Pause Café #16 : Fautes et coquilles

Bonjour ! C’est le retour des Pauses Café après un rendez-vous manqué la semaine dernière. Fatigue, manque d’inspiration et surtout un petit week-end loin des réseaux en sont les raisons ! Nous voici donc avec ce Pause Café #16, inspiré par Le Nocher des livres, qui a justement fait un billet récemment sur le sujet : les fautes et coquilles dans les livres ! J’avais apprécié son point de vue et surtout sa démarche, parce que ce sujet est quand même un peu tabou dans le milieu, et je n’osais pas encore dire ma façon de penser là-dessus. Quand j’ai répondu à son billet en commentaire, j’ai eu l’impression d’être la radoteuse qui râle tout le temps 😀 Alors voilà, j’aborde ce sujet, comme ça vous saurez une fois pour toutes ce que j’en pense, et je ne reviendrai plus là-dessus.

Distinction fautes et coquilles

Pour débuter cette Pause Café #16, juste une mise au point sur les plus belles images de maaaa viiiiie pour commencer. En imprimerie, une coquille est une erreur typographique. Un oubli de mot, une inversion de lettres, un souci de ponctuation pas passée. Une coquille, c’est souvent ponctuel, ça n’impacte généralement pas trop la compréhension des propos, c’est assez anodin.

Une faute, c’est plus embêtant, et surtout, il en existe plusieurs types. Des fautes de langage, de conjugaison, de grammaire, de syntaxe… Là, selon le degré de la faute, la compréhension de la phrase est beaucoup moins aisée.

Les fautes les plus fréquentes que je remarque dans les textes sont celles de conjugaison (confusion conditionnel/futur, non respect de la concordance des temps…), celles relatives à l’accord du participe passé, du style « Omar m’a tuer » et enfin des fautes de langage : pallier à, malgré que + subjonctif, autant pour moi…

Allergie +++

Alors voilà, je vais l’écrire une fois pour toutes, comme ça ce sera fait, et vous aurez tout le loisir ensuite d’exprimer votre désaccord et votre point de vue sur la question en commentaires :

Je. Suis. Allergique. Aux. Fautes. Dans. Un. Bouquin.

Je ne SUPPORTE pas. Alors soyons clairs : je ne fais pas un caca nerveux pour une ou deux fautes par-ci par-là. Non, je peste contre les cinq, dix, quinze, vingt fautes par bouquin. Et je parle de fautes problématiques, pas un petit accent pas dans le bon sens. Et je peste car c’est fréquent. Trop.

Tolérance ?

Après cet épisode de chiantitude, vous vous demandez, certainement, si je ne suis pas un peu excessive.

Oui, et non.

Oui, parce que de toute façon, il suffit d’ouvrir n’importe quel journal, mail, bouquin… il y a TOUJOURS au moins une faute dedans. C’est devenu courant, plus personne n’est foutu d’écrire une fucking phrase sans fucking faute(s), et ce quelque soit la classe sociale, ou le niveau d’études. Récemment, un voisin a déposé une affichette en bas de l’immeuble « si vous constaté que la lumière reste ouverte… ». Sans déconner ? Verbe premier groupe, présent, conjugaison niveau CE1 ? Soupir. Bref, mon allergie peut paraître excessive tant la maîtrise de la langue se perd et ce de manière généralisée.

Et non, parce que je ne suis pas à l’affût. Je lis, je vois les fautes, point. Même en pleine immersion dans ma lecture, ça me saute aux yeux. Et puis quand même : ça soulève pas mal de questions, non ?

A qui la faute ?

Dysorthographie

Quand je parle de ce sujet autour de moi, on me répond souvent « dysorthographie ». J’entends tout à fait cet argument. Mais comme tous les dys-, il me semble que ces personnes ont été diagnostiquées comme telles suite à une série de tests, et qu’une rééducation est proposée pour les accompagner. Il y a une différence entre une personne qui dès le départ ne parvient pas à bien assimiler les règles de la langue et une autre qui les a oubliées, ses années d’école étant loin (et surtout qui a la flemme de les réviser). Je doute que tout le monde soit dysorthographique…

Et de toute façon, un texte n’arrive jamais de manière directe de l’auteur au lecteur; un certain nombre de personnes interviennent sur le texte avant. Donc même si un auteur est dysorthographique, le texte a le temps d’être corrigé avant impression.

