Cécile Guillot – Thorngrove

Ca y est, je commence ma pile ramenée du salon du livre jeunesse à Montreuil ! Et j’ai attaqué avec Thorngrove, de Cécile Guillot, édité chez Leha éditions. Mon premier de la maison, mais pas de l’autrice que j’avais découverte avec sa superbe novella Lullaby. Une lecture très rapide (bouclée en un peu plus de 2h), mais sympathique. 9ème lecture pour le Printemps de l’Imaginaire Francophone (menu Cauchemarder, Aux 12 coups de minuit : malédiction, nuit, force occulte) et 12ème lecture pour le ABC Challenge de l’imaginaire (lettre G).

Synopsis

« Thorngrove. Sa forêt d’épines. Son manoir abandonné. Sa légende noire. Ses jumelles maudites.

Lorsque Madeline débarque à Oakgrove et s’intéresse d’un peu trop près à Thorngrove, elle déclenche une série d’événements de plus en plus inquiétants.

Et lorsque sa sœur est touchée, Madeline se demande quelles forces obscures elle a bien pu réveiller… »

Un roman YA

Thorngrove est un joli livre objet. Une jolie couverture, signée Fernanda Suarez, et une maquette tout aussi jolie, avec différentes polices et typographies, décors végétaux… Le texte est aéré (peut-être là encore un peu trop, pas mal de blancs et une police assez grosse), mais pour le public jeune visé, c’est attirant et agréable à lire.

Et Léha est une maison d’édition destinée au public jeune. En cela, Thorngrove est clairement un roman YA. C’est peut-être cet aspect qui m’a le moins plu. Personnages ados et têtes à claques (il faut se la farcir, la Madeline, parfois), les personnages stéréotypés (la peste de service, le beau gosse de service, le relou de service…), une ambiance high school, la guéguerre avec les parents face aux ados incompris… Et forcément, parfois des dialogues de djeuns à l’enrobage assez sommaire (je sais, on m’a déjà signalé que je faisais vieille en disant ça ^^) et une narration à la première personne avec laquelle j’ai toujours du mal à accrocher.

Renouveau gothique

Mais c’est Cécile Guillot qui écrit. Alors on retrouve la poésie de sa plume dans la narration, de la douceur et de la finesse dans le propos, et quelque chose de rondement amené, parfaitement relu et impeccable.

Du coup, j’ai eu le sentiment que les codes du roman gothiques, s’ils étaient convoqués, étaient davantage présents pour poser l’ambiance. Certes, on en retrouve certains : le bled paumé, la flotte en continu, le manoir déglingué, le cimetière… Toutefois, Cécile Guillot ne s’y attarde pas outre mesure. Pas de descriptions étendues; elle pose quelques éléments ici et là et notre imagination bien rôdée fait le reste. Pas besoin non plus de s’attarder sur des scènes morbides ou sanguinolentes, et l’horreur est sournoise. On est plutôt dans la suggestion. Elle mêle également d’autres inspirations, comme des légendes amérindiennes.

Non, l’intérêt du roman est ailleurs. Cécile Guillot se concentre surtout sur ses personnages (ancrés dans une réalité économique et sociale très frappante) et leurs rapports étroits (on a là un très beau texte sur l’amour d’une fratrie). Elle porte également un regard sur le handicap et une certaine forme d’autisme rempli de bienveillance et de justesse. L’ensemble du roman est sombre, pas tant du fait de la réutilisation des artifices gothiques, mais bien dans cette réalité sociale dépeinte, dans la tonalité globale du roman, assez sombre, jusqu’à ce final décoiffant.

Servi par une construction narrative efficace

Surtout, et ça m’a aussi beaucoup plu, j’ai eu la sensation de lire une novella. Car finalement, le roman se lit vite. Et on ne s’étale pas, dans ce roman. On va droit au but. L’ambiance n’a besoin que de quelques traits de plume pour être suggérée, quand l’intrigue se déroule avec efficacité. Le récit est direct, les péripéties ne traînent pas en longueur, amenant un final particulièrement fracassant.

D’autant plus efficace que le roman mêle plusieurs strates temporelles, construisant une intrigue à échos. J’entends par là une intrigue avec un fil déroulé au présent, qui fait écho à des récits passés, assez similaires. On retrouve ces ressemblances dans les personnages (les jumelles), le journal intime (Ophélie et Meadow), le manoir qui fait la jonction… C’est une construction narrative que j’aime bien, et qui me rappelle un peu, dans un genre assez similaire, Les brumes affamées de Dawn Kurtagich.

En pratique

Cécile Guillot, Thorngrove

Editions Lynks, 2019 puis Editions Leha, 2021

Couverture : Fernanda Suarez

Autres avis : un ressenti similaire pour Saiwhisper; excellente lecture pour Amanda; une histoire pleine de sensibilité et à l’ambiance réussie pour Chrisbookine; et enfin, très bonne lecture addictive pour FungiLumini.

Thorngrove est un roman gothique YA de Cécile Guillot. J’ai aimé ma lecture, malgré son aspect YA très marqué, et la rapidité de ma lecture qui m’a un peu frustrée. Toutefois, j’ai bien apprécié ce moment, parce que j’y ai trouvé une grande fraîcheur et beaucoup de sensibilité, comme toujours avec Cécile Guillot. L’autrice parvient à offrir des moments d’intimité et de douceur dans un roman court et fracassant, à l’ambiance glaçante. J’ai vraiment apprécié ce contraste, que la maquette du roman met parfaitement bien en valeur.

4 commentaires sur “Cécile Guillot – Thorngrove

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  1. Ah mince, ton avis me donne envie autant qu’il me laisse songeur. J’ai très envie de découvrir l’aspect gothique même si je crains que celui-ci soit un léger trop sommaire et superficiel. Je me le note quand même donc merci à toi.

    1. Il est présent, et donne l’ambiance au roman, indubitablement. Mais je l’ai trouvé un peu dépoussiéré, et pas central, au profit des personnages et de leurs rapports très touchants. Il se lit très vite, donc tu peux tenter, si tu n’aimes pas trop, ça ne te prendra pas trop de temps c’est le point positif ^^

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