T.R.A.C : Témoignage d’un ressuscité amnésique en cavale est un roman auto-édité de Roberto Lemos. J’ai lu ce roman dans le cadre d’un service presse sur la plateforme Simplement.pro. Je remercie d’ailleurs Roberto Lemos de m’avoir proposé de lire son roman. J’avais envie de légèreté, la couverture rigolote et le début du texte me semblaient répondre à ce besoin. Il y a de bonnes idées dans ce roman, mais je n’ai pas totalement accroché.
Synopsis
« Ce n’est pas évident de ressusciter.
Déjà ça fait un mal de chien. Et puis je n’ai plus de souvenirs personnels. C’est peut-être mieux ainsi, d’ailleurs. Enfin, ce serait mieux s’il n’y avait pas autant de cinglés qui cherchaient à me mettre la main dessus : des mecs en costard se prenant pour des surhommes, des gars en blouson de cuir avec toujours un train de retard, un pervers, une escort-girl au corps de succube et à la mentalité de harpie, un colosse un peu niais amateur de Tom & Jerry…
Même si mes capacités semblent exceptionnelles, ça fait beaucoup. Ça fait trop. D’autant plus que je ne sais toujours pas qui je suis. À moins d’une nouvelle résurrection qui viendrait encore tout chambouler ? »
Un roman original
Plusieurs choses sont à noter :
- le titre du roman, T.R.A.C, est un acronyme intéressant. C’est bien trouvé, d’autant qu’il tranche complètement avec la couverture. Le ton est déjà donné dès cette première de couverture.
- la couverture est donc une réussite, et elle est rigolote. Elle attire l’œil et est une belle promesse de divertissement.
- le texte est très bien relu, correctement écrit. C’est vraiment agréable de lire un texte dans une langue française maîtrisée, sans une seule faute d’orthographe.
- L’idée de départ est originale. Un ressuscité amnésique en cavale, ce n’est pas un sujet de roman commun, et la métamorphose des corps (j’aime les métamorphoses) est bien traitée ici, avec plusieurs points de vue qui amènent le narrateur à changer de point de vue, à voir les choses différemment.
- il y a aussi une cohérence d’ensemble dans ce texte, entre la cavale et le texte qui mime cette fuite : T.R.A.C va vite, très vite.
- Enfin, le narrateur n’est pas un saint. C’est un type assez banal, pas très malin, auquel on ne s’attache pas facilement. Et oui, je trouve que c’est une originalité, qu’on aime ou pas. Dans tous les cas, c’est une prise de risque intéressante, un anti-héros ça change un peu de l’ordinaire. Et celui-ci est haut en couleurs.
SF ou pas SF ?
Clairement pas SF. Les textes relevant de science-fiction peuvent se dérouler dans le futur, dans une réalité alternative, ou dans l’univers. Dimension imaginaire, donc, mais pas suffisante. En SF, celle-ci est ou peut être expliquée par des éléments rationnels, scientifiques et/ou technologiques. T.R.A.C ne relève donc pas de ce genre littéraire. A aucun moment les faits relevant de l’imaginaire (la résurrection du protagoniste principal) n’est expliqué par des éléments scientifiques tangibles. Ce n’est pas non plus le postulat final qui permet d’intégrer ce roman dans ce genre, d’autant qu’il est abordé en fin de récit, et brossé assez rapidement, sans rentrer dans les détails.
Un texte humoristique
Certes, il y a un parti pris humoristique, faisant de T.R.A.C quelque chose de très léger. Cependant ce texte ne m’a pas divertie autant que je l’espérais. Il y a plusieurs raisons à cela.
D’une part, cela vient surtout du protagoniste principal, auquel je ne me suis pas du tout attachée. C’est un beauf, je n’ai pas du tout adhéré à sa façon de voir les choses, surtout la manière dont il considère les femmes. Du coup, ses vannes m’ont paru manquer de finesse, même pour de l’ironie au 2nd degré.