Auteur/éditeur ?

Nous voici donc face un bouquin, avec une bonne dose de fautes (entre dix et vingt, pour une moyenne de 250-300 pages). Question que tout le monde se pose : à qui la faute ? Auteur ou éditeur ?

Certains avancent l’idée que le boulot de l’auteur, c’est de raconter une histoire, une intrigue, qui se tient, de faire rêver etc. Oui, tout à fait. Mais un auteur en littérature est un écrivain. Et de mon point de vue, c’est pas mal de savoir manier la langue dans laquelle on écrit. Je ne demande pas non plus à ce qu’il soit champion de la dictée de Pivot hein. Je voudrais juste une phrase correcte.

D’autre part, l’on sait que les éditeurs croulent de plus en plus sous les manuscrits, et pour avoir été dans un comité de lecture, j’ai été effarée de voir certaines soumissions bourrées de fautes (une fois j’ai arrêté la lecture après 50 fautes, j’étais à la 40ème page – et cette anecdote n’est pas un fait unique !!). Alors, est-ce à l’éditeur de corriger le texte ? 

Outre la question épineuse des revenus des uns et des autres, à un moment, il y a une question de respect mutuel. Envoyer un torchon à un éditeur c’est d’un mépris sans nom, je suis désolée. A minima, faire relire son texte (amis, famille, bêta-lecteurs) et le passer dans des correcteurs orthographiques (Antidote ou rien qu’un logiciel de traitement de texte de base…) permet de nettoyer le texte, et contribue en plus à maximiser ses chances d’être retenu. Comme le font les auteurs indépendants.

Quant à l’éditeur… Derrière « éditeur » il y a une multitude de profils. Un éditeur va peut-être pouvoir corriger quelques trucs à la relecture mais il n’est pas correcteur pro. Et toutes les maisons n’ont pas les moyens de se payer cette prestation. Souvent, pour avoir un bouquin au même prix (il ne faudrait surtout pas qu’il fasse 1 € de plus sinon les lecteurs râleraient), il va falloir choisir entre la couverture et la correction (devinez qui gagne).

Bref, entre le moment où le texte est couché sur le papier et celui où il arrive dans les mains du lecteur, il est quand même passé par beaucoup de mains. L’auteur, éventuellement quelques relecteurs, bêta-lecteurs ou non. Puis le comité de lecture, l’éditeur, et un correcteur parfois. Avec plusieurs relectures de chaque côté. Je suis donc effarée de constater la proportion restante de bouquins avec des fautes.

C’est grave, Docteur ?

Là encore, oui et non, selon le point de vue.

Non, parce que souvent, les fautes que je rencontre n’empêchent généralement pas la compréhension de la phrase. Heureusement aussi, le nombre important de fautes par bouquin n’est pas systématique. Au-delà de 10/20 fautes, c’est à peu près 1 bouquin sur 10 je dirais. En revanche, autour de 5 c’est beaucoup plus fréquent. Donc la catastrophe est relative (mais quand même !!).

Mais je penche pour le oui. Je trouve cela assez alarmant que la maîtrise de la langue se perde autant. Mais les heures à l’école à bouffer du bled à longueur de journée ont disparu, les punitions « Je me tais quand la maîtresse parle  » à conjuguer aux 16 temps aussi – avec concordance des temps SVP (vécu beaucoup beaucoup de fois au CE1 ^^).

Oui, la langue évolue et vit, et doit s’adapter. Mais les règles de la langue sont faites pour la comprendre et se justifient par des siècles de pratiques et d’histoire de la langue. Et puis crotte, on n’écrit pas en phonétique, que je sache ! Sur quoi on fera l’impasse, après, si on se dit qu’on s’en fout de l’orthographe et de la grammaire ?

Et évidemment, je trouve cela assez inquiétant pour la qualité de l’édition française, classique et indépendante. Si un bouquin édité n’a plus la garantie d’être nickel, pourquoi choisir ce circuit pour (se faire) publier ? Et quelle image de l’édition indépendante un bouquin mal écrit donne t-il ?

