Guilhem – L’annihilatrice à couettes

Second tome de la Saga de l’Antévers. L’annihilatrice à couettes est la suite directe du Chevalier à la canne à pêche, de Guilhem. Ce second volume est paru en décembre 2020, aux éditions ELP. Je remercie encore une fois Guilhem et l’association Onze Création pour l’envoi du roman en version numérique. J’ai retrouvé les personnages avec plaisir (sauf Teignome, mais qui se fait plus silencieux).

Au cœur de l’intrigue : à vos marques, prêts, partez !

La suite directe du tome 1

On retrouve nos héros là où on les a laissés à la fin du Chevalier à la canne à pêche. Rappelez-vous : à la fin de la baston entre l’Oracle (le gentil a priori) et l’Archange (le méchant a priori), c’est devenu un peu le bordel. Lupin a eu la bonne idée de se transformer en truite-garou en pleine baston, mais a réussi à s’extirper de ce bourbier pour retrouver l’océan. Sélène a enfin compris que c’était lui son amoureux, mais pas de bol, il demeure introuvable. Quant aux autres, ils sont sains et saufs mais prêts à en découdre, parce que l’Archange a zigouillé tout le monde et est devenu maître d’Europê.

Un volume rempli d’action

Si le premier volume démarrait doucement, prenait le temps de poser le cadre, de présenter les personnages et l’ambiance, ici on est clairement dans l’action, de bout en bout. Et ça déménage !

L’Archange poursuit ses rêves de grandeur, et est en marche pour coloniser tout l’Antévers. Face à lui, les armées de l’Oracle sont décimées, et ce n’est pas avec le Magistère à côté de ses pompes que l’Archange trouvera de la résistance, au grand détriment du principal conseiller de Magistère, Premier Panda.

Lupin se retrouve repêché in extremis par Pêcheur, à qui il doit une nouvelle dette de vie. Voilà t-il pas que cet huluberlu a décidé de défier le Dieu des mers !

Quant à Sélène et ses compagnons, ils se mettent en route vers Asia. Ils sont à la recherche d’un fragment de manuscrit qui leur permettra, une fois tous ces fragments rassemblés, de retrouver un artefact mettant fin à la guerre. Pas évident quand la gamine a décidé de faire sa crise d’adolescence, n’a qu’une envie c’est de retrouver son amoureux et qu’elle est désignée comme l’annihilatrice à couettes par le peuple des pierres, qui voit en elle la menace de destruction du monde.

Des récits imbriqués entraînants

On retrouve là encore la recette du premier volume. Les chapitres se succèdent et font s’alterner les points de vue. C’est tantôt Lupin, tantôt le Magistère et son Premier Panda, tantôt Sélène et ses comparses. On passe aussi quelques chapitres en compagnie de l’Archange, et de son Stratomancien, qui n’est autre que Dieu, dans un corps d’humain.

C’est très entraînant, on ne s’ennuie pas du tout, d’autant que tous ces personnages sont dans des galères pas possibles et vivent des histoires à dormir debout. En revanche, il faut suivre, car ça ne traîne pas ! D’ailleurs, je me suis un peu perdue moi, avec ces retours en arrière du style Retour vers le futur II et les paradoxes temporels : j’ai eu un peu le vertige, je n’ai pas tout compris. Mais c’est normal, j’ai dû regarder plusieurs fois Retour vers le futur II pour comprendre quelque chose.

Théâtralité du récit

La dimension comique

C’est ce qui faisait l’identité du premier volume. Cela demeure ici, mais à degré bien moindre. Et alors vous allez me dire que je ne sais pas ce que je veux : je trouvais que c’était un peu lourd parfois dans le premier volume, mais ici je trouve que ça manque.

L’humour est toujours là, mais mais plutôt appliqué par touches localisées. Je pense notamment au Magistère (mon chouchou). Ses dialogues avec Premier Panda sont impayables et très drôles. En revanche, d’autres personnages perdent de leur force. C’est le cas de Teignome, au parler vulgaire. Dans ce volume, il est souvent pétrifié pour qu’il se taise. Ca m’arrange plutôt bien, mais du coup il perd de son utilité. C’est également le cas de Pêcheur, cantonné dans le même registre que dans le tome précédent. Pour ces personnages, on est davantage sur un comique de répétition, procédé dont je ne suis pas fan. Petite déception enfin sur Sélène, en pleine crise d’ado. Elle est péniblement chiante dans ce volume, comme toute ado qui se respecte, mais j’aurais aimé un peu plus de moquerie la concernant. Il n’y a rien de plus bêtement et pathétiquement drôle qu’un ado, si ?

