Le cinquième gardien est un roman d’Ismaël Lemonnier, paru chez Marathon Editions fin novembre 2021. Il m’a été proposé en service de presse sur Simplement.pro, et je remercie chaleureusement la maison d’édition pour m’avoir proposé ce roman. Fantastique, aventures, et surtout immersion à Pripiat : les ingrédients étaient réunis pour que je passe un bon moment.
Synopsis
» Awen, un adolescent sans histoires, a hérité d’une chevalière de son grand-père et devient, sans le savoir, le cinquième gardien d’une organisation secrète ayant pour but de préserver l’humanité.
Tout son petit monde vole en éclat lorsque cinq hommes surentraînés se lancent à sa poursuite pour récupérer la bague.
De Paris à Tchernobyl en passant par la ville fantôme de Pripiat, Awen lèvera le voile sur cette obscure société tout en s’efforçant, tant bien que mal, d’échapper aux tueurs à ses trousses.
Sur sa périlleuse route, il croisera un vieux flic bourru, aux méthodes peu conventionnelles, et une jeune femme au tempérament aussi trempé que l’acier de ses armes. Ensemble, ils lutteront pour leur vie. Ensemble, ils lutteront pour le sort de l’humanité. »
Un roman YA efficace
Une recette classique avec quelques ingrédients surprise
On retrouve tous les ingrédients habituels du YA. L’ado un peu paumé, héros banal qui se retrouve malgré lui au cœur d’une mission cruciale pour sauver le monde, la quête, une écriture simple (et peu riche en vocabulaire), des dialogues très ados aussi. Awen m’a agacée à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. L’ado bête en crise dans toute sa splendeur. Classique mais efficace, et un roman bien relu et sans coquilles/fautes/maladresses de langage. Suffisamment rare pour le préciser.
Une narration intéressante. Retours en arrière, imbrication de plusieurs fils narratifs qui évoluent parallèlement avant de se retrouver… J’ai apprécié cette complexité. Mention spéciale aussi pour certains personnages, comme les méchants, particulièrement ambigus, et le vieux sage, pas si sage que ça. Il y a un positionnement intéressant des personnages, plus complexes que tout noirs, ou tout blancs.
Mais un roman trop rapide et excessivement violent
Le point faible de ce roman pour moi réside dans sa succession interminable d’actions que j’ai trouvées particulièrement violentes. Ca pisse le sang à chaque page. Pas un qui n’ait pas dans la main un flingue; une véritable armée de mercenaires qui se défoncent la tronche à tout bout de champ. J’ai grincé des dents à plusieurs reprises, d’autant que la langue reflète cette violence. Les dialogues ne m’ont pas plu, trop violents, trop crus. C’est cohérent avec les personnages, mais je n’ai pas trouvé ça beau à lire.
Je n’ai pas non plus eu le temps de ressentir quoique ce soit. Pour cela, j’ai manqué de lenteur et d’ambiance. Par ailleurs, le dénouement m’a paru évident et trop facile. Ce roman se lit d’une traite, mais il est rapide, trop rapide peut-être. Pas le temps de souffler, ni d’éprouver la peur et l’angoisse des personnages, et encore moins de se poser des questions. C’est un peu dommage.
Un cadre imaginaire intéressant
C’est ce que j’ai le plus apprécié dans Le cinquième gardien. J’ai beaucoup aimé le lien entre imaginaire et l’explosion de Tchernobyl en 86. C’était très bien trouvé, et j’ai beaucoup aimé parcourir Pripiat. Cette ville exerce sur moi une certaine fascination, pas tant pour la catastrophe que pour ce qu’elle représente aujourd’hui : une ville fantôme, donc propice à l’imaginaire. J’aurais juste aimé voir cette ambiance davantage développée.
Par contre, pas la moindre once de fantastique dans ce roman. Certes, du surnaturel s’insinue dans le réel, mais on n’a pas cette hésitation entre possible/impossible, réel/surnaturel, logique/illogique, caractéristique du fantastique. Celui-ci interroge vraiment les limites de la réalité en distillant dans le récit une hésitation sur la nature des événements, doublée d’une panique angoissante. Or ici, l’introduction du surnaturel est bien identifiée (même si son origine n’est pas connue), et acceptée comme telle par les personnages. En cela, on est plutôt dans le merveilleux.
Je rapprocherais davantage ce roman de l’urban fantasy, pour cet aspect magique/imaginaire caché aux yeux du commun des mortels et planqué dans les interstices de la ville (en l’occurrence ici une ville fantôme), mais ce n’est pas non plus adéquat dans la mesure où il n’y a pas de créatures imaginaires.
Enfin, il y a aussi une petite once d’uchronie, avec une explication de l’explosion de 86 différente. En soi, on n’est pas non plus pleinement dans le genre, sachant que l’origine de l’explosion de 86 n’a pas donné lieu à une réalité autre que celle qu’on connait aujourd’hui. Malgré tout, j’ai aimé l’idée, et son développement.
Bref, ce roman se trouve à mon sens à la croisée d’imaginaires multiples, et ceci en fait un roman d’aventures intéressant.
En pratique
Ismaël Lemonnier, Le cinquième gardien
Couverture (très chouette couverture !) : Leila Bouslama
Le cinquième gardien est un roman d’Ismaël Lemonnier, que j’ai été contente de découvrir par le biais d’un service de presse numérique. J’y ai trouvé plein d’idées intéressantes, des imaginaires variés, donnant lieu à un roman d’aventures efficace. Je regrette toutefois la rapidité de l’intrigue et sa violence de bout en bout. Mais il y a de très bonnes idées dans ce roman, des personnages surprenants pour du YA, et un cadre original. Une découverte intéressante.
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