Aux grands maux, les grands remèdes

Alors quoi ? Maintenant qu’on a dit que ohlala c’était mieux avant ma bonne dame de nos jours tout se perd, on fait quoi ?

Une prise de conscience de chacun serait déjà pas mal. Arrêter de minimiser le problème ou de faire comme s’il n’existait pas. Auteurs, vous êtes déjà trèèèès nombreux à le faire, je le sais. Mais rien ne vaut quelques relectures externes et un petit passage dans un correcteur. Encore plus incontournable en édition indépendante. Editeurs, les couvertures c’est joli et vendeur, mais si à l’ouverture du bouquin ça vomit de fautes partout, le bénéfice de la jolie couverture n’est même pas nul, il est négatif.

En tant que lecteur aussi, on a un rôle à jouer. Prévenir auteurs et éditeurs en amont de la chronique, et mentionner le souci de relecture dans celle-ci quand c’est très embêtant. Ne pas le faire ne serait pas très honnête non plus. Je suis assez agacée de lire des chroniques qui parlent de chefs d’œuvre alors que le texte est dégueulasse (#royaumeassassiné). Evidemment il faut mettre les formes (ce que je n’ai pas toujours fait au début de mon activité de blogueuse et je le regrette beaucoup). Et relisons-nous aussi après écriture de nos articles et chroniques… surtout sur les réseaux.

Pour ma part, j’ai décidé de passer la Certification Voltaire. J’ai aussi des lacunes, des choses que j’ai oubliées. Parfois, j’ai un doute alors je vérifie, mais quand c’est trop long, paresseusement je change la tournure de ma phrase ! Je vise le niveau excellence à pas moins de 900 points (sinon, je fermerai ma gueule à tout jamais sur ce sujet, promis ^^). Je pense à terme proposer des services de correction payants, mais ce n’est pas encore une idée bien mûre.

Et vous, ça vous chatouille, ou ça vous gratouille ?

Voilà, j’ai tout lâché, maintenant c’est à vous !

Je sais que j’ai un avis très tranché sur cette question (il y a des sujets sur lesquels c’est plus difficile d’être nuancé tant ça nous tient à cœur) et je ne serais pas surprise de lire des avis différents. Je suis curieuse de connaître votre point de vue.

Déjà, sur vos lectures. Est-ce que ça vous gêne ? Remarquez-vous les fautes quand il y en a ?

Est-ce que cela vous arrive d’avoir des doutes quand vous écrivez (article, roman, chronique…) ? Allez-vous vérifier la règle ou pas ?

L’orthographe et la grammaire, pour vous, est-ce que c’est un enfer ? Un traumatisme d’école primaire ? Etes-vous dysorthographique ? Si oui, comment faites-vous au quotidien ?

Selon vous, les fautes dans un livre, c’est un problème ? Qui doit corriger ? Auteur, éditeur, correcteur… ?

Voilà voilà, nous voici arrivés au bout de cette Pause Café #16 sur l’épineuse question des coquilles et fautes ! Qu’en avez-vous pensé ? Est-ce que ça vous saoule que cette question revienne souvent, ou pensez-vous que c’est un vrai sujet ? Je pense que mes propos vont générer beaucoup d’avis, de commentaires, d’objections… Alors n’hésitez pas surtout ! Surtout si vous êtes auteur, éditeur… Peut-être que des enjeux m’échappent. Si vous êtes en total désaccord avec moi, sentez-vous libre de le dire (sans hurler et sans injures, ça passe mieux), je lirai votre avis et on en discutera : je réponds toujours aux commentaires 🙂

18 commentaires sur “Pause Café #16 : Fautes et coquilles

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  1. C’est peut-être parce que j’ai une amie qui fait énormément de fautes (et je sais que ce n’est pas faute d’efforts, justement), mais même si j’ai tendance à les remarquer sans les chercher, ça ne va pas forcément me sortir de la lecture. De même, quand c’est dans une discussion sur messagerie, mail, réseaux, je m’en fiche complètement, je ne connais pas les difficultés de la personne en face (et moi même, je ne fais pas attention à ce que j’écris dans ces cas-là, entre ma fatigue chronique et mes douleurs aux mains, des fois c’est chaud d’écrire. Si la personne en face ne comprend pas ça, je vais pas me fatiguer encore plus pour lui plaire).