Un spectacle vivant un peu moins vivant

De ce fait, le récit est devenu sérieux. On retrouve là un récit de fantasy classique. Ce n’est pas péjoratif, simplement je trouvais que cet humour déjanté caractérisait vraiment cette œuvre atypique, dont la nature se rapprochait davantage du spectacle vivant. D’ailleurs, c’est exactement ce qu’a fait Guilhem sur la chaîne Youtube de Donjon Legacy : chaque mardi et chaque jeudi, à 18h, il propose, avec sa joyeuse troupe, la lecture filmée d’un chapitre du Chevalier à la canne à pêche. C’est très rigolo, j’aime beaucoup, ça colle parfaitement à la nature du récit.
Mais dans l’Annihilatrice à couettes, hormis quelques scènes très savoureuses, je n’ai pas retrouvé le côté déjanté et dingue du premier volume. Sur ce point, je suis un peu déçue et perplexe, car je me demande si la lecture vidéo rendra aussi bien.

Un final épique

Comme le premier volume, L’annihilatrice à couettes offre un final épique, visuel, et théâtral. Cette splendide scène de baston est un bordel sans nom. C’est comme à la télé, quand on ne sait plus où sont les gentils et les méchants dans la marée humaine. En plus ici, on a dans la mêlée des pierres, des mages, des humains, des trucs statufiés… tout un petit monde qui se balance des sorts, des cailloux… Cette scène est assez longue, mais comme je me suis bien amusée, je l’ai trouvée délicieuse.

Et pour couronner le tout, L’annihilatrice à couettes se termine sur un magnifique cliffhanger. Ca m’a encore rappelé la fin de retour vers le futur II d’ailleurs. Parfait pour nous tenir en haleine jusqu’au troisième volume Le retour du revenant. Tiens, en l’écrivant, ça me fait aussi penser au Retour du roi du Seigneur des anneaux. Je vous laisse découvrir qui est le revenant ici, ça sera rigolo.

Un univers qui se dessine

Le pilier de l’intrigue

Si l’aspect comique est plus ténu ici, en revanche j’ai beaucoup aimé en savoir plus sur l’Antévers. Il n’est pas seulement un décor, il est le sujet de l’intrigue.

Sa nature, ses origines se découvrent. On en apprend plus sur ses trois continents, Europè, Asia et Chââm. Est également dévoilé l’historique de la création de cet Antévers, le rôle de Dieu là-dedans, et des épisodes du passé (le génocide des nains). Par la même occasion, on découvre le passé de Sélène, l’origine de son prénom, d’où elle vient, et pourquoi elle se cassait toujours la figure dans le premier volume (j’ai fait « ahhhhhh » plusieurs fois pendant ma lecture).

Tout ceci commence à faire sens. Certaines choses restent encore obscures, car d’elles dépendent l’intrigue et son dénouement. Elles seront certainement abordées dans Le retour du revenant : je pense notamment au sort du Stratomancien, de l’Oracle aussi, mais aussi à l’avenir de l’Antévers, aux relations entre Magistère et Archange…

Un voyage dans un territoire inconnu

Comme l’Antévers est le cœur de l’intrigue, il nous est dévoilé ici. Le voyage des compagnons vers Asia est l’occasion de traverser des territoires inconnus, de découvrir de drôles de personnages. Comme Pierre par exemple. Un caillou qui parle et qui guide tout ce petit monde devant le Grand Monolithe, seul à même de savoir si Sélène est bien une terrible menace ou s’il y a erreur sur la personne. Idem lorsque Lupin est sous l’eau, on découvre là tout un univers avec plein de bestioles et un fonctionnement particulier.

L’écriture prend d’ailleurs du temps pour décrire tout ceci. J’ai bien aimé cet aspect parce qu’entre deux scènes d’action, ça permettait de poser les choses. Ce tome a beaucoup plus d’épaisseur narrative que le premier. J’ai aimé arpenter Antévers, et j’ai bien envie de lire la suite, pour savoir ce qu’il va se passer.

Dans L’annihilatrice à couettes, les choses prennent corps et deviennent concrètes, plus palpables qu’elles ne l’étaient dans Le chevalier à la canne à pêche. Ce qui est intéressant aussi c’est l’identité narrative propre à chacun des volumes. Ils sont différents dans leur style, mais se complètent bien.

L’annihilatrice à couettes s’est révélée être une bonne lecture, divertissante, dans la lignée du premier. L’humour est moins marqué, et ça manque un peu. Le côté vivant du premier volume en faisait quelque chose de très original et d’animé. Cependant, cette déception a été contrebalancée par la richesse narrative sur l’univers. Celui-ci se dessine, permettant de comprendre tous ses ressorts et ses enjeux. Tout est mis en place pour maintenir le lecteur en haleine et lui donner envie de lire le dernier volume, Le retour du revenant.

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