Elie Soheen – A la croisée des rêves

Cela faisait un moment que ce livre me faisait de l’œil, tant par sa superbe couverture signée Lysiah Maro que par la thématique du rêve que j’apprécie beaucoup. A la croisée des rêves est le premier roman d’Elie Soheen, publié chez Inceptio Editions. Un roman que j’ai gagné lors du concours organisé par Aurélie pour fêter les 500 abonnés à son compte Instagram Auréliefantaisie ! Qu’elle soit ici encore une fois remerciée, pour ce chouette concours et l’envoi de ce roman tant attendu, accompagné en plus de mille gentillesses et goodies bien délicieux 🙂 

Synopsis

« Et si les rêves étaient en fait des myriades de dimensions parallèles ?

Chaque fois que l’on s’endort, notre esprit crée un monde éphémère qui se désagrège à notre réveil. Mais Isobel possède un don particulier : celui de se projeter dans ces dimensions fragiles, de les altérer, voire même d’en restituer les images dans le monde de « l’éveil ».

À 20 ans, elle cultive un quotidien simple et solitaire dans un petit village des Highlands. Jamais elle n’aurait pu prédire que cette femme, aperçue fugacement sur les rives de son loch local, fasse à ce point basculer sa vie. Pourtant, celle-ci s’invite dans ses songes et l’obsède. Pour lever le voile sur ce phénomène inédit, Isobel devra suivre un fil d’ariane entre rêves, veille et cauchemars. »

Un roman YA original et surprenant

A la croisée des rêves est un roman Young Adult : personnages jeunes, à l’âge de faire leurs propres choix et de prendre leur indépendance et dialogues qui reflètent leur tranche âge (langue très orale contemporaine avec tous les tics de langage du moment, comme les « genres » et « sérieux »). Personnellement, je n’aime pas du tout ce niveau de langage, mais c’est cohérent avec les personnages.

Mais A la croisée des rêves se détache des ingrédients classiques des romans YA. Dans la narration, d’abord. Le récit est raconté à la troisième personne du singulier. On perd forcément en intensité et en immédiateté, mais on gagne en décor, et en vision d’ensemble. Et on prend davantage son temps dans le récit.

D’autre part, j’ai malgré tout aimé le travail d’Elie Soheen sur la langue. Si je déplore un certain nombre de coquilles et de maladresses de langue (des mal-dits et des répétitions) qui auraient pu être gommées avec une meilleure relecture, on sent bien qu’il y a un effort de vocabulaire et de soin apporté dans la narration.

Autre point fort : les rapports entre les personnages. Inattendus, différents, décalés. Beaucoup plus réalistes, complexes. Non, pas de romance à deux balles, classique. Ca, c’est vraiment vraiment très appréciable.

Enfin, j’ai bien aimé les flash-back qui rompent la linéarité du roman. Ces « fragments » intercalés entre les chapitres mêlent plusieurs époques. J’ai eu parfois un peu de mal à m’y retrouver et à resituer les événements les uns par rapport aux autres, mais j’ai vu ça comme un puzzle à reconstituer, et j’aime bien les puzzles.

A la croisée des rêves, un roman fantastique ?

C’est là que le bât blesse, en ce qui me concerne. J’aime beaucoup le fantastique, en ce qu’il apporte un sentiment d’hésitation, entre réel et surnaturel. Le doute sur la nature même des événements s’insinue, lentement mais sûrement, chez les personnages mais aussi le lecteur. Et j’aime ressentir aussi la panique des protagonistes. Mais je n’ai pas ressenti tout ça à la lecture.

Oui, A la croisée des rêves se situe dans un monde un peu flottant entre rêve et réalité, oui les deux strates s’interpénètrent, mais pour moi, ça n’est pas vraiment du fantastique. Pas au sens todorovien du terme, en tout cas. Je n’ai pas eu de doute quant à l’univers où Isobel se trouvait, réalité ou rêve. Je n’ai pas ressenti la panique caractéristique de la perte de repères. De plus, le monde « réel » ne l’est pas tant que ça puisque la magie d’Isobel est plus ou moins connue et acceptée, du moins par une partie des personnages. De ce fait, l’écart entre réel et surnaturel est moins grand.

Et j’ai manqué de profondeur pour être pleinement dedans. Ca m’a semblé parfois survolé, pas suffisamment approfondi. Notamment dans les ressentis des personnages. On est un peu trop souvent dans le factuel, d’autant que le rythme est très rapide; les chapitres et fragments s’enchaînent très vite. Trop, parfois, à mon goût. Je préfère quand le fantastique s’installe lentement, insidieusement.

En bref, je n’ai pas douté, je n’ai pas ressenti la peur et l’incompréhension des personnages, et l’intrigue m’a paru beaucoup trop rapide. Ca m’a fait l’effet d’un thé pas assez infusé : j’ai deviné sa saveur (pas mal, d’ailleurs), mais ça a manqué de force et de permanence en bouche.

En pratique

Elie Soheen, A la croisée des rêves

Couverture : Lysiah Maro

Inceptio Editions, mai 2021

A la croisée des rêves est le premier roman d’Elie Soheen. Je suis très contente de l’avoir lu, cela faisait un petit moment qu’il me faisait de l’œil. J’ai globalement apprécié ma lecture. Je regrette qu’il n’ait pas été relu suffisamment à fond pour offrir un roman plus propre sur la forme. C’est un peu dommage, ça dessert le roman qui a néanmoins des qualités avérées. Un roman YA un peu différent de ce qu’on a l’habitude de trouver sur ce créneau, une plume intéressante, une intrigue originale et pas mal menée (même si pour moi, l’étiquette fantastique ne colle pas), bref, un premier roman prometteur qui me donne envie de suivre les prochaines publications de cet auteur. Ce n’était pas un roman inoubliable mais j’ai passé un bon moment et c’était une découverte sympathique.