    Quand je chronique en revanche, je vais le signaler dans deux contextes : livre autoédité, l’auteurice a fait un bon travail de corrections, donc je le signale pour rassurer les lecteurices que ça pourrait inquiéter ; livre édité en Me ou en auto : s’il y a trop de fautes, parce que respect des lecteurices, toussa.

    Et en tant qu’autrice… eh ben j’y fais la chasse. Je sais que les ME ont beaucoup de manuscrits à lire, et un manuscrit avec des fautes, ça peut être fatiguant. Le jour où j’enverrai mon premier tome, celui-ci aura bénéficié de nombreuses relectures avec et sans logiciel Antidote^^

    Bref, ça dépend du contexte.

    1. Merci pour ton retour et le partage de ta vision des choses ! Je comprends ton point de vue. C’est vrai qu’on oublie souvent que derrière des textes il y a des vrais gens avec un contexte, un moment dans une journée, de la fatigue, etc. Tu as raison de le dire.
      Je me demande, à te lire concernant ton futur roman, si ce sujet ne remplit pas les auteurices de stress… à la relecture, mais aussi dans l’attente de chroniques. J’imagine des auteurices soupirant de soulagement à la lecture d’une chronique qui ne parle pas de fautes et a contrario en stress et en panique dès qu’un chroniqueur en mentionne…
      Je me dis que ma chiantitude contribue certainement à renforcer ces ressentis… c’est un peu un pb insoluble :-/

      1. Pour moi il y a aussi la différence entre un texte publié, et un texte sur plateforme d’écriture/de lecture. A partir du moment où on demande de payer pour un produit, je pars du principe que ce produit est censé être fini (quand je lisais des fanfictions, par exemple, je m’en fichais royalement des fautes tant que c’était lisible, mais je n’ai pas la même tolérance pour un livre que j’ai acheté).

        Sinon, je considère que ce n’est pas forcément un problème de faire des fautes quand on écrit, ça n’empêche pas d’avoir des idées, voire d’avoir un sens de la formule. Par contre, il y aura beaucoup plus de travail en aval si la personne souhaite « se professionnaliser ».

        1. Oui c’est une nuance importante, tu as tout à fait raison. Je suis d’accord avec toi, d’ailleurs.

          L’aspect « fini » et « publié » donne un droit d’attendre quelque chose de correct et relu.
          Et effectivement, ne pas savoir manier à la perfection la langue n’empêche pas les idées, quitte à avoir un travail de remaniement ensuite.

          Pour ma part, je suis très sensible aux fautes car très sensible à la poétique dans un texte. J’aime bcp les effets de langage, les images, les jeux de langue et de mots… J’adore particulièrement quand l’écriture devient un travail minutieux des mots. A vrai dire, l’histoire je m’en fous un peu… Si elle est bien tant mieux, évidemment, mais ce n’est pas ce qui me plaît en premier lieu. Je pense que ça peut aussi expliquer mon exigence en tant que lectrice; j’ai du mal à apprécier un texte qui ne soit pas un travail d’écriture en tant que tel.

          Mais je conçois que ce point de vue ne concerne que moi et qu’il est très particulier ! Peut-être que je pourrais nuancer du coup mon point de vue sur cet aspect-là, en prenant en compte le fait que le travail d’écrivain n’est pas unique, et qu’il y a autant de façon d’écrire que d’auteurs. Ca pourrait m’apporter une souplesse dans mon jugement; je vais y réfléchir 😉

  2. On commet tous des fautes d’orthographe, d’accord, de frappe etc… Ceci dit je suis d’accord avec toi. Une faute par-ci par-là, ce n’est pas bien grave mais quand il y en a à toutes les pages d’un roman publié, ça devient vraiment pénible voire irritant.