D’autre part, il y a un effet de comique de répétition dans le personnage de Schwarzy et ses expressions. Comme tout comique de répétition, il faut trouver le bon moment où le stopper. Malheureusement ici, il est filé dans tout le roman; c’était rigolo au début, mais ça a fini par me lasser.
Un récit trépidant
Je l’ai dit plus haut, le récit va très vite. Il n’a pas le temps de creuser les choses. Or, j’aurais aimé savoir plus tôt pourquoi et comment on en est là. Pourquoi le narrateur a cette capacité de ressusciter, pourquoi il est pisté par des molosses, qui est vraiment Schwarzy, etc. J’ai trouvé que l’explication venait beaucoup trop tard dans le récit, et d’ailleurs elle n’est pas vraiment exploitée. C’est dommage, car ça aurait permis au texte d’évoluer vers autre chose que cette fuite, qui devient un peu répétitive. Et je trouvais d’ailleurs cette explication rigolote et bienvenue.
Par ailleurs, il m’a manqué des éléments de cadrage du récit. C’est le narrateur ressuscité qui parle, et témoigne. Simplement, je n’ai pas réussi à savoir à quel moment il se situe par rapport au récit. Ni ce qui l’a décidé à témoigner, ni encore ce qu’il est advenu entre la fin du récit et le moment où il témoigne. Ces éléments a priori manquants m’ont empêchée de rentrer dans l’illusion romanesque.
En bref…
T.R.A.C est un roman auto-édité de Roberto Lemos. Je n’ai pas accroché à ce récit. Je n’ai pas réussi à rentrer dedans, ni à adhérer à l’humour du narrateur auquel je n’ai pas su m’attacher. Cependant, ce texte possède des qualités réelles. Un autre lecteur pourra sans nul doute apprécier l’aspect humoristique, qui est vraiment affaire de sensibilité. Enfin, c’est un texte bien relu, et divertissant.
Encore une chronique détaillée juste ce qu’il faut et agréable à lire, merci !
Merci à toi d’être passé et pour ton retour ! Je suis contente que cette chronique t’ait plu 🙂
Mouais, clairement pas pour moi. xD
Non, ça va pas te plaire, en effet ^^
L’auteur m’a informée ensuite qu’il y aurait d’autres tomes après, plus SF justement. Bon, je ne poursuivrai pas malgré tout.
Au contraire de vous j’ai aimé cet humour, les échanges de pics et les remarques vexantes que les personnages se font. La situation et les expériences sont originales et nouvelles, avec de bonnes idées. Effectivement ça va vite. C’est une qualité, ça peut aussi être un défaut. Le twist final fait clairement penser que ce tome est une introduction et qu’on en saura plus dans une suite. Et même s’il n’y a pas de suite, rien que pour les vannes et les idées nouvelles, je ne regrette pas ma lecture. Par contre Schwarzy, moi aussi il me tape sur les nerfs. (La call-girl a plus ma sympathie que les deux autres olibrius. Peut-être parce que c’est celle qui a les réactions les plus normales.)
Si je fais un bête ratio prix (acheté pas cher sur Kindle, merci les échantillons gratuits), et satisfaction, ça vaut largement d’autres lectures qui sont hélas trop souvent sans surprises. A lire dans le métro ou en terrasse, pas la peine de sortir la cheminée, le plaid, le thé et le chat.
Merci pour votre passage et votre retour sur ce roman !
Oui, c’est très subjectif, cet aspect humoristique. Ça dépend des sensibilités, des caractères. J’ai moins accroché, mais heureusement, ça n’empêche pas ce roman de trouver son public et tant mieux d’ailleurs ! 🙂
Et, oui, il y a de l’originalité dans ce récit, c’est indéniable, les idées de départ sont très bonnes, et ça change de ce qu’on peut lire habituellement.
Quant au prix, effectivement bas, je me demande si ce n’est pas lié au fait que c’est de l’auto-édition : comme il y a moins d’intervenants qui prennent leur part, ça réduit les coûts. En revanche, je suis quasi certaine que les auteurs ne rentrent pas dans leurs sous, avec tout ce qu’ils avancent, notamment pour faire imprimer, et il me semble qu’Amazon prend une commission assez belle…