A.D Martel – De rouages et de sang (T1)

De rouages et de sang, Les disparus d’Arkantras est le premier volume d’une duologie signée A.D Martel, paru chez Scrineo en mars 2020. Steampunk, aventures, cité Etat : je me suis laissée tenter, d’autant que la superbe couverture de l’atelier Berries & Paper m’a beaucoup attirée. Cependant, le roman est destiné à un public très jeunesse, et cela se ressent sur plusieurs aspects. Je n’ai malheureusement pas réussi à apprécier ma lecture, notamment pour cette raison. Je pense qu’il va falloir que je sois un peu plus restrictive dans mes choix de lectures

Synopsis

« Depuis quelque temps, une menace plane sur les bas quartiers d’Arkantras…

Le bruit court qu’une créature avide de chair humaine enlèverait les enfants à la nuit tombée pour les dévorer. Que diable, Rowena, jeune orpheline passionnée de mécanique, se moque bien de ces histoires à dormir debout !

Jusqu’au jour où son ami, Œil-de-Pirate, disparaît lui aussi dans d’étranges circonstances… Résolus à le retrouver, Rowena et son fidèle chat à la patte mécanique, Monsieur Gratouille, s’enfoncent dans les profondeurs d’Arkantras. De son côté, Eugène Bassompière, un journaliste issu de la bonne société, se voit chargé d’enquêter sur ces disparitions. Sur les traces du monstre, les destins d’Eugène et Rowena vont s’entremêler.

Que se passe-t-il réellement dans la ville ? Et si la vérité s’avérait pire que tout ce qu’ils pouvaient imaginer ? »

Un roman jeunesse facile

J’ai conscience que je vais apporter là des arguments qui tombent un peu à côté de la plaque, car mon regard « adulte » n’est pas adapté au roman destiné à un public jeunesse. Cela dit, certains romans jeunesse peuvent aussi s’adresser à un public plus adulte, offrant par exemple une seconde lecture plus mature, ce que j’aime particulièrement. Je pense notamment à D’or et d’oreillers de Flore Vesco ou encore La ville sans vent d’Eléonore Devillepoix.

Cependant, De rouages et de sang est un roman 100% jeunesse. Attention, ce n’est pas du tout un reproche ni un commentaire négatif ! Simplement, cela explique pourquoi j’ai eu du mal à m’immerger dans l’œuvre d’A.D Martel.

D’abord les personnages. Je les ai trouvés un peu pauvres, parce qu’ils sont ancrés dans des représentations assez classiques et binaires. Des riches, méprisants et puissants qui sont du côté obscur de la force (avec une police à son service) et des pauvres gentils, victimes et démunis (mais que fait la police ?). C’est dans cette catégorie qu’on retrouve nos deux personnages principaux, bien gentils, bien naïfs mais débrouillards, seuls contre tous.

L’écriture est entraînante, la relecture très bonne. Le vocabulaire employé est plutôt varié mais assez simple, le registre courant. C’est tout à fait correct, le roman se lit bien, mais vite. Peut-être trop vite. J’aurais aimé un peu plus de surprises, tant dans la construction des personnages (trop lisses et caricaturaux à mon goût) et de l’intrigue, très linéaire et classique dans son schéma narratif, que dans la langue, qui n’offre pas vraiment de difficulté particulière.

D’autre part, cela se lit vite car le roman est assez court. Pas mal de pages certes, mais c’est écrit très gros, avec de grosses marges et pas mal de blancs, du fait de sauts de pages à chaque chapitre (et ils sont nombreux les chapitres : il y a un moment où il va peut-être falloir optimiser un peu l’espace, en pleine crise du papier…).

Je regrette pour ma part une prédominance de dialogues, ce qui ne permet pas non plus au roman d’offrir un background hyper détaillé. Ce que je trouve dommage pour un tome d’introduction. J’ai déploré un manque de descriptions de la ville d’Arkantras, dans laquelle je ne me suis jamais vraiment projetée, malgré un joli plan d’ensemble en début de roman. Comme quoi, la carte ne fait pas tout. J’ai manqué d’ancrage historique, géographique, politique et culturel…

Aventures ?

Sur l’aspect aventures : le rythme est lent, très lent. On est sur un tome introductif, d’accord; mais quand même, il ne se passe pas grand-chose. D’autant plus frustrant de ne pas avoir de vue plus large et détaillée sur l’environnement dans lequel évoluent les personnages.

J’avais espéré une dynamique intéressante apportée par le duo de personnages principaux, toutefois elle ne vient jamais vraiment. Parce que les deux personnages ne sont pas souvent ensemble, et que leur rencontre ne crée pas réellement d’enjeux ni d’attentes particulières non plus. Ils se croisent, se perdent de vue, se retrouvent, mais sans lien, attachement ni rien qui puisse créer d’entraînement ou de suspense quelconque.

Sur l’intrigue, on est aussi sur quelque chose de classique. On devine assez vite le rôle de chacun dans cette histoire, compte tenu des fonctions et rôles traditionnels des personnages. Peut-être que le second tome apportera davantage de rythme et de péripéties pour bousculer un petit peu les choses. En attendant, je n’ai pas eu de surprises ici quant aux personnages et aux événements, ni sur l’issue de ceux-ci. Le final de ce premier tome m’a également semblé un peu bancal, tant la porte vers le tome 2 est bien vite ouverte. J’ai trouvé cela un peu décousu par rapport au rythme général du premier tome et dans l’enchaînement des événements. Malheureusement, cela ne m’a pas donné envie de découvrir la suite…

Bref, un peu déçue par le côté aventures promis, ainsi que sur le duo qui n’en est pas vraiment un. Certes, en cela c’est surprenant, mais du coup, j’ai trouvé que ça ne décollait jamais franchement.

En pratique

A.D Martel, De rouages et de sang, tome 1 : Les disparus d’Arkantras

Scrineo, mars 2020

Couverture et illustrations : Berries & Paper

Autre avis : Manon du blog Ombre Bones a eu un ressenti similaire au mien, mais un peu plus positif tout de même.

 

J’étais assez enthousiaste à l’idée de découvrir ce roman qui me plaisait bien, en tout cas sur le papier. Je n’étais clairement pas le public visé par ce roman, qui à mon sens s’adresse exclusivement à un public jeunesse. Cependant, il se lit bien et facilement, et son aspect divertissant pourra séduire ce jeune public, même si je pense qu’un peu plus d’originalité et de nuance dans l’intrigue et les personnages auraient pu être un plus. Je remercie les éditions Scrineo pour leur confiance et ce service presse. De rouages et de sang va partir en cabane à livres pour une deuxième vie, et j’espère qu’il trouvera des mains plus accueillantes que les miennes !

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