    Je me rappelle de ma lecture de Passing Strange, gâchée par les trop nombreuses fautes. Pire dans un comics que j’adore, Space Boy, trop de fautes. Dans les deux cas, ce sont des textes traduits. Et je me rappelle en avoir voulu aux éditeurs de n’avoir pas vérifier ou de ne pas avoir fait appel à un bon correcteur. Je crois que comme toujours, le nerf de la guerre, c’est le coût.

    Mon impression désagréable, c’est que les maisons d’édition sous-traitent le service de correction, mais il me semble de leur responsabilité de vérifier que le job est bien fait.

    D’un autre côté, je me rappelle avoir été horriblement gênée quand les éditions De Saxus avaient étalé sur les réseaux leurs problèmes internes amenant à renouveler une partie de leur équipe quand on leur reprochait des erreurs de traduction et de trop nombreuses coquilles.

    J’aurai tendance à dédouaner les auteurs. Par expérience, on peut relire vingt fois le même texte et laisser passer des fautes. Il me parait important qu’une tierce personne relise et corrige une ultime fois.

    1. Oui, il faut une, deux, trois relectures, et dans l’idéal, avec des yeux différents. J’ai eu des retours d’auteurs qui m’ont dit avoir eu les yeux qui saignaient lors de la relecture, à force de passer, repasser, rerepasser sur le texte. A ne plus voir… rien du tout en fait parce que les yeux te sortent de la tête !
      Ca doit être qqch de collectif, et oui, l’éditeur doit prendre sa part. Comment, et avec quel argent, ça… c’est une autre question. Je pense que l’éditeur répond à une logique marchande d’abord, il veut vendre ses bouquins. Marché tendu, coûts énormes, dates de péremption des bouquins environ 1 mois après sortie, donc il faut faire le must à la sortie du bouquin. Faut que ça claque. Donc il faut une couverture géniale. D’où les cover reveal…
      L’éditeur va vendre sur sa couverture, pas sur la correction du bouquin au top –> d’autant plus que parmi les lecteurs, combien sont vraiment dérangés par les fautes … ?
      Bref, je suis OK pour dire que la responsabilité va aussi à l’éditeur, mais je ne parviens pas à trouver de solution pour qu’ils puissent mener à bien cette mission… sans que le bouquin ne prenne un centime :-/

      (quant à DS et leur comm scandaleuse… no comment, je les boycotte aussi pour ça…)

  3. Merci. Ils fallait bien que quelqu’un le dise ! Se cacher derrière la dysorthographie, c’est trop facile. L’année dernière, j’ai rappelé à un jeune auteur sur Scribay dont je venais de corriger le texte truffé de fautes que la moindre des choses pour un auteur, c’était de savoir manier un minimum la forme (il effaçait systématiquement mes corrections, ne gardant que les commentaires sur le « fond »). Le type a brandi son totem d’immunité et toute la communauté m’est tombée dessus, sous prétexte que je faisais du « validisme ». Le problème, c’est que ce genre de personne prétend ensuite à l’édition, en pensant que la « forme » ne fait pas partie du métier et peut, à la rigueur, être laissée à d’autres. Pour moi, on peut lier ce problème à cette revendication incroyable qu’on entend parfois : « j’aime écrire mais je n’aime pas lire » ou « j’écris mais je ne lis pas ». C’est une vision de l’écriture qui se répand dans une partie non négligeable de la jeune communauté littéraire. On peut prendre ça pour une « évolution », ou comme moi, pour un appauvrissement (et, disons-le, un gros foutage de gueule). En attendant, c’est ce genre de choses qui discrédite l’AE et creuse le fossé entre les ME gérées par des professionnels de l’édition et celles pilotées par des amateurs incompétents et paresseux qui pensent que la langue n’est pas importante. Malheureusement, c’est aussi ce qui discrédite les auteurs d’Imaginaire et de romance, beaucoup moins regardants sur la « forme »… mais on remarquera que ceux qui sont édités par des grosses maisons et qui font un carton, eux, y prêtent attention.

    1. Sur la dysorthographie, ça m’énerve d’autant plus que 1) les personnes souffrant véritablement de ce trouble sont invisibilisées parmi un flot de personnes qui se disent dys mais sont surtout devenus médiocres en grammaire. Ce n’est pas respectueux des personnes qui souffrent vraiment de ce trouble. Et 2) ce n’est effectivement pas un argument en soi, car ça n’exclut pas les relectures ensuite (qui doivent du coup encore plus s’imposer !).

