Premières lignes #14 : Des nuées

Bonjour et bon dimanche ! Oui, je sais, il n’y a pas eu d’épisode dimanche dernier. Mais comme j’ai publié la reprise de la Pause café et que j’ai été assez occupée cette semaine, voilà, pas de numéro dimanche dernier. Bon, je dois aussi avouer que j’ai largement préféré me faire une bonne petite randonnée le week-end dernier que bloguer. Bref, me voici de retour avec une toute nouvelle sortie, le dernier long-courrier des éditions 1115 : Des nuées d’Olivier Bérenval. Un roman qui sera lu rapidement puisqu’il s’agit d’un service de presse.

4e de couverture

D’un côté, il y a Leon Visagie et Nazanin Amanpour, respectivement lieutenant et capitaine de police. D’un autre, il y a Elsabe van der Merwe, paléoanthropologue.

A priori, rien ne relie ces professionnels, sinon l’Afrique du Sud, où ils résident et exercent leurs métiers. Jusqu’au jour où une vidéo montrant un vieillard déposant un cadavre sur un site archéologique les entraîne tous les trois dans la même enquête. Car, manifestement, le cadavre en question n’est pas celui d’un Homo sapiens. Alors, des townships de Johannesburg aux terres arides d’Alice Springs, en Australie, une pièce après l’autre, c’est tout un puzzle qui se reconstitue.

Le puzzle d’une humanité plurielle et composite, où se croisent les simples mortels et ceux qui traversent les âges. Comme les mille et une facettes d’un polar à la fois choral et surnaturel.

Premières lignes #14 : Des nuées

Leon Visagie contemplait les pneus crevés de sa voiture avec une fureur rentrée. Les bras encombrés de paquets, il se tenait immobile sur le parking de la supérette de Muizenberg, telle une statue vivante de la réprobation. Il finit par se résoudre à poser les paquets pour ouvrir son coffre. En soupirant, il sortie deux roues de secours et songea à la demi-heure d’efforts qui l’attendait sous le soleil brûlant. C’était la sixième fois que cela lui arrivait depuis le début de l’été austral : il n’y avait plus aucun respect dans ce pays.

L’air chaud altérait les perspectives autour de lui, les voitures à l’arrêt paraissaient se déformer, perdre toute consistance; il avait l’impression de se trouver dans le désert, au bord d’un mirage. Machinalement, il porta son regard sur l’horizon : le bleu profond de l’océan débordait sur le ciel lumineux. Il sortit le cric et se mir à la tâche sans renâcler. Deux femmes passèrent, elles dévisagèrent cet homme massif et rougeaud, agenouillé près du véhicule. Une odeur de sueur et d’acrylique fatigué suintait de son costume bon marché.

De jeunes Noirs étaient assis sur le muret du parking. Eux aussi l’observaient, ils plaisantaient entre eux en xhosa. Leon ne comprenait rien à ce qu’ils disaient, mais son infortune avait l’air de les amuser au plus haut point. Un instant, il eut envie d’aller vers eux pour les confronter, puis il réalisa que rien ne prouvait que ce soit eux qui aient crevé ses pneus. Partagé entre l’envie de vengeance et le bon sens, il hésita puis s’activa pour finir de changer ses roues, galvanisé par la rage. Personne ne vint lui proposer de l’aide et il continua seul sa besogne, sous le soleil de plomb.

Premières lignes #14 : Quelques réflexions

Bienvenue en Afrique du Sud, et à Johannesburg ! L’ambiance particulière se ressent déjà dans ces premières lignes. La tension est là, les couleurs, les effluves et et les sensations également. Du bleu, du rouge, et une ambiance désertique, aussi mouvante et fluide qu’un mirage. Cet incipit propose à la fois quelque chose de marqué, vif et tendu, et une ambiance un peu fantasmagorique. Les quelques illustrations présentes dans le roman appuient cette impression.

Je suis assez intriguée par ce roman, présenté comme un policier fantastique, où vampires et sciences se côtoient. L’auteur est à la fois écrivain, traducteur et codirecteur de collection. Surtout, il voyage beaucoup, notamment en Afrique, qu’il connait ainsi plutôt bien. Je suis donc assez partante pour voyager en Afrique du Sud où se déroule le roman, un pays que je ne connais pas du tout. Je serai attentive au regard porté sur cette Terre, sa culture et ses enjeux. Comme je ne connais absolument rien à la culture sud-africaine, ni à ses traditions ou son folklore, j’espère que le roman mêlera ancien et modernité. Je n’ai aucun doute sur sa capacité à dépayser et à faire découvrir des contrées méconnues.

Mon intérêt vient aussi de la manière dont ce roman va glisser petit à petit vers le fantastique. Cet incipit semble bien ancré dans une réalité palpable, mais on décèle déjà une propension au mirage, au flou, l’incertitude. Je suis donc curieuse de voir comment l’auteur va nous emmener dans ce genre-là à Johannesburg. Parvenir à intégrer de l’imaginaire dans cette ville où les difficultés sociales sont aussi vives et tranchées que les couleurs de cet incipit me laisse rêveuse, j’ai donc hâte de voir ce que ça va donner.

L’extrait

« Ces ombres dans sa conscience humaine le terrifient. Car les hôtes dont il prend possession ne sont que des coquilles vides; son anima est le seul ancrage dont il ait disposé au cours de ces millénaires d’existence.
Mais est-ce toujours le cas ? Il ne le sait plus. Sa bouche – celle de ce corps – lui laisse un goût de cendres ».

Un rendez-vous bloguesque partagé

Ce rendez-vous créé par Aurélia du blog Ma lecturothèque est suivi par pas mal de blogueurs et blogueuses : Lady Butterfly & CoCœur d’encreLadiescolocblogÀ vos crimesJu lit les motsVoyages de KLes paravers de Millina4e de couvertureLes livres de RoseMots et pelotesMiss Biblio Addict !!La magie des livresElo DitLe nocher des livresLight and smell.

N’hésitez pas à me dire si vous participez aussi à ce rendez-vous dominical, je pourrai ainsi actualiser la liste !

En pratique

Olivier Bérenval, Des nuées

Editions 1115, Collections longs-courriers, 2023

Couverture : Photographie de Marie Veronesi & Victor Yale

 

Que pensez-vous de ces premières lignes #14 ? Ce roman vous tente-t-il ? Que lisez-vous en ce dimanche ? De mon côté, je termine Etrangers de Gardner Dozois, je vous en parlerai bientôt. Et je vais certainement enchaîner avec Parcourir la terre disparue d’Erin Swan. Je vous souhaite un très bon dimanche et à bientôt !

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