ce n’est qu’après que j’ai réalisé que cet endroit n’était pas un bar. C’est une guilde. Et les trois types arrogants que j’ai arrosés de margarita pendant mon essai ? Ce. Sont. Des. Mages !
Soit je suis exactement le genre de serveuse à la langue acérée dont cette guilde a besoin, soit il y a une bonne raison si personne d’autre ne veut travailler là. Et qu’est-ce que fait une fille fauchée dans une telle situation
Elle accepte le boulot, bien sûr. Et avec une augmentation, s’il vous plaît !

Tori Dawson : contexte de la saga

Tori Dawson c’est une saga dans une saga. Elle est composée de 8 tomes, dont 6 ont été traduits en français. La saga comporte aussi deux « hors-séries ».

Mais elle s’insère dans un cycle beaucoup plus large, intitulé The guild codex, qui comprend également la saga Robin Page (en cours de traduction) et Warped. On voit d’ailleurs apparaître Robin dans la saga Tori Dawson, créant par là un cross over.

La saga Tori Dawson est largement encensée, notée au-delà de 17 pour chaque tome sur Livraddict. Evidemment, il en fallait bien une qui soit à côté de la plaque et c’est encore moi qui m’y colle.

Pourquoi j’ai trouvé ça nul

Je ne vais pas faire dans la nuance, désolée, parce que je ne vois pas comment dire les choses de manière plus soft. Certes, j’ai passé un bon moment avec cette saga (et je vous dirai plus bas pourquoi), mais en soi, cette saga ne casse pas trois pattes à un canard.

Il paraît que c’est drôle, mais en fait…

Il est question d’urban fantasy humoristique, qui casse les codes et les clichés. Ca, c’est le cas, allez, 30 pages. On a une héroïne très peu délicate, qui envoie bouler les gens qui l’ennuient, c’est marrant deux secondes. Mais très vite, ça devient moins marrant. En clair, à part les titres et quelques pages par bouquin, j’ai pas trouvé ça fun.

Parce que très vite, on se rend compte que l’humour est toujours le même, construit sur les mêmes ressorts : la nana brute de décoffrage dans un monde qui lui est étranger. Ca crée un effet de rupture qui est drôle une fois, deux fois, et au bout de 36 000 fois devient pénible.

Alors je suis peut-être devenue une vieille conne aigrie qui ne sait plus rigoler (c’est tout à fait possible), mais l’humour 36e degré associé à un comique de répétition ce n’est pas trop mon truc. Ce qui est dommage, surtout, c’est que la légèreté appréciable des débuts tend à diminuer au fur et à mesure des tomes. En effet, la saga devient plus « sérieuse » et dramatique en avançant. On retombe alors dans une urban fantasy tout ce qu’il y a de plus classique.

Et il parait que ça casse les clichés, mais en fait…

Là c’est pareil : Tori Dawson s’amuse des clichés du genre deux secondes, pour y replonger à pieds joints ensuite.

Effectivement, le début de la saga s’amuse par exemple des Apollons qui entrent en scène. Comme c’est Tori la narratrice, elle nous offre ce regard décalé dès le départ, se mettant des baffes imaginaires toute seule et se gaussant de ce cliché qui la fait malgré elle baver comme une ado prépubère. Malgré tout, très vite là encore, ces clichés redeviennent le moteur de la saga. Je ne sais pas ce qui m’a agacée le plus : les abdos d’Ezra, l’élastique du boxer d’Ezra ouhlala, les pleurnicheries d’Ezra, les fêlures d’Ezra, les je t’aime moi non plus…

C’est ainsi comme cela qu’on se retrouve avec les ingrédients habituels :

  • une héroïne humaine qui se retrouve embarquée dans une guilde d’être surnaturels et devient par là « spéciale », protégée par de beaux mâles aux gros bras mais au cœur tendre,
  • une romance compliquée fondée sur les blessures de chaque personnage, nous proposant un slow burn entre jeunes adultes type Hartley cœur à vif (un peu d’originalité, pitié…),
  • des catastrophes catastrophiques à chaque tome et encore plus pires que celles du tome précédent,
  • aucun suspense (parce que les gentils gagnent toujours, même quand ils sont en lambeaux),
  • et des facilités scénaristiques grosses comme ça.