      Je suis désolée, un texte c’est du fond et de la forme. Ton auteur allergique à la forme n’a pas choisi le bon métier peut-être :-/

      Et oui, j’ai aussi vu des réflexions de personnes qui disent ne plus lire d’AE parce que pleins de fautes… Oui mais non, c’est pas parce que c’est AE que c’est plein de fautes. Des bouquins édités aussi aujd sont plein de fautes. D’ailleurs, petite ou grande maison, même combat. Evidemment, je pense pas qu’on verra dans une grande ME un texte truffé d’horreurs. Enfin j’espère… Mais des fautes et coquilles restantes, par contre…

      Peut-être que la SFFF est moins regardante sur la forme car son public est plus jeune aussi, donc moins exigeant sur ce point ? Après, il faut vendre des bouquins, à un prix « raisonnable », du coup payer des correcteurs soit c’est « en plus » soit c’est « à la place de ». Et à la place de quoi, souvent c’est la couverture, parce qu’à part ça, y’a pas grand chose dont on peut se passer dans le circuit. Et la couverture fait vendre, pas un texte corrigé.
      Je pense que les ME qui négligent les corrections le font pour toutes ces raisons, et j’entends aussi leurs arguments qui se valent…

  4. Je pense que tu fais bien d’en parler. Même si je fais partie des gens qui ne voient pas forcément les fautes (et qui en fait beaucoup hélas), quand on est dans le monde de l’écrit, ça me semble être un minimum de faire son possible pour respecter la langue française.
    Personnellement, et encore plus depuis que je tiens un blog, je me relis un tas de fois, je passe par Antidote et même avec tout ça, je découvre encore des fautes énormes (souvent des mois après). Depuis que j’ai découvert le Projet Voltaire (je crois que c’est toi qui en avais parlé dans un de tes articles), j’essaye de m’améliorer, mais il y a du boulot ^^’ (et c’est effrayant oui, parce que même si je suis dys sur les bords, j’étais très bonne élève en français et ça me tue d’avoir autant perdu).
    Quant à savoir à qui la faute de l’auteur ou de l’éditeur, je dirai les deux. L’auteur se doit de faire son maximum et l’éditeur se doit de proposer un produit nickel (couverture, traduction ET corrections). Il y aura toujours des erreurs, des oublis, surtout quand on a le nez dans le même texte depuis des mois. Le passage par un correcteur me semble indispensable.
    (Et je suis d’accord avec un des commentaires, au sujet de De Saxus. Je n’ai pas du tout aimé leur façon de se défausser sur leurs prestataires. Tu es l’éditeur, tu assumes.)

    1. Je suis d’accord avec toi sur tous les points ! Je me suis plongée aussi dans l’entraînement Voltaire, la vache il y a des choses vraiment ardues. La langue française objectivement est difficile, du coup si on lâche, on perd très vite 🙁
      Et je pense comme toi que chacun doit y mettre du sien, auteur comme éditeur. Mais je ne suis pas certaine que cette histoire de correction était comprise dans les coûts à la base par nombre de maisons… Certains textes arrivent dans un tel état que la prestation va coûter un fric de dingue 🙁 Je sais pas trop comment, à moyens constants et à prix public du bouquin constant, on peut faire rentrer un coût en plus…
      D’où l’idée des correcteurs et relecteurs en amont oui, ça facilite le travail de tout le monde ensuite je pense…

  5. J’espère que tes yeux ne saignent pas trop quand tu vas lire mes avis^^ Je suis moins regardante que toi sur les fautes tout simplement parce que bien souvent je ne les vois pas. En revanche, je suis plus sensible aux coquilles. Et j’avoue que quand ça commence à s’accumuler ça finit par m’agacer, surtout quand je vois le prix d’un bouquin. Il y a 5-6 ans ça m’énervait même beaucoup parce que je trouvais ça scandaleux. Aujourd’hui, je me rends compte que je suis plutôt blasée… et habituée. C’est limite devenu normal pour moi… et je trouve ça effrayant!

