Katherine Arden – La fille dans la tour

Second volet de la trilogie d’une nuit d’hiver, La fille dans la Tour suit directement les aventures de Vassia après L’ours et le rossignol. J’avais beaucoup aimé lire ce premier tome en lecture commune courant décembre. J’étais impatiente de connaître la suite des aventures de Vassia. Un second tome un peu plus inégal à mon goût, mais qui m’a suffisamment passionnée pour me jeter sur le dernier tome ensuite – que j’ai déjà fini à l’heure où j’écris ces lignes.

Synopsis

La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller.

En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune sœur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.

Avis sur le pouce

Mon avis sur La fille dans la tour sera effectivement plus bref que celui des premier et troisième tome, que j’ai largement préférés.

  • une intrigue plus citadine : si Vassia chevauche quelques temps en pleine nature sauvage, on se retrouve très vite et pour une bonne partie du roman dans les murs de Moscou. Comme Soloveï et Vassia, j’ai étouffé dans cette ville, trop peuplée, trop bruyante, trop dévote, trop tout. Mais ce ressenti est certainement voulu, et encore une fois superbement bien retranscrit dans la traduction.
  • Un équilibre folklore et légendes anciennes // religion au profit de la religion. Ce volume est davantage centré sur les Hommes et leur foi sans borne, qu’ils imposent à tous, aveuglément. Dieu par-ci, Dieu par-là… Rien n’existe hormis Dieu. Ca déborde de dévotion à chaque page, et une dévotion qui empoisonne. Et tout ce qui n’est pas Dieu est sorcellerie. Un scénario historique bien connu.
  • En arrière-plan, un pan de l’Histoire de la Russie : son organisation territoriale, la force et la faiblesse de ses villes, sa société très rigide (chacun à sa place et surtout les femmes), et ses guerres contre les Tatars. Ici se dessine une Russie qui cherche sa place, en tant que nation définie et unie, et qui doit choisir entre son passé de traditions et son présent et futur orthodoxe.
  • L’intrigue continue de se construire, certains pans du passé de Vassia se découvrent, et ses liens avec le monde invisible s’accroissent. Sa véritable Nature se laisse apercevoir également, et j’aime beaucoup sa façon d’évoluer. Héroïne crédible, qui s’en prend plein la figure, se plante, apprend.

« Cela va avoir une fin. Un jour. Ce monde de merveilles, dans lequel la vapeur d’une maisonnette peut être une créature qui énonce des prophéties. Un jour, il n’y aura plus que des cloches et des processions. Les tchiorti seront une brume, un souvenir, une ondulation dans les champs d’orge de l’été.« 

En pratique

Katherine Arden, La fille dans la tour

Titre original : The girl in the tower

Editions Denoël, Lunes d’encre (2019) et Folio SF (2021)

Couverture : Aurélien Police

Traduction : Jacques Collin

Autres avis : Je vous recommande celui de Steven, qui m’a beaucoup touchée tant il parvient à mettre en mots ce que j’ai ressenti avec précision et que je n’ai pas pleinement réussi à verbaliser. Je suis curieuse de voir son retour du 3eme volume !!

En bref

La fille dans la tour est un tome que j’ai trouvé plus citadin et moins à mon goût. Je préfère les esprits de la Nature et des Légendes à la folie des Hommes, et celle-ci est sanglante. J’ai également trouvé des longueurs, et globalement un souffle assez inégal au long du récit. Néanmoins, l’autrice offre de belles pages épiques, des personnages passionnants et qui évoluent au fil des tomes. De plus, l’intrigue laisse penser que le troisième et dernier tome sera majestueux. En cela, on peut se dire que ce second volume remplit sa part du marché : donner envie de nous ruer sur le dernier volume, L’hiver de la sorcière. Dans l’ensemble, cela reste une bonne lecture, mais un tome de transition un peu en-dessous.

5 commentaires sur “Katherine Arden – La fille dans la tour

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  1. Pourtant je clique de temps à autre sur tes articles pour découvrir tes chroniques, sur des titres que je ne vois pas ailleurs sur mon fil, mais je n’avais pas vu le bouton wordpress (nous sommes donc voisins de blogs), abonnement validé donc! Merci pour ton travail, qui rallonge ma PAL, tes articles sont bien ficelés.

  2. Comme toi et même si j’ai aimé ma lecture, j’ai trouvé ce second tome bien plus orienté action et complot que fantastique. En ce sens, la plume de l’auteure m’a semblé moins poétique mais je t’ai tout de même adorée. Et puis vu le final explosif, il me tarde de découvrir la conclusion de cette magistrale saga !

    1. Oui c’est vrai, maintenant que tu mets les mots sur ça, je me rends compte que c’est exactement ce que j’ai ressenti : plus d’action politique, et moins de poésie. Mais j’ai aimé malgré tout aussi, il fait une excellente transition vers le dernier volume.

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