Et donc, bof + bof = très bof

L’ennui, c’est qu’une fois la légèreté des débuts partie, nous revoilà alors dans de l’urban fantasy tout ce qu’il y a de plus classique, commerciale, assez médiocre sur le plan qualitatif, sans aucune originalité, avec un énorme déséquilibre récit/dialogues (hyper prépondérants, et jamais suffisamment introduits ni étoffés), et une écriture des plus banales, comportant des tics de langage, une variété de vocabulaire assez pauvre et des répétitions plutôt nombreuses. Et évidemment tous les stéréotypes du genre, qui se retrouvent bien présents alors qu’ils devaient être déboulonnés par un regard décalé.

Bon, d’accord, j’exagère, je le reconnais. Et je sais que vous vous demandez pourquoi 1/ j’ai commencé cette saga tout en sachant que c’était clairement pas pour moi, 2/ pourquoi j’ai continué en sachant que c’était nul et 3/ pourquoi je m’emmerde à en écrire une chronique qui semble énervée (mais en fait je m’amuse beaucoup).

Pourquoi j’ai apprécié cette lecture

Hé bien parce que j’ai apprécié cette lecture, raison pour laquelle j’ai lu l’intégralité de la saga. Oui Messieurs-Dames, EN INTEGRALITE, s’il vous plait. Avec les tomes 7 et 8 in english in the text.

Mais, comment est-ce possible ?

Hé bien parfois, on a besoin de choses abrutissantes qui nous empêchent de penser. Chez les uns, ça sera du jeu vidéo, les autres du binge séries… Moi, c’est une saga d’UF au ras des pâquerettes.

Et c’était très précisément mon besoin, à ce moment. Il me fallait absolument une saga page turner qui dure la semaine, divertissante, ne nécessitant aucun investissement intellectuel. Tori Dawson a fièrement relevé le défi.

Oui, c’est pauvre. Mais je vais être honnête avec moi-même. Oui, les beaux gosses m’ont saoulée (même si je vais pas cracher dans la soupe, hein, un beau mec c’est toujours plus sympa à regarder). Oui, Tori Dawson m’a fatiguée (même si je vais pas là non plus cracher dans la soupe, j’aurais bien aimé être à sa place plusieurs fois). Et oui, j’ai déjà lu ça 50 000 fois (mais ça marche toujours aussi bien, même si c’est du réchauffé).

Mais d’un autre côté, c’était relaxant. Comme mettre les pieds dans des chaussons tout chauds. Savoir qu’un bouquin tranquillou qui n’allait générer aucune réflexion intellectuelle, aucune difficulté de compréhension… m’attendait le soir me réjouissait. J’éprouve même une certaine tendresse, finalement, pour cette série. Alors la diversité, la nuance, la belle écriture, les réflexions, l’originalité, ça sera quand le cerveau fonctionnera un peu mieux qu’actuellement.

Hé, j’ai lu en VO quand même !!

Et rien que ça mérite des applaudissements. PLUS FORT, j’entends rien !!

Je n’ai pas lu en VO depuis heu. Trop longtemps. L’avantage d’avoir un texte d’une pauvreté abyssale, c’est qu’en anglais ça passe crème. Je n’ai même pas eu besoin d’aller dans le dico. Et en plus, j’ai à peine ralenti mon rythme de lecture : 1 tome français en deux tiers de jours, 1 tome anglais par jour. Franchement, c’est la classe.

Un peu de sérieux

Concrètement, qu’est-ce que je retire de cette lecture ?

De la saga en elle-même, rien. En revanche, j’ai réalisé que trop de lectures exigeantes d’un coup ce n’était pas forcément bien malin. Et aussi que je dois adapter mes lectures au contexte. J’ai eu un mois de septembre bien dégueulasse, j’aurais dû adapter mes lectures et choisir des choses sympas et pas trop exigeantes.