    1. J’espère ne jamais m’habituer ^^ mais je pense que beaucoup de gens s’habituent. Que ce soit au boulot, au supermarché, à la bibli, chez le doc… y’a pas un truc sans une faute. Même dans les journaux.
      Alors les gens s’habituent, oublient aussi les règles donc ça les choque pas, et d’autres encore ne captent pas parce que leur cerveau corrige automatiquement à la lecture (pratique ça !)
      Mais pareil que toi, je ne râle pas pour une faute, le pb c’est vraiment quand ça s’accumule…
      je te rassure mes yeux vont bien ^^

  6. Encore une pause café des plus intéressante ! J’avais répondu sur le sujet sur l’article de Le Nocher des livres et j’avais déjà ressenti dans ton commentaire que ce sujet te tenait à coeur.

    Du coup, j’avoue que ça me met la pression dans la rédaction de mon commentaire car je sais très bien que je fais énormément de fautes d’inattention et même si je me relis, je suis certain que chaque article en comporte une ou deux. C’est pas faute de faire attention pourtant mais en écrivant mes chroniques sur mon téléphone, j’avoue que le T9 n’aide pas toujours mais nous sommes pas la pour parler de moi 🙂

    Concernant les fautes et autres coquilles dans un livre c’est simple : JE NE LES VOIS PAS ! Par exemple, lorsque j’ai vu paraître certains avis concernant le premier tome de L’Ascension de Camelot – publié chez De Saxus – mentionnant bon nombre de coquilles et autres fautes j’ai été complétement surpris. Je me suis demandé si je n’étais d’ailleurs pas aveugle et je suis vite allé voir mon exemplaire qui effectivement était aussi fauté que les leurs.
    Finalement et concernant mon cas, il est vrai que quand je lis, je m’imprègne totalement du récit et en oublie tout le reste. Je pense donc que mon cerveau occulte et fait le travail automatiquement dans mon esprit et seule la tournure de certaines phrases bancales peut me faire sortir de ma lecture. J’essaie parfois de lire plus théoriquement mais du coup je n’arrive pas rentrer dans celle-ci.

    Je pense donc que ce sentiment est propre à chacun et je peux comprendre que toi, qui attache une louable et belle importance à la langue française, ressorte souvent frustrée et quelque peu énervée devant de tels ouvrages.

    1. Tu fais partie des bienheureux dont le cerveau corrige automatiquement les fautes à la lecture, ce qui fait que ça ne t’en sort pas. Franchement, j’admire cette disposition, c’est fort pratique !

      Ne te mets pas la pression 🙂 J’ai plaisir à te suivre, et je ne me permettrai jamais de critiquer ton travail comme celui des autres. Oui, je dis qu’il faut se relire (moi compris, plusieurs fois même ^^), et je sais qu’on le fait tous.
      Par contre tu as raison, ce T9 est une saleté!! Combien de fois je peste en voyant ses « corrections automatiques » à ce truc !!! Je me demande souvent si je ferais pas mieux de l’enlever.

      Oui j’aime bien le travail sur la langue tu as raison 🙂 Il y a de ça, et puis bon, quand même, à titre personnel je ne trouve pas les prix des bouquins si chers par rapport à tous les pros qui travaillent et interviennent dessus, mais quand même. La sensation de qqch de bâclé m’ennuie profondément 🙁

