Une nouvelle lecture du #PLIB2021 ! Voici le premier tome d’une série écrite à 4 mains, parue aux Forges de Vulcain. Deux trilogies, centrées sur deux villes : Gemina, Capitale du Sud, et Dehaven, Capitale du Nord. Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier nous emmènent chacun dans leur Capitale, et c’est avec celle du Sud que j’ai commencé. Le sang de la cité est le premier tome de la trilogie Capitale du Sud. Une introduction assez lente, mais qui inaugure plutôt efficacement une série prometteuse.
Synopsis
« Enfermée derrière deux murailles immenses, la Cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d’épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis.
Suite à un coup d’éclat, il hérite d’un livre de poésie qui raconte l’origine de la Cité. Très vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres. »
Lecture du #PLIB2022
Le sang de la cité figure parmi les 25 nominés du #PLIB2022. IL figurait dans ma sélection, et je ne regrette pas de l’y avoir mis et encore moins de l’avoir lu (je suis assez réticente à l’idée de commencer une saga tant que tout n’est pas publié, j’aime bien tout lire d’un coup).
J’ai lu ce premier tome en lecture commune avec d’autres membres jurés du PLIB, et c’était fort chouette. J’en profite pour remercie chaleureusement les éditions Aux forges de Vulcain de nous avoir communiqué le ebook.
Une introduction efficace
Une saga de fantasy sur 6 tomes
La saga de La tour de Garde est une série de 6 tomes, déjà écrits. La saga se divise en deux trilogies. Guillaume Chamadjian nous emmène dans le Sud, avec sa trilogie Capitale du Sud, et Claire Duvivier au Nord, avec Capitale du Nord.
Deux intrigues parallèles, mais qui se tissent ensemble, et dans lesquelles des échos de l’une et l’autre ville se répondent.
Les deux capitales sont également réunies par un jeu très en vogue dans les deux cités : La tour de Garde, jeu de plateau dans lequel les joueurs s’affrontent pour détruire la ville de l’adversaire. Un jeu miroir des tensions qui se développent en réel dans les romans.
Une introduction au cycle du Nord et à la saga
Le sang de la cité est le tome introductif de cette saga à 4 mains. Pas forcément évident, et l’enjeu est grand : nous faire découvrir l’univers, mettre en branle le système des deux cités, donner envie de découvrir la suite, bref, nous appâter en ajustant le dosage : en dire suffisamment, mais pas trop.
Un équilibre difficile à trouver, et plutôt réussi à mon sens ici. C’est lent, il ne se passe pas grand chose, mais l’air de rien, Guillaume Chamanadjian parvient à nous entraîner à la suite de son narrateur Nox dans les rues de sa cité fourmillante. Et à en redemander à la fin.
Il parvient même à nous donner quelques échos de Dehaven, à travers des évocations, et des personnages de cette capitale du Nord qui viennent faire une petite incursion au Sud.
Principal héros : Gemina
Une intrigue efficace
Alors oui, Nox est un héros intéressant, assez classique dans le fond (le jeune personnage anodin à qui il tombe sur le coin de la figure un truc énorme et qui va devoir se prendre en main pour déjouer les pièges : on est en plein dans le personnage du roman d’apprentissage), mais original aussi par son positionnement de commis de cuisine, assez inattendu.
Oui aussi, on découvre toute une ribambelle de personnages, de maisons qui se partagent les quartiers de la ville, les tensions politiques entre elles etc. C’est assez efficace, avec un soupçon de magie derrière, soit lié à un folklore de rue soit à un zeste de fantastique avec le Nihilo, cet entre-deux non identifié et étrange.
Ce tome m’a donné l’impression d’un calme avant la tempête : quelque chose gronde, lentement d’abord. Mais l’explosion, on la sent monter, gonfler, au rythme des brouhahas de rues tout au long du récit. Ne vous attendez pas cependant à un roman trépidant. C’est assez long, et lent. Mais le dernier quart est assez riche en péripéties, et l’auteur nous laisse sur une fin assez grandiose, et avec un pari réussi : maintenant, j’attends la suite !
Une ville qui vit
Mais selon moi, le plus réussi vient de la ville elle-même. On est plongé là dans un cœur vivant, qui chahute, qui bourdonne, qui sent bon. Il n’y a pas une page où les personnages ne boivent pas un verre de pin épicé au miel ou se gavent de petits fourrés avec plein de bonnes choses dedans. Cela dit, toutes ces évocations à mon sens n’atteignent pas pleinement le langage. Je veux dire que j’aurais aimé, un peu à la manière du Ventre de Paris de Zola, que la langue, par son phrasé, sa rythmique… se fasse sensorielle. Il y a une différence entre l’évocation d’étals remplis de charcuteries et dire qu’elles paraissent délicieuses, et montrer, suggérer, faire ressentir, par une création poétique du langage, toute la richesse culinaire d’un lieu, et nous donner l’eau à la bouche rien que par le mot.
Si l’écriture est efficace, agréable, fluide, ronde et entraînante, il m’a manqué cet aspect poétique que j’aime vraiment bien retrouver, notamment quand il s’agit des sens. En plus, on est dans une focalisation interne, j’aurais vraiment aimé aller plus loin dans ce que ressent Nox. Mais j’ai senti une retenue, je n’ai pas retrouvé dans le langage la fougue du Sud. Mais je pinaille 🙂
En pratique
Saga La tour de Garde
Guillaume Chamanadjian, Capitale du Sud. Le sang de la cité (tome 1)
Editions Aux forges de Vulcain, avril 2021
#PLIB2022
#ISBN9782373051025
Autres avis : plein et quasiment tous assez enjoués ! Chez Aelinel et Lune, qui ont adoré, coup de cœur aussi pour Sometimes a book, Yuyine aussi a aimé son immersion dans Gemina.
En bref, Le sang de la cité porte bien son titre : voilà une ville sanguine, qui bat au rythme du cœur des personnages, un peu bordélique, chatoyante et vivante comme ces villes italiennes de la Renaissance. On sent bien l’inspiration de l’auteur, qui a souvent évoqué Sienne, notamment, mais aussi Marseille pour l’aspect portuaire de Gemina.
Un premier volume assez lent mais que j’ai bien apprécié, et qui m’a donné envie de lire à la fois la suite mais aussi son pendant nordique. Je poursuivrai donc rapidement avec Citadins de demain, premier tome de la trilogie de Claire Duvivier.
Je me les mélange et me trompe régulièrement concernant celui qui est sorti en premier. J’espère arriver à me faire mon propre avis sur ce roman avant le vote des finalistes. Tu me redonnes envie de le lire.
Quand on sait à quoi s’attendre (pas de péripéties à fond les ballons avant le dernier quart), on prend plaisir à cette balade citadine je pense.
Oui il faut dire que ce n’est pas commun deux trilogies à quatre mains dans une même saga !
C’est bon à savoir, je suis prévenue comme ça
Je suis ravie que tu aies apprécié la ballade, malgré ses quelques failles de-ci de-là. Il va être temps que j’ose relire Claire Duvivier si je ne veux pas me faire dépasser par l’avancée des séries…
Tu devrais aimer Citadins de demain, c’est dans le même style que Sang de la cité, avec un rythme similaire. Peut-être que dans le cadre de cette saga ça passerait mieux ?