De ce fait, j’ai arrêté aussi de me sentir coupable d’apprécier ce genre de textes. Oui, j’ai trouvé ça franchement nul, mais c’est paradoxalement pour cela que j’ai apprécié cette saga à ce moment-là. On a chacun nos petites faiblesses, n’est-ce pas ? Et donc, en prévision de la prochaine période difficile à passer, j’ai récupéré la saga Kate Daniels d’Ilona Andrews, que je devine tout aussi, heu, brillante.

En revanche, avec un peu de recul, je suis quand même un peu déçue par la saga Tori Dawson. J’en espérais vraiment quelque chose de plus qualitatif. Dans le genre, je préfère largement la saga Meg Corbyn, qui pour le coup est selon moi beaucoup plus riche et rigolote, tant dans son univers, son positionnement dans le genre, que dans les rapports entre les personnages.

En pratique

Annette Marie, Tori Dawson

Bookmark éditions, collection Infinity, 2020-….

VO : The guild codex : Spellbound, 2018-2020

Traduction : Viviane Faure

Couverture : ?

Autres avis : beaucoup de retours enthousiastes féminins, comme Phooka, MarieJuliet, Lianne; mais sachez que des mâles poilus aussi apprécient cette saga, comme L’ours inculte, qui a trouvé ça bien fun.

En conclusion, Tori Dawson n’est vraiment pas une saga que je trouve géniale, mais c’était parfait pour le moment. Une série qui aura eu le mérite de me faire lire pendant une semaine difficile, et qui m’aura permis de garder un rythme de lecture satisfaisant. Et surtout, elle m’a donné envie de mieux après. Voilà. C’est tout. Parfois, c’est tout à fait suffisant.

8 thoughts on “Annette Marie – Tori Dawson

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  1. Félicitations pour la lecture en anglais.
    Belle chronique qui me parle beaucoup. Si, si, tu lis bien. Le premier tome de cette saga traine dans ma liseuse depuis son achat à l’op all star. Je ne lis pas beaucoup d’urban fantasy en raison des clichés. Mais comme toi, j’ai parfois besoin de ce type de roman. C’est pareil pour les comédies romantiques. J’en ai quelques unes notamment d’autrices que j’ai déjà testée pour les moments où j’ai besoin de lecture sans prise de tête. 🙂

    1. Hé bien garde ce roman bien au chaud, quand tu auras un coup de mou tu verras ce sera parfait 🙂
      C’est important je trouve d’avoir ce genre de lectures sous le coude, si en plus ça peut éviter la panne de lecture pendant plusieurs jours…!

  2. *Clap clap clap* pour la lecture VO^^

    J’adore ce cycle pour ce qu’il propose, mais je suis aussi d’accord avec toi (oui, oui). Je ne trouve pas que ça casse les codes, j’y trouve d’ailleurs une grosse ambiance Fairy Tail (manga que j’adore, pour à peu près les mêmes raisons).

    Mais voilà, je trouve ça très fun (pas dans le sens humour forcément, mais dans le sens divertissant), pas prise de tête, et des fois, c’est exactement ce qu’il faut 🙂 C’est clair qu’il y a plein de bouquins bien plus intéressants ou bien écrits, mais parfois, on veut juste du livre « popcorn), et je trouve qu’il fait bien le taf 🙂

    1. Ahah merci pour les bravos 😀
      oui tu as raison, parfois on a besoin de ça ! Et pour le coup, cette série a parfaitement répondu à mes attentes. C’est exactement ce que je lui demandais ^^ J’aime beaucoup l’image du livre popcorn, c’est tout à fait ça !!

      1. Je suis parfaitement capable de lire en anglais, mais je dois bien admettre que j’ai la flemme, parce que ça me demande quand même un effort de concentration supplémentaire. Mais après le T2, comme les autres n’étaient pas publiés en VF, je les ai lus aussi en anglais 🙂 En plus ils sont faciles à lire, donc ça passe bien^^

        1. Je te comprends, je suis dans le même cas. Mais effectivement ça se lit tout seul, c’est très facile d’accès. C’est plutôt pas mal pour se remettre le pied à l’étrier de la lecture en VO. Mais bon je n’en ferai pas une habitude pour autant !

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