  7. Aaaaah les fautes et les coquilles ! Vaste sujet ! 🙂
    Pour ma part, les coquilles/fautes dans un roman imprimé ont tendance à me sauter aux yeux. ça me fait sortir de ma lecture (brièvement). Dans un des vieux billets des débuts du blog, j’avais même comparé ça aux facehuggers d’Alien qui te sautent à la figure de manière impromptue, ça disait tout de mon ressenti sur le sujet ^^
    Ceci dit, depuis que je publie, je suis plus indulgente selon le nombre de coquilles/fautes. Moins de 5 sur l’ensemble, je pardonne. Plus, là, je grince sérieusement des dents.
    Pour te dire, La Captive de Dunkelstadt, on a été trois à le relire (et plusieurs fois !) : moi, la directrice éditoriale et la correctrice. Plusieurs relectures, par plusieurs paires d’yeux, et pourtant, quand j’ai lu le roman dans sa version imprimée (non pas par ego, mais parce que je voulais voir ce que ça donnait, imprimé pour de vrai, parce que, ben c’était mon premier roman ! ça faisait tout drôle et j’avais encore du mal à croire que oui, c’était bien mon livre à moi ^^), horreur : il restait UNE faute ! J’en étais toute mortifiée…
    L’orthographe, j’ai une relation très bonne avec elle (j’ai participé aux Dicos d’or, au collègue, même si j’ai échoué à l’épreuve régionale). Les dictées, je surfais dessus avec aisance – mais comme je lisais énormément, je pense que ceci expliquait cela. Par contre, il m’arrive de faire des fautes dans mes billets de blogs ou romans, souvent à cause de la fatigue oculaire ou de doigts qui ripent sur une touche. Je m’en aperçois parfois à la relecture, mais pas toujours (la lecture sur écran me fatigue pas mal visuellement, et il m’arrive encore de découvrir des fautes intempestives après coup ^^ »).
    Ceci dit, je ne suis pas non plus une spécialiste de la grammaire, ni de l’orthographe. Quand j’ai un doute, je vérifie (merci Bescherelle et les sites spécialisés !), ou je vois avec la correctrice (je mets au féminin car pour le moment, j’ai travaillé avec des femmes :)), qui connaît mieux que moi le sujet.

    1. La correctrice de Noir d’Absinthe est exceptionnelle ! Je me suis fait la réflexion plusieurs fois. Anne Ledieu, si mes souvenirs sont bons.
      Les bouquins de NdA sont quasi nickels. Quel plaisir !

      Comme toi, j’aimais bcp les dictées, et je lisais bcp aussi. Ca aide, oui ! J’ai tjr adoré aussi la grammaire et l’orthographe. Pas pour rien que j’adore mes sessions d’exercices Voltaire le soir ^^

      Je ne râle pas non plus sous 5 fautes. Disons que mon radar s’allume, je cornes les petites pages; si j’en trouve plus, je crée un doc word et je relève tout. Sinon, je laisse pisser. Je le mentionnerai à la chronique, mais sans plus.

      Et c’est vrai, je m’en suis rendue compte aussi : lire un manuscrit devant un PC et lire un vrai livre c’est pas pareil. L’attention n’est pas la même du tout. Toi ça te fatigue les yeux, moi je retiens rien de mes lectures sur ordi. Ca n’imprime pas, et je n’arrive pas à lire dans l’ordre, je saute des lignes… L’enfer !

      1. Oui, c’est Anne Ledieu ! Et en effet, elle est excellente ! 🙂 Il y a un gros travail de fait chez NdA, tant sur le fond que la forme, c’est agréable de voir le texte poussé au maximum de ses capacités et poli au mieux (même si on sue sang et eau lorsqu’on a le texte sur l’établi ^^ »), avec une équipe à fond ! 🙂 Il n’y a bien que la lecture sur liseuse où je ne fatigue pas, car mon écran n’est pas rétroéclairé. Mais je ne l’utilise que pour les vacances ou trajets, je préfère tout de même le bon vieux papier… comme tu dis, ce n’est pas pareil, l’impact de la lecture non plus. La lecture sur PC, c’est vraiment difficile !

  8. Oui, c’est Anne Ledieu ! Et en effet, elle est excellente ! 🙂 Il y a un gros travail de fait chez NdA, tant sur le fond que la forme, c’est agréable de voir le texte poussé au maximum de ses capacités et poli au mieux (même si on sue sang et eau lorsqu’on a le texte sur l’établi ^^ »), avec une équipe à fond ! 🙂
    Il n’y a bien que la lecture sur liseuse où je ne fatigue pas, car mon écran n’est pas rétroéclairé. Mais je ne l’utilise que pour les vacances ou trajets, je préfère tout de même le bon vieux papier… comme tu dis, ce n’est pas pareil, l’impact de la lecture non plus.
    La lecture sur PC, c’est vraiment difficile !

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